5e ANNÉE. - N° 490.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 13 JANVIER 1846.
INTÉRIEUR.
Un vol par amour. Pierre Var.den Bergli,
journalierà Dendervvindeke, comparaissait mer
credi matin devant le tribunal correctionnel de
Bruxelles, sous la prévention d'une longue série
de vols chez un cultivateur il aurait soustrait
du colza, chez un autre plusieurs bottes de re-
On s'abonne Ypres, Marché
au Beurre, 21et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Ypresfr* 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro 0-25
LePro
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé, franco
l'éditeur du journal, Ypres.
Le Progrès paraît le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine,
PRIX des INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 14 Janvier.
LA. VICTOIRE OU LA MORT.
Aux Goupillons! Citoyens!
Je crois, que le diable m'emporteque le parti
catholique belge est né d'un embrassement de
l'absurde et de la stupidité.
La Hollande vient de nous jouer un très-
mauvais tour. Elle double les droits d'entrée
sur nos produits. Cet acte est impolitique, in
juste, passionné et il faut que le gouvernement
belge comprenne sou devoir dans cette circon
stance mieux qu'il ne l'a fait dans d'autres
à-peu-près semblables.
Nous lui avons conseillé d'user de représailles,
et, en tous casd'agir avec sagesse et fermeté,
c'est-à-direde négocier avec un peu plus de
dignité qu il ne l'a fait dans des circonstances
semblables.
Mais|les journaux catholiques ne voient pas
les choses comme nous. Pour eux, c'est une
guerre entre catholiques et Huguenots, et les
voilà tirant leur goupillon du fourreau sacré et
le brandissant au vent. Ventrebleu Sacrebleu!
de par S'-Pierre et S'-Paul, il faut courir sus
ces mécréans, il faut les refouler dans leurs
marécages {le [roi Guillaume 11 est vexé de
nêlre plus Roi de Belgique, il faut donc impo
ser outrance le slockvisch et le poisson salé
il faut faire payer le café un demi franc plus
cher, il faut enfin que le consommateur belge
soit imposé outre-mesure pour tous les objets
de consommation. Le Roi Guillaume mangera
des ortolans et des bec-figuesen attendant,
mais la Belgique sera vengée.
Le gouvernement belge qui ne résiste pas aux
commandements de l'Eglise, représentée par le
Journal de Bruxelles et le Courrier d'Anvers
c'est-à-dire, de M. Coomans, vient d'obéir hum
blement aux ordres de nos grands politiques
cléricaux. Il vient de renchérir sur la Hollande
en fait de folie et de passion, il vient de pren
dre des mesures incroyables par un arrêté royal
de ce malin et qui impose outre mesure les
produits de la Néerlande.
Pauvre M. Van de Weyerî comme le libéra-
SYuilIctoii.
si&aàsra.
histoire d'une loge dopera.
[Suite.)
Cependant elle ne pouvait pas aller l'Opéra. Et elle, si faible et
si tremblante, puisa dans sa douleur force et courage.
Un autre jour,dit-elle, j'irai, peut-être! Mais, aujourd'hui; je
ne sortirai pas...— Vous m'accompagnerez, ma chère amie. Je
vous assure que je souffre beaucoup, et je me trouverais mal
1 Opéra. Vous le croyez? Mais je suis sûr, au contraire, que la
musique vous fera du bien. Vous savez que cet hiver quand vous
etiez si malade, c était la seule chose qui vous calmât un peu et
arrêtât le progrès de la fievre. Je me le suis rappelé c'est convenu,
vous irez! Hélène n ajouta pas une parole elle courba la tête sous
cçlle nouvelle.souffrauce, Une de plus dans-mon martyre, pensa-
t-elle, qu importe I
Le général sonna. Que la voiture soit prête pour sèpt heures
«l demie, dit-il.
Oui, mon ami, ils allèrent I Opéra c'est affreux penser! dans
la meme loge, a la même place. Et en tournant la télé, Hélenépou-
vait voir la stalle où M. de Sérigny était assis l'avant-veide
chaque accord, chaque scène rappelait l'horrible événement.
lisme du grand ministre de l'intérieur se mani
feste ici d'une façon éclatante!
Au lieu de montrer la Hollande la perspec
tive d'une augmentation de droits, telle que
nous la porte le Moniteurau lieu de menacer
de cette épée de Damoclès si perçante pour les
Pays-Basle voilà qui va faire la fortune de
quelques gros spéculateurs qui ont beaucoup
de café et d'autres produits néerlandais en ma
gasin.
Qui souffrira de tout cela? le consommateur
et plus que lui le travailleur et le pauvre. Ah!
mes chers journaux catholiques, voilà de vos
traits! que vous êtes prévoyants, n'est-ce pas?
et surtout que vous êtes anti-protecteurs.
Ne dirait-on pas que tout marche souhait
dans ce moment, que le prolétaire vit dans une
grande abondance et qu'il importe fort peu
que les objets de première nécessité augmentent
d'un tiers, d'un quart ou de moitié?
Va, bienheureuse Belgique! continue de mar
cher dans la voie de la folie et des déceptions
où t'entraînent des hommes mixtes, c'est-à-dire,
des hommes ambitieux qui n'ont que leur bien-
être personnel en vue, qui ne croient ni Dieu
ni au diable si on en juge par la démence de
leurs actes, el qui, au nom lie l'odieux système
politique qui nous gouverne depuis cinq an
nées, traîneront le pays lentement et impercep
tiblement vers la couipsomption de la ruine!
[Franchise Bel je.)
Nous avons vu dans les ateliers de M. Vande
Velde, un très-beau corbillard, dont l'exécution
lui a été commandée par la ville d Ypres.
Coupe du char, ornements, draperies, caria
tides sculptées, tout a été fait dans les ateliers
mêmes de M. Vande Y'eldc et tout est d'un
style grave, sévère et parfaitement adapté au
genre de service que doit rendre ce char funèbre.
(Impartial de Bruges.)
Par arrêté royal du 2 Janvier, sont nommés
membres de la chambre de commerce d Ypres
MM. Vanileii Peereboom Jean-Baptiste, an
cien négociant, Ypres;
Froidure-Saverys, Louis, négociant Ypres
Duhayon-Brunfaul, Félix, fabricant de den
telles, Ypres.
Par arrêté royal du 31 Décembre 1845, un
subside de 4,000 francs est alloué au conseil de
fabrique de l'église S'-Martin, Ypres, pour le
mettre même de couvrir une partie des frais
occasionnés par la restauration de celte église.
Par arrêté royal du 31 Décembre 1845, un
subside de 5.500 francs, est alloué l'adminb»
tration des hospices d'Ypres pour concourir
l'érection d'un nouvel hospice pour les aliénés.
Par arrêtés royaux du 31 décembre, M.
Cb.-A. Pillaerlsecond commis la direction
de l'enregistrement et des domaines de la
Flandre orientale,'est nommé receveur de l'en-
regislrement et des domaines Stavelot.
M. Druon-Panlaléon Spillebout, vérificateur
de 3e classe dans la Flandre orientale, passe
avec son grade dans la Flandre occidentale.
Par arrêté royal du 22 Décembre, est admis
faire valoir ses droits la pension de retraite
le capitaine A.-L.-P.-J. De Bosse, du 5' régi
ment de ligne.
Le 13 de ce mois, le cadavre de Jean Mulaert,
âgé de 35 ansdemeurant Poperinghea été
trouvé 3/4 de lieues de cette ville. Daprès la
déclaration de l'officier de santé, le prénommé
est mort de faiblesse.
Le même jour vers midisept ouvriers étant
travailler aux fondations de l'hôpital de Dix-
mude, ont été ensevelis par un éboulement.
Deux d'entre eux sônt mortssous les décombres,
et cinq ont été retirés vivants, dont un avait une
jambe fracturée.
On attribue cet événement l'imprudence.
prends-tu ce qu'elle devait souffrir? Des chants, de la musique,
évoquant un souvenir de mort Contraste horrible et déchirant Tu
juges quel fut mon étounement quand je l'aperçus; car, involontai
rement, mes yeux se portèrent sur Oette loge. Je crus rêver; elle
l'Opéra elle, cette même femme que j'avais vue le matin expirante
de douleur 1 Oh! non, c'était iraj»ossible et cependant il n'est que
trop vrai. Dès lors, pour moi, tout ne qui n était pas oette loge,
s effaça je ne vis plus qu'elle; eL le visage de celte jeune femme,
parée comme en uu jour de mort, je l'étudiai trait pour trait, mi-
,r iiute pour minute.
Elle était immobile, mon ami, comme tu la vois aujourd'hui.
Quand arriva lo troisième acie, je devinai qu'elle étouffait souffrir
ainsi en silence; ses yeux étaient seuls animés par la douleur et la
fièvre; elle se pencha sur le ilevaut de la loge et écouta elle sem
blait prendre un cruel plaisir dévorer note noie ce souvenir san-
- glant. C'était la scène du duel.
Ou était ces paroles Pour me venger de mon offense. Oh si tu
l'avais vue Dans cette attention si muette et si silencieuse, il y avait
un martyre effioyable. Pour tous, c était une femme passionnée
pour la musique, et parmi, celte foule, pas un ne devinait ce qu il y
avait sous les fleurs de ses cheveux. Moi seul je le savais, moi seul
je souffrais avec elle, moi seul j'avais dans la tête et dans le cœur ce
seoret terrible. Pauvre Hélène, quelle âme courageuse et forte.1
Le moment fatal pour elle approchait.
On chantait ce morceau
Et bonne épée et bon courage.
Chacun pour soi et Dieu pour tous.
Si tu as écouté quelquefois ce morceau, lu as dû en sentir toute lâ
mâle énergie, toute la force, tout l'entraînement la musique est
admirable, elle est terrible comme ces épées que les mains des
combattants braudissent au-dessus de leurs têtes, et chaque nota
s'échappe comme un Cri furieux ou comme une menace de mort»
Cette musique a sur nous, qui venons dé l'écouter froidement, une
puissance irrésistible; elle nous piend au oœur juge quelle terribla
impression elle devait pro fuire sur cette jeune fennue dout chaque
mot, chaque note venait briser I âme. Elle n existait plus dans la
vie présente, elle était absorbée tout entière dans ce souvenir da
mort qui était 'debout devant elle, marcbant avec l'action du drame
et se mêlant comme un glas fuuèbie aux accords de la musique. Je
me rappelle encore ce raomeut, comme si o'élait aujourd'hui elle
posa ses deux mains sur ses yeux, elle avait pêur de voir; puis elle
les laissa lentement descendre sur sa poitrine, el l'on devinait avec
quelle crispation nerveuse elle les appuyait toutes deux sur son
cœur. Son regard avait quelque cliose de fixe et d'immobile, de fié
vreux et dejerne la fois.
Le mçrceau venait de finir les deux adversaires se mireot ai