4e ANNEE. - N° 406.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
INTÉRIEUR.
um FALLU !U ^lUPLU,,
DIMANCHE, 23 MARS 1843.
Feuilleton «lu Progrès.
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cepteurs des postes du royaume.
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1 éditeur du journal, Ypres.
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YPRES, le 22 Mars.
CHEMIN DE FER.
(Suite,)
De tout ce que nous avons dit dans les arti
cles publiés jusqu'à ce jour par le Proyrès, il
résulte que le chemin de fer construire ne
sera utile notre ville, ainsi qu'aux localités
qui formaient jadis la province de la West-
Flandre; que pour autant qu'il relie ces loca
lités aux villes centrales du pays et du Hainaut,
par la ligne la plus courle.
Déjà le gouvernement a fait faire des études
dans deux directions: d'Ypres par Roulers et
Thielt sur Bruges ou Aeltre, et d'Ypres par
Meriin vers Mouscron, ou un point du chemin
de fer national déterminer ultérieurement),
entre cette localité et la ville de Courtray. Ce
dernier tracé est notre avis le seul qui soit
de nature satisfaire aux nombreux besoins
commerciaux et industriels que nous avons
signalés et nous n'hésitons pas le dire, ce pro
jet sera le seul adopté par tous ceux qui ont
consciencieusement étudié la question
L embranchement d'Ypres vers Mouscron
serait l'une des extrémités d'une ligne, dont le
chemin de fer de Jurbise formerait l'autre
extrémité et le rail-way déjà construit de Tour-
nay Courtrav, la partie centrale. Cette ligne
d'Yp les Jurbise n'aurait pas moins de LtO
kilomètres (âo lieues) de développement Par
suite de la réalisation de ce projet, toute la partie
occidentale de notre province serait reliée par
Courtray au centre du pays, la France par
Lille et par Tournay au Hainaut tout entier.
Jamais peut-être projet ne fut présenté sous un
aspect plus favorable.
Un simple embranchement de quelques lieues
nous permettrait de profiter des principales
voies ferrées construites dans diverses directions
et nous mettrait en relation directe avec les
principaux centres d'industrie du royaume. On
conçoit sans peine quels avantages le commerce
recueillerait d'une pareille situation car par
NOUVELLE. (Suite.)
II.
Dans l'une de ces rues populeuses qui avoisinent le palais de jus
tice, au quatrième étage d'une maison de médiocre apparence, se
tenait un homme dont tout l'extérieur annonçait qu'il appartenait
cette classe du peuple inintelligente et grossière.
La chambre qu'il occupait était un de ces sombres réduils où
s'étiole si rapidement la population qui compose les classes inférieu
res. La propreté,ce luxe de quelques pauvres, était loin d'en voiler la
misère, et l'on se sentait le cœur serré l'aspect de ce lieu humide
et noir. Cet homme paraissait Agé d'environ quarante-cinq ans. Ses
traits étaient durs, et ses formes ramassées anuonçaient une grande
vigueur. Une violente agitation contractait les muscles de son vi
sage, et ses mains crispées serraient aveo colère une grosse montre
en cuivre dont les aiguilles marquaient neuf heures.
La porte s'ouvrit, et Rigaud se trouva face face avec sa fille, avec
suite des frais d'exploitation, que la locomotion
par chemin de fer nécessite, lorsque les mar
chandises sont obligées de parcourir de longs
circuits, pour arriver d'un endroit un autre,
(comme de Bruxelles Louvain), il est évident
que ces frais doivent absorber la majeure par
tie du bénéfice que le chemin de fer procure
et rendre même parfois ces voies de communi
cation totalement inutiles. Ces inconvénients
n'existeraient point pour le projet que nous
défendons, car la ligne d'Ypres lurbise serait
peu près droite et celle vers Gand décrirait
une courbe fort peu importante.
L'exécution du projet présenté par M. Maer-
tens présenterait pour nos arrondissements,
des résultats tout différents. D'après ce projet,
une voie ferrée partant d Ypres et passant par
Roulers, Ingelmunsler et Thielt irait rejoindre
le rail-way de l'état Aeltre ou même Bruges.
Un embranchement d'ingelmunsler Courtray
pourrait être construit, nous disons pourrait
être construit, car c'est la une question qui est
loin d être résolue jusqu'ici mais en supposant
même que cet embranchement fut construit l'ex
écution du projet-Maertens peut-elle être pour
nous de quelqu'utilité? Nous répondons hardi
ment non. l'eul-elle nous nuire? nous ne le
pensons pas nous considérons donc ce projet
comme nous étant totalement étranger et nous
ne voulons ni le défendre ni le combattre. Mais
nous devons démontrer que nous n'en retirerons
aucun avantage. En efFet, où nous mènerait ce
chemin de fer? Bruges? Il y a quelques
années, il existait entre cette ville et la nôtre
deux voitures publiques, l'une d'elles a dû ces
ser son service, celle qui existe encore ne trans
porte pas quatre mille voyageurs par an (soit
environ 10 par jour); ce fait seul prouve com-
bieu les relations entre Bruges et Ypres sont
peu fréquentes.
Mais dira-l-on les marchandises que l'on
débarque aux ports de Bruges et Ostende vous
arriveront par le chemin de fer/C'est là une
erreur,pensons-nous, carenlreces villeset la nô
tre, il existe un canal et c'est ici le cas de dire que
la voie navigable rendrait la voie ferrée entière-
Clara qui entra pâle, tremblante, se soulenaut peine.
Misérable enfant s'écria-t-il, me diras-tu d'où tu viens main
tenant
Clara fit un effort, et sans oser lever les yeux vers son père
De mon atelier, dit-elle.
Oserais-tu bien me jurer que tu dis la vérité? demanda-t-il,
se contenant peine.
Une pâleur effrayante enveloppa les traits charmants de la jeune
fille, sa poitrine se gonfla
Je le jure dit-elle.
Ainsi le parjure souilla celte âme jusqu'alors naïve et pure, et cela
n'a rien qui doive nous étonner: elle avait entendu dire si souvent
par ses compagnes d'atelier que puisque les grands se parjuraient
publiquement pour obtenir les emplois et les dignités, le pauvre peu
ple pouvait bien se parjurer un peu pour servir ses besoins ou ses
plaisirs
Clara avait peine achevé, que Rigaud donna un coup de poing
si violent sur la table qu'il faillit la briser.
Malheureuse! secria-t-il, et il saisit le bras de Clara avec tant
de force que la jeune fille tomba sur ses genoux.
ment nulle, puisque l'une et l'autre de ces voies
de communication auraient peu près la même
étendue et que dans de pareilles conditions de
concurrencetout l'avantage doit rester au
canal.
Si l'on considère ce projet sous le point de
vue des communications qu'il établirait avec le
reste du pays et la France, on reconnaîtra encore
que sa réalisation ne peut nous être utile. Car
d'Ypres Courtray par Ingelmunster, il y aurait
une distance de 41 kilomètres et de 51 jusqu'à
Mouscron, où les lignes de Lille et du rlainaut
se rencontrent. Il est évident que par suite de
ces circuits, des frais d'exploitation qui en sont
la conséquence, et des retards qui nécessite
raient les haltes aux nombreuses stations inter
médiaires, d'un côté le prix du fret et du
transport des voyageurs serait considérable
ment augmenté et que de l'autre, le temps
employé parcourir les lignes annulerait les
avantages que par leur nature même, les che
mins de fer sont destinés procurer.
Nous développerons ultérieurement ces véri
tés que nous nous contentons d'indiquer
aujourd'hui. Dans un prochain article, nous
chercherons concilier les intérêts des villes de
Bruges et d Ypres.
On nous écrit de Nieuport:
Monsieur le rédacteur
Il paraît que le collège électoral d'Ypres est con
voqué l'effet de faire choix d'un député, en rem
placement de M. De Florisone, décédé. Plusieurs
candidats semblent se mettre sur les rangs, et parmi
eux nous avons trouvé un nom qui ne nous est pas
inconnu.
M. biebuyck, le président du tribunal d'Ypres,
vint aux premières journées de la révolution rendre
une visite la tranquille petite ville de Nieuport,
avec le laineux colonel Ernest Grégoire, ce traitre,
au service de qui voulait le payer, et l'avocat Jaspin.
Ces trois Messieurs destituèrent les autorités en
fonctions et en nommèrent d'autres. Mais comme
des exploits de ce genre doivent être célébrés par
un banquet, un gueuleton patriotique fut organisé
et on y but avec tant de chaleur la prospérité
de la patrie et au gouvernement bon marché dont
Oui, voilà la position qui le convient, ajouta le commission
naire exaspéréet c'est ainsi que tu dois m'avouer que tu viens
de faire un fau* serment.
Clara fondit en larmes.
Rigaud la releva, la fit asseoir ses côtés, et prenant ses mains
dans les siennes, il lui dit ces paroles
Mon enfant, te souviens-tu de ta mère?
Sa voix était sialleudrie, si navrante, que la jeune fille en fut
profondément touchée. Elle ne répondit son père que par un geste
douloureux, un triste mouvement de tête.
Rigaud continua ainsi
11 y a six ans que la maladie nous l'a enlevée. Elle était bien
jeune et bien belle encore, mais le cœur avait été si cruellement
brisé 1 Aussi tu ne peux avoir oublié ses dernières paroles lorsque
je penchai tou front vers elle pour recevoir sa bénédiction quand
Clara sera capable de te comprendre, me dit-elle, tu lui diras mon
malheur; lui signaler le danger, o'est lui donner les moyens de s'y
soustraire. Le moment est venu, écoute moi
Un homme riche et influent qui m'employait souvent, connut ta
mère et s'en fit aimer comme ces gens là savent se faire aimer, c'est-