JOERML D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
3' ANNÉE. N° 216.
JEUDI, 25 MAI 1843.
FEUILLETON.
n.
:'e •-
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cepteurs des postes dn royaume.
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Y PRÉS, le 24 J»Iai.
Dans l'intérêt du pays, quel doit être le but
des élections prochaines? Question controver
sée. Le parti catholique désire le maintien du
statu-quo, c'est-à-dire la réélection des repré
sentants dévoués ce parti Une minime fraction,
des hommes conscience molle, sans convic
tions, faisant bon marché des principes quels
qu'ils puissent être, approuvent lescandidatures
mixtes et proposent d'envoyer la chambre un
salmigondi représentatif, du noir et du blanc,
des réactionnaires et des amis de la Constitution.
Nous voyons bien que ce dernier système est
celui du gouvernement. Un ministère sans con
victions politiques doit souhaiter la nomination
de ces hommes malléables, souples, et sur qui
les faveurs gouvernementales ne doivent pas
tomber en pure perte. C'est dans cet esprit, que
le ministère travaillera les élections. Tous ses
efforts seront consacrés appuyer par toute es
pèce de moyens, ces candidatures mixtes qui,
en résumé, maintiendraient l'opinion libérale en
minorité la chambre des représentants. Ce
n'est pas par amour de la modération et de la
conciliation, que celle combinaison a été inven
tée, c'est pour tacher de détacher des rangs li
béraux ces hommes doux, ennemis de tout
parti tranché et sur qui les ruses du parti-
prêtre, dissimulées sous le manteau de la modé
ration et de la conciliation, pourraient faire de
l'impression, si elles n'étaient déjà éventées.
Qu'en résulterait-il? En majorité dans la na
tion, le parti libéral se trouverait en minorité la
chambre, car on ne peut comprendre dans aucun
parti, ces réprésentants qui tantôt volent avec les
députés catholiques, tantôt dans les rangs de
l'opposition. Une telle situation serait anormale,
car la chambre doit autant que possible refléter
les opinions du pays. Si le parti clérical possède
ses sympathies, la majorité sera acquise ses
candidats dans les élections. Si, ce nous croyons
(Suite*)
Le prince de Monte-Forte, protégé par l'obscurité de la nuit, s'a
vança vers la maison du pêcheur aveo le moins de bruit possible, fit
plusieurs tours sur le rivage, et après*uue reconnaissance sommaire
de la place qu'il voulait attaquer, attendit tranquillement que la lune,
en se levant, vint éclairer la scène qu'il avait préparée. Il ne dut pas
exercer longtemps sa patience, car l'ombre disparut graduellement
et la petite maison de Prospéro fut baignée d'une lumière argentée"
Alors il s'approcha d'un pas timide, leva vers la croisée un regard
suppliant et se mit soupirer de toute la force de ses poumons. La
jeune fille, arrachée brusquement ses penséespar ce singulier per
sonnage, se redressa promptement et se disposa fermer les volets.
Arrêtez, charmante Aldiua! s'écria le prince, comme un hom
me dominé par une passion irrésistible.
Que me voulez-vous, signor répondit la jeune fille, tout éton
née de s'entendre appeler par son nom.
Vous adorer comme on adore une madone et vous rendre sensi
ble mes soupirs.
plus vrai, le parti-prêtre s'est aliéné l'opinion
publique par suite de ses actes réactionnaires
et de ses projets anti-constitutionnels, eh bien 1
les candidats libéraux seront élus.
Loin de voir dans cette issue des élections, la
preuve de cet esprit d'exclusion dont on dit les
libéraux animésnous n'y voyons que le jeu
très-régulier des rouages du gouvernement re
présentatif. Mais les libéraux n'ont aucun inté
rêt fausser le vœu électoral du pays, tandis
que nos ennemis politiques ont des motifs pour
redouter des élections sincères. Ils tachent de
tromper le corps électoral sur la portée de leurs
projets et d'induire le pays en erreur, sur la
valeur de ces candidats soi-disant modérés qui,
au fond, ne sont soutenus par les feuilles clé
ricales, que parce qu'on peut les compter
parmi les serviles du parti-prêtre.
Vendredi dernier 11 heures du soir une
somme de 27,000 fr. en différentes espèces fut
remise au conducteur de 1a diligence de Briard
parlant de Bruxelles (rue de I hôpital) pour
Charleroi. Vers deux heures du matin la dili
gence arriva Genappe et on s'aperçut seule
ment alors que les27,000 francs avaient disparu.
Cet argent avait été déposé dans un petit coffret
qui se trouvait dans le coupé. Un courrier fut
expédié Bruxelles pour s'assurer si par mégarde
l'argent n'était pas resté dans le bureau. Le di
recteur fit assembler tous ses facteurs qui assu
rèrent que les 27,000 francs avaient été chargés
sur la voiture. L'autorité et la gendarmerie de
Genappe informés du fait ont dressé procès-
verbal après avoir fait eux-mêmes une perqui
sition dans la diligence. Un rapport a été adressé
sur l'heure M. le procureur du roi de l'arron
dissement de Nivelles.
Hier, pendant la nuit, M. Van Beerselcom
missaire de police en chef, s'est rendu sur les
lieux Genappe pour coopérer l'enquête
commencée immédiatement par les autorités
locales. Ce matin, le chef de la brigade de gen
darmerie établie Waterloo est arrivé Brux
elles, où il a eu une longue conférence avec le
directeur des Messageries Briard.
Déjà l'instruction a amené un résultat. Cer
tains indices font croire que la soustraction du
numéraire déposé dans le coffre du coupé a dû
avoir lieu dans le trajet de Bruxelles la Grande-
Espinelte.
On nous informe l'instant que le postillon
qui a conduit la diligence jusqu'à ce relais a été
mis en état d'arrestation en vertu d'un mandat
d'amener du magistrat instructeur. Après un
premier interrogatoire cet individu a été écroué
sous mandat de dépôt la prison des Petits-
Carmes de Bruxelles.
On écrit d'Anvers, 21 mai
Il ne se passe pas de jour qu'il n'arrive quel
ques paysans allemands émigrants d'Allemagne.
Ce matin, nous avons vu arriver sur le port un
de ces véhicules dont la vue trahit l'origine
c'était une de ces charrettes en osier d'un usage
assez fréquent dans le Luxembourg et une par
tie de l'Allemagne; elle contenait deux familles
de laboureurs luxembourgeois, en tout 10 per
sonnes quittant une contrée aride et peu
productivepour aller cultiver les terres de
l'Amérique septentrionale dont la luxuriante
végétation leur promet une existence plus aisée
en récompense de leurs rudes travaux.
L'espoir d'un meilleur avenir anime le visage
de tous ces pauvres gens. L'idée de quitter pour
toujours la terre qui les a vu naître ne les préoc
cupe que médiocrement; n'amenons-nous pas
nos femmes et nos enfants, répondent-ils ceux
qui leur font une observation cet égardjjxrur
nous qui ne connaissons rien au-delà de notre
village, c'est là notre patrie. Puisse l'espoir de
tous ces hommes courageux ne point être déçu!
La cour d'appel de Bruxelles, chambre cor-
reclionnelle, avait s'occuper hier d'une pré
vention de coups et blessures qui a pris sa
Aldina le regarda fixement, et après quelques instants de réflexion fait pourtque voifs me quittiez -ainsi, la mort dans l'âme? Vous ne
pendant lesquels elle parut répondre une pensée secrète, elle lui savez pas que depuis quinze mois je vous suis partout comme une
demanda lout-à-coup! ombre; que la nuit je rôde autour de votre maison, étouffant mes
Et qui êtes-vous, vous qui me parlez avec tant d'assurance? soupirs pour ne pas troubler votre paisible sommeil? Vous craignez
Hélas! je ne suis qu'un pauvre étudiant; mais je puis devenir peut-être de vous laisser attendrir la première entrevue par un mal-
un grand poète, comme fe Tasse dont vous entendez souvent chanter heureux qui vous adore Hélas! Juliette était jeune et belle comme
les vers par un pécheur qui s'éloigne,-et vous envoie sa touchante vous, et elle ne se fit pas prier longtemps pour avoir pitié de Roméo,
mélodie, comme un dernier adieu qui vient expirer sur la plage. Aldina laissa tomber un regard triste et rêveur sur ce beau jeune
Tous êtes pauvre! reprit la jeune Glle aveo un souper. homme, qui lui parlait d'une voix si douce, et se retira sans lui. don*-
Hélas fil le prince en inclinant la tête en signe d'assentiment. ner d'autre réponse pour ne pas humilier sa misère. Le prince fit tous
«-• Je ne sais si je fais mal en vous parlant; mais du moins je:serai ses efforts pour étouffer une violente envie de rire, et, très~satisfait
franche avec vous, dit Aldina eu rougissant; j'ai le malheur d'être la de son début, se dirigea vers l'endroit où il avait laissé son dômes*
fille la plus riche de l'Ile. tique.
Votre*père ne sera pas inflexible reprit le prince avec ^rdeur, La jeune fille ne put fermer l'œil pendant toute la nuit qui suivit
un mot de vous, lumière de mes yeux, diva de mon âme, éïoile de l'entretien qu'elle avait eu avec l'étranger. Sa brusque apparition,
la mer; un mot de vos lèvres de corail, et je travaillerai nuit et jour son costume étrange, soft langage bizarre avaient éveillé eu elle un
sans trêve et sans relâche, et je me rendrai digne de posséder lelré- vague sentiment qui dormait au fond de son cœur. Elle était alors
sor que Dieu a révélé mes yeux éblouis, et de pauvre et obscur que daus toute la vigueur de son jeune âge et de sa beauté resplendissante.
Vous me voyez, je deviendrai riche et puissant. Aldina n'était pas une de ces natures faibles et craintives, brisées
Je me suis arrêtée trop longtemps écouter des discours qu'une Par la souflrance ou tyrannisées par le despotisme. Loin de là, tout
•jeune fille ne doit pas entendre; souffrez, signor, que je«me relire. ce qui l'entourait avait contribué lui faire une destinée calmé et
Ayez pitié de moi, ma cruelle ennemie. Que yous ai-je"dqnc sereine; son âme tendre et naïve s'était développée dans tine atmos-
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