5e ANNÉE. - N° 448- INTÉRIEUR. JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. DIMANCHE, 17 AOUT 1845. Feuilleton. On s'abonne Yfres, Marché au Beurre, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. prix de l'abonnement, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres localités 0-00 Prix d'un numéro0-25 LePro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Yprès. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. 1TPHES le 16 Août. COUP D'OEIL RETROSPECTIF. Si nos adversaires politiques n'étaient mus par une aveugle falalilé, ils puiseraient dans l'histoire des 50 dernières années des enseigne ments dont l'appréciation serait de nature les préserver des mésaventures qui atteignent d'or dinaire les factions tombées dans le discrédit, et perdues dans l'opinion ils y verraient que les peuples ont toujours subi impatiemment le joug de la théocratie, et l'ont brisé chaque fois qu'ils en ont senti l'étreinte. Qu'elle eut été belle cependant, la part de ces hommes dont nous sommes forcés de com battre les tendances, si, ne consultant que leur mission et leurs intérêtsils avaient marché franchement avec nous la conquête des amé liorations sociales, et si, calmant l'effervescence et les ressentiments que la tourmente politique avait laissés dans les cœursils s'étaient joints aux amis de leur pays, pour les aider resserrer les liens de l'unité nationale, pour réunir en uu seul faisceau toutes les forces vivaces du pays, et assurer ainsi sa prospérité matérielle et morale. Alors notre patrie eût offert ses voisins un spectacle imposant, celui d'une nalion jeune, li bre, forte et heureuse, ignorant, jusqu'au nom de ces luttes énervantes qui la divisent aujourd'hui, et l'Europe nous eût trouvés tout préparés pour celte émancipation que nous poursuivions de nos vœux. Riais il n'en a pas été ainsiA peine l'aréopage européen eût-il décidé que, la Belgique forme rait désormais un état indépendant, que ne re doutant plus la colère du souverain dépossédé, le parti jésuitique crut pouvoir se dispenser de ménager des auxiliaires dont il n'avait accepté le concours, que pour s'en faire un bouclier, et s'imagina que le temps était venu pour lui de tournera son profit exclusif, tous les avantages conquis par la révolution. On sait que le premier jalon posé dans celte nouvelle voie, fut l'encyclique. Le clergé belge venait de faire une révolution et la cour de Rome, tout en reconnaissant l'œuvre de septembre, condamna les révolutionnaires, condamna surtout les prin cipes au nom desquels elle s'était faite on sait encore que ce monument remarquable de la duplicité jésuitique d'un parti incorrigible de vint le palladium derrière lequel il se retrancha. Dès lors, nos prélalsqui s'étaient faits journa listes, imprimèrent aux feuilles qu'ils dirigeaien t les allures les plus anlilibérales et la presse du clergé, par ses exigences et son cynisme, pré para les voies une scission profonde, irrécon ciliable qui divisa la nation en deux vastes camps. Bientôt on vit les hommes de Dieu saisir d'une main frénétique le sceptre de la domina tion temporelle. Mous avons été Témoins des efforts désespérés qu'ils firent, pour assouvir cette soif ardente et fiévreuse de pouvoir. En seignement public, chambres, ministère, tout devint la proie de nos adversaires; les comices électoraux devinrent un champ d'intrigues sa cerdotales, la corruption fui érigée en moyen de gouvernement, la conslilution fut battue en brèche, et LA RÉACTION COMMENÇA. Voilà les antécédents de nos adversaires, voilà les titres glorieux qu'ils ont invoquer auprès d'un peuple déçu; aussi la nation a-t-elle com pris enfin qu il était temps de leur en tenir compte; les élections de nos grandes villes n'ont pas d'autre signification. Le jésuitisme a beau vouloir s effacer aujourd hui derrière quelques transfuges, enfants perdus de noire opinion, l'inexorable fatalité laquelle il est voué commence l'atteindre, et le peuple qui n a pas perdu la mémoire de ses faits et gestes, lui prouvera qu il a joué une partie bien dan gereuse pour lui. p. Mais, pour activer le moment oû notre opi nion doit enfin triompher il faut que nos ad versaires continuent tenir les rênes: nous avons plus gagner aujourd hui un ministère ca tholique politique pur sang, tel qu'on vient de nous en octroyer un qu'à une administration libérale, aussi verrions-nous avec une médiocre satisfaction quelque nuage pointer sur l'élection future de M. Malou. Accourez donc, bons électeurs de l'arrondis sement d'Ypres, troupeau docile, vous aurez remplir le â5 de ce mois un devoir civique, n oubliez pas surtout, avant de quitter vos foyers, de vous munir du petit billet de monsieur le curé, ou de son chargé de pouvoirs. On mande de Messines Lundi dernier, 11 août, vers les 10 heures et demi du malin le nommé Louis-Joseph Bon- ne-Candelle, fermier Warnêton, a été victime d'un malheur qui a eu lieu la ferme de la ve Dambre, située eu cette commune, etapparte- nant l'institution royale du dit lieu. Ce petit fermier qui était travailler au foin, avec sa femme, proximité de la dite.ferme, s'y était rendu dans ses moments de loisirs, accompagné de son épousepour y voir travailler les ou vriers qui étaient occupés la reconstruire. Tout-à-coup, et au moment où Bonne-Candelle était occupé causer avec les maçons et les charpentiers, l'on entendit les cris de gare! gare! Tous s'échappèrentsauf le malheureux vieil lard âgé de 65 ans quimoins leste dans sa fuite, reçut sur le corps une lourde cheminée qui s'écroulait, et se trouva ainsi enseveli sous les débris; on n'a plus retiré qu'un cadavre. Il laisse une veuve sans enfants. INVENTIONS ET DECOUVERTES. Au Propagateur, Notre siècle a découvert la vapeur, le gaz, la lithographiela polka et une foule d'autres choses .utiles ou récréatives, et voici que vous, journal aussi noir que le contenu cl une bou teille (J'encre de la petite vertu vous venez de vous illustrer par une invention vraiment archi- mirobolante.... la Froteska! Foin maintenant de la Polkanargue de la Mazurkagrâce vousnous avons du neuf, nous possédons la Froteska, et c'est vous, vous, noirs Rodins que nous la devons; aussi, il faut en convenir, le besoin de quelque chose de semblable se faisait généralementsenlir, merci! oh! merci, Propagateurl'élan chorégraphique qui vous a transporté, vous a rendu père de la, Froteska Salut donc, o Froteskatoi qui parais pré destinée être la reine, la dominatrice de nos bals d'hiver, toi qui promets des plaisirs incon nus jusqu'ici notre population dansante, dont les membres flexibles et la désinvolture juvénile se prêtent si merveilleusement aux exigences des danses nouvelles. Honneur vous soit rendu, grave Propagateur qui jusqu'ici n'avez rien propagé du tout, O M B I M (Suite,) Y. rencontre. Le soir, vers huit heures, Beilegarde arrivait au galop l'une des extrémités extérieures du parc de Cœuvres. Il mit pied terre, at tacha sou cheval un arbre. A peine avait-il fait quelques pas en se dirigeant vers la haie deglantine qui, en cet endroit, clôturait le parc, qu il vit venir de sou côté un paysan portant un sac sur le dos. Pour donner au paysan le temps de s'éloigner, il se prit essuyer avec son mouchoir la sueur dont sou cheval était couvert. Mais le paysan s'arrêta quinze ou vingt pas de lui, jeta son sac terre et, sans s'apercevoir quil était remarqué, se mit en devoir d escalader la haie. Vive-Dieu! s écria Beilegarde! vous aimez furieusement les exercices gymnastiques, mon bonhomme! Le paysan s'arrêta oourt, et dirigea son regard sur celui qui l'interpellait de la sorte. Vous ici, M. de Beilegarde! dit-il d'un air surpris et mécon tent. Yenlre-sainl-gris! je ne m'attendais pas vous rencontrer dans cet endroit. Ni moi non plus, sire, répondit Beilegarde en reconnaissant Henri IV. Pourquoi avez-vous quitté Mantes saus ma permission? reprit le roi en s animant. N'ayant aucun service faire, Sire, j ai cru pouvoir m'absenter quelques heures. Vous ne le deviez pas, monsieur, répliqua Henri IV avec hu meur. Vrai dieu! vous savez bien que la guerre a repris avec plus de vigueur que jamais: chacun doit être sou poste. Sire!... murmura Beilegarde avec un soutire railleur. Je vous comprends, monsieur;... mais je suis le roi et ne de mande conseil qu moi-même. Vous vous devez vos sujets, Sire, dit Beilegarde avec fermeté, et c'est une grande imprudence vous d'être venu Cœuvres, car deux garnisons ennemies bordent, trois lieues d'ioi, la forêt par laquelle vous avez dû passer. Voilà pourquoi j'ai ce déguisement... Mais il s'agit bien de celai reprit le roi d'un air irrité, veuillez me répondre, monsieur Pourquoi êtes-vous ici? Pour voir ma fiancée, Sire. Votre fiancée! votre fiancée! elle ne l'est pas, monsieur, elle ne le sera jamais. Je ne vous comprends pas, dit Beilegarde qui ne put empêcher le rouge de la colère de lui monter au visage. Vous allez comprendre j'aime celle jeune fille et, ventre- saint-gris! je la disputerai. Et moi, Sire, dit Beilegarde en se croisant les bras sur la poi trine comme pour empêcher sa colère d'éclater, je ne vous la céderai pas. Vous êtes hardi, monsieur! Je pense, Sire, que tous les hommes sont égaux devant l'amour, et je maintiens mon dioit sur le cœur d Ondine, comme vous le vôtre sur la couronne de France. Eh bien! soit, nous sommes rivaux. Vous défendez un droit, moi je l'attaque.' En di*ant ces mots, il tira de dessous sa blouse de paysan une paire de pistolets, et la présentant Beilegarde Choisissez, dit-il froidement. Vous voulez plaisanter, Sire? Nullement. »- Le roi de France se battre en duel avec lin de ses sujets? Eh! pourquoi pas? Corbleu! ne sommes-nous pas tous égaux devant l'amour? c'est votre avis, c est aussi ic mien.

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 1