5e ANNÉE. N° 470. INTÉRIEUR. JEUDI, 6 X0VEII8RE 1843. JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. —fl» Feuilleton. L! LION On s'abonne Ypres Marche au Beurre, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE l'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 LePro Tout ce qui concerne la rédae- lion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Y près. Le Progrès parait le D che et le Jeudi de chaque semaine. prix des insertions. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. YPRES, le 5 Novembre. Le résultat des élections communales est connu. 11 accuse un progrès remarquable de l'opinion libérale. Elle en est arrivée au point que déjà chaque lutte est une victoire, et que dans les grandes villes du pays, le parti clérical est tombé l'état de minorité impuissante. A Gand et Bruxelles, l'élection des candidats libé raux n'a pas été disputée. A Anvers l'opinion libérale a emporté de haute lutle, la nomina tion de tous les conseillers qu'elle présentait aux suffrages des électeurs. A Verviers. la lutte s'est établie sur un autre terrain. Il ne s'agissait là que de rivalité entre libéraux et ultra-libé raux ces derniers l'ont emporté Sur leurs con currents grâce l'irritation que l'installation des jésuites dans celte ville a propagée dans l'esprit de la population. A Liège, l'Association libéralesous l'influence de laquelle les libéraux avaient plusieurs fois battu leurs adversaires, s'est fractionnée, et la lutle a eu lieu, non entre libéraux et catho liques mais entre les candidats de Association libérale et ceux de l'Union libérale. En faveur de cesdivisions, quelques membresqui n'avaient aucune couleur politique se sont glissés dans le conseil de la commune, grâce au concours des catholiques. C'est l'histoire de la fable de F A ne et des deux voleurs, et une leçon qui doit être mise profit par les libéraux liégeois. Dans les villes de moindre importance comme Ath, Nivelles, Enghien, Ypres, etc., la victoire des libéraux a été complète et le parti libéral dans ces villes n'a plus rien gagner. Or, il est dans les destinées de notre opinion, de gagner du terrain, mais jamais de reculer. Des communes importantes ont suivi ce mouvement. Là aussi, une lutte sérieuse a eu lieu et dans grand nombre d'entre elles, ce n'est pas le parti libéral qui a dû amener pavillon. Si dans quelques villes l'opinion cléricale con serve ses positions, elles lui sont vi vement con testées et ce n'est que par des efforts inouis, qu'elle parvient ne pas voir la bille tourner contre elle. C'est ainsi, par exemple qu'à Cour- trai, la majorité du conseil est dévouée au parti rétrograde, mais il s'y Irouvedes conseillers qui défendent avec persévérance et opiniâtreté les droits de la minorité. A Tournai, le parti du recul est encore repré senté au conseil de la commune, mais se trouve en minorité. La ville de Monssi renommée pour son libéralisme, n'a pas encore purifié son con seil communal des éléments rétrogrades qu'il contient. Mais sur toute la surface du pays, un mouvement lent et sûr, propre nous débarrasser des langes dont on a voulu envelopper la Belgi que, se fait observer. Les localités qui. jusqu ici, nedonnaient signe de vie politique, commencent s'occuper de leurs intérêts. Ce mouvement peut être enrayé ou précipitémais ne s'arrê tera plus. Enfin l'opinion libérale dans les dernières élections communales, a fait des conquêtes qui forceront nos adversaires compter avec elle. Ils ne sont plus ces temps, où un sauvage cri de guerre échappé la plume du rédacteur du Journal historique, accueillait les humbles prétentions du libéralisme. Ils ne sont plus ces temps où on écrivaildans l'orgueil de la victoire Il faut vaincre les libéraux en masse. Ces libéraux ont voulu se faire une petite place au soleil. Ils y sont parvenus et n'en resteront pas là. Nous recevons une lettre de M. Vanden Driessche. que nous nous hâtons de reproduire. Non-seulement elle est marquée au coin des plus hautes convenances, mais en outre elle est de nature modifier les opinions de bon nom bre de personnes sur le compte de cet hono rable fabricant. Ypres, le 1er Novembre 1S45. Monsieur l'éditeur du Progrès, Aux approches des élections, vous avez mis mon nom en avant et m'avez proposé pour le conseil communal; un ami, au nom de plusieurs électeurs, m'a offert celle candidature deux re- prises cédant aux instancesje l'ai acceptée en cas de nominationj'aurais prouvé que je sais comprendre et remplir mon devoir. Au même instantje quittai la ville pendant mon absence, le Propagateur me mit en .-cène; des électeurs, par des niolils que je ne cherche pas pénétrer, se sont efforcés faire croire que j'ac- ceptais deux candidatures la fois; ont crié la trahison; la liste des candidats du Propagateur les a servis merveille; une partie de ces faits, ou plutôt de ces intrigues sont venus macotinais- sauce lors de ma rentrée en ville, seulement la veille des élections, alors qu'il n'était plus temps d'éclairer le public; le même jour encore, je reçus une mission commerciale qui m'a de nouveau éloigné pendant plusieurs jours, et ce n'est qu'au- jourd'hui même que j'ai connu tout ce qui s'est passé au sujet de cette dernière candidature que je n'aurais pas accepté si j'avais été consulté. i> C'est la première fois que je dois occuper le public de moi-même; je souhaite aussi que ce soit la dernière fois. Agréez, je vous prie, Monsieur, l'assurance de ma considération, J.-F. YA.NDEN DRIESSCHE. On n'a point oublié l'acte d'intolérance com mis Dadizeele. ordonné par le curé et perpétré par le bourgmestre Les électeurs de celle com mune viennent de faire justice de celte odieuse conduite de l'autorité communale. Tous les conseillers sortants qui avaient pris part aux faits et gestes du bourgmestre, ou qui les avaient approuvés nout pu se faire réélire, malgré l'in fluence de la châtelaine et les obsessions du curé. Tous ont été remplacés au premier tour du scrutin. M. le curé qui, ce qu il paraît, étonné du résultat du scrutin, s'était permis d'injurier quelques personnes, a été prié de se retirer tranquillement. Aucun autre désordre n'a eu lieu dans la commLine,àla suite de celte élection significative. Notre correspondant de West-Roozebeke nous mande un trait de M. Cassiers, digne d éloges. Cet honorable sénateur a trouvé un puissant moyen de soulager les bureaux de laiertfaisance des communes, s'il pouvait être facilement suivi. Les dix familles les plus indi gentes et les plus nombreuses de Staeden, sont devenues une charge privée de M. Cassiers, qui s'est engagé les entretenir pendant une annéeetà leur procurer du travail II est conso lant de rencontrer parmi les hommes qui jouis sent de tous les dons de la fortune, cet esprit de charité, surtout quand ils résident dans un pays Le nom de lionappliqué une partie delà jeunesse française, a'est tellement vulgarisé, que je crois inutile d'entrer dans de lon gues explications pour le faire adopter mes lecteurs comme signi fiant autre close que l'hôte terrible des forêts, ou l'esclave obéissant de M. Van Amburg. Cela dit, nous pouvons commencer notre histoire. C était il y a quelques jours1 heure de midi; un lion de la plus belle encolure descendit de sa voiture et entra au café de Paris. Son entrée excita un très-vif étonnement, pour deux raisons majeures la première, c'est qu il était habillé; la seconde, c est qu il demanda son déjeuner comme un homme qui est pressé et qui a quelque chose faire. Un de ses amis le regarda attentivement de l'œil sur lequel il ne mit pas son lorgnon, et lui ait Où diable allez-vous comme ça, Sterny Je vais un mariage. Qui donc se marie? dit l'interlocuteur. Et tout aussitôt une demi-douzaine de tètes se levèrent; on éahangoadea regards, on cherche au plafond, el chacun répéta en soi-même la question: Qui donc se marie? Sterny vit celte pantomime, el se hâta d'y répondre d'un ton in différent en disant Personne, messieurs, personne. C'est une affaire particulière. Et quelle heure en serez-vous débarrassé? Je n en sais rien; mais je m'esquiverai immédiatement après l'église, quand je ne serai plus nécessaire. ous êtes donc nécessaire Je suis témoin du futur. Témoin du futur? répéta-t-on de tons côtés. Oui, téprit Steiny, qui voyait I étonnement se peindre sur .ous les vi.-ages; oui, léuioiu du filleul de mou père. Il m a éciit ce sujet une lettie qui ne uie permettait pas de refuser ce brave g'ar- çou uii plaisir qu il considère comme un graud honneur. Voilà tout ce dont il s'agit; et maintenant, ajouta Sterney eu se levant, achevez de déjeuner en paix. A ce soir. Connue il sortait, l'uu de ses amis lui cria Où se fait il ton mariage? Ma foi. je n'en sais rien. Le rendez-vous est chez la future.... rue Saint-Martin, midi; il est minuit un quart.... Adieu! 11 partit, ei quoique cet événement fût d une très-mince impor tance, il n'en fut pas moius le texte d une assez longue conversation, Le vieux marquis de Sterny, dit un fils de portier enrichi, qu, proférait un grand respect pour les traditions héréditaires, le vieux marquis d«* Sterny a gardé un peu des habitudes de patronage de l'ancienne noblesse donc ce qui arrive Sterny serail une chose d'assez bon goût faire mais malgré .son grand nom il n'y entend rien, et au lieu d'être bon et affectueux pour ces pauvres gens, il va leur porter uti air enunyé ou moqueur, et pourtaut.... Pourtant dit un ex-beau de quarante ans, qui I on contestait le lilre de lion, élégant fort gros et très-laid, espèce de pédicure opulent, qui appelait toutes les femmes la petite,... pourtant cela pourrait être amusant il y a de très-jolies femmes parmi tout ça. Jolies, oui, s'écria un vrai liou, existence inconnue, dont la spéocilité avait un certain côté artistique qui consistait protéger la fantaisie et l'art jolies, oui, mais ce sont des beurgeoises. Ali! messieurs, reprit le fils du portier, l'ancienne noblesse faisait cas des bourgeois. l'ai dieu reprit le lion artiste, les bourgeois d'autrefois, ça so conçoit. Là-dessus le lion alluma son cigare, alla s'asseoir sur une chaise, et mit une sous chacune de ses jambes et regada passer le boule vard. Tous les autres lions s'empressèrent de se livrer des occu pations de celte importance, et il ne fut plus question de Léonce Sterny. Cependant celui-ci était arrivé la rue Saint-Martin. Ce jour, notre lion n'avait aucun rendez-vour il n'y avait ni oours- ni bois, et il ne volait aucun plaisir les deux heures qu'il allait con sacrer Prosper Gobillou, le filleul de son père. Il se acnit tnouy*

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 1