EXTÉRIEUR. FRANCE.
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NOUVELLES DIVERSES.
Il y a deux joursla salle de Williss servait
de théâtre une véritable solennité musicale
Tout ce que Londres compte d'artistes et d'a
mateurs distingués se pressait dans celte belle
enceinte pour venir applaudir la reine du piano.
Hier, celle salle ofFrait un autre spectacle non
moins animé, mais pas loulà faitaussigracieux,
elle servait de lieu de meeting une assemblée
agricole. Le parti protectionniste avait voulu en
faire le théâtre d'une manifestation imposante
contre le corn-bill. La réunion était très-nom
breuse, tellement nombreuse qu'il a fallu tenir
deux meetings séparés, l un au premier sous la
présidence du duc de Richmond. l'autre au rez-
de-chaussée, dans l'ancien manège, sous la pré
sidence du duc de Buckingham. Plus de deux
cents sociétés agricoles de divers comtés de l'An
gleterre se trouvaient représentés dans cette as
semblée où la fine fleur des fermiers et des grands
propriétaires terriens étaient réunis dans une
touchante confraternité. Au premier élage com
me au rez-de-chaussée on a prononcé un grand
nombre de discours dans lesquels Peel le trans
ses poches tout ce qu'il contient, allume un
cigare et sort tranquillement en fredonnant
l'air
Mon père avait un âne,
Un àne comme vous...
La pauvre femme, resta ainsi une bonne
brettesuivant l'expression boraine. clouée dans
sa cave, sans bouger d'une semelle.
Avis gratuit tous ceux qui seraient tentés
de faire l'essai de ce nouveau procédé.
(Gazelle de Mon*.)
On écrit d'Alost Jamais on n'a vu les campa
gnes si belles qu'elles se présentent maintenant, les
céréales en général promettent une récolle très-abon
dante et précoce; de mémoire d'homme ou ne se
rappelle pas avoir vu le colza tant chargé; la plante
des pommes de terre est vigoureuse et n'a pas une
ombre de la maladie qui l'a fait manquer l'année
dernière.
On lit dans le Handehblad
Notre correspondant de Bois-le-Duc nous
communique une nouvelle importante. On au
rait reçu dans celle ville, par voie extraordi
naire de Bruxelles, la nouveileque Y ultimatum
posé par le gouvernement des Pays-Bas relati
vement aux droits d'entrée et de sortie, a été
accepté conditionnellemenl par le gouvernement
belge, et que, par conséquent, les mesures de
représailles si nuisibles au commerce, seront
bientôt abolies par les deux pays.
Nous trouvons dans le Rotlerdumsche-courant
la nouvelle suivante.
Des avis de Saint-Pétersbourg mandent qu'un
grand nombre de barques, chargées de seigle et de
farine, ont été détruites par un incendie. La quan-
ti té énorme de 186,000 tsc'hetwert s céréales se trouve
perdue. On espère que ce malheur aura été beaucoup
exagéré sanscela il aurait de lâcheuses conséquences.
Le même journal ajoute en note que la nouvelle
se trouve confirmée par des lettres particulières
de Riga, en date du i5 mai.
On écrit de Londres, 21 mai
Les nouvelles commerciales de l'Inde sont
considérées comme peu satisfaisantes et ne
répondent pas aux heureux résultats que Ion
s'était promis aussitôt après 1 heureuse issue de
la dernière campagne. (Globe.)
Le Standard assure que le nombre des
membres de la Chambre haute qui se sont enga-
gésà voter contre le bill des céréales est déjà de
170 et que ce nombre s'élèvera 210 Le nom
bre de ceux sur l'appui desquels le ministère
peut compter pour voter en faveur du projet
ne serait, suivant le même journal, que de 156,
dont 10 membres du banc des évéques. Le
journal tory ajoute qu'il est loin d exagérer les
forces du parti protectionniste dans la Chambre
des Lords, et que d'ailleurs on sera bientôt fixé
d'une manière certaine sur le chiffre de ses for
ces. deux nobles lords, le comte de Malmesbury
et le comte dEglington, s'étant chargés d'en
faire le récensement.
On écrit de Londres, le 22 mai
fuge, et ses cenldouze renégats ont été fort peu
ménagés; puis on a adopté une foule de réso
lutions pour déclarer que les protectionnistes
sont plus attachés que jamais au système pro
tecteur. et pour engager la chambre des pairs,
par les considérations les plus pressantes, re
jeter le bill, objet de leur exécration. Ce mee
ting. en partie double, s'est terminé, comme
tous les meetings, par un vote de remercîments
pour le président, et. comme se terminent tous
les meetings protectionnistes, par trois grogne-
mens adresse de Peel.
Nous avons reçu ce malin une lettre de
Londres du 22 mai, et noire correspondant pa
raît concevoir quelque espérance que le minis
tère Peel obtiendra la majorité la chambre des
lords sur la 2e lecture du bill des céréales, il est
vrai que les journaux protectionnistes continuent
publier des statistiques pour prouver que leur
parti est en majorité, m lis il paraît qu'après
avoir fait le calcul des voix le ministère compte
sur une majorité de 10 15 voix environ on
craignait surtout le vole du banc des évéques
qui semblait devoir faire pencher la balance du
côté où ils se décideraient voter. Il paraît que
5 évéques seulement se sont'prononcés pour le
parti protectionniste.
En tous cassir Robert Peel est décidé ne
pas se retirer du ministère, dans !e cas où il
éprouverait un échec et poursuivre jusqu'au
bout |es conséquences de son système. Il userait
alors du droit qui lui est accordé d'ouvrir les
portsdela Grande-Bretagne l'importation des
céréales, afin d'éviter les catastrophes financières
et commerciales qui seraient le résultat inévi
table de 1 opposition de la chambre des lords.
A la chambre des communes, M. O'Con-
nell a demandé la prise en considération de la
iellie par laquelle M. Smith O'Brien déclare
protester contre son incarcération comme étant
illégale. Le député de Limerick se fonde sur ce
que, contrairement au règlement ou plutôt aux
usages de la chambre, le comité général qui est
chargé de former les comités spéciaux de che
mins de fer n'a pas été institué au commence
ment de la session actuelle. La motion de M.
O'Connell combattue par sir Robert Peel a été
rejetéeaprès une courte discussion par 180 voix
contre 36. La chambre a repris ensuite la dis
cussion sur le bill relatif au travail des femmes
et des enfants dans les mauufactuies.
On écrit de Madrid, 16 mai
Le cabinet s'est vu dans la nécessitéil y a
quelque temps, de réprimer de la part de quel
ques autorités, un excèsde zèle qui devenait com
promettant, car la répression de l'insurrection
de la Gallice commandait plus de modération.
Ainsi il y a deux ou trois jours des instructions
ontétéenvoyéesau capitaine-général Viilalonga,
avec 1 ordre de suspendre l'exil décrété contre
la comtesse de Mina, par le capitaine-géueral
de la Gallice.
Ou lildansle Neutral qu'un corps d'armée de
i5 20,000 hommes se réunit dans les environs de
Valladolid, et que le duc de Valence eu prendra le
commandement.
On écrit de Vienne, le 17 mai:
Le lieutenant-colonel Benedek. est, paraît-il,
le seul personnage dont la conduite dans les af
faires de Gallicie ail été entièrement approuvée
par le gouvernement, car il est le seul qui ait
été récompensé; sa nomination comme chevalier
de Léopold a été suivie de près par la promo
tion au grade de colonel. La réserve du gouverne
ment I égard desautresfonctionnairesgalliciens
peut donner lieu de supposer que leur conduite
a donné plus de fondement que le gouvernement
ne voudrait l'avouer, aux accusations de la presse
libérale. Gazette de Cologne).
On écrit de Cracovie:
Le prêtre Sciegenuy avait été condamné
mort pour avoir tan il y a deux ans et demi une
tentative de révolte Ivieiee au moment où 1 on
allait le pendre. On lui annonça.qu'il étailgiâ-
cié, mais condamné aux travaux forcés en Si
bérie. Les trois paysans qui ont arrêté Panlaléon
Pectocki prés de sieldce pendant son sommeil,
etquiavaientoblenu comme récompense l'Ordre
du Mérite ont été récemment trouvés pendus
dans la forêt avec leurs médailles sur la poi
trine.
Paris, 24 Mai.
La chambre des députés de France s'est
occupée samedi de la proposition relative aur
relais de poste. Après un assez long débat
l'ajournement a été prononcé.
La veille, la chambre avait terminé la discus
sion du budget de la justice et adopté la pro
position relative aux juges-de-paix. Les juges-
de-paix des villes où siègent des tribunaux de
première instance jouiront d'une augmentation
de traitement égale celle qu'ont obtenu les
membres de ces tribunaux. Mais la chambre,
dans sa justice, ne s'est pas arrêtée là; elle a
voulu donner aussi aux juges-de-paix des can
tons ruraux uue marque de son intérêt: sur la
proposition de M. Dessaigne, chaudement ap
puyée par lhonorable M. Odilon Barrot, une
somme de plus de 500,000francs a été ajoutée
au budget pour améliorer le traitement de ces
modestes et utiles magistrats de la campagne.
On dit que le comte de Saint-Leu a
adressé de Florence au roi une demande en
grâce pour son fils, le prince Louis Bonaparte,
détenu au château de Ham, et que cette de
mande est vivement appuyée par des personna
ges importants et notamment par le maréchal
îsoult.
On annonce que le roi a écrit de sa main une
lett re au maréchal Ougeaud pour l'engager retirer
sa démission des fonctions de gouverneur-général
de l'Algérie.
On lit dans un journal du soir, qu'il y
aura une promotion de pairs pour la fin de la
session. On cite parmi les députés devant être
nommés celte dignité, MM. Barbet, le maré
chal Bugeaud, Calmon directeur-général de l'en
registrement et des domaines, Chasles, le baron
de Chasseron, le comte Corundet, Debelleyme,
premier président du tribunal de première in
stance de la Seine, le baron Duprat, Gauthier
d Uzerche, Harlé, le général Jacqueminot, le
comte Emm. de Las Cases, le général comte de
Meynadier et Achille Vigier.
Landaisce dangereux forçat qui s'était
évadé de la prison de Pont-l'Évêque vient d'être
repris. \J Intérêt public raconte ainsi celte ar
restation
Le mardi, 19, Landais était entré dans la
maison de la veuve Taillebois, sur la route de
Paris, dueôtédu Merlerault; il avait déposé son
fusil sur la cheminée, et il venait d'envoyer le
fils de celte veuve, acheter pour lui Nonant
de la poudre et du gros plomb, disant qu'il vou
lait cette fois ne pas manquer un loup après
lequel il courait depuis le matin. Lemarchand
rencontra cet enfant; il lui demanda où il allait,
et il lui ditqu il était chargé d'acheter de la pou
dre et du gros plomb pour un monsieur qui
chassait dans la plaine et venait denlrer chez
sa mère. Lemarchand se rendit aussitôt la ca
serne de la gendarmerie de Nonant et prévint
les gendarmes de service. Deux d'entre eux par
tirent immédiatement, les nommés Bochet et
Jousseils pénétrèrent dans la maison de la
veuve Taillebois, un d'eux s'empara du fusil de
Landais qui était resté déposé sur la cheminée,
l'autre saisit ses deux bras qu il cachait sous sa
blouse. Ce fut alors qu'une lutte acharnée s'en
gagea pendant une demi-heure entre les deux
gendarmes et le voleur.
Landais se serait même probablement échappé
sans la présence d'esprit de la veuve Taillebois,.
qui parvint passer une grosse corde, avec un
nœud coulant, autour des jambes du brigand.
Les postillons et les domestiques de M. Vienne,
le maître de la posteaux chevaux, accoururent
bientôt, et on se rendit maître de Landais. Il a
passé la nuit Nonant, et il est parti pour Gacé,
sous bonne escorte, le mercredi matin, dirigé
sur Lisieux et Pout-lEvêque.
Tous les meubles de la maison de la pauvre
veuve ont été brisés dans la lutte.