3e année. n° 263.
dibancue, 5 novembre 1843.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
feuilleton;-
INTERIEUR.
f
Af\
On s'abonne Ypres, rue du
Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par triioe&tre.
Pour Ypresfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro 0-25
Tout ce qui concerne 1. ré
daction doit être adressé./ronro,
A l'éditeur du journal, Ypres.
Le Progrès parait le Dimanch.
et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
1r PRES, Ne novembre.
A l'arrêté royal du 15 octobre 1843, qui or
donne le renouvellement du concours général
des athénées et collèges, est annexéùin pro
gramme indiquant les matières, dtfh*renseigne
ment est réputé essentiel et obligatoire pour la
participation au concours.
Quoique assez bien coordonné dans toutes ses
partiesce programme laisse beaucoup dési
rer. Notre intention n'est pas d'en faire un long
examen critique nous soumettrons seulement
quelques observations l'appréciation des per
sonnes aptes en juger.
En premier lieu, on neflemaqde pas assez aux
élèves de septième, car pour le grec et le latin,
on s'en tient la lecture des textes. De cette
façon la première année d'étude n'est, en réa
lité, qu'une classe française, où on apprend
épeler le grec et le latin.
Pour les mathématiques, nous estimons qu'on
laisse trop de temps l'enseignement de l'arith
métique. Les trois premières années d'étude et
une partie de la quatrième sont consacrées
celte science. Ce n'est qu'en quatrième qu'on
commence faire connaître aux jeunes gens les
éléments de l'algèbre jusqu'aux principes sur
les inégalités et cependant cette science est plus
aride et plus difficile, puisqu'on ne travaille que
sur des abstractions. -
Un mot pour le grec maintenant. Autrefois
on se conleutait de faire traduire les auteurs qui
ont illustré la Grèpe. Maintenant le program
me exige que les élèves griffonnent en guise de
devoirs, de mauvais thèmes grecs et cela en une
langue grecque, qui ferait dresser les cheveux
ces grands écrivains' de l'antiquité payenne,
s'ils pouvaient revenir parmi nous. Il est impos
sible qu'il en soit autrement. Déjà tes ouvrages
latins modernes sont peine supportables et
cependant celte langue a été cultivée avec plus
d'ardeur et plus tle succès que la langue
1 i iii 11
p*
©Sï &52©©S"
Il y a cent ans, if n existait point de grande route (î'Ajaccio
Rastia ce 11 est tout au plus qne depuis un quart de siècle qu'une
communication directe et régulière s'est établie entre ces deux villes
métropoles de la Corse. Une petite route 'peine assez large pour
deux mulets de front conduisait autrefois d'Ajaccio au charmant vil-
lage de Bogognano, mi-oôte de cette longue chaîne de montagnes
qui coupe la Corse du nord au sud. De la, un sentier fait plutôt pour
des chèvres sauvages que pour des hommes, serpentait capricieuse
ment travers les flancs de la montagne et longeait le fort de Vizza-
vona pour s'engager obliquement au milieu de la forêt du même nom
et rejoindre par la vallée la route qui conduit Corle. Une im
mense arche de granit enjambe audacieusement aujourd'hui le défilé
et couvre de sa voûte imposante le torrent du Vivaro, là où était au
trefois périlleusemeut suspeudu un étroit et mauvais petit pont de
planches tremblant suus les pas du voyageur. Dans ces temps malheur
reux, au milieu des guerres incessantes qui ravageaient le pays, i^
était si difficile et si périlleux de se rendre d'un lieu un autre,
t on ne se hasardait que bien rarement visiter ces contrées, ou-bien
l'on n entreprenait un voyage qu'eu nombreuse compagnie et en ar-
grecque. Même on demande aux jeunes gens
en rhétorique, des essais de vers grecs. Cela
^.s'appelle en d'autres termes, abuser du temps
dqs jeunes élèves, qui n'en ont déjà pas trop,
pour suffire aux exigences raisonnables du pro
gramme.
Une dernière observation. Nous croyons qu'il
eût été très désirer, que le ministre de l'inté
rieur, en donnant le programme des matières
obligatoires pour la participation au concours,
eût indiqué en même temps la liste des auteurs
expliquer et des livres çlassiques nécessaires
chaque division. De cette manière, on intro
duirait dans tous les collèges qui prennent part
au concours, celle uniformité dans les études,
essentielle tout bon système d'enseignement.
Jeudi dernier, les membres de la Société des
frères de l'Empire, formée il y a peu de temps,
ont, pour la première fois, eu un triste et pénible
des
leurs
monsieur
devoir remplir. Un
De Çterck, était décédé.
Conformément au règlement qui les unit
Mes braves compagnons d'armes
Une circonstanceaussi douloureuse qu'inattendue
nous réunit en face de la tombe qui va recevoir les
restes inanimés de notre frère d'armes, de Joseph
DECLEKCK,qui vient de payer au sort un tribut que
chacun de nous devra payer son lour.
Il servit l'Empire avec honueur et bravoure, il
supporta, comme nous, toutes les fatigues et les pri-
valionsde nos longscoinbats, de nos marches forcées.
Le moins âgé d'entre nous peut-être, il a succombé
le premier et sa mort vient encore d'éclaircir les
rangs si peu remplis des débris des armées de notre
grand empereur.
Le plomb ennemi ne lui a laissé la vie, que pour
nous réserver la doulpùr de lui rendre les derniers
devoirs.
Lorsque des circonstances pénibleset que je ne
veux point vous rappeler ici, vinrent donner une
face nouvelle aux desliitées d^ l'Europe, De ClercK.
fut comme tant d'autres, forcé de se retirer dans sa
ville natale, où depuis céfte époque mémorable, il
ne cessa de se conduire eu bon épouxs bon père et
digne citoyen.
11 emporte dans la tombe non-seulement les it*
grets de tous ses frères d'armes", mais encore, ceu:».
i-i i -i i i i des amis qu'il sut se créer dans sa vie privée
au ourd huicomme le peru et les dangers les
J. 1.. r. [VIrhp.rs nnnina?rinns ri armes, le soul
unissaient jadis, tes membres de la société ont
accompagné les dépouilles mortelles de leur
frère d'armes jusqu'à leur dernière demeure.
Plusde soixante membres de l'association se sont
réunis au local de la société; et de là se sont
rendus, en corps, la mortuaire.
Le service a eu lieu l'église S^Pierre.
- Des tambours dont les caisses étaient couver
tes d'un crêpe funèbre, et une musique qui
exécutait des airs lugubres, précédaient 1e cor
tège dont les anciens serviteurs de Napoléon
Mes chers compagnons d'armes, je souhaite du
plus profond de mon cœur, l'âme de noire cligna
frère un lieu de délice, de lumière et de paix Qua
sa-tête soit ceinte de la couronne des élus par la
maître suprême de l'univers
Adieu donc, De Clerck, adieu!... Adieu, que ton
"âme repose en paix!
4 Celte cérémonie ne peut manquer d'avoir fait
sur tous ceux qui y ont assisté, une impression
profonde. C elait un imposant spectacle de voir
le recueillement, la douleur vraie et sentie de
ces anciens débris desarmées d'Italie, de Russie
formaient la haie. Deux drapeaux celui d» la -et d'Espagne, disant celui que des périls et une
société et 1 ancien et glorieux drapeau des ar- gloire commune avaient rendu leur frère uu
tuées de l'empirejétaient portés pat MM. Mieroo dernier adieu.
et De Hem. -
M. Pironon vice-président de la société a Quelques cornets du 5me régiment de ligne
prononcé sur Ja tombe du défunt lç discours ont exercé jeudi dernier, une vendetta fort re
suivant, qui a vivement impressionné tous les .préhensible sur des bourgeois de celle ville,
auditeurs. Leur caporal avait été puninous assure-t-on,
ii
plans de châtaigniers avaient été dènx'fois coupés dans la saison des
pousses, ses troûpeaux.de chèvres-massacrés, ses champs d'orge brûlés
impitoyableraeufc Mais ïe dernier rejeton mâle, deççtte famille
éprouvée et sa s&ur pouvaient se consoler de celter longue suite de
malheurs et de scènes sanglantes en se disant Nous s
complètement vengés!;..
En effet, ce dernier fils avait tué de sh pn
famille ennemie, le meurtrier de son père
^jpis le feu ses blés et sa maison, et vul
pierre crouler dans les cendres; puis U avaiJ
des fils avec son enfant tout jeune encore.
poursuivi sans relâche, et Payant enfin J
Pâques, alors, en plein jour, la porte
fois enfoncé son poignard dans le cœu.
d'une voix de tonnerre C'est moi, rr|
tel! Depuis ce moment, Ghisoni j
av*.. -vronsrience. N'avait-il
T VV r,1e rt
»f Liri- •fr-*«rè<5 rse? ha race de
mes comttie uii parti de glierrè tant on redoutait, non saris raison,
les Génois et les Vendetta
Une seule chose n'a pas changé dans le cours d'un siècle, la na
ture du pays, toujours sauvage, mais toujours admirable dans sa sim
plicité mêlée de grandeur, dau* son imposante nudité pleine de ca
ractère et de fierté. Alors, comme aujourd'hui, s'étendait six mille
pieds au-dessus du niveau de la mer, l'antique foret de Yixtavona
toujours remplie 4e murmures mystérieux et de bruissements mélan
coliques.
Sur le flanc oriental de la montagne Couverte ainsi que les mon
tagnes voisines par cette immense foret d'ormes et de hêtres gigan
tesques, de larges châtaigniers et de hauts sapins, s'abritaient quel
ques misérables huttes groupées sous l'ombre comme des sœurs. C'était
le petit village de Moreto. Aujourd'hui une seule maison est encore
debout; toutes les autres ont disparu au milieu des guerres et des pil
lages. La Corse peut étaler dès ruines de tous les âges et écrire son
histoire si dramatique avec le sang des siens que chaque siècle a vu
couler par torrents. Parmi les chélives cabanes de Moreto, on en re
marquait une ses murs blanchis et ses étages. Ses propriété»*/jg
expient jadis de riches possidenti, mais une vendetta de trente aL?j.iuo
ftvait ruinés complètement. De cette famille, le père et deux de ses^
fifs étaient successivement tombés sous les coups de l'ennemi -r ses
U ,:.t±
pagne
de mory