INTÉRIEUR. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. FEUILLETON. 3e ANNÉE. N° 211. DIMANCHE, 7 MAI 1843. ÏPRES, le 6 Mai. LES ASSOCIATIONS ELECTORALES. La liberté d'association commence porter des fruits amers pour nos ennemis politiques. En inscrivant dans la Constitution le droit illimité de s'associer, ils n'ont pu jamais croire qu'on eut pu tourner cette arme contre eux. Aussi ont-ils jeté les hauts cris quand le libé ralisme les a suivis sur ce terrain. C'étaient des juntesdes assemblées illégales, dangereuses pour l'ordre public. Enfin c'était une alliance mon strueuse. un accouplement contre nature etc. Mais ce ne sont point là des raisons, ce sont simplement des mots sonores et vides de sens. Les libéraux n'en ont tenu nul compte et ont consacré tous leurs soins étendre, autant que possiblel'action des associations électorales. Partout onen a vu s'élever, s'organiser. Quelques- unes mêmes ont, fa première lutte, gagné une victoire éclatante. Les succès de ces associations ont mis les en nemis de nos libertés, dans une étrange per plexité. Ils ont vu que les libéraux avaient conçu tout ce que le principe de association possède de force et d'énergie, ils ont senti que désormais l'union cléricale u aurait plus lutter contre la désunion libérale, que ceux qui défendent les li bertés s'entendraient dans leurs efforts, pour combattre le parti qui bat en brèche nos libertés conquises avec l'indépendance. Dès ce moment le parti clérical a senti chan celer sa foi dans l'avenir. Le clergé qui tendait" avec tant d'arrogance la domination politique du pays, s'efface maintenant. 11 s'est fait "petit. C'est ainsi du reste qu'on l'a toujours vu se conduire quand son existence politique se trouvait en jeu ou quand 1? patrie était en danger. Les prêtres sont essentiellement les hommes du lendemain. Ils cueillent quand les autres ont semé. Qu'on ne se fie point cependant cette appa rente neutralité, ce n'est là qu'une ruse de plus. Leurs intrigues pour ne point s'exposer au grand jour, n'en sont que plus dangereuses. Qu'on suive leur exemple, que les libéraux bannissent tout germe de division. Qu'ils ne se laissent surtout point émouvoir par les injures que leur adressent les feuilles cléricales, elles sont payées pour cela par l'épiscopal. Car personne n'ignore que le clergé dispose d'un budget fourni par les bonnes âmes pour ses dépenses politiques. Tâchons de resserrer les liens qui unissent tous ceux qui prétendent s'opposer ce qu'une faction fanatique ravale notre bélle patrie jus qu'à la condition de l'Espagne ou des Etats- romains. Jusqu'ici l'énergie et les efforts des libéraux ont conjuré la crise et arrêté momen tanément celte réaction qui menaçait d'engloutir toutes nos libertés. Maintenant il s'agit de tra vailler l'affermissement de notre Constitution ébranlée et faussée parle parti clérical. Associons- nous soyons unis, marchons comme un seul homme et le succès couronnera nos efforts. i r ~rir- CONSEIL COMMUNAL. Séance publique du 5 Mai 1843. Présents MM. Vanderslichele de Maubus, Bourgmestre, président, Alphonse Vanden Pee- reboom échevin Gérard Vandermeersch Annoot, Vanden BogaerdeBoedt, lweins- Hynderick. Smaelen, Boedt, notaire, Legrave- rand Vande BroukeErnest Merghelynck Pierre BekeFrançois Iweins, conseillers. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et approuvé. M. le bourgmestre donne lecture d'un arrêté royal, en date du 23 avril 1843 par lequel le roi a confié M. Henri-Emmanuel-Joseph lweins-Hynderick, les fonctions déchevin de la ville d'Ypres, M. Iweins Hyuderick, qui a déjà prêté le serment requis entre les mains de M. le bourgmestre, est invité occuper le fauteuil d échevin. Le Conseil prend en considération les der niers arrêtés royaux, annullant les délibérations des conseils communaux de Louvain et de Bouillon, et adopte une nouvelle division pour son ordre du jour. Il sera divisé en questions qui doivent être traitées en séance publique, en d'autres dont la discussion publique est faculta tive, et en dernier lieu en affaires qui doivent être traitées huis-clos. On passe l ordre du jour. La vérification des pièces concernant l échange fait avec l'ad ministration des hospices pour l'établissement des aliénés, est approuvée. L'étal des dépenses imprévues de l'exercice 1842 qui se monte 1,400 fr. en recette et fr. 1.399-28 en dépense, est approuvé. La de mande des révérends pères Carmes, tendante faire une procession loccasion d'un jubilé centenaire, ne rencontre aucune opposition au Conseil. Seulement on fait observer que celte permission rentre spécialement dans les attri butions de la police. Le conseil, l'unanimité, fait des vœux en faveur de la proposition et prie M. l'échevin chargé de la police de lui être fa vorable. On passe l'audition des deux rapports de^la commission d'amortissement, concernant les ré clamations des héritiers De MoucheronDe Gheus et de Robiano. Le premier rapport con clut l'admission de la réclamation de M. De Moucheron et le Conseil décide que la rente de fr. 433-36 due aux héritiers De Moucheron, sera payée: l'actif ainsi que cinqaunées d intérêts, sur l'exercice 1844, et la partie différée dans les sept années suivantes et par septième. La rente réclamée par MM. De Gheus et de Robiano, leur est due d'après les conclusions du rapport. Le conseil les adopte. La créance se trouve inscrite au sommier delà dette, pour un actif de fl. 1,907-13 1/2, et la partie différée, pS||£ 2.914 florins (valeur nominale). Elle sera liqui dée d, après le mode adopté pour la liquidation delà-créance de M. .De Moucheron et consorts, JOURNAL DU LIEUTENANT ETRE L'un des prisonniers faits par Ips Afghans; récit dé là retraite et de la destruction de l'armée anglaise, en janvier 1842, C'est le premier récit qui ait encore paru de èet épouvantable dé sastre, où une armée de presque vingt.mille hommes disparut en quelques jours par le fer et par le feu, ensevelie sous la neige, dé truite par la famine et par, le froid. Nous allons donner une courte analyse de ce livre intéressant^ mais auparavant nous aurons quel que chose dire des priucipaux acteurs qui ont figuré dans cette tragédie, et de Uecrivain lui-même qui la raconte. Quoique nous ij'ayons .vu-son nom cité.en aucune ciiconstance, si ce n'est dans la liste des prisonniers faits ou rendus par les Afghans, nous savons cependant que le lieutenant Eyre était Caboul, deputy commissary ofordnancesous-commissaire de l'artillerie, c'est-à-dire chargé en second des approvisionnements et du matériel de celte ar mée. Cette seule indication doit faire pressentir, d'une façon sinon certaine, au moins très-probable, l'esprit, dans lequel le livre a été écrit..Officier d'artillerie, M. Eyre est nécessairement officier de l'ar mée indienne et non pas de l'armée royale car celle-ci n'envoie dans la Péninsule que des généraux et des troupes dïufautèiie et de cavalerie. Tous les officiers d'artillerie et du génie employés dans l'Inde, sont exclusivement fournis par l'École militaire^-que la Com pagnie a fondée Addiscombe. Or, il est bon de savoir que la riva lité la plus vive a toujours divisé les officiers de 1 armée, royale et ceux jdu la Compagnie. Les derniers sont naturellement jaloux de l'excédant de solde qui est accordé aux troupes de la reine, de la préséance qui leur est attribuée eu toute occasion; ils se plaiguent surtout de 1 accaparement de tous les emplois d'officiers généraux qui leor sont régulièrement enlevés par des officiers arrivés d Europe. Aussi n'est-il pas étonnant que les officiers de 'l'année indienne soient assez peu disposés faire valoir les généraux et les troupes de l'armée royale. M. Eyre est donc, saus y songer peut-être, très-sévère leur égard, tandis qu'au contraire deslettres écrites par les officiers du 44e régiment de la reine, et publiées dans les journaux, rejettent la cause de tous Içs .malheurs qui s«mt arrivés sur la mollesse des Cip.«yes et même sur leurs officiers. Qui a tort? qui a raisou C'est ce que nous apprendra sans doute l'enquête qui se poursuit aujour d'hui dans 1 Inde; mais c'est ce que nous ne savons pas encore. Des Anglais présents Caboul, le plus considérable par sa position était sir William Mac-Nagliten, barounet du royaume-uni de la Grande-Bretagne et d'Irlalide, envoyé et ministre plénipotentiaire près la coui de Sbali-Sbouilja, c est-à-dire chargé ett réalité du gouver nement de l'Afghanistan. Né eu Irlande dans 1 année 1795, ihStaille second fils de sir Fi aucis Mac-Naghteu, qui ses services dans K'Inde, comme juge la cour suprême de Calcutta, ont aussi valu le titre de baronnet; il vit aujourd'hui retiré dans ses terres d Irlande. Sir "William, encore enfant, avait suivi sou père dans l'Inde, et il était entré de très-bonne heure dans l'administration, où ses talents le firent bientôt,remarquer. Profondément versé dans la connaissance des langues orientales, il a publié les deux premiers volumes d une édition arabe des ilLille et une Nuits qui jouit d une haute estime dans le inonde savant* Ardent, actif, ambitieux, il était tout-puissant au- îif piès de lord AtTcklaud et secrétaire du gouverueineiit'*de Tlodej lorsque le siège d'Héral^ entrepris.par la Perse l'instigation de 1.» Russie, vint iuquiéter lord Pulmerston. l.e ministre whig tiouva dans sir W. Mag-Naghteu un instrument zélé de sa politique om brageuse, violente, hardie, peu scrupuleuse sur les moyens, et par-4 dessus tout soucieuse de" l'avenir. Malgré lopiuiou de sir A. H urnes, sir W. Mac-Nagbteu fil prévaloir en 1838 1 idée d'une double expé^1 diliou dans le golfe Persique et dans l'Af&liauistau, ayant pour but politique de substituer une confédération des princes de l'Asie Ccu- trale en opposition celle que la ltii-sie, sous le nom de la Perse, avait -presque réussi former contre la puissance anglaise eu Asie* Eu 1839, sir. W- Mai-Nàgbten accompagua l'armée conduite par sir John, âiijouid'bui lyid Keuue, baron de Gkazna, la conquête du Caboul. Monté sur un éléphant,,.escorté par uiie compagnie de gar des du corps .spécialement attachés sa peiionuc, il fit, en véritable i- y t Tout cé'Z(pi ctfîic^nic la ré daction doit être adressé,franco, A l'éditeur du journal, à,Yprès. Le Proytks parait leDimanche et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligue. On s'abonne Ypres rue du Temple, 6, et chez tous les per- cepteurs des postes du royaume. 1 PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. 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