JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
3e ANNÉE. N° 229.
DIMANCHE9 JUILLET 1843.
FEUILLETON.
On s'abonne Ypres, rue du
Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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daction doit être adressé,franco,
I edilear du journal, Ypres.
Le Progrès paraît le Dimanche
et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
YPRES, le 8 Juillet.
Si nous devons en croire des renseignements
dignes de foi, le journal le Progrès paraît avoir
été l'objet d'une croisade de la part du clergé
des quatre paroisses de la ville. A la fête de
Pâques, les fidèles au confessionnal ont été
interrogés s ils lisaient des journaux et surtout
s'ils étaient abonnés cette sale gazettece
journal impie de la loge, intitulé le Progrès.
Nous en sommes confondus! quoi l'on daigne
s'occuper du Progrès au confessionnal, et on
doit s'accuser de l'avoir lu, comme si l'on avait
commis un forfait!
Nous sommes mis l'index et en vérité, nous
n'estimions pas mériter cet excès d'honneur.
11 nous arrive bien de faire une rude guerre
au parti clérical, de mettre nu les passions qui
travaillent le clergé. Mais jusqu'ici nous l'avons
fait comme un devoir que nous avions rem
plir, sans passion, sans haine, mais non sans
douleur de voir la Belgique troublée et agitée
par ceux qui, par suite de la révolution, jouis
sent de la liberté la plus étendue et dont ils
abusent. S'il nous est arrivé d'accuser le clergé
d ambition et d'intolérancenous ne l'avons
jamais fait sans y joindre des preuves.
Est-ce notre faute nous, si le clergé dévoile
ses projets ambitieux, en intervenant directe
ment dans les luttes électorales, s'il y emploie,
non-seulement les moyens temporels qui sont
sa disposition, mais même les moyens spirituels,
comme le confessionnal et la Ste Communion.
Et cela pourquoi pour renvoyer du parlement
non des ennemis de son existence et de ses liber
tés mais des députés intègres qui croient que
le clergé, en se conduisant ainsi, nuit la
religion.
Est-ce notre faute nous, sien accusant le
clergé d'intolérance, nous rencontrons des faits
innombrables qui le prouvent la dernière évi
dence. Combien de refus de sépulture, et des
sacrements pour des motifs temporels et qui ne
louchent pas la pureté de la foi, mais l'om
nipotence que le clergé veut exercer sur les
affaires du pays.
Est-ce notre faute nous, si nous devons
blâmer l'orgueil du clergé. Son chef, l'arche
vêque de Malines, ne veut plus assister aux ac
tions de grâces rendues l'Éternel, quand le
Roi s'y trouve présent, parce que le dais sous
lequel il se trouve assis, n'est pas élevé de quel
ques marches de plus que le trône du chef du
pouvoir civil et militaire du royaume.
Est-ce notre faute nous, si, en accusant
le clergé d'être insatiable de richesses nous
avons déjà cité tant d exemples de scandaleu
ses çaptations de testaments faites son profit.
Ceux des Boucqueau de -Villeraie, des Heuiiessy,
et de tant d'autres, dont nous avons oublié le
nom, nesont-ce point des preuves que le désir
immodéré des richesses, engage quelquefois le
prêtre dans l'exercice de sou saint ministère,
commettre des actes repréhensibles et que la
saine morale réprouve
Est-ce notre faute nous, si nous devons
appeler fanatisme, celte ardeur qui pousse le
clergé dépeindre sous les couleurs les plus
odieuses, de» hommes dont le seul lort est de
s'opposer ce que le trône soit enté sur 1 autel,
des citoyens qui défendent 1 indépendance du
pouvoir civil, sans attaquer les libertés religieu
ses, et qui donnent par leur conduite, I exem
ple de cette modération que le clergé, sous
peine de perdre chaque jour de sou influence,
ne doit jamais abdiquer.
Est-ce notre faute noirs, si la loi commu
nale, en accordant la nomination des bourgmes
tres en dehors du conseil, a été modifiée votre
avantage, car elle n'eût point été votée sans le
conoours du'parti-prêlre, qui comptait bien en
profiler; si la loi du fractionnement, portée
dans le but de diviser le parti libéral dans les
villes, n'a pas eu le succès que le clergé en es
pérait; si la demande de la main-morte a sou
levé une clameur universelle et que grand nom
bre de citoyens sont convaincusque ce n'est
quele pouvoir qui manque au clergé, pour exiger
le rétablissement de la dîme et autres immuni
tés ecclésiastiques Qu'on nous accuse encore
de calomnier le clergé avec passion et avec celle
indigne mauvaise foi qui est l apanage de ses
défenseurs et qu'ils peu vent revendiquer exclusi
vement. Non, en joignant des preuves l ap-
pui, on ne veut pas induire en erreur. Qu'on
examinesi les faits ne sont point véritables
et s'ils le sont, on aura beau dire que la passion
vous inspirel'opinion publique ne s'y trom
pera pas et la vérité saura se faire jour.
Par erreur, nous avons annoncé dans notre
dernier numéro, que la 3° classe latine avait
pris part au concours général des collèges. C'est
la 3e classe qui a été appelée concourir.
RAPPORT sur l'état de l'administration dans la
Flandre occidentale, fait au Conseil provincial,
dans sa session de 18+3, par la députation per
manente.
Ce document, qui doit intéresser tous les ha
bitants de la province, est trop voluminèûxpour
pouvoir être inséré en entier dans un journal
même quotidien Nous en donnerons donc une
analyse succincte, qui, croyons-nous, plaira
nos lecteurs. y# -R y
TITRE I.
TERRITOIRE ET POPULATION.
Section î*-. Territoire. Le territoire de notre
province peut se diviser comme suit Terres labou
rables, 27 >,797 hectares 24 ares, 67 centiares. Bois,
3 -, )i 1-87-41. Étangs, marais, dunes, 4,888-90-76.
Bruyères, terrains vagues, 4,812-10-31. Bâtiments
LES EAUX DABANO.
Deux hommes étaient assis sons uii berceau de vignes les coudes
appuyés sur une table rustique et fumant des cigarettes parfumées.
Le plus vieux, qui paraissait avoir environ quarante ans, était
grand et pâle son costume riche, quoique simple, avait quelque
chose de grave et presque militaire quant au plus jeune, il se faisait
remarquer par Lélégance débraillée alors la mode, en Italie comme
en France. Ce fut lui qui reprit la conversation évidemment tombée
depuis plusieurs minutes.
Ma foi, mon cher Alfieri, dit-il, en secouant délicatement la
cendre de sa cigarette, je ne m'attendais pas au plaisir de vous ren
contrer aux eaux d'Abano.
C'est cependant la place d'un malade.
Le jeune homme regarda le comte.
En effet, reprit-il, je vous trouve changé vous êtes encore plus
pâle que de'coutume avez-vous consulté leS médecins?
Oui.
Que vous ont-ils dit
~r Ce qu'ils disent toujours. L'hiver ils m# promettent la guérison
pour l'été prochain l'été ils me la promettent pour l'hiver. Les doc
teurs de Milan me conseillent l'air de Naples, et les docteurs de
Naples, l'air de Milan Je me laisse conduire, je fais ce qu'ils veu
lent,, et j'achève tranquillement de vivre.
Allons donc, quelle idée, est-ce qu'on meurt votre âge.
Quelquefois, murmura Alfieri, d'un air pensif et en baissant la
tête.
Parbleu, j'y suis, s'écria le jeune homme je parie que vous
pensez la prédiction de votre vieille sorcière.
Ai-je tort, Celini? Je n'avais que douze ans lorsque cette
femme m a annoncé tout ce qui m est.vrrivé depuis. Elle m avait
averti que je quitterais le Piémont que je deviendrais poêle que
mou nom serait célèbre.
Et que vous deviez mourir trente-cinq ans Qui ne connaît
cette histoire Vous avez fait sur cette prédiction un admirable son
net que toute l'Italie sait par cœur. Mais, que diable! vous avez
trop de raison pour être superstitieux
Le comte soupira sans répondre, et il y eut un moment de silence.
Voulez-vous savoir ce qui vous tue, reprit Celini, c est votre
isolement au foud, vous n'êtes poiut malade.
-h Les médecins me l'ont déjà assuré, répondit le comte, en sou
riant, et je sais que je mourrai.... très-bien portant.
Pourquoi ne pas vous distraire? Quand vous ayez quitté Milan,
vous parliez de voyager j je vous croyais en Espagne.
J'en viens.
Ah Vous deviez aussi visiter la France. -
-h J'en viens. j
-h L'Allemagne.
J'en viens.
Celini le regarda entre les deux yeux.
Mais vous venez donc de partout? s'écria-t-il. Au fait, je me
rappelle que vous êtes un voyageur expéditif vous visitez les pays
au galop de votre cheval Muis vous ne devez avoir rien vu.
Pardonnez-moi; j'ai vu des montagnes, des routes, des villes,
et, au milieu de tout cela', beaucoup d'hommes 'qui s'agitaient pou'*
ne rien faire. V
Et qu'avez-vous remarqué
Trois institutions fort belles; la schlague eç ^lamagne, la
police en France et l'inquisition èn Espagne. -
Vous serez toujours le même, dit Celini, en riant j misan
thrope et républicain, un vrai descendant de Brutus^ devenu' sujet
du Pape. *1
Puis, prenant un ton plus sérieux
Savez-vous, Alfieri, que vous né méritez pas ^es f^
le sort vous a comblé? Tous nos théâtres retenlisseifrd