JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. INTÉRIEUR. 3e ANNÉE. - N° 217. DIMANCHE 28 MAI 1843. FEUILLETON. i On s'abonne Ypres rue du Temple, 6, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ÀBONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 i -, - - V Tinit ce <jui concerne la ré« daction doit être adressé,ftanro^ l'éditeur du journal, Y|ires. Le Progrès parait le Dimanche et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. YPRES, le 27 Mal. L'époque des élections pour la chambre et le sénat n'est plus très-éloignée. Le treize juin prochain aura lieu celte lutte entre deux partis peu près égaux en forces, quoiqu'elles ne soient pas de même nalure. Le parti dominant a pour lui son influence religieuse, qu'il emploie large ment assurer ses projets de domination politi que. En outre, il est au pouvoir. Les faveurs dont celte position lui permet de disposer, l'intrigue et la corruption sont, en luttes électorales, des auxiliaires qui nesont pasà dédaigner. La faction cléricale surtout aime recourir ces moyens vils, méprisables, quoique ses organes soutien nent qu'elle est le parti moral et honnête par excellence Si le libéralisme n'a point de ressorts reli gieux fajje jouer dans les élections, il a pour lui les sympathies de la partie éclairée du pays. Les élections communales et provinciales l'ont prouvé. Mais dans la lutte prochaine, il aura coml^ltre les électeurs des campagnes, que ses ennemis politiques ont insidieusement, l'aide de la loi, fait dominer dans les comices. Cependant nous devons être justes, les électeurs campagnards paraissent mieux comprendre dans certains districts, leur mission et ne se lais sent plus aveuglement menerpar leur curé. Sous ce rapport il y a progrès, et, si la religion n'in tervenait point pour égarer leur bons sens, déjà depuis longtemps l'influence cléricale serait ré duite rien. Ce qui donne une grande force d'expansion au parti libéral, c'est son dévouement au pays, son attachement aux lois et la Constitution, et son ardent désir d'améliorer notre situation ma térielle. Pour le parti libéral, l'intérêt du pays passe avant tous les autres. Malheureusement il n'en est pas de même quant son adversaire. Guidé par une caste ambitieuse et intolérante, les intérêts temporels du clergé priment ceux du pays. Nous ne disons pas les intérêts religieux, car ceux-là ne sont point attaqués ni froissés. 2,^2©a2,2 £>2 S22SL II. (Swîte.) Le malin du septième jour, depuis la promesse que le prince avait faite la fille du pêcheur, il entra dans la chambre de son valet, et le secouant rudement, lui cria l'oreille Debout, odieuse marmotte. Menioo, réveillé eij sursaut, se frottait les yeux avec épouvante. Les morts, paisiblement couchés au fond de leur cercueil, ne seront pas si contrariés au dernier jour, lorsque-la trompette du jugement viendra tes arracher leur sommeil. .Néanmoins, la peur ayant dis sipé immédiatement le brouillard fuligineux qui était répandu sur son visage, il se leva sur sou séant, et demanda d un air égaré: Qu'y a-t-il, excellence Écoute-moi, dit le "prince d'un ton sévère. Tu as été, je crois, employé dans une pharmacie Oui, monseigneur, et je l'ai quittée parce que mon patron avait la barbarie insigne de me faire piler des drogues du matin au soir. Voici une fiole qui contient une solution d'opium. C'est l'esprit de domination qui excite et anime les chefs du parti clérical, bien plus que le bon heur et la prospérité du pays. L'avènement d'une majorité libérale aux chambres législatives ne serait donc point une calamité déplorable, ainsi que l'avancent certai nes feuilles cléricales, qui sentent le pouvoir trembler entre les mains de leurs patrons. Une majorité libérale a déjà géré les affaires du pays, et les a dirigées la satisfaction entière de la nation. Les mécontents clairsemés en sont ré duits confesser, que le renvoi du ministère libéral fut une faute. Car aucune plainte fondée n'avait pu être articulée contre lui et la fameuse adresse du séuat ne fut basée que sur des ten dances. Les feuilles de la sacristie annoncent avec em phase que du jour où une majorité libérale pré sidera aux destinées de la Belgique, la religion sera menacée. Elles en seront pour leurs prédic tions, qui ne méritent pas moins de foi que celles de certainsalmanacbs. Que le partiqui, pendant cinq six ans a tenté d'implanter sa domina tion en Belgique avec une prudence et une per sévérance extrêmes, se voie la veille de perdre la direction des destinées du pays, qu'une décep tion aussi amère excite des regrets et amène des prédictions sinistres de la part des Mathieu Laensbergh du clergé, nous le concevons facile ment. On ne s'attendait pas ce réveil de la nation et ceux qui l'ont imprudemment provoqué, doivent aujourdhui déplorer leur élourderie. Que tous les amis de la Constitution serrent leurs rangs, que tous ceux qui comprennent que le pays ne doit point gémir sous le joug du sacerdoce, s'unissent, et la victoire est nous! Unis, nous sommes forts! Désunis, nos ennemis politiques en profileront pour vaincre et nous ravir ce qui nous reste de nos garanties consti tutionnelles si solennellement jurées BILLETS DE CONFESSION. Nous avons déjà' signalé plusieurs reprises aine coutume bizarre et sans exemple dans les autres villes de la Belgique, laquelle se livre chaque année le clçrgé d'Ypres, et qui consiste aller recueillir domicile de petits imprimés distribués d'abord dans l'église et attestant que les fidèles ont rempli leurs devoirs de piété. Nous espérions que se ravisant enfin, nos curés se hâteraient d'abolir celte espèce de contrainte morale, plus propre, d'ailleurs, engendrer l'hypocrisie, que la vraie piété, puisqu on-„peut supposer avec assez de fondement, que quelques- uns ne s'y soumettent que pour ue pas être signalés l'animadversion publique, et mettent ainsi le respect humain la place du sentiment religieux. Puisque nos pasteurs ne semblent pas disposés en finir une bonne fois de celte absurde vieil lerie, nous les prions de nous dire comment ils entendent concilier l'usage inquisitorial dont il s'agitavec l'art. 13 de la Constitution ainsi conçu a Nul ne peut être contraint de concourir d'une manière quelconque aux actes et aux cérémo nies d'un culte. TIRAGE AU ROI DE LA SOCIÉTÉ DE GUILLAUME TELL. A une époque où les rois ne changent que trop souvent, leur royauté est cependant moins éphémère que celle de ces rois des sociétés de tir, qui ne doivent cette dignité qu'à leur adresse. Uue de ces révolutions pacifiques et sans in convénients aura lieu Dimanche, 28 Mai 1843. La société de Guillaume Tell donnera son roi sa démission, moins qu'il ne réussisse dans une nouvelle épreuve. Celui des membres de la société qui abattra le seul oiseau placé sur la perche, porteraTes insignes de la royauté sociale et jouira de toutes les prérogatives attachées cette dignité. A deux heures et demieles membres de la société en grande tenue, partiront du Salon d'Apollon, lieu de réunion de la société, mu sique en têtebannières déployéesprécédés d'un nain charmantqui portera les armes de Miséricorde! sëcria Mqpico eu tombant genoux. Lève-toi, imbécile, et fais attention ce que je vais te dire. Cette petite'solle d'Aldina s'obstine prétendre que je parle son père. Je. lui ai fait croire que je parlais ce soir pour aller chercher mespftpièrs. Il n'y a pas de temps perdre. Tu t'esélabli chez le pêcheur su£.le pied d'un pèlerin revenant de Jérusalem. Grâce tes reliques et tes phrases bibliques soupoudrées de latin de cuisine, la famille de ton hôte te révère comme un saint, et tu partages ses repas avec une régularité de cénobite. Tu verseras quelques gouttes de cette liqueur dans leur vin; ta vie me garantira que tu ne dépasseras pas la dose suffisante pour produire un bon sommeil. Tu auras soin de me'pré- parer pour cette nuit une bonne échelle, après quoi lu iras m'atten- dre dans ma barque, où tu trouveras Gamba et Marco. Us ont mes ordres. r-H Mais, monseigneur, bégaya Menico atterré. Pas de difficultés, s'cvia le prince en frappant du pied avec em portement, ou, par la mort de mon père, je te guérirai uhe bonne* fois de tous tes scrupules. Et il tourna sur ses talons de l'air d'un homme convaincu qu*oti sç gardera bien de désobéir ses ordres. L'infortuné Menico remplit ponctuellement les injonctions da sou mlijtre. Pour lui, la peur passait ayant tout. Ce soir-là, le souper du pêcheur fut d'une tristesse désespérante, et le faux pèlerin essaya en vain de le ranimerpar sa gaîté factice. Aldina était préoccupée ■du départ de son fiancé, et Prospéro partageant son insu le chagrin de sa fille, avait peine avalé quelques gouttes de vin, pour ne pas résister aux prières réitérées de son hôte. Carminé était parti le ma tin pour Sorrente, en compagnie de Giacomo, et .ne devait revetiir que dans deux ou trois jours. Cettè absence augmentait encoçe la mé lancolie du vieillard. Dès que Menico se fut retiré, le pêcheur suc comba sa fatigue. Aldina, les bras pendants,.la tête alourdie, le cœur serré d'un triste pressentiment, eut peine la force de monter dans sa chambre, et; après avoir ranimé machinalement la lampe» tomba sur sou lit pâle et raide comme une morte. L'orage éclatait avec volence, un de ces terribles oj nges qu'on ne voit que dans le midi, lorsque les nuages amoncelé/, se crevant su bitement, versent des torrents de pluie et de grêle, et font ccàindrc tin nouveau déluge. Le roulement du tonnerre s'approchait de plu», en plus, et imitait le bruit de la canonnade. Celgolfé, naguère si cal nie et sî uni, que l'île pouyait s'y mirercomme dans une «Uce, s'était *4-;

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