JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 30 MARS 1843.
2e ANNÉE. N° 200.
INTERIEUR.
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YPRES, le 29 Mars.
l'avenir.
Le clergé a, de toul temps, dirigé ses efforts
les plus constants vers un but arrêté, celui de
dominer la société. Les annales historiques
abondent en faits justificatifs de cette vérité
rien détonnant donc ce que nous voyions
aujourd'hui les desservants des autels se faire
hommes politiquesvoire même meneurs de
parti c'est le vice originel de toutes les castes
sacerdotales, et notre clergé n'en est pas moins
entaché que les brames indiens, les druides de
la Gaule, les initiés d Isis et les imans de Ma
homet.
Le bien général est le moindre des soucis de
ces hommes qui couvrent leurs passions mon
daines du manteau sacré de la religion l'intérêt
de caste seul les domine, les émeut, et, pour
sasswer la direction exclusive de la société, il
n'est rien qu'ils ne tentent. Ne les voyons-nous
pas aujourd'hui démolir pierre pierre le saint
édifice de nos lois? Ne les voyons-nous pas se
faire les apologistes de la fraude et du mensonge,
au risque de s'attirer la désaffection et la haine
du peuple, au risque de se préparer pour l'a
venir d'amers regrets?
Car, telles seront les suites funestes de la con
duite du clergé, si nos craintes sont fondées, et
si l'expérience des temps n'est pas mensongère.
La réprobation publique commence peser
sur lui de tout son poids, et alors que le carac
tère dont il est revêtu devrait être entouré du
respect de tous, il s'est plu lui-même détruire
un prestige, qui ne pouvait que réagir efficace
ment sur le bien-être de la religion.
En serait-il ainsi, si, se renfermant dans les
bornes du ministère sacré, il n'avait pas déserté
les soins de l'autel, pour ceux de l'ambition,
heureux si ses imprudences n'allèrent point le
respect dû au culte
Jamais le clergé n'a donné impunément car
rière ses projets ambitieux. L'organisation si
puissante du moyen-âge, organisation dans la
quelle il s'était fait une si large part, ne lui a
point suffi, pour tenir les hommes sous son joug
politique. Au milieu des ténèbres qui signalent
celle longue époque, surgissent les premières
lueurs de la civilisation, et le code des droits
sociaux élaboré par nos vieilles communes est
le premier acte de l'émancipation des peuples.
Nos franchisestel était le mol d'ordre, tel
était le cri de ralliement des vieux bourgeois de
Flandre, et il eût été', nen doutez pas, témé
raire, d'y porter atteinte, il eût été plus témé
raire encore d'essayer, comme aujourd'hui, de
fausser les libertés de nos antiques cités, par des
lois où l'hypocrisie le dispute l'injustice.
Et ceux qui semblent travailler avec tant
d'ardeur détourner la société de sa marché
ascendante, ceux qui s'efforcent de la jeter dans
la voie du rebrôussement, pensent-ils qu'ils ne
rencontreront aucun obstacle la réalisation de
leurs dessins perfides? Croient-ils les Belges
assez dégénérés de leurs ancêtres, pour oser es
pérer qu'ils courberont bénévolement la tête
sous un joug humiliant? Nous en doutons: Le
peuple Belge est patient, mais jaloux de ses li
bertés, il n'a jamais transigé avec les tyrans.
Nos pères ont démoli les cachots de I inquisi-
tion, et les bandes aguerries de l'Espagne n'ont
pu relever dans nos provinces le régime de sang
des conseillers de Philippe 11.
Nous n'en finirions pas, si nousentreprenions
d'énumérer les calamités que l'orgueil et l'am
bition du clergé ont suscitées au monde. La sé
paration de l'église d'Orient naquit d'une ridi
cule contestation de préséance entre l'évêque de
Rome et celui de Byzance. L'intolérance et l'am
bition du clergé enfantèrent les luttes religieuses
qui ont ensanglanté le 14° et le 13e siècle, et
amené les schismes qui marquèrent cette lon
gue période de troubles. L'Europe fatiguée alors
du joug intolérable que, depuis tant de siècles
la cour de Borne, faisait pfeser sur les peuples
et les rois, jeta loin d'elle, dans un jour de co
lère, les chaines qui letreignaienl. Enfin un
demi siècle peine s'est écoulé depuis l'époque
où une grande nation se Içva tout entière, pour
battre en brèche le pouvoir usurpé des prêtres
et des nobles, et briser le sceptre, vermoulu de
la domination aristoeralico-cléricale.
Certes, ces faits seraient de nature donner
réfléchir nos adversaires, et ralentir leur
marche envahissante de nos libertés, s'ils n'é
taient poussés par une aveugle fatalité dans la
voie glissante et périlleuse où nous les voyons
engagés.
Déjà la Belgique est scindée en deux camps,
celui des libéraux ou conservateurset. cçlui
des réactionnairesentre ces deux camps il y
aura guerre, toujours guerre, jusqu'à ce que
l'un des deux cède le terrain l'autre,; et nul
doute que la victoire ne demeure: tôt ou lard
aux défenseurs loyaux de là constitution et des
lois, en uh mol aux défenseurs des intérêts na
tionaux.
Quelle sera alors la position de nos adversai
res? Nantis par la charte de 1830 des libertés
les plus larges, il n'ont su qu'en abuser
Ils ont faussé le principe électoral, en abais
sant le cens des campagnes au-dessous de celui
des villes, et oui, par celte manœuvre adroite,
mis la partie la plus éclairée de là nation la
merci de celle qui Lest le moins, ou plutôt, du
clergé qui guide sa volonté nos bons, crédules
et timides villageois.
lis ont compromis la garantie qu'offre la
société l'institution du jury, en laissant aux
mandataires du pouvoir la latitude de trier les
listes, ce qui, sous un gouvernement ombra
geux, peut n'être pas sans danger.
Ils n'ont revendiqué d'abord la liberté d'en
seignement, que pour s'en attribuer le quasi-
monopole une expérience de 12 ans l'a assez
prouvé.
Sous le spécieux prétexte de surveiller la
morale, dont ils se disent les dépositaires ex
clusifs, il se sont emparés de la direction de
l'enseignement primaire, dans le but de façon
ner la génération future selon leurs vœux, et de
l'aveugler sur les empiétements ultérieurs qu'ils
méditent.
Ils traiteront de même l'enseignement moyen
qui sait si nos universités échapperont leur
censure? La liberté de la presse aura peut-être
son tour, la faction ne s'en cache guère.
Ils ont demandé la législature le rétablisse
ment de la main-morte.
Ils ont enseigné au peuple que la dîme était
dùe de droit divin.
Ils ont attenté aux franchises de la cité eu
imposant plusieurs communes des chefs intrus
qui n'avaient pas su se concilier la confiance de
leurs concitoyens.
Ils ont, force d'argentcréé des électeurs
suspectspour étouffer' dans les comices élec
toraux la manifestation légale de l'opinion pu
blique.
Et aujourd'hui que ces roueries indignes sont
dévoilées devant les flétrissures de la presse
devant les sifflets de la Belgique entière, ils en
sont élaborer une loi qui assurera la légalité
de la fraude.
En présence de ces faits, et au jour du révi
rement, ceux qui s'en sont rendus coupables,
n'auront-ils pas craindre que le peuple ne
leur dise son tour
Vous avez fait notre éducation politique,
cette fois-ci nous ne serons plus aussi faciles.
La cour d'assises, après deux longues audien
ces et sur les plaidoiries de M. Henri Carton
vient de prononcer un verdict d'acquittement
en faveur dit nommé J.-B. Libert, charron^
demeurant Hamme-Mille arrondissement de
Nivelles prévenu d'avoir, dans la nuit du 27
au 28 août 1842, volontair ement porté des coups
etfail des blessures Simon François, dit Cache-
loupe, lesquels coups et blessures ont occasionné
sa mortarrivée le 30 du même mois.
Par arrêté royal du 23 mars, le collège élec
toral de l'arrondissement de Thuin (Hainaul)
est convoqué Thuin pour le samedihuit du
mois prochain l'effet d'élire un sénateuren
remplacement de M. Vanderhèyden Hauzeu»
décédé.
m"O Q fm m
Il n'est point de parlement dans lequel on ne
trouve un ou deux orateurs, un certain nom
bre de rhéteurs et une quantité plus ou moins
grande d'interrupteurs. Ces derniers sont ordi
nairement des députés que I âge a éloigné de la^,
tribune ou quiaprès avoir essayé sans succès'
de lire ou de prononcer quelques harangues
timides et insignifiantes, se sont enfin rabattus,
faute de mieux, dans le champ libre des inter
ruptions. Un honorable représentant de notre
district, M. De Mari d'Atlenrode, est devenu
décidément un interrupteur importun et infa-