Et pourquoise demande-t-on toutes ces
Taines clameurs?
Parceque l'esprit public s'est enfin réveillé
parceque les bons citoyens se sont unis,
dans le but d'enrayer la marche envahissante et
anti-libérale d'une caste qui veut nous opprimer;
parceque les vrais amis du pays ont pris
sous leur sauve-gardecette constitution sur
laquelleqosadversaires ont déjà marché pieds
joints; parceque des hommes qui ont tout
perdre, rien gagner au désordre ont jugé
urgent de mettre un frein celte ambition
celle soif insatiable du pouvoir qui tourmente
nos adversaireset qui peut amener dans la
suite des réactions déplorables.
Qu'on en soit bien convaincu cependant,
ni ceux qui se constituent les trompettes de ces
bruits alarmants ni ceux l'instigation des
quels ils se propagent, ne croient un mot de
ce qu'ils avancent, nous voulons bien ne pas
leur faire l'injure de lesupposer; mais que leur
importe eux? Tous les moyens ne doivent-ils
pas être bons pour des hommes que nous som
mes habitués depuis longtemps voir agir
comme s'ils s'étaient identifiés l'esprit du jé
suitisme, cette plaie sociale que nos pères étaient
parvenus cicatriser et que, pour le malheur
des peuples, notre siècle a vu se rouvrir.
Mais qu'ils en croient nos pressentiments, ce
n'est pas en cherchant égarer hypocritement
lin petit nombre de crédules, qu'ils parviendront
ressaisir ce pouvoir qui va leur échapper; la
nation n'est plus sous l'empire de l'illusion, elle
comprend parfaitement la nature et l'impor
tance du débat qu'elle est appelée juger en
dernier ressort, et elle le décidera, sans tenir
compte des efforts désespérés de ceux qui cher
chent aujourd hui, par des moyens réprouvés,
arrêter le cours de sa justice. Ceux qui sè
ment plaisir l'inquiétude la haine et la dis
corde ne recueilleront que la honte d'avoir fait
des dupes, s'ils ne font pis que cela.
Dans notre dernier n° nous avons oublié d'an
noncer que M. l'avocat Van Daele a été choisi
par ses collègues, pour président de l'adminis
tration des Hospices civils. Aux termes de la loi
du 16 vendémiaire an v, c'est la commission
elle-même qu'il appartient de désigner celui qui
doit la présider.
Nous avons appris que les plans du railway
d'Ypres sur Courlrai sont achevés et qu'ils ont
été envoyés Bruges pour être transmis au mi
nistère des travaux publics. Mais il paraît qu'un
léger changement dans la direction de cette
voie ferrée a été jugé nécessaire et que l'envoi
au département des travaux publics sera re
tardé de quelques jours.
La Société Guillaume Tell établie en cette
ville, procédera au tir au roi demain Dimanche,
Il le pourra d'autant plus sûrement, mon cousin, répliqua le
cardinal que Sa Majesté le roi connaît tous vos projets et les ap
prouve. J'ai même sa parole pour la vie et l'honneur de chacun de
nous, en cas de malencontre. Saint-André négocie en ce moment
avec le roi de Navarre. Philippe II promet de restituer la Navarre et
de donner la Sardaigne en échange. Antoine de Bourbon est ambi
tieux et le prince de Condé court grand risque de guerroyer contre
son frère. Déplus, le roi d Espagne vient d'envoyer cinq cents du
cats. Le saint-Père, malgré l'avidité de ses courtisans, nous favorise
ouvertement et nous donnera l'absolution appuyée par deux mille
lances... Aius;, messeigneurs, vous le voyez, tout a été prévu, même
l'impossible, la défaite. Nos ressources sont grandes en hommes et
en argent. Il ne nous reste qu'à savoir nous servir de nos forces.
Nous sommes de tous points supérieurs nos ennemis. Le moment
est des plus opportuns. La reine par ses tergiversations a semé le
doute et la division parmi les calvinistes. Antoine de Bourbon est
sans crédit auprès des religionnaires; Coligny a choqué toute la cour
et Catherine, vu particulier, par ses prétentions insolentes d'An-
deSot porte envie en secret tous les deux. M. le connétable ira avec
•(ca vieilles compagnies rappeler ceux de la Guyenne et de la
Saiulonge comment il sait étoufler la révolte. M. le duc, mon frère,
marchei a sui la Normandie pour arrêter l'Anglais et reprendre Rouen
aux hérétiques; Saint-André gardera le roi dans Paris; M. de Mout-
loo ramènera aussi ses tioupes vers Je Nord, en passant par les Ar-
dennes pour en chasser le Sanglier et le prendre ainsi entre deux
feux. De cette manière, attaquant sur quatre points, nous aurons,
messires, bon marché du triomphe momentané de f hérésie et des
méchancetés de madame Catherine.
Le plan est bon, dit le duc de Guise; mais l'exécution sera lon
gue. Qui gagne un jour peut perdre le lendemain. Finissons-en d'un
seul coup. Réunissons-nous au lieu de nous diviser, et présentons la
bataille. Il y a de bons endroits dans la Normandie pour mener une
armée, chevaucher son aise et s'escrimera son gré de l'arquebuse
«t de la lance... J'y serai, s'il vous plaît, messire.
Et moi aussi, dit le connétable*
Je réponde de M. de Montluc, dit l'évéque*
7 juin. Elle partira du Salon d'Apollon
trois heures de relevée, précédée de la musique
des Sapeurs-Pompiers, pour se rendre en
cortège au lieu du tir, en suivant la rue du
Mont de Piété, celle de Lille, la Grand'Place et
la rue de Dixmude.
O 'Ç-*
M. le baron Van Rode, lieutenant-colonel au
régiment d'élite, vient d'être désigné par arrêté
de M. le ministre de la guerre, en date du 29
mai dernier, pour prendre le commandement
du 4e régiment de ligne, en garnison Gand.
Aussitôt que cet arrêté a été connu, les officiers
du régiment d'élite se sont spontanément ren
dus en masse chez M. Van Rode, pour lui donner
des preuves de leur sympathies et pour lui ex
primer les regrets qu'ils éprouvent de le voir
quitter leur régiment, où il avait su acquérir
en bien peu de temps, par sa loyauté et ses bril
lantes qualités personnelles, l'estime et l'amitié
de ses chefsde ses collègues et de ses subor
donnés. Nous apprenons que le corps de musi
que lui a donné celle occasion, une brillante
sérénade. Observateur.
Le gouvernement a reçu hier au soir, par es
tafette, l'avis que les fêtes d inauguration étaient
définitivement fixées au dimanche 14juin, pour
Paris, Amiens et Lille.
C'est le 15 qu'auront lieu Bruxelles les fêles
ordonnées pour célébrer convenablement le
grand fait international, de la jonction de Paris
Bruxelles par un chemin de fer.
7,000 invitations vout être faites pour le bal
qui aura lieu la nouvelle gare de la station du
Nord.
Un banquet de 350 couverts sera le même
jour offert aux princes français, aux ministres
qui les accompagneront et aux personnages émi-
nenls qui feront partie du convoi d'honneur. 11
aura lieu la salle du G raud-Concert que déjà
l'on dispose dans ce but.
Après avoiraffirmé que le gouvernement n'a
vait pas des amendements présenter au projet
de loi de 1834 sur l'enseignement moyen, M. le
ministre de l'intérieur vient d'en soumettre
la section centrale une série qui forment en réa
lité un projet complet et tout nouveau, en vingt-
quatre articles.
C'est aujourd hui que celte présentation a eu
lieu; demain sans doute ces amendements se
ront publiés: mais voici, eu attendant ce qu'on
en rapporte
D'après les propositions ministériellesil y
aurait dix athéuécs de l'Etat (un dans chaque
chef-lieu de province et un Tournay
Les communes fourniraient les locaux et in
terviendraient pour un tiers dans les dépenses.
Le gouvernement s'entendrait avec l'autorité
religieuse pour obtenir son concours, et si ce
Nous y serons tous d'esprit, sinon de corps, s'écria le cardinal.
Pour moi, je dépouillt-rai volontiers, pour pareille fête, cette tobe
qui me gêne, et, a l'exemple de Gédéou, je frapperai du glaive l'im
pie Amalécile.
Cette sottie, dans le goût du jour, électrisa les assistanset fit peur
la duchesse.
Monseigneur s'écria-t-elle hors d'elle-même, les menaces et
la violence sont de fâcheux pré-sages dans la bouche d'un prêtre...
Mon oncle je vous tends responsable des malheurs que cela peut
attirer sur ma maison.
Chère enfant, dit M. de Montluc, s'approebant de Diane avec
sollicitude, calmez-vous, et songez que c'est la cause de la religion
que nous défendons. Dieu agrée tout ce qui est fait dans de si saintes
vues.
Monsieur de Montluc, interrompit le connétable, il faut avertir
promptemenl votre frère... Nous aurions besoin pour cela d un
homme sûr, courageux et habile. Mon petit cousin de Dcnneville
conviendrait peut-être. Qu'en pensez-vous, messire
A ces mots, la duchesse releva la tête avec un vif mouvement de
curiosité.
Je pense, répondit le cardinal, q«e votre seigneurie, ne lui en
déplaise n'est pas aussi parfaitement instruite des affaires de la
cour que de la science de la guerre. Le comte de Denneville a reçu
de Sa Majesté la reine, l'ordre de conduire au Havre une partie des
compagnies suisses nouvellement arrivées.
Oh mon Dieu murmura la duchesse en pâlissant.
La trahison daus ina maison! s'écria le connétable. Êtes-vous
bien assuré de ceci, monsieur le cardinal
On dit que le jeune corute possède toute le confiance de la rei
ne...
Depuis quand est-il parti
Depuis huit jours, messire.
A ces mots le front de la duohesse s'éclaircit; un sourire involon
taire passa sur ses lèvres. Son esprit incertain semblait flotter entre
deui sentiments contraires. Celte nouvelle, en eilèt, ajoutait l'es
poir qu'elle nourrissait, eu lui fournissant la preuve que le comte de
concours faisait défaut, l'enseignement delà
religion serait suspendu.
Ces athénées seraient administrés par l'Etat,
et les professeurs nommés par le roi.
Dans les villes où il n'y aurait pas un athénée
de l'État, l'administration communale pourrait
établir ou subsidier un collège. Le collège sub-
sidié prendrait le titre de collège adopté.
Les collèges communaux seraient librement
administrés parles communes. Celles-ci pour
raient s'entendre également avec l'autorité re
ligieuse mais sans pouvoir déléguer leurs droits.
Dans d'autres communes encore on pourrait
établir des écoles industrielles.
Le concours serait consacré par la nouvelle
loi. Il serait obligatoire pour les collèges com
munaux et subsidiés, facultatif pour les autres
établissements d'instruction moyenne.
Les collèges subsidiés seraient soumis l'in
spection^ l'approbation du budjet, au program
me des éludes déterminé par suite du concours.
Une commission centrale se réunirait tous les
ans Bruxelles sous la présidence du ministre
de l'intérieur.
Il y aurait un inspecteur général permanent
et deux inspecteurs temporaires.
Une caisse de pension et de retraite serait éta
blie pour les professeurs.
Tous les trois ans un rapport général serait
fait sur l'état de l'enseignement, et tous les ans
il serait rendu compte de I emploi du crédit al
loué.
Il semble donc que M. le ministre de l'in
térieur après être revenu sur sa première
détermination en communiquant ainsi des
amendemens qu'il refusait d'abord et prétendait
même ne pas exister, tend se rapprocher
beaucoup des propositions qui ont amené la
dislocation du ministère précédent et la retraite
de M. YandeWeyer.
Toutefoisnous ne voulons pas nous hâter
de porter un jugement sur le projet ministériel,
d'autant plus qu'il paraît renfermer des dispo
sitions qui ont besoin d'être modifiées, d'autres
qui réclament des explications catégoriques
pour qu'il n'y ait pas d'erreur dans le sens
leur donner. Indépendance
Par une étrange coïncidence, deux réunions
imposantes, travaillant chacune dans un sens
opposé, auront lieu dans le même moment en
Belgique; l'une avoue hautement son but et
travaillera au plein jour, l'autre s'est réunie
sous un prétexte très-respectable et travaillera
daus l'ombre. Nous voulons parler du Congrès
libéral qui doit s'ouvrir sous peu de jours
Bruxelles, et du Concile qui aura lien Liège
la même époque.
Les som mités ecclésiastiques de la France et de
la Belgique se rendront Liège, où tous les pays
catholiques seront représentés par des chargés
d'affaires dix-sept prélats y seront réunis. C'est
Denneville n'était point absent de Paris au moment où elle avait
reçu le gage précieux dun amour anonyme. D'un autre côté, la cer
titude que le jeune comte servait les intérêts de la reine et aspirait
devenir sou favori, détruisait tout 1 échafaudage de son beau rêve.
La jalousie entra dans l'âme de Diane. Cependant comme son amour
était grand, elle s'efforça de combattre ses soupçons. Sou cœur par
donnait tout bas en dépit des apparences.
En ce moment la porte de la salle s'ouvrit. Un homme parut sur
le seuil accompagué de plusieurs archers... C'était le maréchal de
Relz. La duchesse poussa un cri d'effroi Le duc de Guize et le con
nétable portèrent la main leur épée. Tous les spectateurs se regar
dèrent un moment en silence. Gondi lui-même paraissait étonné do
la présence de tant de personnages et un peu embarrassé du rôle
qu'il venait remplir devant eux.
Ceci, monseigneur, dit tout bas le cardinal de Lorraine au
connétable, sent bien la trahison. Vous vous en éclaircirez, si vous
pouvez, aveo le petit cousin.
Au nom du roi dit le maréchal de Retz s'avançant au mi
lieu de la salle avec une hésitation marquée. Puis ôtant sa toque de
velours noir ornée de pierreries et s approchant de la duchesse au
grand étouuement de tous les speclateuis il lui présenta un par
chemin scellé du sceau royal.
L'exil moi s'écria-t-elle stupéfaite. Sa majesté n'a pas de sujet
plus dévoué... Et de quoi suis-je doue accusée, messire
Je ne suis pas accoutumé, madame, de chercher comprendre
les ordres qui me sont donnés. Sa majesté, voulant aocorder ce qu'elle
doit votre sexe et sa justice, daigne vous octroyer deux heures
pour les préparatifs de votre départ.
Gondi salua profondément et fit un mouvement pour se retirer.
Puisque ceci n'est pas un jeu, dit Je duc de Guise en lui bar
rant le passage, il vous plaira peut-être de jouer d'un autre avec moi?
Je n'ai pas maille partir, messire, pour ce qui est des com
mandements de Sa Majesté.
En disant cela, Gondi s'éloigna avec ses archers.
[La 9uk$ au prochain