5e ANNÉE. - N° 516. INTÉRIEUR. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. JEUDI, 16 AVRIL 1846. Feuilleton. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 21, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres looalités 6-00 Pria d'un numéro0-25 Le Pro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco, l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligue. VIRES ACQUIRIT EUNDO. YPKES, le 15 Avril. CÉRÉMONIE DE LA REMISE DU DRAPEAU ROYAL A LA SOCIÉTÉ DE St-SÉBASTIEN. Hier nous avons eu une fête communale, tous nos concitoyens étaient sur pied et la remise du don offert par Sa Majesté, au nom de Son Altesse royale le Comte de Flandre, a prouvé que dans la ville, la confrérie des archers a conservé les sympathies de toutes les classes de la population. A deux heures, la société s'est formée en cor tège et s'est rendue, précédée de la musique de M. le chef-homme, dirigée par M. Moerman, l'hôtel de ville. Les confrères étaient en tenue et tous les dignitaires de la société étaient pré sents. Arrivées aux halles, les autorités civiles et militaires invitées la solennité ont assisté la remise du drapeau. M. le bourgmestre a adressé une petite allo cution la société, en ces termes que pendant sa longue carrière, il n'avait jamais été dans l'oc casion de pouvoir présider une cérémonie de ce genre; que la société par sa haute antiquité et les services anciennement rendus au pays, méri tait celte distinction de la part du monarque que la Belgique s'est choisi; qoe c'était un hom mage flatteur de la part de Sa Majesté et que la ville d'Ypresen est reconnaissante. Alors lefond du théâtre s'est ouvert et le drapeau a été ex posé aux yeux de l'assistance. Il est difficile de se faire une idée d'une œuvre plus magnifique et d'un travail plus parfait. Le buste du roi se trou vait au fond et planait au-dessus du drapeau. La musique des Pompiers a exécuté l'air national: la Brabançonne. M. le bourgmestre a invité les dignitaires de la confrérie monter sur l'estrade et a remis entre les mains du chef-hom me, le don du protecteur Son Altesse Royale, le Comte de Flandre. Une superbe médaille com- mémorative, en vermeil, aux armes de la ville a été donnée par l'autorité communale au chef de la société. Après celle cérémonie, les confrères se sont formés en cortège sur la Grand'l'lace. Précédée et suivie d'un détachement de Pom piers, d'Infanterie et de Lanciers, la société est revenue la salle de S'-Sébastientambour battant et le magnifique drapeau déployé, par les rues de Lille, des Fripiers, de S'-Jacques, la Grand'Place et la rue au Beurre. Heureusement que la température, quoique variable, s'est bien maintenue, et qu'elle a permis au cortège de rentrer sans encombre. Ap lès la rentrée du cortège, un banquet a été donné en la salle de la société. Soixante-sept personnes se trouvaient table. Les autorités civiles et militaires avaient été invitées y assis ter. Ce dîner, très-bien organisé par les soins de M. Louis Dehera a duré jusqu'à neuf heu res du soir. Des toasts ont été portés au Roi par le chef-homme a la Reine, a sa famille et au Protecteur ne i a société royale df. S'-Sébastien, le Comte de Flandre parle vice-chef-homme. Après, lin toast a été porté l'autorité com munale et M. le bourgmestre. M. Alphonse Vanden Peereboom le premier échevin a ré pondu au nom de M. le bourgmestre, en pro posant celui la société de S'-Sébastien et au chef-homme. Les toasts aux autorités civiles et militaires ont suivi. M. le président du tribunal, comme le fonctionnaire le plus haut placé, et M. le commandant d'armes, au nom de la gar nison, ont remercié la société, et vers dix heu res les convives se sont séparés, non sans em porter une impression favorable de la fête qui avait eu lieu, et dont te souvenir ne sera pas effacé de sitôt. La Société des Chœurs a donné un concert lundi passé. Nous en donnerons le compte- rendu dans le prochain N°. Le 10 de ce mois, le nommé De Beuf, Con stant, âgé de 48 ans, journalier et domicilié Hooglede, a été trouvé pendu un arbre, dans le bois situé près de cette commune. On ignore le motif de ce suicide. On lit dans le Journal de Liège: J'ai été un peu trop vite en vous déclarant la semaine dernière que M. de Theux aura le dessus la chambre des représentants des calculs positifs établissent aujourd hui que son succès momentané dépend de sept ou huit voix qui auraient évidemment voté avec un minis tère libéral; si donc, ces hommes reprennent quelque peu de fermeté, s ils apprécient nette ment la malheureuse situation où se trouve le pays si, par un coup de collier sage et qui ser vira leur prudence, ils votent, comme avait promis de voter M. Malou lui-même, contre un cabinet de six Malou, le ministère du 31 mars ne survivra pas la première question politi que, et c'est ce que je vois de plus désirable,Jde plus sauveur pour le pays. Et puisque je parle de sauveur, disons quel ques mots de M. Vande Weyer la parenthèse qu'il a ouverte au mois de juillet dernier s'est tristement fermée hier, tristement pour le pays$ tristement pour lui. Là encore, les prophètes ont eu raison, là encore les destins ont été logiques. L'imprévoyance de M. Vande Weyer a fait une situation périlleuse, d'une situation pros père qui donc, en juillet 1845, eut osé penser un ministère de Theux Qui donc alors eût osé insulter l'opinion publique, debout encore sur les rostres électoraux? personne, pas même les évêques, pas même la camarilla. Voici les nouveaux renseignements que nous nous sommes procurés ce malin sur la distribu tion du pamphlet et les poursuites de l'autorité: L'autorité judiciaire s'occupe activement poursuivre les auteurs et les distributeurs de l'écrit qui a été répandu dans la nuit de jeudi vendredi, Bruxelles et Gand. Des investigations minutieuses ont eu lieu dans quelques-uns des faubourgs de la capitale et particulièrement Molenbeek-S'-Jean, en la demeure et aux lieux de réunion des ouvriers fréquentant les meetings populaires. Plusieurs mandats d'amener et des mandats-d'arrêt ont été lancés par l'autorité judiciaire. On a saisi en outré une certaine quantité d'imprimés pro vocateurs. Nous apprenons que le sieur Pellerin, bottier, orateur de meeting, après avoir subi un inter rogatoire devant M. le juge d'instruction, a été écroué aux Petits-Carmes, sous mandat de dé pôt. Quant au sieur Parys, ancien éditeur du Ifléphislophélèsqui a également été interrogé par le magistrat instructeur, il a été remis en liberté après son interrogatoire. Franchise Belge.) La distribution du pamphlet que nous avons publié hier, emporte avec elle l'idée- d'agents nombreux et par conséquent de beau- 2»a (2©2>©£Î22| sa eP3Sl'N7a2i!L2» [Suite.) XYIIÏ. -h consentement. Lorsque la princesse de Monllaur l'eut quittée, nous l'avons dit Jeanne avait écrit ces mots Herman Tout est perdu. Iln y a plus tCespoirvous ne mourrez pas seulOn vous rapportera celte nuit la croix de votre mère Désespérant de l'avenir la malheureuse femme était décidée partager le sort d'Herman mourir avec luipure et sans tache. Les événements s'élaient tellement pressés dans cette fatale journée, que de Bracciano se trouvait sous l'influence d'une sorte d'i vresse fiévreuse. Tantôt elle marchait avec agitation tautôt elle retombait accablée... Elle attendait avec anxiété que la nuit fût assez avancée pour pouvoir sortir de chez elle par un petit escalier dérobé qui, de son cabinet de toilette, descendait dans la cour des remises. Par un hasard qui servait ses desseins, une de ses femmes, récem ment mariée, recevait quelques personnes et donnait une sorte de petite fête aux communs. Jeanne pensa qu'à l'aide d une mante et d'un chapeauelle pourrait elre prise par le portier pour une des personnes qui avaient assiste la réunion dont on a parlé... Il était près d'une heure du maliQj» Jeanne souleva le rideau de sa fenêtre pour voir si la loge du concierge était encore écl tirée... Elle avait hâte de partir... Après avoir éveillé toutes les espérances d Herman par sa première lettre, elle venait de le replonger clans un abîme de douleur. Elle regarda comme un devoir d'aller mourir avec lui. Une heure sonna... une faible lumière éclairait la cour... Jeanne crut le moment favorable pour son départ. Dans sa chambre, il y avait deux portraits, celui de sa tante, celui de sa mère, qu'elle avait peine connue... Avant de partir Jeanne s'agenouilla devant oes portraits. Ses larmes, depuis longtemps comprimées, coulèrent abon damment. Elle se sentit soulagée. Ma mère pardon et vous ma seconde mère, pardon! disail-elle voix basse, travers les san glots qui la suffoquaient. Votre fille va commettre une grande faute. Vous prierez pour elle, et peut-être Dieu me pardonnera-t-il d'avoir attenté mes jouis. Puis Jeanne brûla les pages d'un album où elle avait écrit quel ques-unes de ses rêveries de jeune fille. Elle posa sur son secrétaire une lettre pour la princesse de Monllaur. Cette lettre renfermait ses dernières voloulés. Cette chambre ne rappelait Jeanne aucun doux souvenir et pourtant elle éprouvait une émotion navrante en la quittant. Jeanne allait prendre sa mante, lorsqu'on frappa la porte de sa chambre j elle entendit la voix de son mari qui demandait si on pouvait entrer. Immobile, croyant M. de Bracciano instruit de son dessein, elle n'eut pas la force de faire un pas... Le duc, pensant qu'elle était couchée et endormie ouvrit la porte. Frappé de pâleur, de l'altération des traits de sa femme, il ne put s'empêcher de crier. Qu'avez-vous, madame Jeanne sentantla vue de son maritous ses ressentiments s& soulever, s'écria Que voulez-vous monsieur Ne puis-je mon Dieu rester au moins seule chez moi Madame, dit M. de Brac ciano, pardonnez-moi mon indiscrétion, mais ce que j'ai vous dire est tellement grave... Monsieur, s'écria Jeanne, je suis souffrante j'ai besoin de repos je vous prie je vous supplie de vous retirer..^ Quand vous m'aurez entendu madame, vous ne regretterez pas- les momentsque vous m'accordez. Mais au nom du ciel, monsieur,, que voulez-vous donc encore de moi! c'est une torture odieuse..» Depuis notre dernière entrevue madame, j'ai réfléchi la de mande de divorce que vous m'avez faite. La franchise de vos aveux m'a prouvé que notre union ne pourrait être désormais que très- malheureuse. Mon premier mouvement avait été de m'opposer i toute séparation. Je savais le prix du trésor que j'avais perdu. Main tenant plus calme je pense en effet, madame, que j'avais tort d'à buser du pouvoir que me donne la loi pour vous obliger vivre auprès» de moi.. Jeanne croyait rêver elle contemplait son mari avec ébahisse- ment. Par deux fois elle passa sa main sur son front, regarda autour d'elle, et ses yeux revinrent encore s'attacher avec stupéfaction snr M. de Bracciano, qui semblait profondément réfléchir. Jeanne ay«»it

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 1