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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
3e ANNEE. N° 2o9.
DIMANCHE, 22 0CT0MIE 1843.
FEUILLETON.
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1 J
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Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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YPRES, le 21 Octobre.
VILLE D'YPRES. CONSEIL COMMUNAL.
Séance publique du Vendredi, %o Octobre 1843.
Présents Mi\î. Vanderstichele de Maubus,
Bourgm., président, Alph. Vanden Peereboom,
Échevin Gérard Vandermeersch Annoot
Théodore'Vajjclen Bogaerde, Boedt, Smaelenj
Boedt*, notaire, LegraverandVande Brouke,
Ernest Merghelvnck Pierre Bekc François
Iwems, conseillers.
Aucune observation n'êsft faite la lecture du
procès-verbal, il est approuvé,
i Dans la séance du 8 juin 1843, le conseil
prenant en considération l'accélération du tra
vail des cuves matières cléti distilleries, avait cru
devoir abaisser la restitution la sortie des pro
duits distillés fr. 3-23 et maintenir un droit
d'entrée de 7 francs sur les liqueurs distillées
hors du territoire d'Ypres. Celle délibération
est revenue au conseil, avec les observations du
ministre de l'intérieur et du directeur provincial
des contributions.
A
Quoique M. -le" directeur soit d'avis que la
restitution devrait seulement être de fr: 3-13,
le droit d'entré^ de fr. 5-30 par hectolitre, le
conseil croit ne pas devoir modifier sa décision.
Il se base sur ce^jue même avec un droit de 7
francs, beaucoup de genièvre étranger la ville
y entre pour être livré la consommation.
Le conseil prie le collège de faire les démar
ches nécessaires près de M. le ministre, afin
qu'il daigne approuver le droit d'entrée de 7
francs.
M. l'abbé Slruye s'est adressé au conseil pour
obtenir un subside de la ville. Sa demande
est basée, sur les frais qu'il a dû faire pour l'é
rection d'une école d'enfants pauvres qui y re
çoivent leur éducation. Un subside de 1,300
francs répartir sur deux exercices, est accordé
l'unanimité, mais ce vote est subordonné
l'approbation par le gouvernement du tarif de
l'octroi, tel qu'il est actuellement en vigueur.
Le conseil, considérant que le gouvernement
provincial établira une taxe sur les chiens et in
vité par le gouverneur décider, si la ville désire
de son côté, user de la faculté que lui ouvre l'art.
3 du règlement provincial, décide la majorité
de 9 voix contre 4, qu'on acceptera la proposi
tion de la province et que la taxe sur les chiens
sera perçue au profit de la ville d'Ypres.
La commission chargée de diriger les travaux
de restauration aux halles, sentant la nécessité
des conseils d'un architecte pour la guider
dans la surveillance de cet ouvrage, a prié
le collège de demander M. le ministre de vou
loir désigner un architecte chargé de surveiller
les travaux, quand le besoin s'en fera sentir. Le
conseil approuve* «elle proposition et autorise
le collège faire celle demande M. le ministre.
Le conseil, sur la proposition du collège, dé
cide qu'une grille sera établie, pour clore le
jardin public du côté du Marcbé-au-Bois. Les
plans et devis seront soumis au conseil la pro
chaine séance.
Dans une des dernières séances du conseil,
- une commission avait été désignée et chargée de
faire un rapport sur la demande de MM. les
curés des paroisses de là ville, tendante ériger
une école primaire gratuite; aux termes de la
loi du 23 septembre 1842, mais dirigée par les
Frères de la doctrine chrétienne.
Ce rapport très-bien môlivé a été lu au con
seil par M. l'échevin Van den Peereboom. Après
avoir examiné la question des chiffres, qui n'est
pas l'avantage de la proposition de MM. les
-curés, le rapport conclut ce que l'admimstra-
- lion donne directement et sans l'intermédiaire
d'une association, l'instruction aux enfarvjls pau
vres de la ville. Ces conclusions sont mises aux
voix et admises l'unanimité. La séance publi
que est levée.
La feuille cléricale avait insinué dans son
numéro du 11 octobre, que la Concorde avait
provoqué l'invitation faite par MM. les chefs de
corps MM. les officiers de ne plus fréquenter
certains estaminets. La commission de la Con
cordejustement indignée d'une calomnie aussi
infâme, prit le parti d'adresser une lettre l'é
diteur du Journal du clergé, donnant le démenti
le plus formel celte insinuation.
Voici celte lettre
Ypres, 16 Octobre 1843.
Monsieur l'éditeur du Propagateur,
N
Vous iusinuez daus votre journal du 11 courant, n° 2715, que
l'invitation faite Messieurs les officiers, de ne plus fréquenter tel
ou tel estamiueta été provoquée par la société de la Concorde
pour s'arroger ainsi le Momjpole Social. Semblable insinuation est
faite, tout le monde en a la conviction, dans le but de semer la
zizanie parmi les bourgeois. Néanmoins et quelque soit d'ailleurs le
mépris avec lequel le pûhlio en généraî;%rtes membres de la société
de la Concorde en particulier, reçoivent ces perlides attaques, la
commission dç-cette sociélé dénie formellement d'avoir contribué,
soit directement 6oit indirectement, une mesure loute disciplinaire
que Messieurs les chefs de corps ont prjs«„£âhs que probablement,
ils aient songéji vous consulter sur des afctes, dans lesquels "ni vous,
Monsieur, ni la Concorde n'ont s'immiscer. -
La Commission vous prévient que celte réponse positive et caté
gorique sera la seule qu'elle daignera opposer vos haineuses et
méchantes insinuations.
Les Commissaires directeurs de la Sociét^ob la Tjoiïcordf,'
Eug. Bousman Fr. Keingiaert de G^ellvelt
Baudoux, AugUste De Guelcke Th. Van den
BogAerde, J. Beke, J. Carpentier.
Quant aux commentaires dont lè susdit jour
nal fait suivre celle lettre nous n'avons pas
.nous en occuper. Ils paraissent nous] cojnme
au public en général, unc4-jUractatio>Kh'onteiise
et noyée dans un déluge dé-phrases, de^fmputa-
tions mensongères qu'une coterie fanatique a
été si heureuse de pouvoir lancera une société,
qui depuis longtemps est l'objet de leur haine
et de leur inimitié.
aasasp&a aaaaoa.aa.
La voiturede Blanche de la Meilierçye s'arrêta vers dix. heures du
matin, deux portées de fusil de Saint-Maur, la grille de L'élégaçle
maison de campagne de Mme de LucourU JJu valet en grande livrée
parut aussitôt. Blanche leva vivement le store et avauça son joli
visage, où se lisait une sorte d'inquiétude.
C'est moi, Jacques - ma tante est-elle.ici
Mon Dieq, madame, répondit Jacques, M11® Angèle se marie, et
il y a une demi-heure qu'on est parti pour la mairie.
Aujourd'hui il ckt trop tard!... N importe... Postillon, la
mairie
Les chevaux partirent. Il fajflut un quart d'heure pour arriver au
village et la grande maison peinte en jaune, qui servait de mairie
et de maison d'école. Blanche fit arrêter, descendit; mais tout le
monde était déjà 1 église. La jeune femme soupira, ordonna ses
gens de retourner au château, et.se rendit pied dans l'humble tem-
ph: où se célébrait le mariage de sa cousine, de son amie d'enfance,
Angèle de Lucourt.
La modeste église était remplie par un monde fashionable, tout
étonné de trouver, au lieu des prie-dieu en velours et des riches ta
pis de Notre-Darae-de-Loretledes bancs de chêne brunis par le
voyait les époux agenouillés. Cependantelle se glissa jusqu'à la
chaise d'une dame,^jni promenait autour d'elle un regard hautain:
c'était M"** <Ie LuotniH, là belle-mère d'Ângèle. A 1 aspect de Blan-
- che, elle laissa échapper un mouvement de surprise et presque d'hu
meur, et se baissant sur la jeune femme qui s'était inclinée pour
prier
r Comment! vous ici, ma nièce?
Oui, ma tante, j'arrive d'Italie, et j'arrive trop tard pour empê
cher le malheur de ma pauvre cousine.
Son malheur! dit Mme de Lucourt d'un ton moqueur, vous êtes
étrange mais Angèle est fort heureuse d'avoir trouvé un mari, mal
gré son infirmité
Dites cause de sa fortune.
£b bon Dieu, il y en a bien d'autres qui il ne manque rien et
que l'on n'épouse que pour cela. La voilà bien plaindre: elle aura
un beau nom et le plus joli homme de Paris.
Elle ne le verra pas! dit Blanche avec douleur.
Elle le saura et ne sàpercevra jamais des ravages du temps.
Combien de femmes gagneraient être aveugles!
Cette cruelle plaisanterie de Mroe de Luuourl fit Blanche un mal
affreux elle se détourna peur cacher ses larmes et arrêta ses regards
sur sa cousine, belle et riche, mais aveugle depuis 1 enfance.
C'était une triste histoire que celle-là. Angèle n'avait pas deu
afts lorsque sa mère dépendait dans la tombe. Au bout d'un, an de
dure. Et comme ce n'était pas assez ae malheur pour cetle pauvre
enfaut, deux ou trois ans plus tard, un voile épais s'étendait sur ses
yeux,
Elle inspira une "profonde, pitié toUs ses amis* elle inspira
belle-mère un éloignement iffyùrciMé/M«%® de Lucourt eut un fils et
"f*'-: p.%" -
unç fille, et sa haine pour Angèle grandit en raison de, son adora
tion pour ses enfants. Ses premières années furent.douloureuses, et
elle ûe trouva quelque adoucissement chagrins que dar^la ten
dresse de Blanche, sa çousiyè, qui, pupille de M."71
élevée près d'elle. Lorsqu'elle eut douze ans, son pè|
vie eût été une souffrance "de tous les instauls, si
ceurn'eût vaiucu en partie les mauvaises
Ou s'occupa peu. d'elle, ou l'ahaudoun^
n'entendit point une parole amie, maisljdss
tous ses penchants. Elle aimait la solitude et la rêver
bLa jamais. Elle aimait passionnément la musique
tliilde consentait quelquefois en faire'J
Blanche comme une sœur; Blanche,
heure passée avec son amie. Mma dt^
mais Angèle-ne devait espérer rieu dJ
voiT -d elle était un farc
frottement, des prie-dieu en bois blanc et des dalles salies et usées.
Blanche eut beaucoup de peiue s'approcher du maître-autel où elle ♦veuvage, son père se remariait une femme hautaine, égoïste et
-