JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
INTERIEUR.
JEUDI, 28 SEPTEMBRE 1843
3' ANNÉE. N° 232.
L'ITALIE.
FEUILLETON.
eundo.
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daction doit être adressé,franco,
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YPRES, le 27 Septembre.
Une sourde agitation remue les Etals-romains.
Un complot vient d'y éclater qui paraissait avoir
des ramifications étendues dans toute la pénin
sule italienne. Le siège de cette révolte semble
se concentrer dans les Légations epmaines.
Les autorités jusqu'ici n'ont point dû se me
surer ipvec les conjurés et du reste, ces derniers
sont ep petit nombre et se tiennent dans les
montagnes. Mais un symptôme fâcheux c'est
l'intérêt qui s'attache l'entreprise de ceux
que les autorités romaines appellent des bïtn-«
dits. Les populations tierces paysn'attendent
qu'une chance favorable pour se soustraire au
joug du gouvernement papal. Sous le gouver
nement de Napoléon, l'Italie commençait se
reveiller, la chute de ce grand homme l'a replacée
sous la main de ses anciens despotes. Voici une
esquisse du gouvernement papal que les jour
naux du clergé qualifient de palernel. l\os lec
teurs verront ce que c'est qu'une théocratie. Elle
est extraite du Siècle et paraît écrite par un
homme bien au courant des affaires de ee-^ays.
Le gouvernement pontifical pourrait être com
paré un corps sans'muscle^ çt sans nerfs, un
squelette dont les parties ne tiennent ensemble qu'à
l'aide de ligatures métalliques. L'unique force d'ad
hésion des étals du pape, c'est l'argent. C'est l'aide
du trésor pontifical que les gouvernants parviennent
se faire obéir tant bien que mal par des agenls qui
les détestent, par des administrés auxquels la force
seule fait courber la tête. Ils paient largement leurs
employés de l'ordre exécutif, ferment les yeux sur
les fautes les plus graveset leur accordent d'énormes
pensions. Aussi leur faut-jlde l'argent tout prix;
et pour s'en procurer ils Vendent, ils afferment tout
ce qui peut être vendu ou affermé. Ils étendent le
monopole jusque sur la pauvre industrie du chiffon
nier. Ils vendent l'exonération perpétuelle des im-
pôls fonciers qui veutcourir les chances du marché,
sans s'inquiéter de ce qu'ils laisseront, leurs suc
cesseurs; ils n'ont pas de successeurs.
Durant des siècles, tous les pays de la chrétienté
ont été tributaires de Rome. Mais depuis le com
mencement du ffix-neuvième siècle, les dernières
sources étrangères où puisait le pape se sont taries;
aussi, la machine gouvernementale a craqué et me
nacé de se disjoindre. Et dans cette dernière période
de quarante années, elle se serait déjà arrêtée faute
de moteur, si l'organisation bien que momentanée
du royaume d'Italie ne lui eût imprimé un nouveau
mouvement, et si le pays, avant d'être épuisé, n'of
frait par lui-même des ressources exceptionnelles.
Mais l'impulsion donnée par la main de Napoléon
s'est arrêtée sous des corps inertes. Toutes les res
sources du paysont étépressuréesl'une aprèsl'autre;
et. les gouvernants n'ont jamais songé rien préparer
pour l'avenir, car, je l'ai déjà dit, ils n'ont pas d'ave
nir, ils n'ont pas de successeurs!
Le gouvernement desétats romains est despoti
que. Electif pour l'autorité spirituelle, il n'a pas de
définition connue quant l'autorité temporelle
puisque, sans être héréditaire, il n'est pas de ceux où
.pouvoir est transmis par élection. Le conclave,
composé de représentants de toutes les nations où les
derniers.papes ont choisi des cardinaux, nomme le
successeur de saint Pierre. Mais le conclave repré-
sente-t-il politiquement les provinces romaines?
Non; ibreprésente, si l'on veut,par suite d'uneusur-
patiôn, la chrétienté tout.entièrè pourl'éleclion d'un
chef spirituel. Les provinces romaines n'ont pas été
admises donner leur mandat pour élire celui qui
devrales gouverner; en conséquence,elles n'ont pas
même le veto) c'est-à-dire le droit d'exclusion la
nominatiou de tel ou tel candidat qui n'aurait pas
leur confiance, droit qui appartient pourtant cer
taines puissances, la France, l'Autriche, chez
lesquelles l'élection d'un pape n'intéresse réellement
que les opinions religieuses, tandis que, pour les
Italiens, cette même élection touche non-seulement
la religion, mais encore l'existence et la pros
périté nationale.
•-> L'intronisation de l'élu de l'Eglise, comme chef
temporel, est donc toujours, vis-à-vis des Italiens,
un acte illégal, contraire tous les principes reçus
pour la transmission de l'autorité légitime. Et re
marquez que le caractère même du saint père le
frappe logiquement d'incapacité. Un pape selon l'E
vangile est un souverain impossible. Mon règne n'est
pas de ce inonde! L'investiture de l'autorité tempo
relle dérivaut de la consécration du caractère spiri
tuel dans les Etals romains, il s'en suit tout naturel
lement que les hautes fonctions, là représentation
effective du pouvoir, ne peuvent être conférées qu'à
des hommes revêtus de dignités ecclésiastiques.
sa&Etàcaaa»
Dans les environs de Paris; peu de distance de Morfontaine et
d'Ermenonville, selevéKt une jolie maison de campagne bâtie avec
soin, ornée avec goût fe voyageur s'arrêtait en passant pour la re
garder avec complaisance, comme on regarde tout séjour où semblent
habiter l'aisance, la paix et le bonheur*
Cette habitation n'avait ni l'apparence d'un château, ni le luxe
d'une Villa 'té n'était pas non plus une ferme, encore moins une
chaumière; c'était 'ùnè maison bourgeoise, mais qui avait servi de
retraite un artiste, et» les inspirations du talent avaient passé par
là car les personnes qui cultivent les arts ont un secret pour donner
du charme aux choses lès plus simples. La maison du peintre, le jar
din du poète, le paVillon du musicien, tout modestes qu'ils soient,
auront toujours un aspect que lè riche capitaliste ne pourra parvenir
donner sa somptueuse propriété.
Et puis, quel plus beau séjour pouvez-vous choisir, si vou$ voulez
fuir le bruit de la yilte, qu'iind campagne située entre Morfontaine
et Ermenonville Morfontaine endroit délicieux, où tant de sou
verains vinrent se délasser de la royauté et chercher sous ses ombra
ges, près de ses cascades, quelques heures de calme, de repos et de
bonheur! Ermenonville! dont le nom seul rappelle le grand écrivain,*
le philosophe célèbre, et dont la tombe est pour le français et l'é
tranger un but fréquent pour le pèlerinage.
Aussi c'était avec une douce joie que le poêle Delvigny s'élait re
tiré dans cette charmante habitation, dont je ne vous décrirai pas
tous les agréments, parce qu'une description ne donne jamais qu'une
pâle image de la réalité. Je vous dirai seulement que rien n'y man
quait de ce qui peut, aux champs, ajouter aux charmes de l'existence
qu'il y avait un joli salon avec un piano, une grande salle avec un
billard, un beau jardin avec des grottes, des couverts, une pièce d'eau
et tout ce qu'il faut pour pêcher; car, tout en habitant aux champs,
il ne serait pas sage d'y renoncer ce qui peut embellir ou égayer la
vie. Le vrai sage, dit-on, est celui qui use de tout sans abuser de rien.
Delvigny avait quitté la ville, après avoir perdu une épouse qu'il
adorait; jeune encore, il n'avait pu se consoler de la perte de celle
qu'il espérait a voir pour compagne et pour amie jusqu'au bout de sa
La première garantie de moralité, et, partant,
de stabilité pour un gouvernement, c'est Ja respon
sabilité, un contrôle quelconque exercé sur les actes
du pouvoir.
«La deuxième,c'est le respect des actes accomplis
par le prédécesseur. En vain chercherait-on l'une ou
l'autre de ces conditions dans le gouvernement du
sainl-siége. Quelque engagement que son prédéces
seur ait pris, quoiqu'il ait fait, quoiqu'il ait établi, le
pontife régnant n'est nullement tenu le respecter;
et le respeclera-t-il lorsque son intérêt actuel ou son
amour-propre le pousse ne pas en tenir compte
Les autres souverains despotiques s'attribuent le
même pouvoir sans doute, mais il est rare qu'ils en.
usent, parce qu'il y a en eux le besoin de respecter
la mémoire d'un père, la nécessité de ménager l'a
venir d'un fils, d'un successeur. Observez le règne
de chaque nouveau pape n'est-il pas toujours ac
compagné d'une nouvelle administration, d'un nou
veau règlement législatif, judiciaire, pénal, qui
abroge le précédent? Ceux qui ont obtenu des con
cessions, des privilèges, des primes, même titre
onéreux, du pape défunt, ne sont jamais sûrs d'être
garantis par le pape élu.
Quant la responsabilité des ministresdes
hauts fonctionnaires, elle n'existe pas. Le sacré col
lège, la camarilla, les gens qui, un litre quelconque
participent au pouvoir, ont de temps immémurial
stipulé entre eux par un accord tacite des garanties
contre toute responsabilité. Et, comme c'est un ar
rangement qui peut servir aujourd'hui l'un,
demain l'autre, il a toujours été maintenu comme
arlicled'évangile. Aucun pape, le voulût-il, n'aurait
la force de l'abroger» C'est vraiment l'acte de la plus
audacieuse usurpation qui ait été consommé de la
part des agens d'un pouvoir despotique. Paf ce' sys
tème, ce sont eux qui sont les maîtres.absolus; le
chef de l'état n'est qu'un prête-nomtemporaire
sans aucune autorité réelle sur ses ministres. 11 a
bien le droit de les changer, mais après, mais au-
delà, que peut-il? -• - I
Bien que quelques-unes des charges les plus
importantes n'aient pas été jugées dignes d'être rem
plies par des chapeaux rougesc'est-à-dire livrées
la volonté arbitraire de fonctionnaires inviolables,
elles n'en sonl pas moins comprises par le fait dans
le système d'inviolabilité. Et voici cornaient ces
charges sont confiées des mofisignori ou^rélats.
Le trésorier ou ministre des finances, le gouverneur
de Rome ou ministre général de la policej Ièyduano
ou président de la rota (tribunal suprêmfe) le duano
carrière. Ceci vous prouve qu'il y a enoore des maris qui regrettent
leurs femmes... Il est vrai que celui-là était poète et que cela
l'imagination.
Un fils était le seul gaged'amourquel'hymen eûtla.issp
un fils beau comme sa mère et qui annonçait avoiF.
Le petit Adolphe était 1 idole de son père,
d'en faire un artiste célèbre et qui voyait «ur,
bosses de la science, du génie et des arts,
volonté, vous savez qu il n y a rien de si facile dfc
ses-là soi, ses enfants et ses amis.
Mais la mort, qui dérange souvent nos^p.r;
Delvigny d'accomplir ses plans pour l'^duci^i
mourut trois années après sa femme, ne laissant
petit Adolphe que deux bonnes, tantes qui avaie
vince pour venir le soigner pendant sa m
Voilât donc un p^| garçon de cin
vieilles filles, dottt l'une n'avait jaœ;
tures, et l'autre qu'un penchant très-
croyez pas pour oela que l'enfant scr