JOFMAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
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FEUILLETON.
3e ANNÉE, - N° 218,
JEUDI, 1er JUIN 1843.
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1TPRES, le Si Hal,
Le parti catholique en est pour ses frais de
conciliation et d'union. Toutes les nuances de
l'opinion libérale ont parfaitement compris, que
la transaction proposée par les feuilles clérica
les, n'était qu'une ruse pour retarder la juste
prédominance de la majorité éclairée de la na
tion. Les libéraux ont déjà été trop longtemps
aveuglés l'endroit de ces faux apôtres de la
liberté. Celte union était d'ailleurs impossible,
puisque les divisions qui déchirent le pays, ne
sont? au fond, que la suite de ce combat que se
livrent depuis tantôt cinquante ans, les intérêts
de l'ancien et du nouveau régime.
Cette conciliation eut été un marché de dupe
de la part du parti libéral, car le but no
toire de la faction cléricale, est la •destruction
et la ruine de toutes nos libertés. Toutes les
garanties qu'elle paraissait revendiquer avec tant
d'ardeur en 1.830 et qui devait lui assurer une
domination stable, ont tourné contre elle. La
liberté de l'enseignement, n'a pas porté tous les
fruits qu'elle en attendait. La liberté d'associa
tion est devenue dangereuse pour son influence,
depuis que les libéraux se sont disciplinés, et
ont créé ees associations électorales dont le suc
cès paraît échauffer la bile des écrivains catho
liques. Les libertés municipales si chères en
1836, aux principaux défenseurs du parti ca
tholique-politique ont été battues en brèche
par eux, quand ils ont vu que loin de trouver
le parti-prêtre en majorité dans les conseils
communaux, c'était l'opinion libérale qui diri
geait les affaires de la commune dans toutes les
grandes cités et dans beaucoup de villes de se
cond ordre.
Doit-on être étonné, si le parti clérical qui
n'était si grand ami de la libertéque parce
qu'il comptait pouvoir la confisquer son profit,
se sert de son influence religieuse pour nous
enlever ce qu'il avait puissamment contribué
nous donner. C'est son but, qu'on l'appelle so-
cial ou politique. C'est la ruine de notre ré
gime démocratique issu de 1830 et qui a eu le
grand défaut de tromper leurs espérances, que
nos ennemis politiques aspirent.
II y a bientôt une année que la comédie de la
conciliation et de l'union a été entamée. Le
parti du clergé, effrayé de voir la puissance qu'a
vait acquise si soudainement l'opinion libérale,
s'efforça de calmer l'irritation de ce parti, mais
en le leurrant.
Depuis que les libéraux se sont aperçus de la
mauvaise foi de leurs adversaires et ont fermé
l'oreille toutes les propositions fallacieuses des
feuilles cléricales, leur langage s'est bien modi
fié. D'une violence inouie déjà, la polémique des
journaux du parti conservateurdes honnêtes
gens par excellence, devient de plus en plus extra,
vagante. L'approche des élections paraît troubler
le parti catholique au point qu'il menace la nation
d'uhe nouvelle révolution. Par un article dans le
quel le résultat probable desélectionsétait pres
senti, l'Ami de l'Ordre, journal clérical, a an
noncé que, si le parti conservateur(c'est ainsi
que le journal catholique appelle le parti qu'il
représente dans la presse), est battu dans les
élections, il s'appuxerait sur les masses.
C'est là certes un langage on ne peut plus
constitutionnel et qui sied très-bien au parti qui
se dit conservateur. Cette menace doit donner
au pays la mesure du respect de certain parti
pour la légalité. Elle prouve que pour nos
seigneurs les évêques, les lois sont censées non
avenues, puisque pour ressaisir leur influence,
ils sont, on ne peut mieux disposés s'appuyer
et avec raison encoreajoute le journal, confi
dent de leurs pensées, sur les masses.
Cela veut dire, en d'autres termes, que si les
soi-disant conservateurs ne peuvent conserver
ni leur places ni leur influence prépondérante
par les voies légales, lj£,moyens illégaux seront
employés.
(Suite.')
iih
Ma sœur est morte s'écria Carminé, et s'éiançaut la me.r, iji
fendit les ondes ayee la rapidité de la foudre.
L'orage avait redoublé dïntejiâité; de longues traînées d'éclairs,
cLécjbir.spJt lé /lape des nuages r inondaient les obje.ts de leur clarté
fauve et intermittente. Le pêcheur aperçut une échelle appuyée la
façade de .sa inaison, Ja saisj t d uiie mai.pponvplsive; et .en trois bonds
se précipita dans la chambre.
Le prince avait senti une singulière émotion, en pénétrant dans
(Cette chaste et silencieuse retraite. Le regard calme et doux de la
Vierge, qui semblait protéger le repos de la jeune fille endormie, ce
parfum d'innocence qui se répandait tout autour de Ja couche virgjr
n.aje, ce.tte lampe veillant au milieu des ténèbres comme une âme en
prière, avaient sajsi le séducteur d'un trouble inconnu. Irrité de ce
qu'il appelait une lâcheté absurde, il avait éteint la lumière impor
tune,-et s'avançait vers je lit en s'adressant de muets reproches, lors,
que Carminé fondit sur J.ui ayee lé grincement féroce d'un tigre
blessé,
bï.onle-Forte, d'un geste hardi et rapide qui prouvait unè bravoure
et une adresse peu communes, se débattant sous l'étreinte de son ro
buste adversaire, tira de sa main droite un long poignard lam.e fine
et barbelée. Carminé sourit avec dédain, lui arracha l'arme, et tout
en se baissant pour la briser sur sou genou, d'un coup de tête furieux
il fit trébucher le prince,.et l'envoya rouler trois pas sur le carreau
puis se penchant sur sa pauyre sœur ejt la contemplant d'un regard
avide, ja lueur fugitive d'un éclair
r- Morte! répétait-il en se tordant Jes bras de désespoir, morte?
Cependant le prince, que son admirable sang-froid pe quittait pas
une seconde, s'était relevé tout meurtri et saignant. Pâle et tremblant
de colère, il cherchait'à tous côtés une arme ppyrse venger. Carminé
revint vers lui plus sombre et plus sinistre que jamais, et lui serrant
le .cou d'une main de fer, le traîna dans la chambre où dormait le
vieillard.
Mon père! mon père mon p.ère,I s'éoria-t-il d'une voix déchi
rante, voici le lâche qni vient d'assassiner Aldina.
Le vieillard, qui n'avait bu que quelques goutte* de la potion so
porifique, fut réveillé.'paijv ce cri, qui lui retentit dans l'âme j il se
lçya comme poussé par un ressort, jeta les couvertures, et avec oejte
promptitude d'action que Dieu a départie aux mères dans les mo
ments du danger, il monta lacbambre de sa fille, trouva .de la lu*
Quels conservateurs et quels modérés!
Voilà le parti qui n'a eu, pendant quelque
temps, que les mots de conciliation ci d!union
la bouche et si le rôle hypocrite joué par nos
adversaires, n'a pas eu plus de succès, ce n'est pas
au moins que la mise en scène de la pièce n'eut
été assez soignée.
raouo
En France les jésuites commencent se re
muer plus que jamais. L'Universitécelte ma
gnifique création de l'empereur Napoléon se
trouve en butte aux attaques les plus violentes
de la part de ces bons pères. Un faclum inti
tulé Monopole de l'Université, œuvre des jé
suites, a déjà vu le jour et un second paraît être
prêt s'éditer.
Une certaine fraction du clergé français pa
raît approuver la conduite des disciples de
Loyola et disposée venir leur aide. Les
professeurs de l'Université et du collège de
France ont ramassé le gant et s'occupent main
tenant dans leurs leçons faire l'histoire de cette
société turbulente et toujours en guerre avec
l'ordre social. (Voir plus loin.)
Un rapprochement nous paraît digne d'être
remarqué. Avant 1830, les jésuites ont tenté
de faire urife irruption en Belgique. Ils n'ont
pas été reçus. Après 1830c'est la Belgique
catholique qu'. lance ces bons pères comme un
mauvais génie sur la France, pour y semer la
désunion et la discordependant que le^clergé
belge, croit devoir dans un langage doucereux
et trompeur, prêcher la conciliation des partis
politiques.
.i «g"P
Un petit filou de 14 ans, qui avait déjà glissé
sa main dans la poche d'une paysanne pour la
dévaliser, vient d'être arrêté samedi dernier,
en flagrant délit par la police de celte ville,
»c
M. DeSimpel, notaire Warnêton, est décédé
le 28 de ce mois, yn âge peu avancé.
mière, s'agenouilla sur les bords du lit, et se mit interroger le
pouls de son enfant, et épier sa respiration avec une anxiété mor
telle.
Tout cela s'était passé en moins de temps que nous n'en avons mis
le raconter. Monte-Forle, par nnrf effort inouï, s'était dégagé des
mains du pêcheur, et, reprenant tôut-à-coup sa fierté de prince, il
dit xp une voix fort enflent accentuée
Vous ne me tuer.ez pas sans m'écouter.
Carminé voulut lVcçabler d'injures sanglantes, mais ne pouvant
pas articuler un seul mot, il fondit en larmes.
■S Votre sœur n'est pas morte, dit le prince avec une froid,e dignité,
ejle n'est qu'endormie. Vous pouvez vous en assurer vous-même, et
pendant ce temps, je m'engage, sur l'honneur, ne pas m'éloigner
d'un seul pas.
Ces paroles furent prononcées avec un tel accent de Vérité, que le
pêcheur en fut frappé. jiïne jueur d'espoir inattendu illumina soudain
ses pensées; il jeta sur l'étranger un regard de haine et de méfiance,
et murmura ,d une voix sourde
Ne te fiatte pas, du moins, de pouvoir m'échappfcr.
Puis il monta chez sa sœur, et s'approebant du vieillard) il lui dc.-
manda en tremblant
jw Eh bien mon pere
v...