INTÉRIEUR.
5* ANNÉE. - N° 432.
DIMANCHE, 22 JUIN 1845.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
YILLE D'YPRES. conseil commcsax.
On «'uboune Ypres, Marché
au Beurre, et cliex tous les per-
oepteurs des postes du royaume.
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VIRES ACQUIRIT El'NDO.
YPBES, le 21 Juin.
Nous ne comprenons pas très-bien le débat
soulevé par la presse catholique de la province,
l'occasion de l'envoi des pigeons du Nouvel
liste au directeur du collège épiscopal d'Ypres.
Nous ne pouvons l'expliquer que par le dépit
que ressentent certaines personnes de se trou
ver publiquement convaincues de s'occuper de
politique. Or, si dans cette occasion on a pris
assez d'intérêt au résultat des élections d'Ypres,
au point de servir d'intermédiaire l'éditeur du
Nouvellistecela fait supposer que, dans d'autres
circonstances, on n'est pas resté dansune altitude
passive et qu'on a pris une part active la lutte.
Pour nous, nous n'avions pas besoin de celte
nouvelle preuve, pour acquérir la conviction
intime, que la mission actuelle du clergé est loin
d'être circonscrite dans les limites de la religion.
Ce n'est donc pas pour nous, que nous avons
cité le fait qu'on veut incriminer. Depuis long
temps nous savions que la hiérarchie catholique
était éminemment apte aux entreprises po
litiques et que le moindre desservant pouvait
devenir un instrument d autant plus précieux,
qu'il était sur les lieux et qu il avait par le
confessionnal une connaissance intime des inté
rêts de famille et des moyens d'influence incon
nus tout autre.
Le Journal des Baziles, qui veut faire preuve
qu'il connaît fond les principes de la civilité
puérile et honnête, mais qui les invoque au
profit des autres, sans vouloir les utiliser pour
lui-même, crie la violation du secret des let
tres. Qu'est-ce dire? M. le principal du collège
communal d'Ypres aurait-il ouvert une lettre
qui ne lui était pas manifestement adressée?
Tranquillisez-vous, pudibond journal, la sus-
criplion de la lettre portait Mle Prin
cipal du Collège d'Ypres. Ce qui prouve qu'à
moins de soutenir, qu iI ne peut y avoir Ypres
d'autre collège que celui de l'évêque, il devait
croire que la lettre était adressée lui.
Au bureau de la feuille cléricale, le prin
cipe jésuitiquequ'on doit accuser les au
tres des fautes qu'on a commises soi-même,
paraît bien apprécié. On traite celle histoire,
d atroce calomnie; mais le chef de file delà
presse cléricale de la province n'a donc pas élé
lu par les béats rédacteurs de la feuille jésuiti
que; car il convient lui de la vérité de l histoire
que le Journal des Baziles traite d'atroce
calomnietel point qu il annonce que M.
Nounckele a prié son éditeur de ne plus l'hono
rer d'une pareille commission. Quant au pré
tendu crime qu on veut trouver dans la divul
gation de ce que le journal du clergé d Ypres
appelle un secret et que le Nouvelliste traite de
fait sans conséquence, c'est ridicule, si ce n'est
slupide. Mous laisserons le Journal des Baziles
invoquer la délicatesse de sentiment d'un for
geron et la fine fleur de chevalerie d'un mar-
milon, mais nous lui ferons observer avec
tous les ménagements qu'on doit cette feuille,
qui possède le monopole de toutes les vertus
que, quand nous disons que le clergé s'occupe
de politique et que nous le prouvons, elle nous
répoud Vous êtes un ramoueuret malgré
notre envie de ne pas blesser chez elle celle sus
ceptibilité délicate de senlimeuls, nous devons
avouer que ce n est pas un argument digne d'un
examen sérieux.
Nous croyons que la feuille jésuitique agirait
dans 1 intérêt de ses patronsen ne louchant
plus cette corde. Car on aura beau se retour
ner de toutes façons, en dernière analyse, ce
fait, ce secret de Polichinelle qu on nous im
pute crime d'avoir divulgué, (ce dont nous
avons notre conscience en repos), prouvera que
dans tous les coins et recoins de la Belgique les
prêtres sont non-seulement les ministres de la
religion catholique, ce qu'ils devraient être uni
quement mais encore des agents politiques
dévoués et actifs.
Que la candide feuille du clergé ait saisi cette
occasion pour tâcher d envenimer un fait aussi
simple que licite, cela doit-il nous élonner?
N'est-ce pas encore un moyen de faire du tort
cet établissement qui peut compter le Jour
nal des Baziles parmi ses détracteurs les plus
acharnés? Qu'il prenne désormais la défense de
ses patrons en style jésuitique et qu'il les pré
sente comme des hommes paisibles, s occupant
de leur ministère religieux, cette polémique
nous aura du moins permis de répondre par
I histoire des pigeons du collège de S'-Vincent
de Paul.
La démission de M. Nolhomb est acceptée
mais il est nommé ministre d'état. M. DAnelhan
est chargé du ministère de l'intérieur, l'excep
tion des affaires commerciales qui sont confiées
M. Deschamps. Tout nous fait croire que ce
sera un dénoûment factice de la crise ministé
rielle et qui ne satisfera aucunement l'opinion
publique. Car en attaquant M. Nolhomb, ce
n'était pas le ministre que l'opposition blamait,
mais bien le système qu'il représentait, et qui
paraît devoir être continué par d'autres mains.
Nous croyons même que les ministres mainte
nus auront une tâche très-difficile, s'ils doivent
rester dans la même ornière que M. Nothomb
et qu'ils seront bien plus vite usés que lui, d'au
tant plus que l'opinion publique se tiendra sur
ses gardes.
Par la mort de M. Beesau, une place est de
venue vacante dans la commission médicale de
la province. Ordinairement on choisit un mem
bre parmi les gens de l'art de chaque arrondis
sement judiciaire et la commission a le droit de
présenter deux candidats qui sont confirmés
par la députalion permanente. La nomination
appartient au Roi.
Nous apprenons que la commission s'est as
semblée, pour procédera la préseutalion de deux
nouveaux candidats. A l'unanimité M. Hammel-
ralh, docteur en médecine, chirurgie et ac
couchements, a été élu premier candidat. M.
Coppieters, docteur en médecine, a été nommé
second candidat, la majorité de quelques voix.
On a remarqué que le second candidat avait
pour protecteur le commissaire de l'arrondis
sement d'Ypres. qui a trouvé satisfaire soq
besoin de locomotion, en sollicitant pour .M.
Coppieters, l'appui de la commission médicale
Bruges, ainsi que celui du Gouverneur.
Séance-publique du Mercredi, 18 Juin «845,
Présents MM. Vanderstichele de Maubus,
Bourgmestre, président; Alphonse Vanden Pee-
feuilleton.
aa saaasa aa
nouvelle.
II. (Suite.)
En effet, les domestiques qui Savaient pas osé nous suivre d'abord,
après quelques moments d'hésitation s'étaient enfin décidés se
joindre nous et aoeouraient en jetant de grands cris.
A cet aspect, mes menaces, le plus grand nombre de nègres prit
la fuite et nous achevâmes, sans pitié, tous ceux qui en voulaient
encore notre vie. Sur plus de cent esclaves qui nous avaient at
taqués, une quarantaine succombèrent leurs blessures. Mous avions
tous reçu de graves contusions, l'habitation principale fut presque
entièrement détruite et Claire, ma trisie Claire épouvantée encore
du souvenir de nos dangers fut déposée sur son lit, en proie une
fièvre cérébrale violente. Mais la plus cruelle des épreuves que le
sort me réservait m'attendait encore.
M. Durbiq ne voulant pas laisser plus longtemps sa fille exj»osée
la veugeauce des esclaves, résolut de 1 éloigner du théâtre de nos
dangers. Son frère que 1 émigration avait conduit a Londres, l'avait
prié plusieurs fois de lui envoyer sa uièoe qu'il désirait doter d une
(Éducation plus «uropéciine que celle qu'elle àçaif reçue Saint-
Pierre. Jusqu alors le père n'avait pu se résoudre se séparer de son
enfant mais le désir de sa conservation fit taire ses autres désirs,
et il décida que Claire partirait pour rejoindre sou oucle en Angle
terre.
Dans ma douleur muette, dans la résistance de sa 6lle, M. Durhin
découviit le premier indice de notre amour, et celte découverte loin
de le faire renoncer sou projet ne fit qu eu bâter 1 exécution.
Claire partit, mais avant son départ j'avais reçu ses serments avec
ses aveux; et ce gage dont je ne me suis jamais séparé depuis, m'est
une douce garantie de son inaltérable fidélilé.
Durand désigna Meival un anneau fort simple qu'il portait au
quatrième doigt de la maiu gauche.
Depuis le départ de Claire pour l'Angleterre, continua-t-il»
j'ai voulu dissiper les regrets que sou souvenir réveillait en moi
chaquejôur, mais je n'ai pas, comme tant d hommes saus énejgie*
cherché ma dissipation dans les plaisirs biuyauts et vides, je lai
cherchée dans 1 entier accomplissement de mes devoirs, et, s il était
permis de s'exprimer ainsi, je diiais que je mesuisjeté dans une orgie
de travaux.
Notre habitation se releva de ses ruines plus spacieuse et plus l>elle,
nos entreprises réussit eut au delà de toutes nos prévisions, et M.
Dur Lin, pour me piouver sa satisfaction, et au*si peut-être, pour
repater ce qu il avait mis de dureté dan.» ses procédés, quand il connut
uion amour pour sa fille, m'associa sa fortune; grâces la boun.e
étoile qui ne cessa de présider toutes nos opérations, nous devînmes
les plus riches colons de la Martinique.
Le gouverneur avait signalé ma conduite lors de la révolte des
nègres et je reçus alors cette décoration. Mais j'étais cependant bien
loin d'être heureux. Claire ne revenait pas, et les lettres qu'elle nous
écrivait ne nous annonçaient pas son retour son oncle ne pouvait
se décider s'eu séparer.
Les années s'écoulèrent, et un nouveau malheur vint me frapper.
L'âge, et les maladies du climat se réunirent pour m'enlever mon
ami, mon premier protecteur, celui que j aurais été si heureux de
nommer mou père, M. Durbiu mourut et dès ee moment je ne son.
geai plus qu réaliser ma fortune. Dans ces temps de grandes cala"
mitésje trouvai difficilement me défaire de nos habitations
devenues les plus importantes de la colonie, et il une fallut près de
deux ans avant de pouvoir décider mon retour en Europe. Enfin je
partis pour l'Angleterre, emportant la succession de mon associé que
je voulais religieusement remettre sa fille.
J'arrivai Londres. Depuis quatre ans I oncle de Claire, fatigué
de la terre élraugère, s'était décidé rentrer en France depuis
quatre aus Claire était Paris! El elle ne me 1 avait pas écrit!. Cette
nouvelle m'accabla. La commotion que j'en ressentis fut st cruelle
que je tombai gravement malade. 11 me semblait que l'ou m'arrachait
une une, avec les lambeaux de mon cœur, toutes ces fraîche* il lu-
lions que j 'avais coqseï vées si pures jusqu'alors, et qui me faisaient