EXTÉRIEUR. FRANCE. 3 Variétés. de siège les quatre provinces de la Galice, com posant le district soumis son commandement. Il ne paraît pas que le nouveau ministère comprenne la liberté de la presse autrement que celui qui l'a précédé. Il vient de publier une dépêche dans laquelle il engage les journaux s'abstenir de publier aucune nouvelle alarmante, faute de quoi il se verrait forcé de suspendre la circulation de ces journaux. L'Eco del Com- mercio a été saisi et ses rédacteurs ont été arrêtés. Un ordre du jour publié Barcelone promet son congé définitif et une gratification de trois onces d'or tout soldat qui dénoncerait ceux qui le pousseraient la révolte ou la désertion. Cette belle madame de K... qui a subi le supplice du Knout Varsovie, pour avoir, dit la Gazette, d'Âugsbourg, correspondu avec la propagande de Parisest Mme de Kalerdgila propre nièce de M. de Nesselrode. Ce n'est pas pour avoir correspondu avec la propagande de Paris que celte noble femme a subi cet ignoble supplice, c'est pour avoir facilité la fuite de M. le comte Dombrowski, le mari d'une de ses amies d'enfance. La comtesse Orloff, la tante du ministre, n'a été que fouettée pour avoir reçu chez elle des personnes mal pensantes; mais le dévouement l'amitié de M,ne de Kalerdgi méritait bien le knout. Si nous donnons les noms de ces nobles vic times, c'est pour montrer que le knout du czar peut frapper l'innocence, la grâce, la beauté, le dévouement, tout ce qui est respectable et sacré... ailleurs qu'en Russie. On sait que la noblesse en Russie est exempte de toute punition corporelle. Comment s'y prend l'autorité russe pour violer ce privilège Elle fait préalablement signer au patient noble une déclaration constatant qu'il n'a point été frappé; puis une trappe s'ouvrela moitié du corps y passe et le bourreau frappe en aveugle du fouet et du knout. Le Czar croit apparemmgnt que son knout déshonore! Mais ceux qui sont passés par les verges s'en vantent. La femme et l'enfant, lors qu'on les accuse de faiblesse, s'écrient avec orgueil El moi aussij'ai subi l'épreuve du knout. Un journal de New-York raconte le risible incident qui suit: Dans un nouveau mélodrame joué au théâtre de Chalham un fameux voleur est pris, jugé et décapité, et sa tête est exposée aux regards des assistants. On la place sur une table au milieu de la scène, et afin que l'expo sition semble naturelle, le corps du voleur est mis sous la table et son cou passe travers un trou pratiqué au centre. De sorte que le public paraît voir une tète d'homme sur la table au milieu d'une mare de sang. A la cinquième re présentation, un mauvais plaisant s'étant placé l'avant-scène des troisièmes logestrouva moyen de lancer sur la scène une forte quantité de poudre sternualoire au moment même où la tête paraissait sur la table. A l'instant même, la tête commença éternuer, au grand amuse ment du public, et, comme les éternûments ne pouvaient pas s'arrêter, on fut obligé de baisser la toile au milieu des éclats de rire et de la con fusion générale. Les nouvelles de l'Inde occupent aujour d'hui une partie des colonnes des journaux anglais. Elles contiennent les détails de l'arrivée de l'armée britannique Lahore, de l'entrevue du gouverneur général avec legrand visir Gho- 1 ab-Singh, et avec le jeune souverain du royaume de Lahore, Dhuleep-Singh, qui a dû se rendre dans le camp anglais, et faire amende honorable au gouverneur-général ce n'est qu'après cet acte de déférence et de soumission qu'on lui a rendu les honneurs royaux. Dhuleep-Singh a ratifié la convention qui a été signée la suite de la victoire de Sebraon et qui assure l'An gleterre la possession d'un territoire dont l'é tendue est de cinq cents mille carrés, peuplé d un million dames et dont le revenu annuel s'élève un million et demi de roupies. Le 22 février, les Anglais se sont emparés sans résis tance, de la citadelle de Lahore et ont conduit en grande pompe le jeune roi dans son palais. L'armée sikheest complètement dispersée et ne paraît plus inspirer la moindre inquiétude; aussi l'armée victorieuse devait quitter Lahore le 10 mars pour repasser le Sudledge. Un ordre du jour du gouverneur-général a annoncé aux trou pes qui ont fait cette brillante campagne qu'elles recevraient une gratification d'environ une an née de solde en récompense de leurs bons ser vices. 1 i On écrit de Paris, 21 avril La Cour des Pairs s'est assemblée hier une heure. L'appel nominal a constaté la présence de 222 pairs qui ont pris part l'arrêt, indé pendamment de quelques pairs, tels que M. le président Boyer, M. le lieutenant-général comte Reillequi ont cru devoir s'abstenir de suivre les débats cause de leurs infirmités; et M. le comte de Montalivet, dispensé parla Cour comme s'étant trouvé dans la voiluredu Roi quand Le- comte a tiré et qui a été entendu Fontaine bleau par M. le juge d'instruction. Dans les précédents procès, la Cour n'avait pas été aussi nombreuse. Les commissaires désignés par la Cour pour assister M. le chancelier, sont: MM. le duc De- cazes, le comte Portalis, Barthe, Franck-Carré, Girod (de l'Ain) et Mérilhou. Lecomte n'est arrivé qu'hier matin la Conciergerie dix heures. Depuis le moment où il est entré dans la prison de Fontainebleau jusqu'à hier soir, quelques instants avant de partir pour Paris, Lecomte avait refusé de pren dre aucune nourriture; il ne buvait que de l'eau. Ce n'est qu'au momenldu départ, et hier malin Melun, qu'il consenti manger. Il n'a point été interrogé par M. le chancelier et par les commissaires, mais on croit qu'il le sera aujourd'hui. Les travaux de la prison de Luxembourg poussés avec une grande activité ne sont pas encore achevés. Un mur commencé seulement avant-hier matin pour former la première en ceinte de la prison a été achevé hier dans la soirée. Avant la séance, M. le chancelier est allé avec M. le grand-référendaire et le colonel Pozac commandant du palais, visiter la prison. On ne pense pas que 1 accusé puisse y être transféré avant mercredi. Lecomte dans sa prison est gardé vue par deux surveillants qui ne le quittent pas un seul instant. Celte précaution est d'autant plus nécessaireque Lecomte est un homme d'un caractère sombre et énergique. A Fontainebleau quelques-unes de ses paroles avaient laissé sup poser qu'il regrettait de ne point échapper par une mort volontaire aux angoisses du jugement et aux conséquences de l'arrêt. Il est extrême ment taciturne. Son regard a quelque chose de fixe et d'égaré. Son teint terreuxson profil anguleuxses mouvements brusques, annon cent l'audace et la résolution. Un détail fort curieux nous est raconté sur ce qui se passa presqu'au moment même où Lecomte tira sur le roi. Le nommé Millet, qui précédait cheval la voiture du roi, vit Lecomte armé et visant au même instantpensant que M. De Montalivetqui courait en effet les plus grands dangers, allait ctre tuéil s'écria pres que involontairement avec effroi: «Ah! Mon sieur le comte! L'assassin crut ce cri être reconnu et nommé par Millet et en fut ému ainsi que de tous les petits contretemps inat tendus, qui sauvèrent si heureusement les jours de S. M. Paris,22 Avril. Le Journal des Débatsun moment ébranlé par le démenti que lui a donné le Messager des Chambresau sujet de ses prétendues révélations de Grenoble et de Lyona repris courage et persiste maintenant dans la même voie. Il ne veut pas absolument que l'attentat de Fontaine bleau soit un accidentet il se demande quel si grand intérêt ont certains journaux faire pas ser le crime de Lecomte pour un crime privé. Nous sommes convaincus qu'aucun parti po litique ne se trouve mêlé dans l'abominable guet-à-pens du 16 avril. Mais en supposant même que le gouvernement ait quelques soupçons, il nous semble que tout doit se réunir pour l'en gager les dissimuler jusqu'à ce que l'enquête judiciaire de la cour des pairs ait éclairé le fond de celle affaire. Il ne peut y avoir un intérêt électoral qui le pousse hasarder des hypothèses aussi graves que celles auxquelles se livre la feuille de M. Bertin. Depuis 6 ans, la France était tranquille. On commençait oublier Darmès et Quenisset et l'on se persuadait quejle renou vellement d'un crime du même genre était dé sormais impossible si la presse du gouverne ment s'était empressée de déclarer que tout faisait croire un crime privé, l'opinion publi que en détestant le coupable, n'y aurait vu au cun danger futur pour l'État, mais on a cherché lui enlever cette croyance, lui donner la crainte de nouvelles et incessantes conspirations contre l'Etat. Pour se donner cette arme devant les électeurs, on n'a pas craint de porter ainsi l'effroi au sein même de la famille royale de remettre tout en question dans le public et l'étranger. La chambre des députés de France a com mencé la discussion de la proposition de M. Damesmay, portant réduction de l'impôt sur le sel. La proposition a été appuyée par MM. de Golbéryet Talabot, comme moyen d'encourager l'industrie agricole et d'alléger les charges qui pèsent sur les classes pauvres. Il y avait encore hier soir grande réception aux Tuileries. On recevait également au minis tère des affaires étrangères, et lord Palmerston se trouvait parmi les convives de M. Guizot. C'est vendredi prochain qu'Ibrahim-Pacha arrive Paris. Il habitera le palais de l'Élysée-Bourbon, con jointement avec M. le prince et Mme la princesse de Salerne, père et mère de Mme la duchesse d'Aumale. Le pacha occupera le premier étage du vaste palais; et M. le prince et Mme la princesse de Salerne le rez-de-chaussée qu'habitèrent deux empereurs, Napoléon, dans les Cent Jours, et l'empereur don Pédro, en 1B42. La frégate vapeur TAlbatros est arrivée àToulon, venant d'Alger qu'elle avait quitté Ie3. M. le maréchal gouverneur est toujours Alger il a recommencé ses négociations avec le Maroc, par suite d'instructions venues de Parisj et il devra peut-être renoncer son voyage dans l'ouest. D'après les rapports publiés ce soir par le gouvernement, on avait peu près perdu la trace d'Abd-el-Kader. Police correctionnelle de Paris. Une philantrope. L'huissier appelle M™ Paulard etce nom, se présente une dame portant une robe vertej un cha peau vert, un châle vert, des gants verts... tout est vert chez elle... jusqu'aux verres de ses lunettes. A voir ses yeux pieusement levés au ciel, sa figure em- reinte de béatitude, on est étonné de trouver Mn* aulard sur les bancs de la police correctionnelle (7* chambre), comme prévenue de coups portés et d'in jures. Mlle Christine, une de ses voisines, se plaint pourtant de ce qu'elle lui a donné un soufflet, deux coups de poing et l'a appelée Dromadaire Le président la prévenue. Qu'avez-vous ré pondre pour vous justifier. Mrae Paulard. Je ne répondrai rien fi sinon que mon état me met l'abri d'une pareille calomnie. Le président. Vous vous dites portière, et il ne serait pas étonnant qu'une portière se livrât des voies de fait. Mme Paulard, indignée. Comment ce n'est pas un état! bienfaiirice de l'humanité Mais c'est le plus beau, le plus noble... Aussi faut voir comme on parle de la mère Paulard dans tout Chàtillon... C'est qui baisera la poussière de mes pauvres pieds. M. le président. Au fait. M"" Paulard, continue avec véhémence.Qu'est- ce qui racommode les jambes de semblables? c'est la

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Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 3