INTERIEUR. 5* ANNÉE. - N° 418. DIMANCHE, 4 MAI 1848. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. On s'abonne Yphes, Marché au Beurre, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PBIX DE L'ABONNEMENT, par triooeatra. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 LePro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal Ypres. Le Progrès paraît le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quiilze'Centimes par ligne. YPRES, le 3 Mal. CHEMIN DE FER DE LA. FLANDRE CENTRALE. Depuis plus de six mois nous avons soumis des capitalistes anglais, le projet d'un chemin de fer travers la partie de la Flandre la plus riche et la plus populeuse; des renseignements leur sont journellement fournis et nous ne pen sons pas que la présence d'une autre compagnie les décident renoncer l'étude de ce chemin qui, d'après le tracé, aurait pour point de départ Deinse et se dirigeant de là vers Thielt, Boulets, Dixmude et Furnes irait s'embrancher au chemin de fer d Ostende Dunkerque. D'un autre côté, une ligne de jonction avait été projetée de Rouler» Ypres, mais apprenant que les intérêts de la ville d'Ypres exigent que celte jouction se fasse Courlrai, les capitalistes ont, sur ce point seulement, modifié le tracé. Quelque soit la compagnie la quelle le gou vernement accordera la concession, nous pen sons qu'il seraitd'une haute importance d'établir une ligne de communication de Courlrai Bruges, par IseghemRoulers et Thourout, immense avantage non-seulement pour Bruges, mais pour toutes les villes que nous venons de citei ,etqui parce complémentde syslèmeauront de faciles et promptes communications avec le chef-lieu de la province qui se trouve pour ainsi dire un foyer d'attraction. [Communiqué.) -r» C lîi Ci fm CHEMIN DE FER. Depuis que M. le ministre des travaux publics a soumis l'approbation de la législature plu sieurs projets de loitendant autoriser la coucession de chemins de fer, deslinés relier au réseau national un grand nombre de loca lités, l'esprit public est vivement préoccupé de la solution que les chambres législatives donne ront dans un bref délai cette importante question. Dans notre ville surtout, le railway con struire d'Ypres vers Courlrai fait le sujet de toutes les préoccupations et les moindres nou velles que le public esta même d'apprendre, font naître alternativement des craintes irréfléchies ou des espérances exagérées. Cette anxiété s'explique facilement, quand on considère que la construction d'un embranchement d'Ypres vers Courlrai est pour notre ville une question d'existence. Jusqu'à ce jour nous nous sommes contentés de publier une série d'articles qui, s'ils étaient réunis, formeraient un mémoire peu près complet 1 appui du projet yprois, mais nous n'avons cru pouvoir faire connaître qu'avec une grande réserve les nouvelles bonnes ou mau vaises qui parvenaient notre connaissance. Nous ne pouvons que nous féliciter d'avoir suivi celle règle de conduite. Trop de sincérité eut pu nuire notre cause et fournir contre nous des armes ceux qui. mus par un étroit esprit d intérêt de clocher, affichent un égoïsnae superbe et devenu proverbial. Aujourd'hui que le grand jour de la discus sion approche, nous croyons pouvoir dévier de la ligne de conduite que nous nous étions im posée. Du exposé simple et pour ainsi dire his torique des d iverses péripéties que la question du chemin de fer a subies, suffira pour faire cesser les craintes exagérées des uns et réduire leur juste réalité des espérances qui pour d'autres, se sont prématurément changées en certitude. Durant la session de 11153, le conseil provin cial de la Flandre occidentale fut saisi d'une demande tendante ce que l'assemblée émit un vœu en faveur de la création d'un chemin de fer qui partant d Ypres et passant par Roulers, Iseghem, Ingelmunsler et Thiell, devait se rac corder au railway de l'étal Aellre, et se pro longer ultérieurement jusqu'à Eecloo. Un ern- branchement aurait relié celle ligne Courlrai par Ingelmunster. Après une discussion assez vive, il fut décidé que le collège de la dépu- talion serait chargé d'instruire celte affaire. Au premier abord, ce projet parut satisfaire aux vœux des habitants d'Ypres et des commu nes voisines. Mais bientôt on se demanda, si 1 intérêt bien entendu des localités qui compo saient l'ancienne Wesl-Flaiidre n'exigeait pas avant tout, qu'elles fussent reliées non pas au nord de notre province, mais au centre même du pays, au Hainaut et la France. La réponse celte question était trop facile pour permettre un instant d'hésitation et par suite des démar ches qui furent faites auprès de M. le ministre des travaux publics, ce haut fonctionnaire chargea M. l'ingénieur Lebens d'entreprendre les études d'un railway d'Ypres vers Courtrai. Celte disposition ministérielle accueillie com me un heureux présage par quelques hommes que l'on traitait d'optimistes, fut considérée par la généralité comme une tactique n'ayant d'au tre but que de faire naître et d'entretenir du rant plusieurs années, des espérances que l'on était décidé ne réaliser jamais les nombreu ses déceptions dont la ville d'Ypres a été la victime depuis un demi-siècle, étaient de nature justifier celle opinion. Les localités dont les intérêts étaient opposés aux nôtres, comprirent que le projet d'Ypres était possible, d'une exécution facile, et que les produits de celle voie de communication de vaient amener sans nul doute la réalisation du railway. La ville de Courtrai espérant rester tète de chemin de fer quant au sud-ouest de la province, opposa la force d'inertie; les villes du Hainaut pour lesquelles le projet d'Ypres est cependant d'un intérêt incontestable, appliquè rent le principe du primo mthi et promirent de seconder les efforts faits par notre ville, aussitôt que le railway de Jurbise Tournay serait décrété. Bruges enfin opposa une résis tance vive et patente; ses journaux supplièrent tout d'abord l'administration locale de prendre des mesures pour déjouer le projet d'Ypres et entraver l'exécution d'un tronçon de chemin de fer, qui devait nous être si utile. Celle opposi tion acre et dure (que nous pouvons pardonner sans doute, mais que nous aurons peine ou blier) fut un avertissement pour nous, et c'est alors que la rédaction du Progrès crut devoir agir désormais avec la plus grande circonspec tion. Depuis cette époque, Bruges tout en com battant énergiquement le projet d'Ypres, adopta celui qui était soumis au conseil provincial, en exigeant toutefois que la ligne ferrée viendrait aboutir Bruges même et non pas Aeltre. Loin de suivre l'exemple d'égoisme qui nous était donné, nous- continuâmes défendre no- Fcuillclon. DE JUILLET. (2rao Article.) »- Suite et fin* Le lecteur remarquera que, dans loul ce qui précède, je n'ai pas écrit une ligne que l'esprit le plus prévenu puisse être tenté de tourner coutre la religion de mou pays. Je ne me crois pas le droit de la discuter publiquement, pas plus que je ne nie sens le désir ni le pouvoir de l'aflaiblir. Ce que j'attaque, c'est cette superfétation honteuse qui, sous le nom de jésuitisme, s'attache la religion pour en dénaturer l esprit et pour eu souiller la morale. Voilà 1 ennemi que je combats, et c'est sur ce terrain seulement que je me rencontre avec tous les écrivains distingués dont j'ai cité les ouvrages en tète de ce travail. Mou approbation ne va pas au-delà. Une oiitique très- rigoureuse pourrait demander compte quelques-uns de l'entraî nement où les a poussés l'indigne violence de la provocation, bien au delà des limites que l'intéiêt même de notre cause commune im posait un zèle moins irrité ou moins impétueux. Je suis fàclié, par exemple, que dans un livre d'une rare éloquence, auquel l intéiêt des questions religieuses imprudemment soulevées a procuré une publicité immense, M. Michelet n'ait pas assez distingué, parmi les dangers de toute sorte qu'il signale avec une vivacité de style, d'argumens et d'érudition si remarquable, ce qui appartient la passagère domination du jésuitisme de ce qui peut être corrigé par la modération, la mansuétude cl la sagesse du oonfesseur catholique. Je suis fâché que, pour beaucoup d'esprits justement susceptibles et timorés en ces matières, il ait paru faire un traité coutre la confes sion cl le célibat des prêtres, tandis qu'il n'avait en vue, j'en suis sûr, que la réforme des abus qui se sont introduits, la suite des jésuites, dans quelques-unes des plus essentielles pratiques de la religion gal licane. Ces critiques s'appliqueraient aussi l'ouvrage éminent que M.Edgar Quinet a publié sous ce litre fUltramontanisme ou lEylise romaine et la Société moderneLes jésuites peuvent bien, il est vrai, revendiquer l'honneur d'avoir inspiré cette vive et ac cablante satire de l'esprit qu'ils préconisent et qu'ils menacent d imposer au clergé français. Nou oonleut de les proscrire dans le passé, M. Quinet les combat et les poursuit dans l'avenir. Les jésuites ont beau faire, ils ne sont pas si anciens que Jésus-Cluist, ni si or thodoxes que saiut Paul. Remonter la source du christianisme pour y chercher le vrai sens de la dootriue chrétienne, et opposer aux commentaires des jésuites la vérité dégagée des nuages dont ils 1 ont obscuroie, c'est une des prétentions du livre de M. Quinet, une de celles qu'il soutient le mieux, et au service desquelles il dépense le plus d'instruction solide et Je verve entraînante. Je l'aime moins quand il prophétise. Eu face de chacune des idées de l'ullramon- tanisme, nous avons élevé, dit-il, une autre idée plus vraie, plus féconde, plus éloquente. Nous n'avons oité le passé, qu'en mou- tiant les indices de l'avenir. C'est ici que je me sépare de M. Quinet. Je ne lui reconnais pas ie droit de fonder une religion. Il (aurait p^ut-êlre, s'il n'y fallait que du beau style, le génie oratoire et l'érudition hardie et inspirée. II y faut évidemment autre chose. M. Quinet a dépassé le but qu'il voulait atteindre. Avant lui, les jésuites avaient voulu métamorphoser le christianisme de nos pères en uue religion fabriquée de leurs mains, faite leur ressem blance et pour leur usage. Pourquoi les imiter? Le spiritualisme novateur de M Quinet, quand il veut se substituer la religion ca tholique, m'inspire, il est vrai, plus de conûance que l'idolâtrie matérialiste de la Compagnie de Jésus, quand elle essaie de se glisser cuire le prêtre et le cro uit pour supplanter l'un et exploiter l'autre; mais il n'entraîue pas mieux ma foi. Ne dressons pas des autels sur nos chaires d'enseignement. Parlons franchement le langage de la réalité et de l'histoire, et non pas celui de la rêverie et de l'extase. Ne substituons pas, par exemple, l'admiration légitime de Voltaire philosophe et novateur l'apothéose dérisoire de Voltaire chrétien. Si Voltaire était bon chrétien, s'il était, avec Montesquieu et Rousseau, un des fleurons de celte triple couronne de la papauté nouvelle que la France du dix-huitième siècle a montrée la terre; que devient, je vous le demande, le chris tianisme, si ce n'est un jeu d'esprit, un canevas pour des variations philosophiques, une thèse d école ou d Académie? Laissons aux reli gions leur caractère elles obligent, elles sout immuables. Laissons la philosophie le mérite de l'indépendante, le goût du changement, l'honneur de la lutte, les périls et 1 attrait de la perfectibilité. Vol taire est grand; ce n'est pas parce qu'il a été, comme vous le d.tes»

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 1