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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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3e ANNÉE. N° 219.
DIMANCHE, 4 JUIN 1843.
FEUILLETON.
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YPRES, le 3 Juin.
DE L'INFLUENCE DU CLERGÉ EN BELGIQUE.
Tel est le titre d'une brochure qui vient d'être
publiée en vue des élections. Son auteur M.
Dedecker, membre de la chambre des représen
tants, doit être soumis une réélection le 13
juin prochain.
Il va sans dire que cet opuscule fait le plus
grand éloge du clergé belge et approuve forte
ment son immixtion dans la politique intérieure
du pays. L'auteur, défenseur zélé de l'opinion
catholique et son élu, n'y trouve rien que de
rationnel et de parfaitement juste. Mais il pré
tend que celte influence n'a rien de politique
et présente seulement un caractère purement
social.
clergé, il s'attache donner la légitimité de
l'influence cléricale la portée d'une question
sociale.
C'est là une nouvelle ruse électorale. En dé
naturant les questions et en abusant des mots,
on espère parvenir tromper le pays sur les
tendances et les projets du haut clergé. C'est
déjà ainsi, qu'en élévant la question de l'instruc
tion primaire au rang d'une question sociale,
on est parvenu faire accepter une loi qui con
sacre l'omnipotence du clergé dans les écoles de
l'état.
Ce n'est pas que nous soyons ennemis de l'in
tervention du clergé en matière d'instruction,
mais nous ne pouvons approuver la part léonine
faite au prêtre dans l'enceinte de l'école. Nous
croyons que celte question est sociale au moins
autant pour le gouvernement que pour le clergé.
Libre l'auteur de discuter la question sous C'est pourquoi nous.n'aurions jamais consenti
ce point de vue, mais nous ne pouvons nous faire de l'état simplement un bailleur de fonds,
ranger son avis. L'influence religieuse du clergé* -fe'mstructrcrnqjrcrprement dite du peuple est un
qui opprime et humilie la nation, est exclusive' des premiers devoirs du gouvernement, comme
mgnt politique. En lui prêtant un caractère so-^son instruction religieuse est la plus sublime
cial, on n'a en vue que le seul but d'amadouer 'mission du prêtre.
l'opposition qui se fait jour sur tous les points Mais l'expérience doit déjà l'avoir prouvé, ce
du pays, pour resserrer l'autorité du clergé dans n'est point tant la solide éducation de la généra-
social la guerre qu'il a déclarée l'instruction
universitaire. Voici comment le Journal des
Débats dévoile les intentions cachées qui ani
ment les promoteurs de celte guerre religieuse
a On parle beaucoup de la question sociale; mais ne vous y trom
pez pas: la question politique est déguisée sous la question sociale.
Aussi bien les zélés du parti ne s'en cachent pas. Ils laissent les ha
biles ou les impartiaux, parler de leur dévouaient au gouvernement
de 1830; ils leur laissent le soin de faire illusion ce sujet. Mais,
quant eux, ils attaquent, sans se gêner, la légitimité de la Constitu
tion de 1830.
Ces mots peuvent s'appliquer on ne peut
mieux notre situation politique. Nous avons
été éblouis une première fois, par le clergé qui
affectait certaine époque un ardent amour
pour la liberté. Que sous prétexte de questions
sociales, on ne le laisse plus empiéter davantage
sur les libertés publiques. Le pouvoir d'arrêter
le parti-prêtre dans ses projets liberticides se
trouve entre nos mains. Soyons unis, suivons
leur exemple, luttons comme un seul homme
et n'oublions jamais dans nos débats électoraux
que l'Union eait la Eorce.
ses justes limites.
Que le clergé soit sorti du sanctuaire pour
s'immiscer dans les questions politiquesqu'en
l'absence de toute opposition qui eût le pouvoir
de le rappeler dans une route meilleure que celle
où il s'était fourvoyé, il ait appésanli la main
sur les destinées de la Belgique, voilà ce que
tout homme de bonne foi ne saurait nier. L'au
teur de l'apologie du clergé ne peut échapper
complètement cette vérité si manifeste. Aussi
convient-il de cette immixtion des prêtres dans
les débats exclusivement politiques et dans les
quels l'intérêt religieux n'était pas engagé. Mais
pour pallier ce grief criant de la nation contre le
tion naissante, qui a soulevé l'ambiliondu clergé,
mais bien son asservissement aux idées clérica
les et son obéissance passive aux vues étroites
et intolérantes des ministres de la religion ca
tholique.
Ce n'est donc point dans un intérêt social que
le clergé a revendiqué celte suprématie dans les
écoles primaires, mais bien dans le but de ren
forcer son pouvoir temporel, en pétrissant les
générations futures, au sortir de l'enfance, et en
les rendant, suivant les maximes des jésuites,
semblables des cadavres.
Le clergé qui commence se remuer en
France, prétend donner de même un caractère
Rien ne fait monter le rouge au front de nos
adversaires comme la franchise et la constance
que mettent les feuilles libérales dévoiler les
roueries de la faction rétrograde l'opposition
qu'elle rencontre la met hors d'elle pour se dé
fendre, elle en est réduite dénaturer des faits
qui ont eu malheureusement trop de retentisse
ment, pour qu'il soit possible encore de trom
per la nation sur leur portée, C'est cependant
ce b#U que tendent ostensiblement les journaux
cléricaux ils sont remplis d'interminables ho
mélies en faveur de cette estimable fraction de
nos concitoyens, laquelleest toute disposéeàfaire
bon marché de ce que nous possédons encore
de libertés, et cela au premier signal de la fac
tion puis ce sont des invectives contre le parti
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III. (Suite.)
A ce kiom redoutable, que le jeune seigneur lui jeta la tête,
comme pour le foudroyer, le pêcheur bondit comme un lion. Il res
pira largement, comme s'il eût soulevé un poids énorme qui, depuis
longtemps, lui oppressait le cœur.
Ah s'éoria-t-il, tu viens de te livrer, monseigneur. Entre le
pauvre pêcheur et le prince tout puissant, il y a une dette de sang.
Tu paieras pour toi et pour ton père. Nous allons régler nos comptes,
excellence, ajouta-t-il, en élevant sa hache sur la tête du prince, qui
le couchait en joue. Oh! vous vous êtes trdp hâté de choisir, le fusil
n'est pas chargé. r
Le prince devint pâle.
Il existe entre nos deux familles, continua Carminé, un mystère
horrible que ma mère m a confié sur les bords du tombeau, que mon
père lui-même ignore, et que nul homme au monde ne doit entendre.
Toi, c'est différent lu vas mourir.
Il l'entraîna dans la cour.
Sais-tu pourquoi ma sœur, que lu voulais déshonorer, a été vouée
la Madone Parce que ton père a voulu, comme loi, déshonorer ma
mère. II y a dans ta maison maudite une tradition d'infamie. Tu ne
sais pas que ma pauyre mère a souffert des tortures lentes et terribles
qui l'ont brisée, qui l'ont fait mourir bien jeune et que cette âme an-
gélique n'a osé confier qu'à son flls,^à l'heure suprême, et cela pour
m'engager veiller sur ma sœur.
Un jour, nous n'étions pas nés encore, une belle dame, richement
parée, aborda l'île dans une barque magnifique elle demanda
voir ma mère, qui était jeune et bt^Te, comme l'est aujourd'hui mon
Aldina. Elle ne poifvait se lasser de l'admirer; elle accusa l'aveugle
destinée d'avoir enfoui ce beau diamant au sein d'une île obscure;
elle combla ma mère d'éloges, de caresses et de présents, et après de
longs détours, elle finit par la demanderà ses parents pour en faire sa
demoiselle de compagnie. Les pauvres gens, entrevoyant, dans la
protection d'une si grande dame, un brillant avenir pour leur fille,
eurent Ja faiblesse de céder. Celte dame était ta mère; et sais-tu pour-
quoi elle venait oheroher cette jeune fille innocente Parce que ta
mère avait un amant, et parce qu'elle voulait, par ce moyen infâme,
s'assurerl'indulgence du prince.
Tais-toi, misérable!
Oh! vous m'écouterexjusqu'au bout, excellence. Les premiers
jours, ma pauvre mère se vît entourée des soins les plus tendres; la
princesse ne pouvaits'en séparer un instant les mots les plus flatteurs,
les plus beaux habits, les plus riches parures étaient pour elle; les do-,
mestiques la respectaient comme si vile eût été la Bile de leur maître.
Lorsque ses pareuts allèrent la voir pour s'informer si elle n'avait pas
quelque regret de les avoir quittés, ils la trouvèrent si belle et si heu
reuse, qu'ils bénirent la princesse comme un ange que Dieu leur avait
envoyé. Le prince prit alors ma mère dans une singulière affecli
peu peirsef manières devinrent plus familières et plus caressante
Enfin la princesse s'absent*pour quelques jours, regrettant de ne pas
pouvoir emmener avec elle sa cbère enfant, comme elle l'appelait.
Alors la brutalité du prince ne connut plus de bornes il ne déguba
plus ses honteux projets de séduction; il élala devant la pauvre fille
des colliers de perles et des écrins de diamants; il passa de la passion
la plus ardente à"l* plus sombre colère, des plus humbles prières aux
plus horribles menacés. On enferma la malheureuse enfant dans un
caveau,où pénétrait peine un faible rayon de jour, et tous les ma
tins un affreux 'geôlier venait lui jeter un morceau de pain noir,-et
lui répétait en jurant qu'il ne tenai^qixà elle tic chaàgeç^ette posi
tion eu devenant la maîtresse du prince. Ce"supplice, dura deux ans.
La princesse était partie pour un. long voyage l'étrangèr, et les pan.
vres parents de ma mère croyaient que leur fille était toujours heu
reuse auprès de sa protectrice. A son retour, ayant sans doute de
nouveaux crimes se faire pardonner, elle reprocha au prince sa ma.
ladresse elle fit sortir ma mère de son cachot, affecta la plus vive
indignation pour ces horribles traitements qu'elle feignait d'ignorer,
essuya ses larmes, et, par un raffinement de perfidie abominable, re
çut les remercîments de la victime qu'elle allai^immoler.
Un soir j'ai fini monseigneur la prinoesse voulut souper tête-
à-tête avec sa demoiselle de compagnie les fruits lcà plus rares, 1est
mets les plus exquis, les vins les plus délicats furedt servis m
mère, dont les longues privations avaient altéré la santé et affaibli
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