JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTERIEUR.
3e ANNÉE. N° 244.
JEUDI, 31 AOUT 1843.
FEUILLETON.
y
On s'abonne Ypres, rue du
Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE LABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Ypresfr. 5-00
Pour les autres localités 0.-00
Prix d'un numéro 0-25
Tout ce qui concerne la ré
daction doit être adressé,franco
l'éditeur du journal, Ypres.
Le Progrès parait le Dimanche
et le Jeudi de chaque semaine»
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
YPRES, le 30 Août.
L'ESPAGNE.
Sous quelque point de xue qu'on veuille les
envisager, les luttes soutenues par le peuple
espagnol, pour conquérir une constitution libé
rale qui soit une vérité, méritent d'inspirer
toutes les nations tOnstitutiounellés le plus haut
intérêt. Ce n'est pas un spectacle sans grandeur,'
que de voir un peuple combattre depuis pres
que un quart de siècle pour donner l'Es-
pagi\£, si longtemps la proie des préjugés rétro-
gracj^s de toute espèce et de l'absolutisme
moilacal, une ère de liberté..
Souvent déjà le peuple espagnol paraissait
avoir atteint son butet depuis la fin de la guerre
civile et la défection des Basques et des Navar-
rais la cause de Don Carlos, l'Europe entière
espérait que l'Espagne allait prendre un rang
honorable parmi les nations constitutionwelles,
quand un soldat parvenu est venu jeter de
nouveaux ferments de troubles ap sein de son
pays.
La guerre civile éteinte, Don BaldomeroEspar-
tero, vainqueur de Htëtrolo, dernier général de
Don Carlos et qui a été trahi par lui la con
vention de Bergara', ne voulut plus se cpnlentçr
d'occuper la seconde place dans l'Etat. Affilié
au parti radical, ou aux exaltés comme on les
appelle communément, l'aide d'une insurrec
tion il ravit la reine-mère la régence t^u
royaume et la tutelle de ses enfants.
Beconnu régent d'Espagne et au faîte de la
puissance, il crut pouvoir agir l'égard de la na
tion espagnole comme un roi absolu. La Cata
logne menacée de voir son commerce détruit
par la concurrence du commerce anglais et
déjà antérieurement détrompée sur le compte
d'Espartero, leva l'étendard de l'insurrection.
Barcelone, qui, l'approche du régent, n'avait
pas voulu se soumettre fut bombardée, et cet
homme qui ne tenait ses pouvoirs que de la
nation s'en servit pour commettre sur une
ville espagnole etdans l'intérêtde son ambition,
des cruautés qu'un général, en pays ennemi, ne
commet jamais qu'à regret.
Le bombardement de Barcelone fit présager
que le règue du régent cesserait bientôt d une
manière violente. Les corlès assemblées n'ap
prouvèrent point les derniers actes dEspartero.
J1 les déclara dissoutes et en convoqua de nou
velles. Un ministère qui avait la confiance de la
nation fuLj-envoyé. Une nouvelle insurrection
de la Catalogne, détermina une opposition gé
nérale contre Espartero. Surpris, entouré d en
nemis de tous côtés, le régent ne sut point dé
fendre son autorité, mais avant de quitter le
territoire espagnol, il se hâta de bombarder
Séville. Ce fut là son degpier exploit. Forcé de
fuir, il s'embarqua sur un vaisseau anglais et se
mit sous la protection de l'Angleterre.
Le ministère Lopez renvoyé par Espartero,
s'est constitué de nouveau et a pris en mains les
rênes du gouvernement. Des élections pour des
nouvelles corlès auront lieu sous peu de temps.
Excepté, dans quelques localités, elles se feront
dans un esprit d'union et de modération remar
quable. Espéions que cette crise sera la dernière
que l'Espagne aura traverser. La reine est décla
rée majeure. Le choix d'un époux pour Sa Majesté
sera peut-être une difficulté grave aplanir
mais avec de l'union, de la stabilité et cette per
sévérance dont, les Espagnols ont donné une
preuve si remarquable dans leurs luttes contre
Napoléon, nul doute que cette nation ne re
trempe son énergie et ne parvienne un déve
loppement sans exemple parmi les peuples li
bres du continent.
Monsieur Antoine Poupart, ancien élève du
collège communal-d Ypres, le même dont nous
avons si souvent enregistré les succès acadé
miques, vient d'obtenir du jury d'examen, le
grade de docteur en médecine, avec grande dis
tinction.
Le 26 de ce mois un incendie a éclaté chez
un charron demeurant près de l'endroit nommé
Kruys-Eekesur la route d Ypres Menin. Il
paraît que ce malheur est le résultat de l'im
prudence. Les dégâts, ce qu'on nous assure,
sont peu considérables.
On écrit de Warnêton
Samedi 26 août, un commencement d'incen
die s'est manifesté Comines chez le Sr Odent.
On est parvenu sans peine léteinilre avant
qu'il eut causé des dommages de quelque im
portance. L'imprudence seul paraît avoir été la
cause de ce malheur.
RAIL-WAY D'AELTRE SUR YPRES.
PROJET DE M. MAEKTEXS.
Alors qu'il n'était encore aucunement question
d'établir une voie ferrée de Gand sur Courtrai, M.
Maerlens, ancien entrepreneur de travaux publics,
aujourd'hui chef de station Aeltre,-conçut l'idée de
ce rail-way et de l'avantage que son exploitation
devait produire.
Quelques financiers auxquels il s'adressa adoptè
rent ses vues et le chargèrent du tracé. Tous les
travaux préliminaires eurent lieu, et le gouverne
ment fut tellement convaincu de l'utilité de cette
entreprise, qu'il refusa d'en laire la concession une
société particulière et fit construire la section de
Gand la frontière de France, ses frais. M. Maer-
tens et ses co—associés ne retirèrent donc aucbn
bénéfice ni avantage des travaux exécutés par leurs
ordres et avec leurs deniers.
Sans se rebuter ni se décourager par cette décon
venue, M. Maerlens s'est mis l'œuvre avec, un
nouveau zèle. Soit par lui-même, soit par des hom
mes experts dans la matière, l'étude d'un nouveau
tracé de rail-way partant d'Aelire .sur Ypres, mr.
Thielt, Jseghèin et Roulers, a lieu aujoôvd'lttii.
LA.FIANCEE DE MADRID...
VU. -
uh mois plus tard.
[Suite.)
Arrivés au bas du grand escalier et ayant- gagné la rue, don Juan
et la marquise d'Ovéda cherchèrent vainement don Ruiz.
Où peut-il être murmura la marquise.
Ilsera descendu plus vile'que nous, répondit Valdesillas; il aura
pris les devants. Je le rCtlTSùverw chez moi tout l'heure.
Mais don Ruiz était toujours deux pas de la porle de Fernande
il retenait «a respiration et luttait contre mille pensées diverses.
Avoir retrôiîv^^Wfl&mdf pouï la perdre ençore une fois, c'était
déjà un grand,un affreux supplice; l'abandonner sans lui avoir ou
vert son cœur, ç'était l'agonie, c'était la mort! Tantôt il regrettait de
ne l'avoir pas accablée de son mépris çt de sa colère... tantôt il se
reprochait de s'être montré trop dur pour elle, et de ne lui avoir pas
tout pardonné. Ï1 était certain que depuis le soir mémorable qui les
avait réunis, une barrière invisible semblait s'être établie entre eux
deux, et que pas une heure d'intimité réelle n'avait racheté les hor
ribles tourments d'une si longue absence. Ou il la croyait coupable,
et alors il aurait voulu qu'elle fit elle-même l'aveu de sa faute; ou il
la rêvait innocente, et il se demandait pourquoi elle n'avait pas
même tenté de se justifier. Eu fin, le doute le dévorait; le doute, ce
poison qui énerve, cette maladie qui tue.
Ç;estau milieu de cet accablement étrangeque don Ruiz se sentit
comme réveillé en sursaut.
Quelques mouvements rapides se firent entendre dans l'apparte
ment de Fernande.
Don Ruiz prêta l'oreille. Il l'entendit s'agenouiller et murmurer
d'une voix pleine d'angoisses
-< Mon Dieu! on vient par cetle galerie... Serait-ce Diégo! déjà lui!
Était-ce l'effroi de 1 arrivée de Diégo, était-ce la joie de voir son
impatience sitôt satisfaite qui venait de se trahir dans les paroles de
Fernande? attendait-elle ou redoutait-elle sa venue? Cést ce que
don Ruiz ne comprit pas bien clairement...
Le signal indiqué par Calderone fui fidèlement exécuté.
La porte roula sur ses gonds, et les lèvres tremblantes de Fernande
purent peine articuler ces mots:
Est-ce vous, Diégo
Mais, avant même qu'une réponse pût être faite cette question,
un cri déchirant s'échappa de sa poitrine et elle recula de plusieurspas...
Vous s'écria-t-elle, vous ici
Oui, Fernande, moi vos cotés, vos genoux... moi, qui attends
ce bonheur depuis tant d'années et qui, s'il le faut, paierai votre
amour de ma puissance et de ma vie..f
*-« Laissez-raqi! jaissea-inoi
Non! non! tu m écouteras, fille du marquisrvd'Ovéda, aimable
enfant qu'un père impitoyable avait arraché de uàa vue, vierge pure
qu'on a jusqu'à celle heure éloignée avec un soin jaloux des enivrants
spectacles de la cour! Tu m'écouteras, car rl faut que tu saches tout
le feu que ton regard a porté dans nies veines! Tu m'éqo-Çeras,
parce qu'il faut que je te demande grâce de la hardiesse qui tf
pénétrer dans ta chambre, au milieu de la nuit, au risq
l'honneur et parce que je ne sortirai d'ici qu 'eu emportait h
pour le passé et une promesse pour l'avenir.
Eh quoi c'est vous, qui, la nuit de ce bal
C'est moi... oui, et vqus ne pouviez le supposeï
siez-vous dédaigné un amour qui grqpdSaîït dans
tait d espérances, se nourrissait d'illusTmis et pui
vivace dans son impossibilité même
soir rêver près des murs du château d et
quand j'avais pu voir votre ombre se dessiner suhj
séesnu entendre le sonde votrevnix... N'ai-jê
lutté, Fernande, et ne m'accorderez-vous pas uûe
celle d'assister la fête que je donne demain jda
J'y assisterai avec mou époux, don Diégo dc.S8ri»?
Don Diégo... il n'est pas encore libre... un nie
appris que le gouverneur de Valladolitl avait refusé.
D'obéir la volonté du roi cela parait peu
Auss^ de nouveaux ordres seronDil».
nient eus-
;conten-
A? a pfcis
'.ncle; j'allais le
venais henrettx
jve de vos croi-
souffert, assez
bien légère,
écent m'a
pédiés;... mais