JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. INTÉRIEUR. FEUILLETON. 3" ANNÉE. N° 238. On s'abonne Ypres, rue du Temple, 6, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PKIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-35 JEUDI, 10 AOUT i84.\ Tout ce qui concerne la-ré daction doit être adressé,f ranco, l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait je Dimanche et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES 1NSERTIDM. Quinze centimes par ligne. YPRES, le 9 Août. FÊTE COMMUNALE DYPRES. Tirage extraordinaire de la Société royale de St-Sébasiien. Jamais pareille fête communale n'a été célé brée Ypres. Un temps magnifique nous a per mis de voir réunie dans notre ville, une afflueace de monde telle, qu'on ne trouvait plus de loge ment. Le tirage donné par la Société de 8*7 Sébastien avait attiré tin nombre extraordinaire d'étrangers. Toutes les sociétés de la Belgique, ainsi que celles de France avaient été invitées celte belle réunion, et nous pouvons certifier que tous les amateurs se sont rendus avec empres sement, l'invitation faite par la société d'Ypres. Le tirage, cette année, présentait un attrait particulier. Tous les prix étaient des pièces d'ar genterie^ même pour les petits oiseaux. Un cou vert de la valeur de trente-deux francs, était remis celui qui avait eu l'adresse d'en abattre. La mise d'un tireur était de 16 francs et le nombre d'oiseaux placés sur la perche ne devaitêtre que la moitié de celui des amateurs. Dimanche, deux heures, les archers sont partis de l'Hôtel-de-ville en cortège, pour se rendre l'Esplanade. Un peloton de cuirassiers ouvrait la marche, suivi immédiatement par la musique communale. Ensuite les sociétés étran gères drapeaux déployés précédaient les membres de la société de S'-Sébaslien d'Ypres. Les prix arrangés avec beaucoup de goût, étaient portés par des jeunes gens assis dans les plus jolis équipages de la ville. La marche était fer mée par les cuirassiers. A trois heures, le tir a commencé. Quatre cent quatrevingl-sept ti reurs, faisant partie de 77 confréries et divisés eu 123 pelotons, y ont pris part. Jamais un aussi grand nombre de tireurs n'a été réuni, l'occa sion d'un tirage, dans aucune ville de la Belgi que, et nous n'aurions jamais pu nous attendre une réunion aussi nombreuse. Cinq premiers prix, d'une valeur de 1,200 francs, étaient donnés par la ville, qui, pour ren dre ce tirage extraordinaire, avait fait un sacri fice dontellesera bien récompensée. Les pièces d'argenterie étaient njagnifiques. Voici quels étaient ces prix, ainsi que le nom du tireur qui les a gagnés Le 1er prix une belle Cafetière en argent, par M. Flageollet, de S'-Omer. Le 2e prix un Panier sucre avec pince, par RI. Lemblin, de Hellemmes, près de Lille. Le 3e prix un Pot au lait, par M. Bourgois, de Bourbourg. Le 4e prix une Jatte bouillon avec soucoupe, par M. Delpierre, de Tourcoing. Et le 5e prix un Bout de table, par RI. Delache, de S'-Omer. Le tir commencé le dimanche vers trois heu res, a duré juscfu'à 7 1/2 heures, pour recom mencer le lundi 8 heures, et finir aune heure. Cinq coups de flèche ont été donnés par cha que tireur, pendant ces deux jours. Le tirage fini, les premiers prix ont été dis tribués par les bourgmestre et échevins aux ti reurs les plus heureux et les plus adroits. Trois médailles données par la ville ont encore été distribuées. Le prix de la plus belle tenue a été remporté par la société de S'-André lez- Bruges, d'un avis unanime. Celui pour le plus grand nombre des tireurs revenait de droit la société royale de S'-Sébastien Bruges, puis qu'elle comptait 33 archers. Enfin la médaille pour la société la plus éloignée a été décernée celle de Namur. Les plus belles sociétés d'archers du royau me et de la France, avaient fait acte de présence. Les confréries de GandMalines, Bruxelles, Peruwelz, La Hulpe, Tournay, Courtrai, Os- tende, Audenarde, Lille, S'-Omer, Gravelines, Bailleul, Bergues, Dunkeçke, etc., y comptaient de leurs membres. Nous, n'avons qu'à applau dira la manière dont la sociétéde S^Sébaslien a organisé celte belle fête. La plus franche cordia lité n'a cessé de régner parmi les tireurs venus des différents points du pays. La plus grande régularité présidé toutes les opérations du tirage et aucune réclamation n'a pu être faite. Honneur la ville d'Ypres et la société royale de S'-Sébastien, elle a donné une fête qui datera dans les fastes des archers LA FÊTE DE LA SOCIETE DE L'UNION. Les fêtes champêtres réussissent rarement en notre pays du nord. Souvent les soirées sont froides et humides et le vent vient renverser les plus beaux projets d'illumination. Il n'en a pas été ainsi de la fête donnée mardi la Société de l'Union. La soirée était magnifique et secon dait admirablement les efforts faits par messieurs les membres de la Commission. Dès 7 heures une foule brillante inondait les allées du jardin de la société. Chacun se hâ tait de prendre place et l'on plaignait tout bas les retardataires. En effet, tout le beau monde de la ville s'était donné rendez-vous là, et de tous les membres de la société pas un, pensons- nous n'y a manqué. Vers 7 heures et demi a commencé le concert donné par la Société des Chœurs, érigée sous la présidence de RI. Henri Iweins-Fonteyne et dirigée avec autant de zèle que de talent, par RI. Félix Duhayon-Brunfaut. Huit morceaux ont été exécutés avec goût et un ensemble d'autant plus étonnant, que la Société des Chœurs est formée depuis quelques mois peine. Après le concert a commencé le balun charmant, en vérité.Jamais bal peut-être ne fut plus gai, plus animé, une expression de plaisir, de contentement, de béatitude animait les jolies visages de nos dames. Les danses se sont prolongées jusques une heure et demi du malin. L'illumination du jardin était disposée a¥éc un goût exquis, la salle de bal décorée de guir landes en verres de couleur, présentait-uh coup- rw LA. FIA3VCEE DE MADRID* III. LES FIANÇAILLES. (Suite,) Demeurée seule avec sa mère, Fernande ne changea ni de posture, ni de physionorqië j seulement, d'une main, elle prit machinalement le houquet que lui avait apporté Nunez, tandis que de l'autre elle effeuillait la rose déjà flétrie dont les pétales ne tardèrent pas jon cher le parquet. Eh bien! que fais-tu donc là s'écria la marquisej si Diego te voyait... "Vous avez raison, ma mère, répondit Fernande, confuse de sa -distraction mais je ne sais quelle pensée douloureuse... Je la devine, interrompit la marquise avec compassion je la de vine cette pensée, car elle est dans mon cœur comme dans le lien tu songeais dou Ruiz de Soria. Une larme glissa sous la paupière baissée de Fernande, ce fut son unique réponse. Tu le regrettes!... Ah c'est bien, cela,Fernande, car don Ruiz ne méritait pas moins. Il était plus que ton fiancé, il était ton ami, ton frère... Il eût été bien plus que l'époux de mon enfant, il eût été mon fils! Ah tu le sais, Fernande, je l'aimais déjà comme une mère, et s'il faut te dire toute la vérité, depuis sa mort, je t'en voulais presque d'avoir accepté avec une résignation trop prompte la fatale destinée que Dieu t'avait faite... Il me semblait que, devant un malheur si grand, ton âme était restée trop calme, et que l'oubli... 'Vous vous trompiez, ma mère, répondit Fernande. Vous avez fait comme le monde qui a cru mon bonheur, mou insouciance, parce qu il me voyait, au milieu de nos fêtes, chanter, sourire et danser. Hélas! ne deviez-vous pas être plus clairvoyante, vous, ma mère, qui savez que les plaies du cœur les plus vives sont celles que l'on cache avec plus de soin, vous qui m'avez dit si souvent que les souffrances de l'âme devaient vivre dans le silence, s'éteindre dans le mystère, et que c'était les profaner que d'en livrer le secret aux froides railleries des indifférents? Ainsi j'ai agi, ma mère souvent, avec la joie au frpnt, je me sentais au cœur le froid de la mort, et plus d'une fois, seule, le soir, retirée dans ma chambçe et rendue moi-même, je me suis endormie en murmuraut, au lieu d'une prière, le nom chéri qui avait dû être le mien. Je l'avoue, depuis quelques jours, éblouie par des présents dont on m'accable, étonnée par le bruit qui m'entoure, entraînée peut-être vers don Diégo de Soria par une affection qui ressemble plutôt la reconnaissance qu'à de l'amour, j'ai manqué sans doute par moments àf cette religion du souvenir que je n'ai cessé de garder don Ruiz... Mais ne >croy«^ pas que cette douleur soit dissipée, elle n'est qu'engourdie, et aui d'hui que tout est, conclu, aujourd'hui que nous en sommeiau der nier délai, aujourd'hui que j'entends dire autour de m©i et que je dis moi-même c'est demain je sens mes forces mère, je sens renaître en moi unç flamme mal étouffé.af'jJt ble que je manque d'air dans ce cercle étroit du présent qui m'en vironne, me presse et me tue Je regrette, ouL^ regrette le passé, ma mère; et j'ai peur de 1'aveqft-. Et d'abondants sanglots se iirenf jout'à trnv^P^ f poitrine de Fernande qui se rapprocha de sa mère èt appuyà Sur elle sou front brûlant. Qu'ai-je fait, murmura Ja jpiarquise, te voflà tout en pleurs... Folle que je suis de t'avoir rappelé d'aussi trisljis sotfyfcnirs! Vous ne me les avez point rappelé^.'^â^nèré, (ter ils'çont là, jeunes, vivaoes, éternels, au fôpd de ce cœur qui n&Aeuat, qui ne peut pas les oublier... - Alors, pauvre enfant, c'est donc môi de te Fernande, essuie tes yeux j pleurer aujourd bui, qej malheur. Tu as beau dire, j'ai eu tort. Dieu n'exige pfcsVjt «ne jeune âme bler. Voyons, te porterait

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Le Progrès (1841-1914) | 1843 | | pagina 1