JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
DIMANCHE1er OCTOBRE 1843.
3e ANNÉE. N° 253.
On s'abonne Ypres, rue du
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cepteurs des postes du royaume.
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et le Jeudi de chaque semaine.
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YPRES, le 30 Septembre.
II est des réformes que notre législation ré
clame depuis longues années et que nous n'avons
pas obtenus encore. C'est notre code pénal sur
tout, qui mérite d'attirer l'attention la plus
sérieuse dç.nÔs législateurs. Quelques peirfcs en
effet ne sont plus dans nos mœurs, et telle est,
pai| exemple, la contrainte par corps, autorisée,
inefefinimentpour l'exécution des condamna
tions aux amendes, dommages-intérêts et frais.
Bfous voyons Bruxelles avec quelle dureté,
enAnatière civile ce privjlége est exploité par
d créanciers inexorables/Mais il existe encore
lin exemple de la manière dont on applique la
^contrainte par corps, aux écrivains qu'on n'a pu
faire condamner régulièrement. Traduit devant
la cour d'assises de Namur, comme prévenu
d'avoir écrit des articles diffamatoires et calom
nieux insérés dans le Belgecontre le sieur Vle-
minkx, le sieur Bartels fut acquitté. Ayant gagné
son "procès devant le jury, Bartels crut n'avoir
plus rien craindre. Mais Vleminkx lui intenta
une action civile en dommage-intérêt, et de ce
chef, Bartels fut condamné payer 10,000 francs
au sieur Vleminkx recouvrables par la con
trainte par corps.
On voit qu'on n'est parvenu faire condam
ner cet écrivain courageux, qu'en donnant une
entorse au décret du 20 Juillet 1831 qui
ordonne que tous les délits commis par la presse,
doivent être jugés par le jury.
Voilà deux ans que le sieur Bartels languit
dans la prison des Petite Carmes, parce qu il a
plu un tribunal d'estimer I honneurde M. Vle
minkx la somme de 10,000 francs. Nous
sommes loin d'approuver les opinions politiques
de Bartels. Nous combattrions même ses doc
trines, si elles avaient chance de prévaloir. Mais
nous n'en soutenons pas moins, que c'est une
indignité de voir un écrivain tenu sous les ver-
roux, parce qu'il est assez pauvre, pour ne pou
voir payer la somme due, suivant le tribunal
civil, un individu qui n'a pas été offensé, selon
le tribunal criminel.
On devrait se souvenir que Bartels a été un
des écrivains qui ont travaillé le plus activement
amener l'ordre des choses actuel, et ceux
qui se prélassent maintenant dans les plus hau-
tés dignités, devraient jeter un regard de mi-
*séricorde sur le publiciste, qui ne s'est séparé
d'eux, que quand ils ont commencé exploiter
lés affaires publiques au gré de leurs propres
intérêts.
i n i n
Dans les premiers jours du mois d'octobre, il
y aura divers changeâmes de garnison.
Voici ceux qui concernent notre ville:
Le 1er'et 2e escadrons du 1er régiment de
Cuirassiers, partent d'Ypres pour Gand, le 1er;
ils seront remplacés par les 3e et 4e escadrons
du même régiment, venant de Gand et arrivant
Yprès, le 3;"
Le 28 bataillon du 5® régiment de ligneira
tenir garnison Nieuport; il partira le 1er et
sera remplacé le même jour par le 3e bataillon
venant de Menin. Les trois compagnies du Ier
bataillon du même régiment actuellement
Nieuport, arriveront Ypres le 4 et le 5 les
trois compagnies du même bataillon, qui sont
en ce moment Ypres, partiront pour Courtrai,
le 2 octobre.
C'est la première fois, depuis plusieursannées,
que la garnison d'Ypres né fournit pas un dé
tachement la ville de Menin d'un autre côté
une partie de la garnison de Bruges avait de
puis longtemps le privilège dêlre détaché
Nieuport.
La mort du jeune Yan Tours est due un
accident bien malheureux. Quelques journaux
d'Anvers, sans nommer le jeune artiste, ont dit
qu'un élève-peintre s'était suicidé, en se coupant
la gorge avec un rasoir.
Nous croyons devoir rectifier cette nouvelle.
Assez sérieusement malade depuis quelques
jours, Van Tours occupait un appartement
avec Delbeke son camarade, qui aiait gagné la
même maladie. La première prescription du
médecin qui les traitait, a élé l'ordre de séparer
ces deux jeunes gens. Delbeke occupait la
chambre de l'étage le plus élevé, et Van Tours
un appartement l'étage inférieur.
Les symptômes alarmants commençaient
disparaître et Van Tours, se trouvant assez bien,
engagea même son frère, qui était venu le
soigner Anvers, aller se promener vers le
soir et loger son hôtel. Pendant la nuit, il
paraîtqu'un fort accès de fièvre est survenu avec
transport au cerveau, car, vers trois heures du
malin il est monté la chambre de Delbeke,
a ouvert une fenêtre, saisi un rasoir et s'est, coupé
la gorge. Son compagnon endormi,s'est réveillé,
en entendant tomber sur le plancher de sa
chambre, un corps inerte. Il a appelé au secours,
les hommes de l'art sont venus, ils ont desuite
cousu et bandé la plaie. Mais dans un accès de
frénésie, le malheureux a déchiré les bandages
et les ligatures. Il est mort quelques heures
après, par suite d'hémorragie et sans avoir eu
un moment de présence d'esprit.
C'est un événement bien douloureux. Ce
jeune homme paraissait destiné parcourir une
brillante carrière. De l'aveu de ses professeurs,
c'était un des meilleurs élèves de l'académie
d'Anvers. Modeste, travailleur infatigable et
d'une excellente conduite ce jeune artiste était
certainement digne d'un sort meilleur.
II est de mode parmi les ultra-rcalholiques
de notre ville, de répandre partout que les libé
raux n'ont point de religion et ne vont jamais
l'église. Nous pouvons offrir une preuve du
contrairela voici
11 y a quelques jours deux sociétés de celle
ville ont fait dire une messe de requiem pour
un confrère décédé. A ces d^ux messes j il n'y
avait d'autres membres présents que des per
sonnes connues' par leurs opinions libérales.
Tous les grands catholiques, les soi-disant dé
fenseurs de la religion se faisaient remarquer,
par leur absence.
Nous n'aurions par relevé ce fait, s'il n'était
passé en article de foi, que les libéraux sont des
ennemis.de la religion. (Communiqué.)
Nous jappre'nons aujourd'hui que la Commis
sion directrice de l'exposition de tableaux qui
FEIHLLETON.
sa a a s a a»
(«Suiré et Fin.)
Après avoir baissé les yeux devant la jolie fille, Adolphe les leva
de nouveau, puis se risqua Les porter encore sur ce visage si char
mant, si candide et si pur, dont la seule vue lui avait causé une vive
émotion. Par un hasard singulier,.il se trouve qu'en ce moment
Clotilde regard^1 aussi le beau jeune mousieur qui était près d'elle.
L'amour amène beaucoup de ces hasards-là.
Clotilde-rougit aussi et soupira sans savoir pourquoi mais la fille
la plus innocente peut soupirer le principal est qu'elle ne sache
pas pourquoi. Adolphe ne pouvait s'éloigner de Clotilde. On dansait;
il ne voulut pas danser, car la petite paysanne ne dansait pas, pour
ne point quitter soh père. Ceux-ci cependant la sollicitaient de
prendre part aux plaisirs de son âge. Adolphe qui entendit cela se
hâta d'aller inviter Clotilde danser avec lui, en lui disant qu'ils
auraient soin de se placer devant son vieux père. Ce n'était pas trop
mal se conduire pour un jeune homme élevé dévider de la soie.
Clotilde accepta en tremblant la main du jeune monsieur; pen
dant la danse, ils échangèrent peu de mots; Adolphe apprit seule
ment que le père de la petite paysanne se nommait Dumont, et était
bien pauvre; Clotilde sut que son cavalier s'appelait Adolphe Devi-
gny, et qu'il était riche. La jeune fille soupira de nouveau et plus
profondément,... Peut-être cette fois savait-elle pourquoi.
La danse dura longtemps, c'est-à-dire qu'Adolphe recommença
plusieurs fois avec sa jolie danseuse, qu'il avait l esprit de retenir
d'avance. Cependant la fête touchait sa fin les deux tantes vou
lurent rentrer; on emmena le jeune homme qui avait l'habitude
d'obéir. Mais en s'éloignant de Clotilde, Adolphe tourna la tête
souvent pour la revoir encore; chaque fois la petite paysanne en
faisait autant de son côté, çt ce n'était déjà plus le hasard qui la fai
sait agir ainsi.
Le lendemain Adolphe déjeûna peu et dîna mal; il semblait triste,
inquiet; il ne voulait rien faire, enfin il refusa de jouer l'oie et de
manger des confit uies nouvellement faites. Ce pauvre garçon est
donc malade dirent ses deux tantes, et elles accablèrent
questions.
Où souffres-tu. mon ami Quel est ton mal?
a-t-il pris qu'est-ce que tu'éprouves
A toutes ces questions, Adolphe se contentai
Je ne souffre pas... Je n'ai mal nuUe pa
Alors, pourquoi ës-tu triste?
-h Je n'eu sais rien.
D'où vient que tu ne veux pas goûter aux
r-1 C'est que je n'ai pas appétit.
Oh! oertainemënt, tu es n>alàde, îT.on
0 1
Plusieurs jours s'écoulèrent Adolphe clia
perdait ses couleurs, ses yeux n'avaient plus I
jjuçjW' mêlée de tristesse avait r.emph
habituelles. Les^eux bonnes Tantes
un médecin, lepjus savant de 1'
Le docteur exa mina le jeune
dans le dos,-lui fit tirer la langue, of
C'est bien étonnant ce jeune