5e ANNÉE. - N° 423.
INTÉRIEUR.
JEUDI, 22 MAI 1843.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Feuilleton.
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VIRES ACQUIRIT EtNDO.
VPKFS, le 21 Niai.
CHEMIN DE FER DE LA FLANDRE CENTRALE.
Il ne reste plus d'autre chose faire au Gou
vernement, que de conclure définitivement avec
la Compagnie William-Pary Richards et Fearon,
afin que les concessionnaires puissent prendre
leurs mesures et commencer les travaux en
core cette année. Le Sénat vient, dans sa der
nière séance de samedi, d'autoriser le ministère
concéder la ligne du chemin de fer de la
Flandre. Deux membres du sénat se sont ab
stenus. Ce sont MM. De Pelichy, Bourgmestre
de Bruges et d'Hoop, Sénateur de la ville de
Gand.
Du reste le projet de loi a été adopté presque
sans discussion. Nous pouvons encore une fois
féliciter nos concitoyens de ce qu'au moins
maintenant nous avons plus que de l'espoir
d'êlre reliés au railway de l'étatsi nous n'en
avons pas encore la réalité. Rendons en grâces
notre honorable sénateur, M. E. Malou, qui
dans ces négociations difficiles a mis le plus
grand zèle défendre nos intérêts. Rien ne lui
a coûté pour doter ses concitoyens d'une voie
de communication, dont tout le monde doit sentir
l'importance aujourd hui. Toujours il a accom
pagné chez les divers ministres et a appuyé de
tout son pouvoir, les députations de l'autorité
communale et de la chambre de commerce, qui
ont été Bruxelles solliciter ce jusle dédom
magement aux sacrifices faits par l'arrondisse-
menl et la ville d Ypres.
Maintenant il ne nous reste qu'à attendre
l'acte de concession définitif, que le ministre des
travaux publics ne lardera pas, nous l'espérons,
conclure bientôt. D'autres questions bien
graves et bien difficiles resteront résoudre,
mais nous n'y sommes pas encore arrivés;
quand le moment sera venu, nous les traiterons
avec toute la maturité convenable.
Depuis quelques jours les travaux de restau-
ratiou de notre belle et antique cathédrale sont
commencés, sous la direction de la Commission
royale de monuments et. par les soins de M.
l'architecte Dumont, de Bruxelles.
Il était temps. De tous les monuments de
l'époque laquelle remonte la construction de
l'église St-Martinaucun ne se trouvait dans
un état de délabrement plus triste, quant au
point de vue architectural. Dépouillé l'exté
rieur de tous ses ornements gothiques, de ses
tourelles dentelées, de ses arcs-boutants ornés
de sculptures, etc., ce bel édifice du moyen-
âge aurait fini par ne plus avoir rien de remar
quable, par suite de l'action constamment dévas
tatrice du temps.
Heureusement la Commission royale, un
premier examen, a reconnu toute la valeur de ce
beau monument et elle l'a mis au rang de ces
constructions, qu'un peuple ne peut laisser dé
périr, sous peine de démontrer qu'il fait peu de
cas de ses anciens titres de nationalité. Les mo
numents d'un pays sont l'égal des chartes, des
preuves de nationalité et de splendeur laquelle
une nation s'est élevée autrefois et qu'elle doit
désirer atteindre encore, si elle ne les a pu con
server.
Le 26 mai, le collège électoral de Messines,
est convoqué pour procéder l'élection d'un
conseiller provincial, en remplacement de M.
Biebuyck, député la chambre des représen
tants.
On dit que M. Ernest De Gheus, juge d in
struction Ypres, se melsurles rangs. On nous
a cité d autres candidats, mais nous ne savons
si les chances tourneront en faveur de ces der
niers.
•nxfZms*-
Le ministère mixte paraît vouloir faire des
siennes dans les prochaines élections. On se
propose d'éliminer de la représentation natio
nale MM. Verhaegen et Orts et de les remplacer
par deux libéraux de la pâle de Nothomb,
Mercier et CB, par MM. Vanderelst, conseiller
communal de Bruxelles de par Y Alliance, et
Claes de Lembecq.
C est avec un étonnemenl douloureux qu'on
voit des hommes, honorables du reste, accepter
des premiers rôles dans les pièces tiroir de
M. Nolhomb, et se prêter tenter l'essai d'en
lever la députation de Bruxelles, les membres
les plus intègresles plus francs et les plus
connus pour leur attachement aux idées libé
rales.
Malgré la pluie fine et pénétrante qui ne cessait
de'tomber, une foule de spectateurs encombrait
la Grand'Place, au point que toute manœuvre
était impossible.
La musique-fanfare du corps des pompiers,
formée depuis peu de temps, se faisait entendre
pour la première fois et dès son débutcelte
musique dirigée avec zèle et talent, par M. Otto,
a su mériter les suffrages de tous. L'uniforme
adopté est du meilleur goût et parfaitement
exécuté. Enfin les instruments presque tous
neufs, paraissent dignes de la réputation du fa
bricant Sax, qui les a fournis.
L'organisation et l'ensemble de ce corps de
musique nous fait espérer, que les membres
qui le composent, soumis aux règlements pour
ainsi dire militaires, qui ont été adoptés depuis
longtemps pour les pompiers même, sauront
par leurs efforts, leur zèle et la bonne discipline
qui doit régner entre euxprouver qu'il est
possible de former et de maintenir aussi bien
Ypres que dans les autres villes, une musique
bien organisée et capable de mériter longtemps
toutes les sympathies du public.
Par arrêté royal du 16 mai, le conseil com
munal de Boesinghe est autorisé continuer,
pendant dix années consécutives, la perception
du droit de barrière établi sur la chaussée com
munale d'Ypres Pilkem.
Les dispositions de l'art. 6 de la loi du 18
mars 1833, concernant le droit de barrière des
grand'roulessont déclarées applicables la
chaussée communale dont il s'agit.
On annonce que les actions émettre pour
la construction des chemins de fer de la Flandre
occidentale seront offertes d'abord au pair, aux
porteurs d'actions du chemin de fer de l'Enlre-
Sambre-el-Meuse. Celte combinaison paraît de
nature assurer immédiatement une prime
élevée aux actions de ces deux entreprises.
Dimanche dernier, M. le Bourgmestre a passé
la revue du corps des sapeurs-pompiers, dont
la bonne organisation a mérité si souvent des
éloges, que nous ne pourrions que répéter ici.
L'ancien Belge change son titre contre celui
de la Franchise Belgedont la rédaction se réu
nit la sienne.
iexg>«*^
La musique du 5e régiment, dirigée par M.
Istas, l'habile chef de musique, se fera enten
dre au Parc, tous les jeudis, 6 heures du soir,
lorsque le temps le permettra.
ûaaa aa aa^sîaa^a»
(Suite.)
VI. COMMENT VIENT LA COURONNE.
A quelques jours de là, Anne et son ami veillaient sous le pé
ristyle du Pulazzino. C'était là que le vieux commandeur Belloni,
l'oncle de Lycio, donnait audience ses nombreux clients.
Le commandeur Belloni qui occupait un rang supérieur dans les
ordres religieux, avait en outre une graude influence politiqueet
pratiquait un commerce oonsidérable dans lOrient. Ainsison
lever, au milieu des marchands qui venaient lui oflrir des soieries f
des liqueurs, des armures, et étalaient l'envi leurs échantillons, on
voyait des nobles de l'antique Italie, montrant avec orgueil leur
vieille épén, leur écusson usé. Et ce qui est plus remarquable encore,
c'est que ces derniers n'étaient pas ceux qui avaient avec lui le ton
le moins humble et le moins obséquieux. Là se trouvait entre autres
le cardinal Filomarini qui avait joué un si grand rôle dans la révo
lution, les prinoes Caraffa et Satriano, premiers soutiens du peuple
dans son insurrection, le duc de Matalone, qui sétait établi média
teur entre l'ex-vice-roi et les Napolitainsplusieurs elcltis et un
grand nombre de membres de l'assemblée des états. Le mailrc de la
villa de Lycio, aussi bon, aussi généreux qu'il était opulent, trouvait
le moyen de les renvoyer tous satisfaits, seigneurs et marchands, et
de plus moitié ivres de son vin de Porto.
Mais 1 heure qu'Anne de Mantoue et Lycio avaient choisie pour
venir rêver sous le péristyle, était une heure de solitude. La nuit
était close depuis longtemps, mais ils n'avaient pas voulu que des
domestiques et dej> flambeaux troublassent leur causerie. Au milieu
de ces lambris de marbre blanc, sur ce pavé de mosaïque, la lune
éclairait doucement. Celte pâle lumière du pays des ombres mêlait
une tciute mélancolique au luxe de cet endroit; les colonnes du pé
ristyle projetaient leurs grandes lignes grises dans la blancheur de
1 espace, et entre elles se dessinaient légères, gracieuses et finement
découpées les ombres des arbustes du jardin.
D abord, il y eut un long silence entre les deux amis. Enfin Lycia
s adressant sa compagne qui sembiaitsous la préoocupalionde pen
sées mélancoliques: Anne, lui dit-il, neregarde plus d'uuairtriste
cette acanthe de la voûte, comme tu le fais depuis une beurej le
moment est venu, ma belle Anne!
Aune leva ses beaux yeux sur le page, et d'un air moqueur, elle
atterdit la révélation que semblait annoncer Lycio.
*""je ne raille point, continua Lycio, il est venu, Anne, le moment
où tu peux être heureuse;.... car maintenant j'ai le moyen de t'ar
racher du cœur tou amour pour Guise... Vraiment, homme de
génie! Et ce moyen, veux-tu bien me l'apprendre? —C'est de te
marier avec lui. Cela me semble assez difficile depuis qu'il est
marié une autre. Nullement difficile si on le décide faire
rompre son mariage par le Saint-Père.— Mais il n'y songe pas du
tout. —On peut l'y faire songer. Et de quelle manière, s'il vous
plaît? Eu lui promettant,ce prix, de le nommer successeur du
fameux chef populaire que Naples vient de perdre, de Mazaniello,
et généralissime des troupes de la république. Lycio, vous ctes
insensé, mon ami. Anne, ce qui trouble souvent ma raison, co
qui agile mon sang, ce sont vos regards, c'est ta voix, c'est ce parfum
qui sort de tes cheveux noirs, c'est le bruit de ta robe qui frôle
autour de moi. Mais, en ce moment, je suis calme. Touohe ma tète,
le vent du soir l'a rafraîchie-, mets la main sur mon cœnr, il ne bat
pas trop vile; écoute ma voix, je parle paisiblement, je raisonne.
Explique-moi donc avec ta raison comment deux enfants comme
nous, qui n'ont pas entre eux deux la politique et le pouvoir d un
Alarbevont nommer le chef de l'état et de l'armée cela me suffit;
pour les conséquences que tu en tires, je les accepte d avance.
A celte question Lycio prenait un air plus roysléiieux Naples
répondit-il, a besoin en ce moment d'un chef de grande maison
hardi, entreprenant, et étranger ses murs; noble, parce que beau-