59 ANNÉE. - Ne 47G.
INTÉRIEUR.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 27 NOVEMBRE 1845.
Feuilleton.
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YPRES, le 26 Novembre.
La faction rétrograde ressemble assez aujour
d'hui un malade dont l'état est désespéré, elle
en est réduite, comme ce dernier, aux expé
dients, pour soutenir les frêles restes d'une ex
istence éphémère. Elle, naguère si hautaine,
elle qui, aux jours fugitifs de la prospérité,
proscrivait ses adversaires en masse, et s'écriait
tout ce qui n'est pas avec nousest contre
nous. Quesont devenusaujourd hui ces élans
d'une ivresse prématurée, celte confiance dans
la réussite des projets liberticidesdont nous
lui avons vu poursuivre, avec tant d'acharne
ment, la réalisation Le débat solennel qui
vient de surgir au sein des Chambres, nous a
fourni la mesure des embarras de la situation
que se sont faite nos adversaires, et de leur tac
tique, pour s'y maintenir quand même, et sau
ver du naufrage les glorieux trophées qu ils ont
conquis.
Après la retraite deNolhomb, ils n'ont pas osé,
comme on les y conviait, s'asseoir au pouvoir,
bannière déployée, eux qui déniaient leurs
adversaires l'aptitude de diriger le timon de l'état.
C'est derrière une nouvelle mixture qu'ils se
sont retranchés, c'est d'elle qu'ils attendent leur
salut. Le vote récent de la Chambre, vote dû
Xindépendance des fonctionnaires publics qu elle
renferme, renforcés de la minorité rétrograde,
leur assure quelque répit, au milieu de la tour
mente, mais il ne saurait aider réhabiliter un
parti devenu impopulaire, il y a plus, sa chute
sera d'autant plus complète, qu il aura fait plus
d'efforts pour en reculer le moment.
Les débats auxquels nous avons fait allusion
nous ont suffisamment révélé le caractère du
cabinet actuel; presqu'exclusivemenl composé
de membres appartenant au parti réactionnaire,
il s'est abstenu d'abord d'avouer son programme.
Mais enfin harcelé par 1 opposition, il a déclaré
qu'il était modéré, impartial, conciliant, mixte
que sais-je; or, nous n'avons pas oublié ce que
nous ont valu la modération, l'impartialité,
l'esprit de conciliation et la mixture iNothom-
biennes, laquelle se sont associés la plupart
des membres du ministère d'aujourd hui.
Nous voulons bien admettre toute foisqu'à
la tête de ce ministère se trouve un homme
dont nous apprécions les antécédents, et que
nous avons toujours regardé comme un des
champions les plus dévoués notre cause, mais
nul n'ignore qu'il a été placé là pour faire
ombre au tableau, et que nos adversaires
ne l'ont accepté, que pour abriter leur impo
pularité derrière un nom populaire. C'est
encore là un expédient; mais quand bien même
la peur, (et il est permis de le supposer) aurait,
cette fois-ci, inspiré aux ministres assez de sin
cérité, pour que nous pussions croire leurs
protestationsnotre opinion ne peut se con
tenter de quelques garanties pour l'avenir, alors
quelles nous sont offertes par un parti quia
déjà confisqué son profit une partie de nos
libellés, et dans le cas ,conli aireM. Vande
A\eyer n'arrêtera point seul lélan réactionnaire
de la faction, que l'on doit surtout se garder de
croire sur parole bien qu elle se fasse appeler
catholiquedénomination contre laquelle nous
protestons, attendu qu'il est avéré que les Belges
qui sont tous catholiques se partagent en deux
partis, la faction rétrograde et le parti libéral.
A ce compte là, il ne dous resterait plus que
de prendre le titre de très-chrétienpour ne
pas nous voir en bulle aux censures laucées
contre les dissidents.
Quoiqu'il en soit du catholicisme, de la mo-
déi'alioit, etc., do nos adwwsaiies, notre opinion
a un vieux compte régler avec eux, et nous
ne les en tiendrons pas quittes; toutes les pro
testations et tous les leurres du monde ne nous
empêcheront pas de travailler sans relâche aider
au salut et la consolidation de l'arche sainte de
la vraie liberté, sur laquelle a plané jusqu ici le
génie de la réaction.
Il vient de paraître Mous, chez Hoyois, une
brochure qui a pour litre Chemin de fer oc
cidental de liionsJemmappes et S1 Ghislain
J\ieuportpassant par Tournai/, JUenin,
YPUËS et Dixmudepar MM. Guibal et Bail-
leux.
Nous rendrons compte dans nos prochains
nos des considérations que cet opuscule intéres
sant renferme.
Mais dès ce moment, nous croyons pou voir faire
observer que ce projet se rapproche beaucoup
de celui que nous avons constamment soutenu,
dans I intérêt de notre ville et quesa réalisation
indemniserait notre cité des pertes que le re
tard d exécuter le rail-way concédé la société
Hichards, serait de nature occasionner, et nous
sommes d'autant plus disposés, soutenir et
défendre le projet nouveau, que déjà un grand
nombre de personnes pensent que la ligne
d'Ypres Courtray ne sera construite que lors
que toutes les autres parties du chemin de fer
de la Flandre occidentale seront déjà livrées
la circulationcirconstance qui ne pourrait
manquer de déplacer la principale de nos in
dustries, l'industrie dentellière.
Nous prions donc l'autorité communale et la
Chambre de Commerce d'examiner mûrement
le travail de MM. Guibal et Bailleux, et nous
pensons que cet examen fera naître la conviction
que le nouveau projet est sinon parfait dans les
détails, du moins excellent dans son ensemble,
et qu'il mérite d'obtenir l'approbation de tous
ceux qui prennent cœur les vrais intérêts de
notre bonne ville d'Ypres.
La Société des Chœurs a célébré lundi, de la
façon la plus brillante, la fêle de Ste Cécile.
La Messe et le Salut qui ont été chantés par
la Société avec un talent et un ensemble admi
rables, avaitattiré une foule de dilellanli a 1 eglise
S1 Martin.
Le soir, près de 45 membres de la Société,
se sont réunis en un banquetcharmante et
vraie réunion de famille.
COUR D'ASSISES DE LA FLANDRE OCCIDENTALE.
La nommé Marie Boedtaccusée d'avoir
commis un vol domestique chez M. Auguste de
Beaucourt, habitant de celle ville, vient d'être
acquittée par le verdict du jury. Mais le père de
celte fille, impliqué dans cette poursuite crimi
nelle comme complice, a été condamné comme
réceleurun emprisonnement de cinq ans et
une amende de deux cents francs.
Parmi les 59 membres de la chambre qui ontf
voté en faveur du ministère, il se trouve 3-î
fonctionnaires publics.
On écrit de Bruges, le 24 novembre
Dans la soirée du 20 du courant, un com
mencement d incendie s'est déclaré dans l'au
berge habitée par le nommé Louis Messene,
cabarelier Thourout.
Un sabot contenant du feu et de la paillera,
été passé travers le toit et déposé sous un tas
de bois qui se trouvait sur le grenier, où le feu
(Suite,)
YI.
Jamais homme ne fut plus embarrassé que Sterny pour trouver
un moyen convenable de revoir Lise. Dans les paroles qu'il avait
dites Mme Laloine, il avait pris, pour ainsi dire, un congé définitif
de cette famille qui n'était pas de son monde, et avec laquelle il ne
pouvait continuer d'avoir des relations sans qu elle s'en étonnât.
A la rigueur il devait faire une visite de politesse mais c'est tout
ce qu'il avait prétendre. 11 pensa bien rencontrer Lise l'église;
mais dans notre siècle si peu dévot il n'est pas rare de voir un hom
me comme Léonce répugner une telle profanation.
Il pouvait bien rencontrer Lise chez Prosper mais aller chez
Prosper était aussi peu convenable que d'aller chez M. Laloine.
Cependant, durant quelques jours, et sans trop se rendre compte
de ses espérandes, Léonce rompit toutes ses habitudes. Il alla se
promener aux Tuileries.
C'est, m disait-il, la promenade du bourgeois parisien, peut-être
y pourrait-il trouver Lise.
Il alla, dans la même soirée, trois ou quatre petits théâtres qui,
selon lui, devaient être le spectacle favori du marchand de la rue
St-Denis j il en fut pour l'ennui qu'il y éprouva c'était l'époque
de 1 exposition des tableaux, il y trouva tout le monde, excepté Lise.
Vraiment, se dit-il alors, c est une folie; quel est mou espé
rance je n'en ai point, je n'en veux pas avoir.
Il se répétait cela tous les jours, et tous les jours il éprouvait un
plus ardent désir de revoir Lise; lorsqu'un matin (il était déjà
peine dix heures, et il était déjà levé, habillé; car, ce jour-là, il
devait assister Marly un déjeuner formidable, suivi de l'exécu
tion d un pari des plus excentriques, et terminé par un souper
foudroyant et un jeu furieux), son valet de chambre lui remit une
carte; c'était celle de Prosper.
Prosper! s'écria Sterny, qu'il entre, faites entrer..,.
Mais, monsieur le comte.... je lui ai dit que vous étiez sorti.
Sorti! s'écria Sterny furieux; d'où vous vient cette imperti"
nence envers mes amis? qui vous a dit de dire que j'étais sorti?
Mais, monsieur le comte.,., j'ai cru.,.*
Sternj était furieux.
Sot! animal s'écriait-il.
Mais ce monsieur doit être au bas de l'escalier»
Allez donc le chercher, priez-le de remonter..,, allez dono...^
allez donc.
A peine le domestique fut-il parti, que Sterny s'aperçut de son
emportement. En effet, ses mains tremblaient et il se sentait commai
suffoqué. Il eut le teuips de se remettre pendant que le valet d**
chambre courait après Prosper et le forçaitpour ainsi dire re
monter, de façon que Léonce ne put Paborder avec un calme par*
fait.
Pardon, mon cher Prosper, lui dit Sterny, si je vous ai fait re
monter; mais j'ai voulu que vous sachiez que, si ou vous a refusé mn,
porte, ce n'est pas d'après mes ordres.
Ah! monsieur le marquis, c'est moi qui suis fâché de vous
avoir dérangé.
Vous m'eussiez dérangé, Prosper, que je vous l'aurais dit sanÇ
façon; mais peut être en vous voyant refuser ma porte vous auriez
pu croire que je ne voulais pas vous recevoir, et c'est oe qui n'est pas.
Puis il ajouta en riant
■m flous ne sommes pu li impertinents qu'on vent bien U dire,