5e ANNÉE. - N° 429-
C
INTÉRIEUR.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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Le Progrès
JEUDI, 12 JUIN 1845:
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Le Progrès paràHjjt/î l#h
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vires acqcirit edndo.
l'PRES, le 11 Juin.
ÉLECTIONS D'YPRES.
Il est espérer que le collège électoral
d'Ypres rentrera dans ce repos de quatre ans que
la loi lui accorde, moins d accidents impré
vus, comme dons de décorations, avènement au
fauteuil ministériel ou récompense quelconque
pour fidélité au pouvoir. Nous ne comptons pas
les décès, cela arrive très-rarement. Il n'en est
pas moins vrai, que le collège électoral d'Ypres
a été convoqué trois fois en moins de dix mois,
et que, pour ne déranger aucun électeur, le
curé et le commissaire de district eussent pu
tout aussi proprement s'arranger de manière
ce que, sans qu il fût besoin de leur porter
aide et secours, nos deux honorables prissent
place la chambre.
Dans tous les cas, la comédie est jouée. MM.
Malou et Biebuyck sont réélus, ce qui ne pou
vait être douteux, vu qu'il n'y avait pas de con
currents. Ces honorables choix du gouverneur
et de I evêque, appuyés du besoin de locomotion
et de la rouerie du commissaire d'arrondisse
ment, ont obtenu l'assentiment unanime d'une
quantité plus ou moins forte de paysans élec
teurs qui sont arrivés au chef-lieu de l'arron
dissement, la plupart sans s'inquiéter pour qui
ils allaient voler.
Voici comment les suffrages se sont partagés
premier bureau,
Électeurs inscrits312.
ici- présents185.
M. J. Malou ....154 suffrages.
M. Donatien Biebuyck145
M. de Florisone15
Billets blancs. 9
Voix perdues. t 15
deuxième bureau.
Électeurs inscrits579.
Nombre de votants252.
M Jules Malou-228 suffrages.
M. Donatien Biebuyck 225
Voix perdues6
troisieme bureau.
Électeurs inscrits582.
id. volants165.
M. Jules Malou 156 suffrages.
M. Donatien Biebuyck 159
Billets blancs9
Voix perdues4
En tout cinq cent quatre-vingts électeurs ont
concouru l'élection. M. Malou a obtenu 538
suffrages et M. Biebuyck 528.
L opération électorale a constaté, comme aux
élections précédentes, l abstenlion delà majorité
des électeurs de la ville. El cela s'explique assez
facilement on est saisi de dégoût voir de près
la boutique électoraletelle qu'elle existe dans
l'arrondissement d'Ypres. Ceux qui, par leurs
connaissances, devraient posséder le droit de
juger eu dernier ressort le ministère, sont exclus
de la liste et les élus sont bonnes gens la
vérité mais sans la moindre instruction et in
capables d'apprécier la valeur de l'acte auquel ils
sont appelés concourir.
Pendant quatre ans, l'arrondissement d Ypres
sera représentéà la chambre par deux honorables
qui ne sont nullement les dus de la majorité
éclairée de la localité. Les électeurs laissés eux-
mêmes n'eussent jamais songé M. Biebuyck,
et M. Malou a beaucoup perdu dans leur opi
nion. depuis que M. Nolhomb a eu l'adresse
de l'attirer lui par une place de gouverneur.
Mais qu importe! le cefti campagnard les a fait
nommer, ils siègent la Chambre, et l'on s'in-
quièlera peu comment ils y sont parvenus.
On nous écrit de Bruxelles:
Le ministère est eu pleine déroute sur toute
la ligne. A Bruxelles sont élus définitivement
MM. Lebeau, Vehhaegen, Rogier, Orts, De Brouc-
kerb, et doivent être ballottés MM. Anspach,
Debonne, Cogiien et Mbeus. Ce sont là les der
nières nouvelles. Demain nous saurons le résul
tat du ballottage, qui paraît devoir tourner en
faveur des libéraux, puisqu'au premier scrutin,
MM. Anspach et Debonne ont obtenu plus de
voix que MM. Coghen et Meeuscandidats du
ministère.
Uu vif mouvement d'impatience lui échappa lorsqu'il s'aperçut
que sa voiture était arrêtée; pour s assurer des causes de cet obstacle,
il mit la léte la portière et demanda au postillon ce que signifiait
ce retard.
Que votre excellence daigne m excuser, répondit celui-ci, mais
il n'y a pas de ma faute; 1 ambulance que voilà amène un si grand nom
bre de blessés que la route en est obstruée.
A peine eût-il vu de quoi il s'agissait que le petit homme sec
rentra la tète dans sa berline, où il prit, dans uue cassette placée en
face de lui, une bourse remplie d'or et reparut aussitôt la portière,
en demandaut de toutes ses forces le commandaut de l'ambulance.
Les oisifs qui s'étaient groupés au tour de sa voiture s'empressèrent
de se mettre en mouvement pour satisfaire la demaude du riche
voyageur, car c'est uue chose digne de remarque que la singulière
docilité de tant de geus euvers tout personnage qui attèle de quatre
chevaux sa berline de voyage.
Quelques iustauts après, un officier dont les vêtements étaient
souillés de sang et de poussière, le bras en éebarpe et le front entouré
d uu baudeau sanglant, parut devant le voyageur de la berline
auquel il s'adressa ainsi
Le commandant de l'ambulance vient d'être mandé quelques
pas d ici, monsieur, et je vous prie de vouloir bien l attendre un
moment, il ne saurait tarder revenir.
Ce n'est pas au commandant personnellement que je désirais
pailer, mousitur; la vue de ces uombieux blessés m afflige, et je
voudrais, selon mon pouvoir, leur venir en aide, je ue le puis autre
ment qu'en vous priant de leur distribuer ceci, ajouta le voyageur>
en remettant sa bourse 1 officier; s ils guéiisseal de leurs blessure
A Anvers, l'opinion libérale vient de rem
porter une victoire complète; les quatre can
didats libéraux ont été élus une grande
majorité.
MM. Rogier a obtenu- 10C4 suffrages.
Veydt 1055
Loos. 1040
Osy 1177
M. Pirson, a été proclamé représentant
Dinant. II l'emporte de trente voix sur son con
current, M. Adelin de Liedekerkecandidat
catholique.
A Nivelles, M. Mercier et Jonet ont été élus,
on croit que M. de Mérode l'a emporté sur M.
Lehon. Mais d'autres nouvelles assurent qu'un
scrutin de ballottage doit avoir lieu entre ces
deux candidats.
A Philippeville, M. de Baillet-Latour a obtenu
389 voix. Il a été élu.
A Bruges, MM. Devaux, Coppieters et Maer-
tens ont été réélus.
ÉLECTIONS DE DIXMEDE.
Nombre de votants440.
MM. De Breyne 245 voix.
More!-Danoeel 200
Billet blanci 1
M. De Breyne a été proclamé membre de la
chambre des représentants.
ÉLECTIONS DE FURNES.
Nombre de votants...274
M. Vandevelde 158 voix.
M. Clep 252
M. Clep a été proclamé membre de la cham
bre des représentants.
On nous communique le fait suivant:
Avant-hier, M. le principal du collège com
munal d'Ypresreçut une lettre de Bruges, par
laquelle on lui annonçait l'envoi de pigeons-
ils pourront du moins, l'aide de cet argent, regagner les foyers où
leurs mères les attendent depuis longtemps, peut-être! Voilà ce que
j'avais dire au commandant de oetle ambulance, monsieur, et je
vous prie de me servir d'interprète auprès de lui, car j'ai hâte de
poursuivre mon voyage.
Votre conûance m'honore infiniment, monsieur, mais je ne
puis accepter un dépôt de cette importance, en vous laissant ignorer
le nom de l'homme auquel vous voulez bien le confier. Je me nomme
le colonel de Melval.
Melval! s'écria le petit homme, en ouvrant lui-même la portière
de sa voiture et se précipitant dans les bras de l'officier; Melval, ne
me reconnaissez-vous pas?
Celui-ci, au comble de la surprise, fixa un moment ses yeux
étonnés sur le voyageur.
En effet, murmura-t-il, ces traits, cette voix, oui, c'est lui
Durand!
Il n'en put dire davantage, et tint pendant longtemps son beau-
frère étroitement embrassé.
Le commandant de l'ambulance ne tarda pas A se présenter devan^
Durand qui s'empressa de lui répéter ce qu'il avait dit Melval»
après quoi il remonta avec celui-ci dans sa voiture qui rentra dans
Bruxelles.
Ej ma mère? demanda Durand aussitôt.
Elle est vieille et infirme, mais elle vit, vous pourrez l'em
brasser encore, ainsi que ma bonne Marguérite qui ne s'en est pas
séparée un instant,
•—Où sont-elles?
A Paris, où elles vous pleurent depuis tant d'années, et ou;
NOUVELLE. II.
(Suite.)
Le trône de Napoléon venait d'être renversé pour la deuxième
fois. Les plaines de Waterloo, jouchées de morts et de mourants,
attestaient la sanglante agonie de ce graud corps que l'on nommait
l'Empire, géant dont le râle n'avait pas duré moius de trois jouis!
Trois jours d'une lutte acharnée, épouvantable,... lutte d'extermi
nation où I on achevait par le fer ceux que le feu n'avait pas entiè
rement détruits! où les vainqueurs, épuisés, mutilés, n'eurent pas
même la force de chanter leur victoire!
Le 18 juin, vers le soir, une berline de voyage, emportée au galop
de quatre chevaux de poste, sortit de Bruxelles par la porte d'An-
derlechtet se trouva arrêtée au milieu du faubourg par une ambulance
qui parcourait toutes les routes voisines de la ville pour recueillir les
blessés qui s'étaient égarés en fuyant le champ de bataille, abandonné
âux vainqueurs.
TJn homme seuLoccupait celte berline. Il était petit, sec, maigre,
brun de visage, et paraissait âgé d'une quarantaine d'années. Une
très petite étoile suspendue àuu ruban rouge ressoi tait avec éclat sur
le revers gauche de son habit noir. Toute sa mise était sévère sans
manquer d une certaine recherche élégaute qu'il eut été impossible
de ne pas lui pardonner, tant une haute opulence se révélait dans
lout ce qui l'ejitoarait.