JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
4e ANNÉE. - N° 384.
INTÉRIEUR.
DIMANCHE, 5 JANVIER 1845.
Feuilleton.
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Y PRES, le 4 Janvier.
Le Journal des Baziles annonce ses amis
politiques en forme d'étrennesque le parti
clérical touche la décrépitude. Celte prédiction
n'est pas faite crûment, mais de la manière
dont elle est exprimée, elle ne peut s'appliquer
qu'à l'opinion rétrograde. Il engage son parti
devenir plus calmede furibond qu'il est, de
mettre de la bonne fui dans les discussions, et
ce sont surtout les journaux jésuitiques qui ont
donné l'exemple de ces scandaleux mensonges,
de ces calomnies répétées sans cesse, qu'on ait
la force de se rendre aux raisons qu'on avoue
intérieurement être les meilleureset c'est parce
que celte force manque au parti-prêtre, qu'il
ne veut pas avouer ses torts et qu'il s'obstine
opiniâtrement dans ses idées de domination
qu'on ne condamne point sans examenet
l'opinion cléricale tâche de lutter force de
calomnies el d astuce, qu'on ri examine pas avec
préventionet nos adversaires disent haute
menttout ce qui n'est pas pour nous est con
tre nous; surtout qu'on n'aboie pas contre une
choseparce que d autres ont aboyé avant nous
n'est ce pas le fait du parti-prêtre qui aboie
contre la liberté, parce que son principeà lui est
l'autorité et que la liberté tend enlever au
prêtre cette domination politique, qu'il a pos
sédé si longtemps et que pour son bien et pour
le nôtre on lui refuse maintenant. Là! dit-il,
n'est point le progrès que personne ne vous
accusera de chercher, mais la décrépitudeet
on pourrait bien en être là, sans s'en douter.
En attendant qu'il ail le temps de scruter
s'il est utile qu'il existe des partis, et il souhaite
aux ecclésiastiques l'anéantissement du Collège
communal. Il faut que cette institution soitter-
riblement sur le chemin du parti jésuitique,
pour l'attaquer avec celte impudence et tron
quer les faits connus de tous, avec celle effron
terie imperturbable qui n'appartient qu'aux
folliculaires, émules des Baziles.
a a adisasta
I.orsque Marie Stuart revint en Écosse, Jacques Stuart, son frère
naturel élait prieur de Saint-André; au lieu de laisser dans ce
rang obscur, auquel semblait le condamner 1 illégitimité de sa
naissance, Marie le fit comte de Mar, l'appela la téte de son con
seil et de ses armées, et bientôt après courut les chances d'une
bataille pour le mettre en possession du Comté de Murray. Celte
conduite, de la part de la jeune reine, était plus généreuse que
prudente; elle s'en aperçut trop ta>d, lorsque Murray, après avoir
prouvé ses hautes capacités comme homme d'état et comme capi
taine, se mit la tète du parti protestant et battit les d^ux armées
qu elle voulut lui opposer. La première de ces deux défaites, celle
de Carberry-llill, lui valut la prison de I.och-Leven, et la seconde,
celle de Langside, la força d'aller chercher un refuge en Angleterre
où 1 attendait la mort. C est après celle dernière bataille que s'ouvre
notre histoire. Le comte de Murray gouverne sous le titre de régent.
I.
La nuit commençait tomber. Debout sur un balcou de pierre,
d'où la vue embrassait toute la ville, une femme regardait les édi-
Mais, dit la béate feuille, une fusion est dans
les vœux des pères de famille, et où avez-vous
vu cela? Quels sont les parents qui vous ont
communiqué ce vœu? Ce ne sont pas ceux qui
ont leurs enfants au collège communal, parce
qu'ils ont plus de confiance dans les profes
seurs de cet établissement, que dans les jeunes
séminaristes dont l instruclion ne peut être ap
préciée que par vos adeptes, incapables de la
juger.
Nous ne croyons pas que les pères de familles,
satisfaits de la marche du Collège communal
souhaitent une fusion, parce qu elle amènerait
l'anéantissement de cette institutionet sous
forme de fusion, les jésuites réussiraient s'em
parer de cet établissementle seul laïc qui
existe dans les deux Flandres, l'exception des
athénées de Gand et de Bruges.
Si l'instruction religieuse n'y est donnée que
par un laïc, c'est au clergé qu'en revient la res
ponsabilité. Nous n'avons pas besoin de répéter
que c'est par un faux calcul de vengeance, que
l evêque a refusé un ecclésiastique pour aumô
nier au Collège communal.
Nous aussi, nous espérons qu'on verra dis
paraître ce collège épiscopal, qui n'a été institué
que pour faire tomber le Collège communal,
espoir qui a été déçu et qui le sera probablement
pour toujours. C'est déjà bien assez que pour
fournir des élèves ce collège, le gouvernement
ait refusé l'érection d'une école primaire supé
rieure Ypres.
Du reste, nous sommes peu étonnés de voir
la feuille d annonces, s'exprimer au nom des
pères de famille; c'est son dada ordinaire qu'il
enfourche,quoique le collège épiscopal contienne
peu d'enfants nés Ypres. Une razzia faite en
temps utile dans les villages qui environnent la
ville, peuple cette institution.
Que les saints de la Feuille des Baziles ne
s'inquiètent pas tant de l'éducation que les
jeunes gens reçoivent au collège communal
elle est meilleure que celle qu'on donne en
maints établissements, qu il est inutile de nom-
fices d Édimhourg disparaître peu peu sous un voile de brume,
tandis qiTun jeune homme, portant le vêtement simple et uni d'un
modeste page, mais dont la mine fière et hardie annonçait une con
dition au-dessus de son costume, l'examinait attentivement, immo
bile quelques pas d'elle.
Cette femme c était la comtesse Ulrique de Morton, épouse'de
James Douglas de Morton, ohancelier d Écosse; sa taille élevée, sa
démarche imposante, son regard fixe et hardi, ses traits pâles où se
lisaient l'orgueil indomptable et l'inflexibilité farouche de la famille
toute puissante laquelle elle s'était alliée, tout respirait en elle
l'éclat et la majesté d'une reine. Extrême en tout, elle possédait au
plus haut point et poussait même jusqu la férocité ce courage du
soldat dont sou sexe donna tant d'exemples cette époque de rapi
nes et de violences. Le fait suivant prouvera de quelle trempe était
l'âme de cette femme et combien il élait dangereux de se jouer
elle.
Morton exerçait une grande influence sur les clans des hautes
terres qui habitaient les montagnes de Badenoch. Un des plus
anciens de ces clans, celui de Mac Intosh, sélant brouillé avec les
Douglas, profita de l'absence de Morton, alors occupé combattre
sous les drapeaux de Murray, pour brûler une de ses propriétés et
mer. Les élèves qui sortent des institutions des
prêtres ne sont pas tous des modèles de sainteté,
témoin le jeune Demey. comme les professeurs,
par ce qu'ils sont prêtres, ne sont pas tous des
vases de prédilection. 11 est inutile de citer des
exemples.
Oui, la régence est composée de catholiques,
mais comme ses commettants, elle croit qu'il
existe une différence très-grande entre être
catholique et fanatique. C est dans cette der
nière catégorie que nous rangeons les scribes,
qui, toute fin, invoquent la religion et sou-
ventdaos un butqueni la moraleévangélique, ni
le véritable esprit religieux ne pourraient ap
prouver.
La discussion de la loi sur les céréales a ré
vélé avec plus d'évidence encore que celle du
traité du 1er septembre, le manque de franchise
du ministère dans les relations extérieures du
pays. A la chambre des représentants, M. Osy
a accusé le cabinet mixte d'avoir pris avec la
Hollande des engagements, qu'on avait tenus
secrets jusqu'alors. Depuis ce moment l'expli
cation du traité de navigation conclu avec nos
voisins du nord, il y a quelque temps, a subite
ment frappé tous les regards.
On ne pouvait comprendre comment la
Hollande si difficile, quant la navigation des
eaux intérieures l'égard de l'Allemagne, avait
présenté des conditions assez favorablesà la Bel
gique. Mais les motifs sont patents maintenant.
Le ministère s'était engagé doubler la quantité
des céréales qui pouvait déjà passer nos fron
tières au droit réduit.
Dans le tempsl'arrêté sur le transit des
bestiaux qui a fait tant de mal nos contrées,
n'était qu'une autre promesse faite par le mi
nistère la Hollande. Personne ne pouvait
pénétrer les motifs qui avaienlengagé le cabinet
décréter une mesure qui devait amener la con
currence hollandaise sur les marchés français,
en lui livrant passage sur notre territoire. Eh!
bien, les promesses faites par MM. Nolhomb et
venir mettre le siège devant son château de Bog-de-Gioht, qu'il
trouva sans autres défenseurs que quelques serviteurs inhabiles et
la comtesse de Douglas avec ses femmes. Cependant, grâce l'excel
lente position du château et l'énergie naturelle de son caractère
Ulrique repoussa toutes les attaques et donna le temps Morton de
venir son secours la tête des autres clans.
Alors Mac-lnlosh, voyant la partie perdue pour lui et voulant
sauver sa tribu au péril de ses jours, demanda une entrevue Ulri
que qui la lui accorda.
Madame, lui dit le chef révolté, l'infortuné Laird de Mac
intosh vient de remettre entre vos mains et répondre pour tous les
torts qu'il a causés aux Douglas; la seule grâce qu'il demande, c'est
qu'on épargne son clan,
Ulrique resta quelques instants sans répondre, regardant son en
nemi vaincu d'un œil morne comme le vautour contemple la proie
qu'il lient dans ses serres.
Mac intosh, lui dit-elle enfinvous avez si profondément
offensé la famille des Douglas que le comte de Morton,mon époux,
a juré par lame de son père qu'il ne vous pardonnerait [tas avant
que vous n'ayez placé voire tête sur le billot ce prix vous pouvez
sauver vous et votre clan.