INTÉRIEUR. 5e ANNÉE. - N° 431. JOURNAL D'Y PRES ET DE V ARRONDISSEMENT. Feuilleton. On s'abonne Ypres Marché au Beurre, et cln-7. tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 LePro JEUDI, 19 JUIN 184*- 1 Tout ce qui concerne lion doit êtic adressé, l'éditeur du journal, Yp Le Progrès paraît le clie et le Jeudi de chaque semaine» PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. YPKES, le 18 Juin, Le vertueux Nouvelliste donne assez lestement des brevets de sottise ses confrères. 11 est vrai de convenir cependant, qu'il est dans la nature humaine de mesurer les autres son aune et les pudibonds écrivains des journaux jésui tiques sont moins l'abri de cette aberration que d'autres. C'est ainsi qu'à l'occasion d'une petite ré flexion, dont la justesse n'est pas contestée, le Nouvelliste se fâche et prétend que la réception de messagers allés qui doivent rapporter les résultats d'une élection avec promptitude, ne prouvent pas qu'on s'occupe de politique, et d'ailleurs, dit-il, on peut s intéresser aux affaires du pays, sans devenir un brouillon, etc. Brillamment raisonné, honnête Nouvelliste mais en citant l'affaire des pigeons, nous prou vons par ce simple fait, si innocent en appa rence, que partout le clergé, pour travailler l'œuvre politique de sa domination temporelle, possède des coopérateurs actifs et dévoués dans les desservants et les prêtres, quelque litre qu'ils résident dans une localité. Nous ne comptons pas encore parmi les agents actifs de la propagande cléricale, cette queue de dévotes 3ue chaque confesseur dirige et qui sont chargées e propager partout les petits cancans ou nou velles politiques, que le parti peut avoir intérêt semer dans le public. Malgré les plaintes hypocrites du Nouvelliste il sait mieux que nous, que dans presque toutes les localités, où le parti clérical a de 1 influence, le chef du clergé se trouve la tête de la coterie et présidedes conciliabules qui ne sont rien moins quecanoniques. Qu'il cesse donc de trouver mau vais qu'on mette le clergé en cause et qu'on l'ac cuse non-seulement de s'occuper de politique mais encore de prélendre la domination tem porelle. Quand le prêtre rentrera dans son église, comme la loi divine le lui ordonne, il sera plus respecté, qu'il n'est craint maintenant, qu'il doit être rangé parmi les puissants de ce monde. Le Nouvelliste parait au regret de ne pas re cevoir notre journalil sait cependant quelle condition nous avons consenti l'échange. Qu'on nous envoie un exemplaire de la feuille épisco- copalenous ne demandons pas mieux que de connaître les sentiments du Nouvelliste sur la politique du jour et on nous fera plaisir s'il veut encore accéder notre désir, car nous croyons que ce brave Nouvellistepour le petit nombre de fois que nous ayons eu le plaisir de le lire, ne peut manquer de désopilcr la rate tout homme de bon sens. 11 est question de la retraite du ministère mixte. Nous en doutons encore, mais au moins on en parle. Un mouvement inaccoutumé de gouverneurs de province a eu lieu, MM. d'Huart, De Muelenaere, le Carter politique) et Liedts ont été appelés Bruxelles. Quoiqu il en soit, nous espérons qu'aucun libéral, digne de ce nom ne se prostituera au point de concourir un replâtrage de toutes les mixtures qui se sont succédées et qui n'ont servi qu sacrifier les intérêts de l'opinion libé rale dans toutes les occasions importantes. Que le parti catholique continue gouverner, puis- qu il se prétend majorité et que l'opposition se maintienne dans une attitude expeclanle mais surtout plus de ces mélanges, par lesquels l'un ou l'autre parti est traité en dupe. Cela n'est arrivé que trop souvent l'opiniou libérale. II est important que cela finisse. Le Moniteur publie la loi qui accorde la grande naturalisation Mr J.-B. Behaghel, pro priétaire Ruyen (Flandre orientale, arrondis sement d Audenarde), né Bailleul (France). Plusieurs peupliers bordant la route d'Ypres Dixmude, sur le territoire des communes de Noordschole et de Boesinghe, ont été coupés et mutilés. La police est la recherche des au teurs de ce méfait. TIR A MENIY. On nous prie d'insérer les deux lettres qui suivent; elles jettent quelque jour sur le Tirage pompeux de Meriin. Nous croyons que les ex plications sont inutiles. M. P. Yande Velde les donne longuement dans les lettres qu'il a adres sées la Société et que nous reproduisons ici. Chers Confrères Quelques personnes de celte ville, fesant partie de la Société de l'arc-à-main ainsi que d'autres qui en sont étrangères, depuis quelques jours se permet tent des calomnies et invectives contre ma personne, l'effet de me faire perdre la considération auprès de mes concitoyens quoiqu'ils ne puissent m'at- teindre, il est de mon devoir d'éclairer un chacun. Il y a environ un mois, je vis par hasard dans un journal de Courtrai, un article, qu'un individu s'était permis d'y faire insérer, par lequel il annon çait que de concert avec la régence et la Société de Guillaume-Tell, il allait donner un tirage l'oiseau (dont lejour auraitété fixé ultérieurement.) Comme chef-doyen de la Société, n'ayant pas été instruit de ce fait plutôt, de suite je m'adressai plusieurs de mes confrères, qui se trouvèrent indignes de ce qu'on avait emprunté le nom de la Société, pour faciliter ce tirage, et m'engagèrent le démentir dans les journaux, je ne le fis pas, aimant avant tout avoir des conseils de personnes qui avaient plus d'expe- rience que moi cet effet, je me rendis chez une personne très-respectable de cette ville, et après lui avoir exposé les faits, tels qu'ils se sont passés, elle m'engagea ne pas répondre, attendu qu'un chacun pourrait ainsi chaque instant faire de pareilles an nonces; non satisfait encore, et ne voulant blessér personne, je me rendis près de la régence avec Mon sieur Vermander, où j'exposais ce qui était arrivé, ces Messieurs se trouvant en assemblée, décidèrent qu'ils ne répondraient pas, qu'ils étaient au-dessu3 de tout ce que l'on pouvait écrire. Nous suivîmes donc leur exemple; mais le lendemain, un membre de notre Société fit insérer un nouvel article dans une autre feuille de Courtrai; il s'en suivit alors une forte discussion entre la personne qui s'était permis de prendre le nom de la Société en premier lieu, et celle qui avait fait faire la seconde insertion; des propos inconvenants fuient échangés de part et d'autre; quelques jours se passèrent et on n'entendit plus parler de ce tirage, et personne de la Société n'y songeait plus. Le 12 mai dernier, nous allâmes seize socié taires au tir Tourcoing, où nous fûmes très-bien accueillis par la société et par les autorités munici pales de la ville. De suite tous les archers étrangers qui s'y trouvèrent, vinrent s'informer près de nous de ce que c'était que le tirage qu'on allait donner oastass sa NOUVELLE. II. Suite. La journée s'écoula comme de coulume pour tout le monde, ex cepté pour moi je n'aperçus pas Claire un seul instant. Vers le soir, M. Durbiii m'envoya porter ses ordres dans Lune des habitations qui dépendaient de l'habitation principale, occupée par lui. Lorsque je revins, je vis avec surprise que tous les visages avaient un air mystérieux et embarrassé, mais celte surprise se changea en véritable frayeur quand on vint m avertir que le chef m'attendait dans son bureau. Je m'y rendis en tremblant. Il était seul. Malgré ses efforts pour paraître calme et digne, selon sa coutume, je vis travers sa pâleur et la contraction des muscles de son visage que quelque chose de grave venait de se passer. J'ai change d avis votre égard, me dit-il, dès qu'il m'aperçut; Vous ne partirez pas pour mes propriétés de la Guadeloupe, j'aurai besoin de vos services ici. Vous remplacerez Bernard que je viens de congédier je vous accorde son traitement et la conliauoe dont il a criminellement abusé; je suis persuadé que je n'aurai pas m'en re pentir, Si, l'avenir, le hasard vous rcud encore maître de l'uu de ces complots qui, dans certaines circonstances, pourraient entraîner la ruine d'une maison, vous m'en instruirez directement. Du reste dans tout ceci, votre nom n'a pas été prononcé; vous n'avez nulle veugeauce redouter. Bernard et sa complice sout hors de ma maison; un navire, celui peut-être qui devait les recevoir chargés du fruit de leurs vols, va les emmener loin de cette île, libres, mais mi sérables; je n'ai pas voulu qu'il en fut autrement, parce qu'en les livrant aux lois j aurais dû avouer que, pendaut tant d'anuées, j'avais été leur dupe c'est donc par égard pour ma propre dignité que j'agis ainsi Permeltez-moi de louer ici ce qu'il y a de délicat dans votre silence, dit le colonel de Melval, en ialerrompaut le narrateur, car je suis convaiucu que vous me caclicz ce que vous savez de plus certain relativement 1 indulgence dout usa le colon envers sa gou vernante. Durand se tut un instant, puis il reprit d une voix grave et at tendrie De ceux qui ne sont plus, les hommes sages, lea hommes recon naissants surtout, ne doivent conserver que les souvenirs qui hono rent leur mémoire et juslitieut les regrets que chaque jour leur mort inspire. Sans doute ils n'ont pas tous vécu irréprochables, ceux dont nous déplorons la perte avec siucéiité, mais qui appartient-il de les juger? Est ce aux survivants qui se débattent encore dans les mêmes passions, les mêmes faiblesses?Croyez-moi, MelyaD soyons indulgents envers ceux qui ne peuvent plus ni se justifier, ni se repentir, car tous nous aurons besoin de la même indulgence. Le colonel serra silencieusement la main de Durand, qui pour suivit ainsi son récit; Je pris donc possession du poste que Bernard avait occupé pendant un espace de près de dix ans. La sévère réserve de M. Durbin m'interdisait toute question indiscrète concernant l'expulsion du commis et de sa complice; cependant, je dois l'avouer, j'étais tour menté par un vif désir d'en connaître les détails. Claire aurait seulo pu m'en instruire, et, depuis ce jour elle semblait craindre et fuir ma préseuoe. Obi mon ami, tout ce qu'il y a de noble candeur, de pudiques instincts, dans le cœur d'une jeune fille naïve, il faut être bien délicat soi-même pour l'apprécier justement. Claire m'aimait, je n'en pouvais douter, car n'était-ce pas elle que j'étais redevable de ma nouvelle position? Elle me savait là, près d'elle; elle savait que nous ne serious pas séparés, et cela suffisait son bonheur: avec le retour de l'espérance, sa timidité naturelle lui était revenue. Il y a des femmes dont l'énergique résolution, au moment du danger, élonue et confond,mais dont l'étrange faiblesse au sein delà sécurité surpreud encore davantage. Claire comprenait qu'elle avait fait pour moi tout ce qu'une jeune fille pouvait faire, qu'elle en avait peut-être dépassé les limites; aussi reprit-elle son enveloppe primitive dès que le succès l'eut tranquillisée. Je ne connus donc, que longtemps après, les détails de celte cir constance si importante de ma vie, mais comme ils trouveront assez

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 1