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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
JEUDI, 14» SEPTEHBRH843.
FEUILLETON.
3' INNÉE. N° 248.
On s'abonne Ypr.es, rue du
Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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et le Jeudi de chaque semaine. -
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Quinze centimes par ligne.
YPRES, le 13 Septembre.
Depuis quelque temps la feuille cléricale de
cette ville paraît être victime d'un cauchemar
qui trouble ses sens et sa raison qu'il veille ou
qu'il dorme, un spectre double face vient
porter en son â^pe candide et purela pertur
bation et l'effiroi Ce spectre c'est la Régence et
le Progrès. La Régenceémanation deja vo-
lonJéNlu peuple, autorité constituée et légale.
le.'Progrèsêtre chélif, existant il est vrai, en
jfer.lu de la Constitution et qui se réduirait tout
sfmplement quelques feuilles de papier tim
bré,s'il n'avait pour soutien l'opinion publique.
Dans sa préoccupation ridicule,- la feuille
d'annonces se dêmande lequel des deux élé
ments hétérogènes composant ce spectre Com
plexe gouverne l'autre. La Régence, se'<ji£
elle, clirige-t-elle te Progrèsou bien est-ce/?*
Progrès qui dirige la Régence Ce pauvre et
boiteux dilemme ne mériterait sans doute au
cune réponse nous nous, résignons cependant
répliquer un mol, ne fut-ce que pqye dévoiler
les intentions malveillantes des jrédacteurs de
la feuille laquelle nous répondôns. Nous nous
garderons bien de démontrer que nous ne diri
geons pas le corps communal, ce serait là ajou-
lerquelque importance une assertion ridicule,
lancer une injure gratuite des hommes hono
rables, et prouver un fait dont l'existence né
gative n'a pas besoin de preuves.
Quant nous, Progrèsun mot suffira pour.,
convaincre nos détracteurs, (si toutefois ils sont
susceptibles d'avoir une conviction quelconque,)
que depuis l'épbqwe de notre création nous
n'avons jamais dévié de la ligne que nos fonda
teurs nous ont tracée et que si nous soutenons
parfois les actes de l'autorité communale, nous
ne faisons que suivre le programme que nous
avons adopté dès le principe de notre existence.
Nous avons dit alors: notre intention n'est
pas de créer une majorité nouvelle, nous vou
lons être l'expression, le drapeau de celle qui
existe et défendre les actes que celte majorité
posera
Aux dernières élections, le peuple représenté
par ceux qui la loi a confié la mission d'expri
mer ses vœux, a été appelé sur le champ de ba
taille électoral. Entre vous et la majorité, la lutte
n'a sur aucun pointété indécise, vous et les
vôtres avez été battus et dispersés... En soute
nant aujourd hui l administration que, par suite
de ce combat, la ville a conquise, sommes-nous
oui ou non, restés fidèles notre programme?
Qu'on nous appelle le Moniteur, le journal
officiel Yprois. qu'importe!.Cç sont là des mots;
mais qu'on nous accuse de servilisme, parce que
nous obéissons notre conviction, parce que
nous ne sommes ésclavesque «le nos promesses,
c'est une accusation d'autant plus ridicule qu'elle
est lancée par les disciples de ceux-là même qui
approuvent tacitement la censure, par des hom
mes qui ne peuvent publier leurs pensées,
qu'après que ieur manuscrit a été revêtu de
l'imprimatur de leurs patrons.
Notre conduite a été bien différente jusqu'ici
de celle de nos adversaires. Au moment de la
victoire, nous leur offrions la paix, nous de
mandions l'amour de tous, dans un but de bien-
être général; nous-disions le jour même des
élections, (N° 156 27 octobre 1842): Nejetions
pas comme Breniius notre épée victorieuse dans
la balance.*. Ne laissons pas entendre le cri:
y m victis... Prouvons par notre modération
après là victoire, que nos vœux de conciliation
étaient sincères, etc.. ete;
Le journal clérical, bien qu'il eût déclaré alors
qu'il était satisfait du résultat des élections, n'a
cessé depuis cette époque de faire une opposition
traoassière. Nous sommes habitués ses injures,
nous ne faisons qu'en rire, le coup de pied de
l'âne ne peut nous atteindre. Mais depuis quel
que temps la Régence, que d abord il avait trou
vée composée d'après ses vœux est le but de
ses attaques.
L'opposition est une chose belle et nécessaire,
nous en convenons volontiers, mais il faut
qu'elle soit loyale. La feuille (l'annonces ne cher
che pas remplir cette condition. Elle n'a qu'un
but, c'est de faire régner la discorde quelque
prix que ce soit, entre le corps électoral et la Ré
gence et pour remplir sa noble mission, entassant
imposture sur imposture, elle déuat ure les faits le
mieux prouvés. Pour ne citer qu'un exemple,
nousdironsquedans son dernier N°, elleannonce
impudemment que dans la somme des impôts
extraordinaires qui pèseront durant dix années
sur la villedoit figurer la modique somme de
cent cinquante mille francs pOUr le SOUtie/l d'un
collège de 60 élèves.
Dix années!... fa loi communale dit que le
budget doit être voté tous les ans, cette allo
cation n'est donc pas pour 10 années. Premier
mensonge.
Cent cinquante mille francs Au budget de
1843 figure une somme de 15,830 fr. pour
traitement du principaldes professeurs, insti
tuteurs etc. du collège communal; de celle
somme il faut déduire fr. 4,170-49 produit du
minerval payé par les élèves, et portée en recette
au même budgetreste donc fr. 11,679-31,
ce quien supposant que pareille somme fût
volée pendant 10 ans, constituerait uneidiffe-
rencede fr. 33,204-90. Deuxième mensonge.
Soixante élèves Le rapport officiel poifr 1842
fait au conseil communal, porte le nombre des
élèves 74 et nous savons que le chiffre pon
l'année 1842-1843 s'est élevé plus de 82. -
-
LA FIANCEE DE MADRID.
Suite.)'
XII.
- V
on retour vers le passé.
Don Ruiz se crut transporta cl a* s un autre inonde. Il ne songea
pas même se rendre compte de la présence de Fernande au palais,
ni A se demander comment çt' pourquoi elle sy était introduite. II
ne chercha pasI'inlentioD,... il ne vit que le fait, pour s'en réjouir
comme d'un bienfait du ciel, pour l'accepter avec ivresse. Il se pré
cipita vers elle, saisit ses deux mains dans les siennes, les couvrit de
baisers, et ensuite, cémrae s'il eut voulu la défendre d un grand pé
ril, l'entoura lentement de ses deux bras, étreinte aussi chaste etaussi
pure que l'eût été celle d'une mère protégeant sa fille. Fernande,
heureuse au milieu de l'angoisse qui la déchirait, s'abandonna cet
élan de tendresse dans lequel elle était an moins de moitié. Pendant
un instant ce fut un oubli complet du passé, une insouciance entière
de 1 avenir. Rendant Une minute ils redevinrent les amants de jadis,
les fiancés d'autrefois. Mais bientôt le sentiment de la douleur pré
sente vint s'élever entre eux comme uue barrière de flamme. Us s'é
loignèrent l'un del'aulfe comme s'ils craignaient leur amour, comme
s'ils avaient peur d'eux-mêmes. Fernande, surtout, honteuse d'avoir
trop naïvement livré'fe'secret de son. cœur, baissa les yeux en rou
gissant et murmura ces deux mots
Que faire!
*'oî-
V .a
'rp: - V--*-. 'Tf-
Don Ruiz, ramené par celle exclamation au sentiment d'une réa
lité lugubre, ne trouva que la force de répéter:
Que faire!
Après quelques minutes d'un silence pénible, Fernande se rappro
cha de Ruiz, et lui dit d'un accent inspiré:
Dou Ruiz, je n'ai plus de père, et eu le perdant, j'ai perdu le
plus sur et le plus respectable des appuis. Ma mère est mourante, et
si je pleure devafit elle, mes larmes la tueront. Voulez-vous rempla
cer mon père, don Ruiz? Voulez-vous que je vous parle comme je
parlerais mon père
Pourquoi cette question, Fernande? douteriez-vous de moi
Non... je ne doute point de vous... M.tis depuis votre retour,
tant de secousses ont affaibli votre coiifiauce, tant de soupçons vous
oui été inspirés sur moi, qu il me semble que voire affection en a
dû être ébranlée, et que je crains de ne plus retrouver au fond de
votre cœur celte indulgente.sympathie qui jadis répondait si bien
ma voix, quand elle exprimait une espérance ou un regret.
Don Huiz est aujourd'hui ce qu il était alors, Fernande, ou s'il
n'est plus le même, c'est que soir amour est devenu de Induration,
c'est qu'il s'est augmeuté encore de toutes les soullVauces que tu as
subies et de tout le malheur qui t'attend
Vous m'aimez
En as-tu douté un seul instant, Fernande!
Oh! ne dites pas cela, Ruiz! ne dites pas que vous m'aimez, ou
bien je vais croire que vous voulez vous jouer de moi, de ma faiblesse»
de mes tortures... Jeter en ce moment sur mon coeur une étincelle
brûlante, c'est y rallumer un incendie que l'honueur m'edit d'étein
dre, que Dieu m'ordonne d étouffer Et d'ailleurs, ce n'est pas un
rêve... Depuis le jour où je vous ai revu, au miliqu des bouleverse
ments de celte fêle inachevée, depuis 1 heure om vous avez/-accepte,
avec un saiut oubli de vous-même, cette tâche dure et cruelle de
servir et de protéger une pauvre femme que vous pensiez coupable
envers vous, j ai continuellement IremÙé ^votre approche frémi
sous votre regard! Mon ancien aitopur, ruôi, âyaït retrouvé votre
vue toute Sa force et toute sà prbfondeuj^Â chaque instant,U
s'élancer hors de tua poitrine... Cent fois par jour, je le seq
se trahir, s'exhaler eu larmes oy en crisdé'joie,
cœur aux lèvres!,.. Mais vous veniez, Ruiz, et to
mes, voix de bonheur et d'espoir, qui bruissaiui
même en voire absence, se taisaient quand vous
de uioi, pressant ma main de voire mai* fruid^
doux élans «le mon âme d'un seul sourire*, i
main... Si bien, Ruiz, que tout eiÉfSnservant
sor sacré de mon amour, je redout^i^yolre ajj
d'un juge sévère en un mot j'avais peur de vous
Peur! et cependant, bien que*je le crusse cotjj
fut la première pensée de moto cc&ur... 4
Pourquoi ne fut-il pas le premier mot de t!
Je n'avais pas la force àp tg.comiamner, et
silcnoa.
un silence horrible... un OTence qui>
«Aitfe me le reproche pas, car j'en ai souffert
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