JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
4e ANNEE. - N° 401.
INTÉRIEUR.
JEUDI, 6 MARS 1845.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
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YPRES, le 5 Mars.
La confusion que le clergé sait introduire
dans les attributions du pouvoir religieux et
dans celles de l'autorité civile, est bien habile,
d'autant plus qu'elle ne tend qu'à donner la
seconde place au pouvoir temporel. La Con
stitution a prescrit une séparation complète
entre les deux autorités, en leur laissant réci
proquement la plus grande liberté dans la
sphère en laquelle chacune était destinée se
mouvoir, mais cela né peut plus suffire au clergé
imbu des principes ullramontains. Ce n'est plus
la liberté qu'il lui faut, c'est le sceptre de la do
mination et on peut assurer qu'il est en train
de le saisir.
Dans une des dernières séances de la chambre,
M. De Haerne, député de Courlrai, a donné un
exemple des moyens l'aide desquels le parti
clérical élail arrivé créer de la liberté de l'en
seignement, un monopole qu'il exploite avec
profit et, grâces la coupable connivence du
gouvernement, avec succès.
Quel est le père de famille, a-t-il dit, qui
voudrait d'un enseignement irréligieux pour
son fils? C'est là le petit moyen qu'on emploie
pour peupler les collèges du clergé Cela suppose
que les établissements tenus par les laïcs, ne
sont ni religieux ni moraux, et pour donner
plus de poids cette insinuation, on refuse un
aumônier aux institutions laïques. Certes alors
on peut s'étendre loisir sur l'impiété, l'irréli
gion, etc., de l'enseignement qui y est donné,
puisqu'il n'y a pas de prêtre pour y enseigner
la religion. Mais on oublie d'ajouter, que la
demande en a été faite et qu on a osé refuser,
parce que, dans la Belgique régénérée, le clergé
trouve inutile de donuer l'instruction religieuse
qui la désire et en veut profiler.
Cela fait encore supposer, que, pour qu'un
enfant reçoive l'instruction religieuseil faut
nécessairement le placer dans un collège tenu
par des prêtres ou tout au moins érigé sous les
auspices de l'évêque. Alors tout est bienla
morale y fleurit, la religion y est choyée el tout
est au mieux dans le meilleur des établissements
possibles.
Mais heureusement tous les pères de famille
ne sont pas assez bénévoles, pour croire aveu
glément aux réclames du clergé, en faveur des
institutions qu'il dirige. On s informe et on
apprend que nulle part, en Belgique, l'ensei
gnement y est basé sur l'irréligion, que dans
tous les établissements laïcs et autres, l'instruc
tion morale et religieuse y est donnée avec
tout le soiu possible. Malheureusement peu
de parents savent faire la distinction qui existe
entre les deux espèces d'enseignements. L'un
est religieux, c'est celui donné par les laïcs;
l'autre est clérical et tend inculquer aux géné
rations futures les principes les plus serviles, et
l'obéissance la plus humble aux ordres du clergé.
On doit comprendre l'intérêt que l'épiscopat
porte aux établissements qui ne relèvent que
de lui. Il est déjà presque l'autorité suprême
en Belgique, mais dans vingt ans, si cela con
tinue, son pouvoir sera sans bornes.
Pour le 2o Mars prochain, le collège électoral
d'Ypres est convoqué, afin de pourvoir au rem
placement de M. de Florisone, décédé Nous
engageons les électeurs libéraux se réunir et
s'entendre, car il s'agit d'une lutte sérieuse.
On doit tâcher de remplacer M. de Florisone,
par un homme qui prendra la chambre, la
défense des principes libéraux et des intérêts
matériels de notre arrondissement.
Nous avons des motifs graves, quant nous,
pour ne pas faire connaître le candidat ^que
nous oserions avec toute confianceoffrir
aux suffrages de nos concitoyens. Mais que nos
amis politiques se parlent et se réunissent, nous
osons leur assurer que des candidats se présen
teront, qui méritent la confiance de tous les
électeurs indépendants deTarroudissement d'Y-
prcs.
A peine M. Auguste de Florisone était-il
décédé, que VÉmancipation annonçait, comme
écrit d'Ypres, que les électeurs comptaient
porter son frère Léopold comme candidat la
représentation nationale.
Comme l'a très-bien fait remarquer VIndé
pendance, il était impossible que des électeurs
d'Ypres aient pu se réunir el se concerter ce
sujet et donner en aussi peu de temps cette
nouvelle lÉmancipationcar le titulaire n'était
pas encore enterréque déjà la feuille minis
térielle s'occupait de lui trouver un remplaçant.
iNous croyons cependant que le journal-
caméléon a été induit en erreur. Présenter M.
Léopold de Florisone comme candidat, nous
paraît être une mystification peu plaisante pour
celui qui eu est victime. Nous ne connaissons
pas M. de Florisone l'ambition de représenter
son pays, d'autant plus qu'un aussi vaste théâtre
doit l'effrayer, lui. qui n'est connu que par ses
goûts simples et placides. M. de Florisone est
estimable comme homme privé et ne nous
paraît pas mériter la farce que quelques mau
vais plaisants veulent lui jouer, d'autant plus
qu'il n'aspire qu'à une vie obscure et tranquille,
b'il a été le candidat du clergé dans quelques
occasions, c est qu'on lui a jeté la tête ces can
didatures, que du reste il n'acceptait que par
pur dévouement.
Séance publique du Mercredi5 Mare 1843.
ORDRE DU JOUR
i° Statuer sur la demande du conseil des Prud'
hommes, l'effet d'obtenir une augmentation de
subside destiné majorer le traitement de son
secrétaire.
2° Arrêter le rôle pour le recouvrement de la taxe
provinciale sur les chevaux, bêtes cornes el les
moutons.
3° Délibérer sur une lettre du gouverneur, qui
engage l'administration communale prendre de
nouvelles souscriptions, pour le renouvellement du
fonds de la peinture historique et de la sculpture.
4® Émettre un avis sur le projet d'échange entre
l'administration des hospices civils et M. Théodore
De Gheus.
On écrit de Bruxelles
Les obsèques de M. de Florisone de Siam,
membre de la chambre des représentants, élu
par le collège électoral du district d'Ypres, ont
eu lieu aujourd'hui onze heures. Le clergé de
la commune de Saint-Josse-ten-Noode est venu
chercher le corps la maison mortuaire (Quar-
tier-Léopold), où se trouvaient réunis la famille
et les amis du défunt et la députation de la
chambre.
Le cortège s'est alors dirigé vers l'église de
Sai nt-Josse-ten-Noode
Les honneurs étaient rendus par quatre com
pagnies du 12e régiment d'infanterie de ligne
et par quatre compagnies du lr régiment de
chasseurs pied, que commandait un major.
Le corps, sur lequel on voyait le costume de
représentant, était porté par deux huissiers et
par deux messagers de la chambre. M. le gé
néral comte Goblel d'Alviella, ministre des affai
res étrangères; M. le vicomte Charles Vilain
XIIII, vice-président de la chambre des repré
sentants; M. le baron de Sécus, questeur de la
chambre, et M. le comte de Renesse, représen
tant, tenaient les cordons du poêle.
On remarquait, dans le cortège, MM. Malou-
Vergauwen. Cassiers et le baron de Coppens,
sénateurs; MM. les comtes de Theux et de
Mérode, ministres d'Etat; MM. Brabant, comte
de Bailletde Corsvvarem Morel-Danheelde
Smet, Malou, de Decker, Lys, de Haerne, Du-
mont, Huveners, baron de Terbecq, Desmai-
sières, de Nayer et baron de Meer de Moorsel,
représentants; de Paye, premier président de
la cour d appel, et un grand nombre d'officiers
de la garnison.
Après les prières des morts dites en l'église
de Sainl-Jossé-len-Noode, le cortège s'est rendu
la station de Cologne, où une allocation tou
chante a été prononcée par M. Malou, député
d'Ypres.
Les troupes, qui avaient fait une décharge
la maison mortuaire et devant l'église, en ont
fait une IroUième, et un convoi spécial a em
porté la dépouille mortelle de M. de Florisone,
Courtray. d'où elle doit être dirigée sur Zille-
beke, où l'inhumation aura lieu dans un caveau
de famille.
Un arrêté royal du 2 mars, porte:
Le collège électoral de la ville d A près est
convoqué pour le mardi vingt-cinq mars,
l'effet d'élire un membre de la chambre des
représentants, en remplacement du sieur de
Florisone-Mazeman, décédé.