4e ANNÉE. N" 409.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
JEUDI, 3 AVRIL 1845.
On s'abonne Ypres, Marché
au Beurre, el chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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daction doit être a dressé, fra nco,
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Le Progrès parait le Dimanche
et le Jeudi de chaque semaine.
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Quinze centimes par ligne.
Y IMS ESle 2 Avril.
LE PREMIER AVRIL.
l)es avis qui nous parviennent de différentes
sources nous communiquent une série de nou
velles plus intéressantes les unes que les autres,
et dont la réalisation sera de nature placer
l'année 11145 au rang des époques les plus re
marquables de l'histoire contemporaine. Nous
nous hâtons de les faire connaître nos lecteurs,
afin de leur faire partager le plaisir que nous
avons éprouvé nous-mêmes en les recevant.
La croisade dirigée par le parti du recul contre
la liberté des peuples louche son terme: on
assure que le Saint Père, mu par les sentiments
de la charité qui le distinguent si éminemment,
a daigné venir au-devant des vœux de la nation
Suisse, et délivrer FHelvélie de la présence des
jésuites brouillons qui divisent ce pays. En
conséquenceordre vient d'être signifié aux
révérends pères d évacuer dans le plus bref
délai possible le territoire de la confédération.
Des prières publiques seront adressées au
ciel dans loules les églises de la chréliennelé,
pour le repos de l'âme des malheureuses victi
mes de la réaction qui a ensanglanté la patrie
de Guillaume Tell.
On annonce que des mesures énergiques sont
prises, pour purger aussi les autres élals de la
milice loyolienne.
Les prélats français, mieux avisés aujour
d'hui qu ils ne le furent par le passé, vien
nent de publier une déclaration solennelle par
laquelle ils s'engagent cesser toute hostilité
contre l'Université. Ils reconnaissent dans cet
acte remarquable, que l'éducation civile de
l'homme doit, être nationalepar cela même
qu'il appartient avant tout son pays, qu'en
conséquence, le gouvernement méconnaîtrait le
plus sacré de ses devoirs, s il abandonnait
line caste quelconque le soin de surveiller el
de diriger I éducation de la jeunesse. Ils ajou
tent que, comme ils n'ont jamais nié que l'hom
me n'appartînt aussi Dieu, ils croient de leur
devoir d'assurer au gouvernement un concours
franc el loyal, afin de faire fleurir dans les
établissements de l'État l'enseignement d'une
morale purement évangélique et dépouillée de
toute arrière-pensée d intérêt mondain.
La société pour la propagation des bons
livres vient de porter le Juif Errant sur son
catalogue; cette mesure a soulevé une violente
opposition de la part des jésuites qui se pré
tendent indignement calomniés dans ce livre,
mais la société leur a imposé silence, en enton
nant le refrain A qui contez-vous vos peines n
Quelques ârues charitables ont envoyé ces
jours-ci [officine du journal de la Place, une
sopirae de deux franes, pour l'aider s'acheter
un Manuel de savoir vivre el un rudiment. La
feuille jésuitique reconnaissante s'engage vis-à-
vis de ses bienfaiteurs, faire son double ap
prentissage des formes usitées et des règles de
la grammaire française elle est convaincue
qu'on n'est jamais trop vieux pour apprendre.
Les 4É fonctionnaires publics qui siègent
la chambre des représentantset auxquels
Messieurs les curés de l'arrondissement d'Ypres
viennent d'adjoindre le sieur Biebuyck, de Bou
lets, ont résolu de donner leur démission en
masse, persuadés quedans l'étal de dépen
dance où les placent les fonctions qu'ils exer
cent, ils ne peuvent représenter convenablement
les localités qui sont censées les avoir délégués.
A propos de M. Biebuyck, on nous mande
qu'il vient de convoquer les héritiers naturels
de feu Madame Beequaert, aux fins de les
informer de la résolution qu'il a prise de leur
faire restitution des biens de leur parente, biens
dont il les a dépouillés dans le temps. Il se ré-
pent amèrement, nous dit-on, de s'être laissé
guider par l'instinct de la cupidité, et d'avoir
cru un instant, qu'il suffisait d'un article du
code civil, pour laver aux yeux de la société
la tâche imprimée par urte action immorale,
dont les lois n'ont pas prévu, ou n'ont pu pré
voir la répression.
On parle beaucoup d'un remaniaient
complet de la loi électorale: les citoyens indé
pendants obtiendraient enfin la juste part d'ac
tion qui leur est due dans la nomination des
mandataires du peuple.
L'Episcopal belge sent décidément le ridi
cule des efforts qu'il a faits jusqu'ici, pour tuer
l'opposition libérale. L'insuccès des mesures
qu il avait prescrites pour empêcher la lecture
des journaux qui dévoilent ses roueries, son
ambition et ses turpitudes l'a éclairé, et, par
suite de ce révirement, l'interdit lancé par nos
pasteurs contre le Progrèsva être levé.
La quête pascale des billets de confession
est supprimée. Ainsi disparaît une coutume bi
zarre eL inquisitoriale contre laquelle nous nous
sommes mainte,fois élevé. Nous ne verrons plus
désormais le clergé d Ypres arpenter la ville en
tous sens, pour aller la recherche des petits
imprimés distribués dans le confessionnal, et
constatant que les fidèles ont rempli leurs de
voirs pieux.
Les nouvelles importantes qu'on vient de lire
ne sont pas les seules que nous transmettent
nos correspondances cl nous allions en con
tinuer la publication, lorsque loul-à-coup, il
nous est venu un scrupule; la date laquelle
elles nous parviennent, ne nous rassure pas
complètement sur leur authenticité... Aurions-
nous été victime d'une affreuse mystification
Pas de doute, ami lecteur, vous devez vous en
être aperçu, 011 nous a servi pas mal de poissons
d'Avrilet nousdans notre bonhomie, nous
avons voulu vous en faire prendre votre part...
Quel mécompte
Un crime accompagné de circonstances hor
ribles a été commis sur la commune de Bece-
laere, arrondissement d Ypres. Un fermier qui
passait pour être son aise, a été assassiné,
pendant qu'il se trouvait seul la ferme. Le
dimanche malin, il avait été de bonne heure
la messe. A neuf heures on l'avait encore vu au
village et quand les domestiques sont rentrés
après la grand' messe, Augustin Duprez avait
été tué coups de couperet. Cinq ou six coups
lui avaient été assénés sur le derrière de la tète
avec tant de violence, qu'elle était presque sé
parée du tronc.
On soupçonna un ancien domestique qui
avait habité la ferme el qui jouissait d'une assez
mauvaise réputation, d'avoir commis cet assassi
nat. Il demeure Menin et était marié depuis huit
jours. La justice qui a fait une descente la ferme,
a ordonné de conduire cet homme sur le lieu du
crime. Il paraît qu'on ne s'était pas trompé, car
il a, dit-on, avoué sa complicité. L'autre qu'on
dit avoir commis le crime, est en fuite, et on
ignore jusqu'ici où il se trouve.
Voici comment la Chronique de Courtrai,
rend compte de cet horrible méfait
Un assassinat affreux commis Becelaere, diman
che malin, pendant la grand' messe, a répandu la
conslernalion dans la population de celle commune
et des environs. Les deux fils du fermier Duprez, en
rentrant chez eux après le service divin,ont trouvé
le corps de leur infortuné père étendu sans vie et
nageant dans son sang, la tête horriblement mutilée
coups de cognée. IL paraît que les assassins ont été
plusieurs el que leur victime s'est vivement défen
due. La lutle aura commencée dans le lavoir dont le
pavé s'est trouvé taché de sang et se sera continuée
dans la cuisine où le crime a été consommé. On y a
trouvé l'instrument avec lequel le meurtre a été
commis et qui appartenait la ferme, ainsi que la
sarbacane et un grand bâton tous teints de sang. Cet
assassinat a été suivi de vol, quel effet plusieurs
meubles ont été fracturés. Les voleurs sont entrés
el sortis par la porte de derrière, près de laquelle et
jusqu'à la dislance de 200 pieds on voyait les traces
de leurs pas. Les soupçons se sont aussitôt fixés sur
un nommé Vandatnme, ancien domestique de la
ferme, marié depuis 8 jours, et qui avait été vu dans
la matinée sur la commune. M. te bourgmestre en a
immédiatement averti le commissaire de police de
Merlin, où séjournait l'individu, et il y a été arrêté
el conduit Ypres. Depuis, sa femme, pressée de
questions, a laissé échapper l'aveu de la culpabilité
de son mari et il paraît qu'elle a même indiqué son
complice.
On annonce l'Observateur, par correspondance
particulière, que l'hôtel du gouvernement provin
cial de Liège vient d'être la proie des flammes. L'in
cendie s'est déclaré dans les combles avec une telle
intensité, qu'on a de suite dû prendre des mesures
énergiques, pour l'empêcher d'en vabir les bâtiments
voisins. Heureusement on a pu se rendre maître du
feu qui n'a laissé iutact que le rez-de-chaussée de
l'hôtel. Les étages supérieurs ne sont plus qu'un
monceau de ruines.
Par arrêté royal du 13 mars 1345, le sieur
De Ilaerne, commissaire de 1 arrondissement
d'Eecloo, est nommé délégué de la province de
la Flandre orientale, près du conseil d'inspection
du dépôt de mendicité de Bruges, en rempla
cement du chevalier de Wouters dOplinter,
qui est déchargé de ces loDClious.