4e ANNEE. - N° 414.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTERIEUR.
DIMANCHE, 20 AVRIL 184S.
YILLE D'YPRES. conseil communal.
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cepteurs des postes du royaume.
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YPRES, le 19 Avril.
Souvent nous avons eu l'occasion de prouver
que le clergé formait en Belgique un état dans
l'état, que c'était un abus qui devait surgir de
la liberté illimitée que lui accordait la consti
tution. Mais bah! ce.sl là ce que les évêques
appellent la liberté de l'église, ses immunités,
et c'est au fait le droit d'anarchie pour eux el
celui de tyraniser les autres, quand ils ont in
térêt le faire.
Qu'il existe dans le clergé une puissante direc
tion politique, une oligarchie composée des
évêques, c'est ce dont on ne peut douter, moins
d'être aveugle Le synode, comme on l'appelle,
agit l'égard du clergé subalterne comme un
despote avec ses sujets. Aussi une obéissance
passive est-elle la première des qualités que doit
posséder le desservant. Malheur lui, s'il ose ne
pas approuver dans le for intérieur de sa con-
cience, les mesures qui lui sont imposées.
Persécuté, avili, banni des lieux où il exerçait
son saint ministère, sa carrière se trouve brisée
et pour toujours. Impossible pour lui de rentrer
dans la vie civile, c'est une victime résignée
qu'on poursuit sans relâche et qui ne peut
échapper ses persécuteurs.
Si nos renseignements sont exacts et nous
pourrons les vérifier bientôtil paraît que le
clergé, l'instar de 1 état, vient d'ordonner un
recensement général de la population. A l'occa
sion de la fêle de Pâquestous les curés et
desservants des villes et communes de la Bel
gique, peut-être, mais au moins certainement
ceux de la Flandre Occidentale, doivent inscrire
sur une liste les noms, prénoms et qualités des
habitants de chaque maison, combien d enfants
on y compteetcombien dedomesliquesy restent.
Le prêtre de la commune ou de la paroisse est
chargé d'ajouter combien parmi les personnes
qui demeurent dans une maison, il y en a qui
sont susceptibles de tenir leurs pâqueset si elles
les tiennent. Voilà certes un livre de police reli
gieuse qui sera complet et tel que le pouvoir
central n'en possède pas un semblable, quant
au civil.
Quanta l'usage qu'on pourraitfaire de ce livre
noir, jusqu'ici nous l'ignorons. Cependant ces
renseignements qui seront triés et arrangés
Malines, ne sont pas recueillis sans but. Conten
tons-nous pour le moment de faire voir que le
pouvoir civil n'est plus l'unique puissance qui
dirige les destinées de la Belgique, el que l'au
torité spirituelle se donne toutes les allures d'un
gouvernement juxta-posé au pouvoir temporel
qui dans bien des cas se trouve dominé par elle.
M. Félix Vanden Peereboom, employé de la
Société Générale Bruxelles, vientd être nommé
son agent dans la ville de tTermonde, en rem
placement de M. Tomboy, décédé.
Séance publique du Samedi, 19 Aoril 1845.
ordre nu jour:
i* Communication de pièces.
2* Fîmeltre un avis sur la réclamation formée par
le conseil de fabrique de l'église S'-Jacques en celle
ville.
5° Délibérer sur la demande faite par la sieur
Louis Verfaillie, meunier hors la porte de Menin,
afin d'être autorisé établir une machine vapeur
pour moudre le blé.
4" Aviser sur un projet d'échange de propriétés
i° entre les Hospices civils et M. Legra verand, con
servateur des hypothèques i° entre la même admi
nistration et M. J.-B. Vanden Peereboom, président
de la chambre de commerce.
5° Preudre une décision sur l'opportunité de ré
clamer de l'autorité provinciale,la continuation des
murs bordant les quais du bassin.
G1 Arrêter le prix du loyer demander la pro
vince pour l'occupation du nouveau local du Palais
de Justice.
70 Entendre le rapport de la commission de l'in
struction primaire au sujet des demandes de sub
side faites par la direction des Écoles gardiennes.
8# Entendre le rapport de la commission de
comptabilité pour l'administration des hospices.
On attend l'arrivée Bruxelles de la personne
qui doit apporter de Londres les pouvoirs de la
compagnie et le cautionnement nécessaire, pour
terminer avec le ministre des travaux publics
le traité de concession des divers chemins de fer
de la Flandre Occidentale, pour lesquels le mi
nistre a demandé aux chambres l'autorisation
d'une manière générale de consentir un acte
de concession. Obtervateur
Le ministère publiç vient d'interjeter appel
dans l'affaire du duel de M. le comte Goblet
avec M. le baron d'Hoogvorst. Les prévenus et
les témoins auront donc reparaître de nou
veau devant la justice. On doit se rappeler que
les deux témoins ont été acquittés, parce que le
fait de la blessure ne résultait pas de l'in
struction.
Dans une lettre que M. Eloi de Burdinne a
fait insérer au n° 89 de VÉclairce représen
tant nous donne le tableau du prix moyen des
grains, vendus sur les marchés Français et Bel
ges, partir de 1833 jusqu'en I8i4. Ilreconnaît
qu'en Belgique les grains ont été, pendant ces
onze années, vendus plus chers qu'en France
el il propose un droit élevé pour que les grains
baissent de prix On ne peut, semblable idée,
se défendre d'un sentiment de pitié, et l'on
reste stupéfait qu'un homme qui se dit le défen-
Feuilletou.
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Suite et Jîn.)
Au moment où ils péuétraieut dans le salon, la porte vis-à-vis
d'eux se refermait. Maître Woerden n'eut pas le temps de distin
guer la personne qui venait de s'enfuir aiusi leur approche, mais
Guillaume l'avait déjà reconnue; ses yeux d'amant avaient tout vu;
et les battements de son cœur le rassuraient assez contre la possibilité
d une méprise. En effet, c'était Clolilde, la tille de Vau Elburg, qui,
cachée derrière les vitraux coloriés de sa croisée, les avait vus entrer
dans la cour, et était sortie pour eu prévenir son pète. Elle reparut
presque aussitôt avec lui»
Clotilde portait le costume du pays; elle était coiffée la frisonne,
le front orné d'une plaque d'or, surmontée d un petit bonnet jour'
collé délicatement sur les tempes, bordé de liserés d'or et parsemé
de pierreries. Deux gros chats angoras qui l'avaient suivie tournaient
autour d'elle, eu se frotlant familièrement le long de la robe de leur
maîtresse.
Eh l bon jour, maître "Woerden, s'écria Van Elburg en tendant
la main celui-ci. Est-ce que, vous aussi, vous fuyez devant
les français? soyez le bien-venu.
Maître Van Elburg, il ne s'agit point de cela, répondit
Woerden. Yous savez bien que je ne m'occupe jamais de politique;
je me soucie aussi peu des français que du prince d Orange, et
je viens vous proposer une bonne affaire.
Parlez, je vous écoute.
Mon cher confrère, j'ai une livraison de quatre cents milliers
de harengs faire dans un mois; pouvez-vous vous engager rue les
fournir dans trois semaines?
A ooinbieu?
A dix florins le millier.
A dix florins?... soit; je vous le promets.
Eh bien régularisons cela sur-le-champ, et mettons-nous
table, car je meurs de faim. Pendant le déjeuner, nous causerons
mieux du second sujet de ma visite.
En disaut ces mois, Woerden lança uu regard significatif
la jeune fille qui baissa les yeux.
Pendant le repas, en eflet, l'habitant d'Amsterdam parla du ma
riage de son fils, et chicana de nouveau sur la dot de la future
épouse; mais Van Elburg ne voulut pas changer d'un stuiver la
somme qu'il avait promise. Maître Woerden, qui s'en souciait désor
mais fort peu, feignit encore quelques regrets, el finit par se rendre.
Enfin la célébration du mariage fut fixée huit jours de là.
Dès le lendemain, Guillaume et son père se remireut en route
pour Amsterdam. A peine furent-ils sorlis de Broek et remontés
cheval, que le jeune homme hasarda une question son père.
Père, lui dit-il, vous avez donc changé d'avis?
Pourquoi cela?
Mais n'avez-vous pas accepté la dot de maître Vau Elburg?
Le vieillard jeta un regard de côté son fils.
Guillaume, répondil-il brusquement, pour qui me prenez-
vous?... Laissez-moi donc faire, et cessez de m interroger, car vous
ne saurez rien. L'affaire est sérieuse maiulenant; I0 florins le millier
de harengs, c'est bien cher, me voilà avec un engagement de quatre
mille florins sur les bras; j ai besoin de toutes mes réflexions.
En effet, partir de ce moment, maître Woerden ne desserra plus
les dents; Guillaume le suivit en gardant un profond silence, et eu
s'estiniant fort heureux néanmoins d'être si proche de la réalisation
de ses vœux les plus chers.
A peine fût-il rentré chez lui, que le vieux négociant monta dans
son appartement et s'y enferma clé. Ce mystère éveilla la curio
sité du jeune homme mais, malgré toute sa vigilance, il ne put rien
découvrir.
Cependant, vers le soir, maître Woerden sortit de son cabinet
il donna sa servante un gros paquet de lettres jeter la poste;
et, trois jours après, lorsque Guillaume se présenta, suivant sa cou
tume, chez son père, pour lui rendre ses devoirs
Enfant, s écria joyeusement le veillard, en approchant sa face
ridée de la figure du jeune homme, j'ai ta dot
Enfin le jour du mariage étant arrivé, Woerden et son fils retour
nèrent Brock. Cette fois ils entrèrent ohez Van Elburg par une
porte spéciale, deux battants et d'une apparence somptueuse, qui,
suivant la coutume du pays, ne s'ouvre que dans trois occasions so
lennelles les baptêmes, les mariages et les enterrements. Du grand
nombre de parents et d'amis se trouvaient déjà réunis daus le salon.