2e année. n° 209.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
feuilleton:
DIMANCHE, 30 AVRIL 1843.
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IITERIEIIB.
YPRES, le 29 Avril.
Si une circonstance doit nous engager per
sister dans la voie que nous nous étions tracée
d'abord l'égard de la mauvaise presse, certes,
c'est l'insigne mauvaise foi dont elle use notre
égard. Nous nous étions en effet, fait un prin
cipe de ne pas nous émouvoir d'une polémique
déloyale, et de la repousser par le silence du
mépris. Celte pensée nous est revenue naturel
lement l'occasion d'un écrit dirigé contre le
collège communal, et publié par la feuille d'an
nonces de la Grand'Place; nous étions décidés
l'abandonner l'appréciation des honnêtes
gens, mais quelques-uns de nos amis nous
ayant engagés combattre, dans l'intérêt de la
vérité et de la justice, des assertions mensongè
res faites dans un but évident d'astuce et de
perfidie, nous nous sommes rendus leurs rai
sons.
Au dire de l'officieux auteur de l'écrit auquel
nous avons fait allusion, il serait fâcheux pour
le collège communal, qu'il eût trouvé dans Le
Progrès un défenseur, attendu la mauvaise re
nommée dont jouit notre journal auprès des
curés et de leurs adhérents; que l'on veuille
bien faire attention une chose; jusqu'ici nous
nous sommes abstenus de faire intervenir dans
nos débats l'établissement de Sl-Vincent de
Paul, non pas qu'il n'y eût matière; nous n'a
vons jamais cherché ternir les éloges que nos
adversaires croyaient devoir lui prodiguer
pourquoi ceux-ci n'ont-ils pas imité notre ré
serve? La chose s'explique; la faction qui ne
vise pas, comme on sait, au monopole de l'en
seignement trouve gênante la concurrence
qu oppose au collège de l'évêque, rétablissement
de la commune. Voilà la .cause des intermina
bles diatribes qu'elle lance contre le personnel
d'un établissement, qui n'en peut mais de nos
querelles. Attaquez, injuriez, calomniez, nous
le voulons bien, puisque vous ne pouvez faire
mieux, mais souffrez que nous prenions la dé
fense d'hommes qui ont rendu d'incontestables
services la ville, et que nous regardons comme
indignement outragés par vous. Nos rôles sont
tout distincts: vous l'injuste agression,
nous la défense, voilà tout, le public sera juge.
Le collège communal, criez-vous sans cesse,
ne mérite pas votre confiance, (vous n'osez dire
celle du public), parce que l'enseignemertt reli
gieux y est négligé en cela vous induisez
sciemment le monde en erreur nous sommes
informés que l'enseignement du catéchisme y
est continué avec régularité, depuis le départ
du digne ecclésiastique qui expie aujourd'hui
dans l'exil^ le crime de s'être montré bon prêtre.
11 est vrai que c'est un laie qu'est confié, le
soin de tenir la leçon de, catéchisme, mais en
a-t-il jamais été autrement dans la plupart de
nos écoles Supposons que le collège commu
nal laisse, comme vous nous l'avez rabaché cent
fois, quelque chose désirer, sous le rapport de
l'enseignement religieux, ce dont nous ne som
mes pas convaincus qui faut-il s'en prendre,
si ce n'est vous, prêtres hypocrites,,qui sous
des prétextés futiles et astucieux refusez de prê
cher la parole de vie la jeunesse que Dieu fit
naître côté de l'autel que vous desservez
Nous voulons aussi que la morale préside
l'instruction de la jeunesse, mais nous éprou
vons quelque difficulté vous en concéder le
monopole exclusif, vous dont les actes récents
ont frappé la Belgique de stupeur, vous qui
diffamez sans cesse, vous dont la haine ést
implacable. Vous parlez de morale Prenez y
gawje le peuple commence a s'apercevoir
qu'elle est sur vos lèvres, mais loin de votre
cour.
k'
Vous semblez professer un superbe mépris
pour les sciences et Ja littérature c'est proba
blement pour ce motif, que vous vous abstenez
de faire concourir ]j;s jeunes gens qui suivent
vos laçyns. Il est certain, si nous en^croyons de
sourdes rumeurs, que votre établissement de
prédilection laisse quelque chose désirer sous
ce rapport. 11 vous est facultatif, il est vrai, de
vous retirer prudemment de la lutte, mais, de
grâce, épargnez vos injures ceux qui ont le
courage de se montrer au grand jour; ils ne
peuvent que tourner contre vous.
Il nous tarde de terminer cet article déjà
plus long que nous ne l'eussions voulu. Nous
terminerons par une réflexion.
Le système de dénigrement que lés adversai
res du collège communal mettent en œuvre,
dans le but de nuire cet établissement, ne
prévaudra pas, le bon sens de notre population
nous en donne la garantie; il a acquis droit de
cité parmi nous, et il continuera inculquer
nos enfants une instruction solide, en même
temps qu'il sèmera dans leurs jeurtes cœurs, les
principes de la décence, de l'honneur et de la
justice, sans lesquels toute instrqGtion demeure
stérile. '.v i- -
Par arrêté royal du 4 avril 1843, M. le baron
Va» Grave actuellement sous-inspecteur des
eaux et forêts dans les deux Flandres et résidant
Ypres, est nommé inspecteur des eaux et forêts
dans les mêmes provinces.
Le nommé Ignace De Poorter, âgé de 80 ans,
né et domicilié Passchendaelevient1 (l'être
arrêté par la police, prévenu de vol de quelques
brouettes, au préjudice de trois jardiniers de la
banlieue.
NÉCROLOGIE.
Samedij 22, midi, esl décédé Wylschaele, la
suite d'un violent coup de sang, et l'âge de 72 ans,
M. Iynace-Joseph-Maiïe Godtschalck, de BaisTeux,
près de .Lille.(NordFrance) propriétaire, ancien
maire et ei-devanl bourgmestre de celle commutfjî.
.Issu d!une famille éclievinale de Lille; écuyer,
ancien cûnseiHer-audifeur au parlement de Douai,
etc., M. Godlsc.hâlck traversa doue, la fleur de l'âge,
da-période révolutionnaire, la fois si grande et si
terrible Plus lard, il vint s'établir délinilivèuieoi
en Belgique: d'abord,, àïGaiid, où il.lilît un grand
établissement de commerce ensuite, .YVy fschacle,
principal siégé de ses propriétés, -
LA MAIN DE LA MADONE.
chronique vénitienne (1700).
(Suite.) - .V
III.:-
Ainsi que nous l'avons vu, l'obslinalion avec laquelle le gondolier
refusait de donner là moindre explication au risque même de perdre
tous les droits qui venaient de lui être accordés la main de Mariai
celte obslinStiun n'avait point découragé la matrone, qui résolut,
bien plus encore par bonté d'âme que par curiosité, de se procurer
les renseignements.-qli'clle désirait sur la scène terrible sa pro
fession l'avait appelée jouer un rôle si important. Plusieurs consi
dérations entretenaient sa couGance. Il était naturel de supposer que
fauteur inéouuu de ce drame réel, la croyant' morte ainsi qutf
l'enfant, ne devait concevoir aucune.déGance de ce côté l'obscurité
de sa condition devait aussi prolégerses démarches; en conséquente,
elle se mit parcourir en tous sens les quartiers de la ville qu'habi
tait la noblesse, cherchant aux angles dés demeures patriciennes
découvrir la trace de la mutilation fortuite qu'elle avait fait subir
la madouc du débarcadère. Sa persévérance commençai; se fati
guer, lorsqu'un jour sa gondole rencontra celle de Giuscppu. Le passa
ger qui était assis sur la proue de cette dernière était couvert d'un
simple manteau; sa Ggure était cachée, suivant l'usage, sous uu mas
que de velours noir. La signora Bariletta, qui elle-même était mas- r
qtiée, donna l'ordre son gondolier de suivre le canot de Giuseppe, I.
mais de loin et sans aU'cctation, pour né pas éveiller ses soupçons. Je
ne sais quel vague pressentiment avertissait la sage-femme que
Giuseppe se reudait avec son passager vers le palais mystérieux qui
portait des traces involontaires de sa main La gondole de Giuseppe
s'arrêta devant l'une de ces petites rôetles qui sillonnent Venise.
La signora examina, avec le plus grand soin, les portions de toutes
les maisons de quelque importance, qui bordaient ce caual, le canal
de la Giudecca, 1 un des plus-larges de Venise. Le hasard l'avait bien
servie.
Elle aperçut er.Gn, l'entrée d'une voûte qui conduisait au palais
le plus somptueux du caual, la madone au bras mutilé qui lui indi
quait le lieu où s'était accompli le mystère de cvlte fatale nuit. A
cette vile, sol] coeur battit avec violence et son émotion faillit la suf-
fo'qoei"; mais la prudence lui rendit uu peu de calme. Elle s'assit
tranquillement sur la banquette de la gondole eu demandant ail
gondolier le nom du seigueur qui habitait ce palais. I.e gondolier
,-sKi-v
rJj*.
lui jeta indiffercmmentle nom du patricien Ruberto Pavola, prince
de Venise et inembve du conseil'des Dix.
La demeuré du signai- Ruberto Pavola était'isolée comme tous les
bâtiments de quelque importance Venise. Son entrée principale
s'ouvrait sur le canal Ue larfeiudéccà'; mais sa façade se dessinait sur
une piazza, les murs'd'un grand jardin l'entouraient des deux autres
côtés. La sighora supposa que si une dame habitait ce palais, elle de
vait, suivant la Cootuaié, prendre le frais, l'entrée de la nuit, sur la
terrasse de l'appsp-t.ement d houneur qui donnait sur la piazza. Ce
fut <le ce côté quelle résolut d'établir son .poste d'observation. Pen
dant plusieurs soirées elle viut inutilement s'asseoir devant le balcon
du palais. Enfin, comme elle allait se retirer, presque découragée,
une vieille femme l'aborda.
a Je suis, dit-elle, la duègne et la nourrice de la signora qui
habite ce palais. Elle a remarqué depuis quelque temps votre assi
duité; elle désire eu savoir le motif et m'a donné l'ordre de vous in
troduire auprès d'elle.
Sainte mère de bien murmura ta sage-femme en faisant un
mouvement de frayeur la pensée de s'introduire, de nouveau dans
cette fatale demeure, a Et le signoi Ruberto Pavola!
a Cela uc concerne pas le siguor Ruberto, u répondit la
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