NOUVELLES DIVERSES. FRANCE, Variétés. Séance du 2j. La chambre des représentants a continué aujour d'hui la discussion desarticles du projet deloi relatif la répression des fraudes électorales. L'article du projet qui interdit l'entrée des bu reaux électoraux aux personnes étrangères ces bu reaux, a donné lieu quelques débats. M. Dolez a présenté un amendement portant que celle inter diction ne s'appliquerait qu'aux individus non élec teurs, il a fait remarquer que tous les électeurs, quelque bureau qu'ils appartinssent, avaient le droit imprescriptible de surveiller partout les opérations électorales. Après quelque discussion cet amende ment a été adopté par appel nominal la majorité de 48 voix contre 14. Une assez longue discussion' s'est ensuite engagée sur l'article qui décide que les élections des sénateurs et des représentants se feront simultanément. MM, Dolez, Vtrliaegen et Mercier ont combattu celle disposition, qui, suivant eux, donnera lieu une foule d'erreurs et d'inconvénients; elle a été défendue par MM. de Theux, Dubus, Dumortier et par M. le ministre de l'intérieur. Mise aux voix par appel nominal, elle aéléadoplée par 5 a voix cou tre5r. M. Deltosse avait proposé un amendement tendant ce que la nullité des suffrages d'un bulletin n'en- traîuàl pas la nullité de ce même bulletin qui serait compté dans le nombre des yolans. Cet amendement e été repoussé. Les aulresarlicles delà loi ontélé ensuite adoptés, et le second vote de la loi a été renvoyé demain. Le sénat s'est réuni aujourd'hui 3 heures, et a adopté l'unanimité et sans discussion le projet de loi relatif au transit. M. de Rouillé a présenté le rapport de la commis sion sur le projet ouvrant au département de la guerre un crédit supplémentaire pour payement des ciéaucts arriérées. La discussion eu a été fixée demain. Un événement sans exemple clans nos temps modernes, et qui semblerait remonter un siècle de barbarie vient de se passer Cayenne. La Gazelle"des Tj ibunaux a rendu compte en 111-40 de l'assassinat des époux Lopez, habitants, de Mapra par le nègre Juay et par plusieurs Indiens de la tribu des Tapouilles, elle a fait connaître la condamnation des principaux cou pables. Un seul des auteurs de ce forfait, le nommé Laurins, Indien lapouille, avait été condamné par contumace; cet homme dangereux errait tantôt sur le territoire français, tantôt sur le territoire brésilien, et le bruit courait qu'il avait paru depuis quelque temps dans le quartier d'Oyapork. Un Français, régisseur d'une habitation, ayant rencontré dernièrement Laurins, résolut de le livrer la justice. Il attira adroitement l'iudjen dans 1 intérieur d'une case, l'enivra avec du tafia, et ordonna ses nègres de s'emparer de lui et de le garotler pendant son sommeil. Arrivés près de la case où Laurins était pro fondément endormi dans un hamac les nègyes lâchèrent pied tant cet indien leur inspirait de terreur. Le régisseur s'avança doucemeui et», appuya le bout du canon de son fusil deux coups derrière l'oreille de Laurins. Alors soit que Laurins «'étant subitement éveillé, eût menacé de faire une résistance dés espérée, soit par louleautre causeque làjustiçe éclaircira, les deux coups partirent. Les nègres revinrent quand il n'y avait [dus rien àèra.hUre, et achevèrent Laurins en lui envoyant plus de trente balles dans le corps Ils croyaient sans doute que tout le monde a le droit de tuer un contumace. Le régisseurqui habile sur les limites du Brésilavait entendu dire souvent qu'au Para on récompenserait richement un homme qui tuerait un individu aussi craindre que Laurins. Il pensa qu'il en serait de même dans un pays français; et alors il s'empressa d'envoyer au commandant du. quartier dOyapork, en lui réclamant une. primé de C00 francs, les deux oreilles du Tapooille, dans 1111e petite boîte bien fermée, portafit;celle suscriplion Oreilles salées de l'Indien Laurins, condamné rçort ic par la cour d'assises de Cayenne. Une instruction se poursuit activement contre l'auteur de cette action vraiment inouie. Il vient d'être écroué la geôle, et il est probable qu il sera renvoyé par la chambre des mises en accu sation devant les assises du premier trimestre 11543, qui s'ouvriront le 20 février prochain. Les oreilles du contumacedéposées au greffe, figureront comme pièces de conviction. Le doyen des diplomates français, M. le chevalier de Gaussens, vient de mourir Paris, l'âge de 96 ans. Né Béziers le 23 juillet 1747, il oceupji successivement les postes importants de ministre de France auprèsdu grand Frédéric, et de chargé d affaires la cour de Suède il assistait en cetle qualité au grand bal où Ankas- troem frappa le roi Gustave III et fut témoin oculaire de ce célèbre assassinat. M. de Gaussens avait conservéjusqu'à ses derniers moments, une présence d'esprit et une lucidité de pensée qui faisaient rechercher sa so ciété. Contemporain et collègue de Talleyrand, il était, après lui, I homme de France qui possé dait le mieux la chronique et les anecdotes de la diplomatie européenne. Les journaux allemands annoncent que les différends de la Russie avec la cour de Rome prennent chaque jour un caractère de plus eu plus grave, et font entrevoir une rupture com plète entre les deux cours, rupture d'autant plus probable, qu'au moment même où des né gociations se poursuivent.Rome, l'empereur Nicolas vient de prescrire de nouvelles mesures de rigueur contre le clergé catholique en Russie et en Pologne. Afin de prévenir les menées des jésuites qui d'après le gouvernement moscovite, étaient de nature menacer la sécurité de l'État, le tsar vient de renvoyer de la Pologne%tous les mis sionnaires quelque fut le nom sous lequel ils se sont introduits dans ce pays. Russie. (Abo, capitale de la Finlande), 26 février. Les dernières lettres de Ilelseing- fors (Finlande) annoncent qu ou vient de faire une curieuse découverte parmi les papiers de l'ex-amiral suédois Cronsledt, décédé dernière ment dans celle ville. Éu 1609, M. Cronsledt était gouverneur de la forteresse de Sweaborg, dans la Finlande, qui alors appartenait la Suède. Bien que Sweaborg, qui par sa position naturelle, est inexpugnable, et qu'on appelle juste litre le Gibraltar du Nord, fût amplement pourvu de tout ce qui était nécessaire pour soutenir un long siège, Cronsledt la livca aux Russes après un blocus de quelques semaines. Tout le monde soupçonna Cronsledt d'avoir été corrompu par les Russes, et, malgré ses dé- - négations, le gouvernement suédois le raya des contrôles de la marine, lui ôla toutes ses digni tés (il était membre de la haute noblesse, uft des seigneurs du royaume, chevalier ué l'ordre du Séi aphin, etc.etc.),et l'exila pour toujours. Cronsledt se relira Saint-Pétersbourg, où il mena une, vie très-obscure. On apprit mêrtie que, loin d'être dans l'opu- lênce,, Jùi.-el "ses proches parents manquaient presque" di>'nécessaire, et qu'ils étaient fort en dettés. Plus tard le"^soupçons qui avaient plané - éUr Cronsledt se dissipèrent il rentra en grâce auprès du roi de Suède, et recouvra son rang et ses titres honorifiques. Maintenant ou vient de trouver parmi les papiers laissés par Cronsledt une enveloppe soigneusement cachetée, qui contenait environ deux millions de roubles en assignations du trésor russe(environ 2 millions de francs) et qui, par leur date, remontent 11509. Le bruit court que les héritiers n'ont pas voulu recevoir cet héritage, et qu'ils veulent en disposer et» faveur des pauvres. ËNLTEEIIEllf. On prétend que MGurzpt reucontre une vive résistance la plupart des changements qu il comptait opérer -ti.aos le corps diplomatique. Ainsi par exemple, il voulait depuis longtemps v - '-t.,;" ,.f :'V/. remplacer le comte Bresson Berlin mais le refus a été péreoiptoired'autant pins que M* Bresson a I habitude d'adresser ses dépêches di rectement aux Tuileries. On sait aussi que Al. le maréchal Soult désirait la place d'ambassadeur Berlin pour son fils, le marquis de Dalmalie, mais îles objeel ions absolues sont venues de haut lieu et fait rentrer tout le travail diplomatique dans les cartons. Une découverte précieuse potfr l'archéo logie vient d'être faite l'église Sl-Sévérin. En lavant les murs d'une des vieilles chapelles qui sont derrière le grand rétable, on a vu apparaître une vaste peintuie murale assez bien conservée. On croit que cet ouvrage remonte une époque bien reculée. On va le restaurer avec tous les soins dont nos artistes sont capables. On croyait que M. le duc d'Aumale serait de retour Paris dans les premiers jours d'avril mais les opérations de la campagne du printemps paraissent devoir retarder son retour jusqu'à la fête du roi. Il restera Paris pour assister au mariage de sa sœur, la princesse Clémentine mais il retournera au mois de Juin en Algérie. Il a été décidé que le mariage de la prin cesse Clémentine se ferait avec la plus grande simplicité. Mais des sommes considérables seront distribuées aux pauvres celte occasion. O11 s'entretenait beaucoup hier Paris d'un accident qui serait arrivé dans la matinée de la veille M. le duc de Nemours, et qui rappellerait l'événement du 13 juillet moins le fatal dénoue ment. Al. le duc de Nemours était dans une voilure quatre chevaux la Daumont. Un des chevaux de devant s'est abattu, celui qui suivait est tombé pardessus. La voiture a failli être renversée; et dans le même moment le prince ouvrant pré cipitamment la portière, s'est élancé. Il a louché la terre sans faire de chute et sans éprouver de cet accident aucune suite fâcheuse. UNE CÉLESTE NOUVELLE. Les savants de l'Observatoire viennent d'aperce voir une comète giganlesque orne'e d'une queue comme on n'en voit guère, d'une queue comme ou n'en voit pas. Le fait est officiel, le 3Ionileur Parisien lui même l'a inséré dans ses colonnes, et en conséquence moi- même, dès hier soir, j'y ai ajouté une confiance qui m'a coûté trois sous. Aujourd'hui on ne parle plus que de cela dans tout Paris, et la rue de la Lune elle-même est en lévolution. H paraît que celte comète, qui s'est tout-à-coup révélée sur nolre horison en vérilablesournoise, laisse bien loin derrière elle tous les autres météores- plus ou moins célèbres qui ont brillé dans le ciel et dans Y Altnanachprophétique. Les queues fuites au peuple français depuis les journées de juillet ne soul lien du tout, comme nous l'avons dit plus haut, auprès de celle de celle comète-monstre, qui balaie plus île cinq cent mille étoiles en se promenant chaque soitv dans l'empyrée. Dès que sepl heures sonnent, on ne soqge plus aller voir les Burgraces ou Charles PI 01» court prendre la queue devant un télescope pour pouvoir contempler une minute celle qui fait en ce moment l'admiration de tous les prolesseursde l'Observatoire. Mais le fûclfeuxde la chose, c'est que, jusqu'à ce jour, 011 ne peut pas apercevoir le plus léger, fragment de ce météore sans être soi-même quelque peu profes seur d'astronomie. Pour ma part, j'ai eu beau m'écarquiller les yeux pendant deux heures derrière les verres de mon lorgnon eu contemplant la voûte du ciel du côté do la grande-ourse, je. n'y ai encore vu que du feu..., ou plutôt, n«ii, je n'y ai encore vu le moindre feu. Quand je suis en société, je soutiens hardiment que j'aidéjà vu la comète mais de vous moi, je suis plus franc et j'avoue franchement que c'est tout au plus si j'ai vu la lune, qui conlinu&de rester une grosse joufflue figure assez plate et qui n'est par ornée de la moindre chevelure. Enfin, que j'aie vu ou queje n'aie pas vu la comète, peu vous importe; la question essentielle est de sa voir ce que nous annonce cet astre vagabond, car, règle générale, une comète annonce invariablement 1111 événement prodigieux. Demandez plutôt Dares- tadamusou votre portière. Une comète n'a pas une queue de vingt-cinq mil lions de lieues pour Jeiroi de Prusse elle tient j •V

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Le Progrès (1841-1914) | 1843 | | pagina 3