4e ANNEE. - N° 410.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
DIMANCHE, 6 AVRIL 1845.
Ons'aboimeà Tpres, Marché
au Beurre, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L\BONNEMENT,
pai trimestre.
Pour Ypresfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro 0-25
Tout ce qui concerne 1. ré
daction doit être adressé, franco,
l'éditeur du journal, Ypres.
Lt Progrès paraît le Dimanche
et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligue.
YPRES, le 5 Avril.
Rien de plus fâcheux qu'un imprudent ami.
Ce vieil adage dont la justesse n'est plus con
testée, est d'une application de tous les temps et
de tous les pays. Le pyramidal Éloy dit de Bur-
dinne et ses vingt co-signalaires de la fameuse
proposition en faveur des céréales viennent d'en
fournir la preuve.
Avant que les vingt et un se fussent avisés,
dans un intérêt qui est loin d'être exclusive
ment agricole, de présenter ce projet mal digéré
l'examen de la chambre, l'opinion publique
paraissait disposée rendre justice aux intérêts
de l'agriculture. Loin d'être hostile ce qui
pouvait la placer dans une position favorable,
l'esprit public, au contraire, incitait le gouver
nement faire tous ses efforts, pour élever notre
agriculture la hauteur où elle est parvenue en
Angleterre et dans d'autres pays.
Que voyons-nous maintenant? Au lieu de cette
bienveillance que les intérêts agricoles rencon
traient de toutes parts, nous voyons un certain
antagonisme s'élever entre l'industrie et l'agri
culture et cela parce qu'il a plu au mirobolant
Eloy de Burdinne et quelques membres de la
chambre, dont la réélection doit avoir lieu au
mois de Juin, de jeter au milieu des discussions
de la législature, une proposition qui maintien
drait les grains un prix exorbitant.
Qu'ont gagné les intérêts bien entendus de l'a
griculture ce fameux puff électoral que la voix
populaire qualifie de pacte de famineAu lieu
de maintenir l'opinion publique dans des dis
positions favorables en faveur de la classe des
cultivateurs et des propriétaires terriens, on l'a
soulevée contre elle. Avant cette escapade des
•vingt-un qui viennent d'acquérir une certaine
reuommée bon marché, on était unanime que
la loi de 1834 laissait désirer, qu'il fallait
tâcher d'obvier ses défauts qui n'étaient que
trop réels. Nul ne refusait l'agriculture une
juste protection ses produits contre la concur
rence étrangère. On sentait qu'en premier lieu,
l'intérêt du pays exigeait que les intérêts agri
coles ne fussent point en .souffrance. En deman
dant des droits exorbitants, Éloy et consorts
viennent de faire un tort immense aux intérêts
qu'ils disaient avoir mission de défendre. 11 est
fort probable qu'une satisfaction plusentière eut
été rendue celte bl anche de richesse du pays,
si on n'avait découvert où on voulait en venir.
Quand la révision de la loi de 1834 sera portée
la chambre, on obtiendra peut-être moins
qu'on n'aurait pu l'espérer, sans la malencon
treuse levée des boucliers de M. Éloyet consorts,
en faveur des céréales.
Nous apprenons que plusieurs propriétaires
et cultivateurs de la ville et de l'arrondissement
se proposent de constituer un comité agricole,
pour la défense des intérêts de l'agriculture.
Jusqu'ici ils ont été abandonnés eux-mêmes;
il est plus que temps qu'on prenne en mains le
patronage de l'agriculture, car, pour les Flan
dres, c'est la seule branche qui soutienne en
core l'ancienne réputation de richesse du pays.
Il importe de la conserver et de la maintenir
dans une certaine prospérité, non-seulement
nous habitants des Flandres, mais ceux du
pays tout entier.
Nous voyons dans les journaux que le sénat
vient d'aceorder, par 26 boules blanches contre
6 noires, la grande naturalisation M. Behagel-
de Limon, demeurant Calmont, commune
de Buyen.
M. Meynadier, artiste du Théâtre des Variétés,
de Paris, qui a donné quelques représentations
Ypres, vient d'y être ramené, conduit par la
Gendarmerie, pour paraître en justice.
11 paraît que quelques jours avant son départ,
il avait, pour ainsi dire, arrêté sur la route de
Menin, la voiture de M. Malou-Vanden Peere-
boomen jetant une brouette devant les che
vaux. Quand le domestique sortit de voiture
pour débarrasser la roule de cet obstacle, M.
Nleynadier leva une pelle sur sa tète en le me
naçant de la lui briser, s'il osait loucher la
brouette. Plainte a été dressée contre cet acteur
et M. Blanchard qui l'accompagnait dans cette
équipée, maisqui, dit-on, doit paraître en justice
pour d'autres méfaits.
Jeudi passé, 2 avril, M le juge d instruction
Ern. De Gheus et la gendarmerie d Ypres, ainsi
que le nommé Arnbroise Van Datnme, prévenu
d assassinat sur la personne d'Augustin Dupi ez,
se sont rendus au bois de Becelaere, près du
Coelenberg, où ils ont retrouvé une bourse con
tenant 380 francs, que l'accusé Van Damme y«
avait cachée après avoir commis le crime.
On avait dit que le nommé De Volder, auteur
ou complice de l'assassinat du fermier Augustin
Du Prez, Becelaere, avait été arrêté Roulers.
Nous croyons cette nouvelle inexacte. Jusqu'ici
on ne paraît pas encore avoir retrouvé ses traces.
Nous recevons un brochure de M. A. Van
Hecke, sur une question qui sera bientôt l'or
dre du jour. La discussion du projet sur l'or
ganisation des cadres de l'armée amènera bientôt
la tribune la question de la démolition des
forteresses que la conférence de Londres a des
tiné être rasées. Nl. Van Hecke s'élève contre
cette brutale décision et est d'avis que la nation
belge ne doit pas s'y soumettre. Quand un peu
ple jouit de son indépendance, c'est l'abdication
de sa nationalité qu il prépare, en se soumettant
des clauses aussi honteuses et qui doivent
faire des blessures profondes ces sentiments
nationaux, sans lesquelles aucune nation n'existe
longtemps.
Voici de nouveaux détails sur l'assassinat qui
a été commis Becelaere:
Aussitôt que la nouvelle en fut répanduedans
la commune, M. le bourgmestre s'est rendu sur
les lieux, et, d'après les indications qui lui ont
été données, il a constaté que les auteurs du
crime connaissaient parfaitement bien les loca
lités. Les soupçons se sont portés de suite sur
un ancien domestique de la ferme, nommé
Arnbroise Van Damme, âgé de 27 ans, tisserand,
Menin, Après avoir averti l'autorité judiciaire
d Yp res, M. le bourgmestre a donné connais
sance du crime la police de Menin, qui opéra
une visite domiciliaire chez Van Damme; on y
saisit une paire de boucles d'oreilles en or.
En même temps, M. le procureur du Roi et
M. le juge d'instruction d'Ypres, arrivés sur les
lieux, expédièrent l'ordre d'arrêter Van Damme,
qui fut transféré lundi Becelaere. Amené en
présence du cadavre, il avoua être l'auteur du
crime mais [autorité découvrit bientôt qu'il
n'était pas seul coupable, et un nommé Pierre
de Volder, âgé de 44 ans, né Emelgem, domi
cilié Menin, et travaillant Halluin (France),
fut signalé comme étant le complice. MM. le
procureur de roi et le juge d'instruction se ren
dirent immédiatement Menin où, leur de
mande, la police locale procéda chez De Volder
une visite domiciliaire, qui ne produisit aucun
résultat. Quanta De Volder, il avait quitté son
travail Halluin aussitôt qu'il eût appris l'arres
tation de Van Damme, et on ignorait quelle
direction il avait prise. Des ordres ont été
expédiés, tant en France que dans l'intérieur
du pays, pour le faire arrêter.
Dans celte pénible circonstance, M. le bourg
mestre de Becelaere, M. le procureur du roi et
M. le juge d'instruction d'Ypres, ont déployé
une activité digne des plds grands éloges en
moins de 24 heures après le crime, le principal
auteur était découvert et arrêté. Le Belge.)
INCENDIE
de l'Hôtel du gouvernementprovincialLiège.
Nous avons déjà dit, que les propriétaires
des pompes particulières les avaient mises la
disposition de l'autorité. Pendant la durée de
l'incendie, les pompes de MM. Déliassé, Burdo-
Stas et Vanderslraelcn ont été continuellement
employées, M. Vincenl-Lamarche fesait con
duire sur le lieu du sinistre des voitures trans
portant des tonneaux pleins d'eau.
On sait qu'un sous-officier avait été grièvement
blessé dans l'incendie de lundi, nous apprenons
que ce brave militaire est hors de danger. M.
le gouverneur, qui hier a été visiter l'hôtel, en
a reçu la nouvelle officielle.
avis. Le gouverneur de la province a l'hon-
tieur de faire savoirque les bureaux de l'administra
tion provinciale sont provisoirement établis rue
Table-de-Pierre, u1 4 nouv, 119 vieux (en lace de
l'Hôtel du Gouvernement). Les personnes qui au
raient recueillis des registres, papiers ou objets do
quelque importance, sont priées de vouloir bien les
rapporter dans ladite maison. Ils pourront êlre dé
posés entre les mains du greffier provincial ou des
chefs de division. Des employés seront successive
ment envoyés partout où il y a des dépôts des pièces
afin de les y rechercher. A partir d'aujourd'hui les