JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
3e ANNÉE. N° 264.
JEUDI, 9 NOVEMBRE 1843.
iNTtm.
FEUILLETON.
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Quinze centimes par ligne.
YPRE&j le 8 Novembre.
Grâce l'article 70 de la Constitution, le mi
nistère se présentera devant les chambres le 14
de ce mois. Un journal avait annoncé que le
ministère avait l'intention de convoquer la re
présentation nationale avant l'époque légale.
Cette assertion avait rencontré beaucoup d'ifreré-
dules. On ne pouvait s'attendre pareil acte de
la part d'un ministère, dont la position est essen
tiellement fausse.^ Depuis l'on s'est aperçu, que
ce n'était qu'un îfriut répandu, pour donner le
change l'opinion jpublique.
Depuis la courte session de l'ann^passéd,
session presque infructueuse parce que le mi
nistère et le parti clérical voulaient jouir d'une
certaine liberté, afin de préparer le terrain élec
toral, les élections ont eu lieu. V-"
Nous ne savons trop, si le parti qui tient le
ministère sous sa tutelle, a eu lieu de s'applaudir
de la guerre 'mort qu'il a déclare l'opinion
libérale. Loin de perdre du terrain, ainsi que
l'espérait le ministère, le parti libéral, le seul
véritablement nationalest sorti de la lutte
plus fort, plus vivace que jamais. Le combat
électoral a été moralement si défavorable l'o
pinion cléricale, que les journaux ministériels
mêmes conviennent que le parti, qui se pré
tendait majorité, ti est plus aujourd'hui que mi
noritémais une minoritéavec laquelle il fau
dra compter. •-
Quoique les forces des partis la chafabre
des représentants, n'aient pas été sensiblement
modifiées, sous le rapport numérique, il n'en
est pas moins certain que l'échec subi par les
hommes les plus considérables du parti catho
lique a eu une influence tooralé qui n'est pas
sans portée. Une des premières opérations de la
chambre, après la vérification des" pouvoirs*, sera
le renouvellement de son bureau, puisque le
président et les deux vice-présidents de la cham*
bre MM. Raikem, Dubus et De Behr, sont restés
sur le champ d<? bataille électoral.
Si nous devons va croire un juurnâl, le rai-
nistèrea déjà, sous prétexte de conciliation, pris
ses mesures afin de berner l'opinion libérale aussi
longtemps que possible. Il se propose de soute
nir la candidature de M. Liedls au fauteuil de
la présidence et celles de MM. Lebeau et De
Theux, comme vice-présidents. Nous espérons
b'ié'n que l'opposition ne fera rien pour favoriser
cette combinaison. C'est encore là une de ces
mesures astucieuses qui, eu donnant une satis
faction illusoire l'opinion libérale, n'en laissent
pas moins ses adversaires jouir de la plénitude
du pouvoir. On veut éblouir l'opposition en lui
jetant en pâture la nomination d'un membre
du bureautandis que le parti clérical s'attachera
aux qualités solides du pouvoir et se propose de
l'exploiter tout son aise son profil, si on veut
bien se contenter de celte concession.
Quoi qu'il en soit, le ministère paraît être
dans une passe difficile. Ses maîtres, qui jus
qu'ici l'ont soutenu menacent de l'abandon
ner. Malgré toute son humilité, tout son dévoue-
m eût l'endroit des chefs du parti catholique,
ils croient en être médiocrement servis, et, si
nous devons en croire certaines rumeursson
gent le modifier dans un sens plus catholique.
Qu'un changement de ministère devienne né
cessaire, il est probable que le parti ultra-catho
lique parviendra aux affaires. Nous ne trouverons
rien déplorer ce changement, s'il arrive. Au
rçicftns nous qe verrons plus au pouvoir, ces faux
travaillent 'que dans l'intérêt du
pairtf ol^çat^ tout en ayant Tair de le blâmer et
de le .répudier. Mais observons.cependant, que
le parti catholique pur n'aura la majorité la
chambre, qu'à J'aide de ce qu'on appelle le ba
gage ministérielformé de députés qui votent
avec tous les ministères quelq^'ija puissent être.
Il est probable Àiême qu'un oflnislère libéral
homogène pourrait l'aide^des.dé^ulés minis
tériels quand mêmeobtenir Ja majorité àv la
chambre.Mais une combinaison ministérielle
entièrement libérale ne serait pas encore pos
sible, et elle n'est même pdint souhaiter, si
nous devons l'acheter par des concessions hu
miliantes. Le parti jirêlre se soutiendra encore
quelque temps au pouvoir par tous les moyens
possibles, jusqu'à ce qu'il ne soit plus douteux
qu'il est descendu l'état de minorité. La corrup
tion, l'abus de son influence religieuse, la ruse et
l'astuce lui conserveront une prépondérance fac
tice, qui éblouira pendant quelque temps encore
les populations. Mais que sa décadence soit bien
constatée, alors le clergé se trouvera isolé et se
verra abandonné par ces ambitieux, qui ne sont
restés sous ses drapeaux, qu'aussi longtemps que
l'exigeait leur intérêt.
L'un des derniers Nos du Mémorial adminis
tratif de la province contient deux circulaires
qui ne sont pas sans.importance. Par l'une M.
le gouverneur rappelle, qu'il est défendu aux
entrepreneurs de .messageries deux roues et
un cheval, de conduire plus de 6 personnes,
7 compris le cocher. Tout en admettant que ce
nombre est très-Rmilé, nous devons avouer que
depuis quelque tertrps le règlement général
était enfreint d'unor manière.scandaleuse. Nous
avons vu souvent lin mauvais cheval usé traî
ner jusqu'à douze ou quinze personnes.
Cependant on aurait pu mieux concilier, nous
parait-il, la sûreté des voyageurs avec les inté
rêts des entrepreneurs des messageries, en per
mettant ces derniers le transport d'un plus
grand nombre de voyageurs, que celui fixé par
la circulaire. Si on ne revient pas sur cette
mesure, les relations en souffriront, car sans
nul doute grand nombre d'entrepreneurs,de
celte catégorie se verront forcés de cesser leur
exploitation.
Par la seconde circulaire, il est prescrit des
mesures contre les marchands, fabricants, etc.:
qui persistent se servir de poids et mesurés
non-légaux et vérifiés. Nous croyons pouvoir
dire, que sous ce rapport notre ville peut servir
de modèle beaucoup d'autres localités, et qu'il
serait peu facile peut-être, d'y constater des
contraventions: demandez une aune de toile,
on vous mesurera 70 centimètres.
Les prescriptions que cette circulaire ren
ferme, ne méritent que des éloges. Mais pour
quoi le pouvoir rî'exige-t-il pas, que les balance,
soient vérifiees.tifissi bien èkheaucoup plus qui
les poids.? Il petit en effet .insulter des fraudes
{Suite,).
Apgîolina et le terrible Corse restèrent ainsi seuls, mais celui-ci
n'étaU pas moins çurpris de cette rencQntre inattendue. Pendant
quelques minutes considérant la jeunç fille qui, encore étourdie de
sa chute, était là sans connaissance- il se mit genoux et essaya de
1 attirer lui, sans trop savoir quel-parti prendre, ni comment lui
porter secours, car c'était la première fois qu'il voyait une femme
évanouie. Cependant Angiolina ne revenait pas ses sens: elle était
devant lui, raide et pâle, mais plus attrayante même de cette pâleur
qui va si bien un visage Corse. Le jeune homme cherchait du se
cours, et voulait découvrir la vieille qui son approche avait pri^i|
précipitamment la fuite, mais elle avait disparu sans retour, (^ue
faire? Angiolina était toujours étendue sans mouvement.
prend sa résolution, glisse ses bras autour du corps de la je^ji#fille,1*
et enlève ce précieux fardeau avec précaution, comme un yerifjique
1 on craindrait de briser, et se dirige travers les buissAs
source quieoulait l'ombre, dans les fentes d'un rocher. La fraîcheur
de l'ombre et de l'eau fit ouvrir les yeux Angiolina heureusement
elle ignorait comment elle se trouvait là. Si elle s'était éveillée dans
les bras du Corse, elle en serait morte de terreur. Mais bientôt reve
nue ses sens, elle fut saisie d'une indicible frayeur lorsqu'elle se vit
ainsi seule, abandonnée dans un lieu désert au pouvoir de ce bandit.
Ses craiutes se trahissaient chaque moment: elle fut sur le pointé bler devant lui; il lui en voulait presque de sa pour,
dérouléessur soik front* vt voilaient son visage>"à pcijie ftsait-elle le
ver vers le jeune Corsç ses beaux yeux noirs. Ce^jjù,domine fas
ciné; lecoutàitavec son âme et retenait pre^ sg^v«*tciiie pour d
pas perdre le plus léger son^de sa voix ado.^
Et pourquoi donc avoir pétri* de moi .d'un ton m
fois de dôuceur et de brusquerie. H étail'fàché de la i
de s'évanouir de nouveau elle ne se sentait soutenue que par la peur
d'un second danger. Elle se jeta aux genoux du Corse et lui dit en
baissant terre ses yeux mouillés de larmes Ah! ne me faites pas
de mal. Je ne suis qu'une pauvre fille qui n'ai jamais offensé per
sonne. Laissez-moi regagner tranquillement ma maison. La sainte
Vierge vous récompensera, car chaque jour je prierai pour vous.
Le jeune homme ne pouvait se lasser de contempler, d'admirer
Angiolina; il écoutait sa voix, mais dans l'oreille du banni accoutu-
^méçaux bruits des torrents et aux rugissements de la tempête, celte
*Vwix se changeait en une harmouie si douce qu'il n'entendait plus
4fcs paroles. Comme elle était belle, daus son naïf désespoir, et sa pu
dique douleur!... A travers les boucles de ses cheveux qui s'étaient
•T -
qui, chose étrange, lui donnait un attrait si puissant
jeune, Angiolina seutit cette voix et ce reproche plein
se révéler en elle le sentiment de la femme elle eut
son ascendaut sur l'homme. Alors, sans trop tre"
son ravisseur: c'était un jeune liom«
visage brûlé par le soleil, les traits y"
cheveux nojfs comme l'aile du corbe
ges passions mais en ce moment ,sous V
trisaien.^^m^l^^^Ëiuable de bea
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