2 même ceux de sa propre consciencele chef de l'administration s'était abstenu de tout acte arbitraire, ou justiciable de l'opinion publique. 11 y aurait erreur, si vous aviez celte pensée, et je dois me hâter de vous en tirer, par le récit d'un fait tellement inqualifiable, que l'on est dans l'embarras de l'attribuer l'ignorance la plus inconvenable de la part de magistrats ap pelés surveiller l'exécution des lois, ou la sottise la mieux conditionnée. Mais quiconque connaît son terrain, comme vous, moi, et bien d'autres, n'hésitera pas d'admettre ces deux causes la fois, dans ce qui vient de se passer. Aprèsavoir indiqué la pensée incessante d'une domination exclusive et sans contrôle dans tous les actes de l'autorité, je vous ai informé du désir d'écarter des délibérations les hommes dont on redoutait le plus le sens droit et l'inflexibilité. On a voulu y procéder clandestinement, en fai sant éliminer, sous un prélexe faux et bien connu pour tel dans notre ville, mais qui pouvait tromper quelque distance, quand on s'en rap porte sans information au rapport d'un collège échevinalun membre du conseil communal capable de discuter la légalité d'une mesure ou sa convenance dans la localité. Ce moyen, qui en bonne règle, ne devait pas réussir, a procuré une réponse dont on a essayé de se prévaloir. Ce qui prouve, en passant, tout ce qu'il y a d'in convénient soustraire quelques communes, parce qu'elles sont un peu plus populeuses que d'autres, l'autorité du chef naturel, commis saire de district, portée de tout apprécier ce qui est sous ses yeux et de le bien juger, pour les placer sous la surveillance d'un gouverneur éloigné qui, faute de renseignements exacts peut être facilement induit en erreur. C'est ce qui est arrivé l'égard de M. l'avocat Vramboutdénoncé par la régence comme n'ayant plus sa résidence en cette ville, quoiqu'il ait en effet conservé son domicile légal et poli tique Poperingheoù la même régence lui a constamment adressé les lettres de convocation pour le conseil communal dont il fait partie. Je vous avais dit que l'on avait commencé par choisir le jour où l'avocatdevait restera Ypres, pour présenter au conseil les affaires dans les quelles on voulait éviter les observations de cet honorable conseiller. On avait essayé aussi de le dégoûter, en lui adressant des critiques ridi cules accompagnées de prétendus vers que l'as trologue de Liège n'aurait pas admis dans le moindre de ses aimanachs. Aujourdhui on avait espéré s'en débarrasser au moyen d'une représentation au gouverneur, dans laquelle on alléguait faussement le chan gement de domicile comme cause d'élimination du conseil. Comprenant trop tard que M. le gouverneur ne pouvait de son autorité privée, et sans le con cours de la députation permanente destituer ou rayer d'un conseil communal, un membre de ce conseil, le collège échevinal de Poperinghe n'a rien imaginé de mieux après deux mois d'at tente qued'engager bénévolement l'avocat Vram bout donner volontairement sa démission, en faisant un usage perfide de la réponse du gou verneur et la traduisant dans ce sens, que ce mi nistre d'étal informait le collège échevinal, que, conformément un des articles de la loi com munale, le dit Sr Vrambout ne devait plus faire partie du conseil communal de Poperinghe, at tendu que son domicile réel était Ypres. Une pareille communication ne pouvait ef frayer personne, et encore moins un homme qui, par état, possède la connaissance des lois. Elle n'a donc pu avoir le résultat dont peut-être se flattait le chef du collège échevinal. Mais ne sa vait-il pas que le prétexte était faux, et que rien n'était plus facile que de le lui prouver en face? Ne savait-il pas que les paroles citées de la let tre du gouverneur n'étaient pas moins inexactes? Tout pouvait donc être réfuté victorieusement. C'est ce qui a été fait avec beaucoup d'énergie et de sangfroid par la présence du conseiller Vrambout au conseil, où il adonné lecture d'un exposé rapide de l'affaire; montrant que le do cument sur lequel on prétendait s'appuyer, n'é tait qu'une réponse une véritable dénonciation qui remonte au 20 mars dernier, et dont il avait réclamé la communication. Que l invilalion se démettre lui-même de ses fonctions de conseiller était purement dérisoire et ne prouvait que l'in suffisance du document l'aide duquel on pré tendait l'expulser. Que loin de s'y soumettre, il rendait juge de la contestation et des procédés du collège échevinal, la députation permanente seule compétente dans cette matière. Qu'enfin, il protestait contre la légalité de ce qui aurait pu être décidé en son absence sur les objets d'in térêt communal, ou sur toute délibération rela tive des propositions présentées par l'autorité supérieure, depuis le 26 mars dernier, date de la réponse du gouverneur, et de la cessation des avertissements pour la tenue des conseils de la commune. Vous me demanderez sans doute ce qui aura été répondu une déclaration aussi accablante? Les conseillers communaux ont assuré qu'ils n'avaient eu aucune connaissance de la démar che faite au nom du collège échevinal, je veux bien le croire. Les membres de ce collège n'ont rien trouvé dire, car ils ignoraient les consé quences de ce qu ils avaient laissé faire. Quant au bourgmestre, il a balbutié une justification aussi incompréhensible qu'inadmissible. Voilà donc toute une régence accusée et convaincue en pleine séance, d'ignorance de la portée de ses actes ou de mauvaise foisans qu'il y ait moyen d'échapper ce dilemme terrassant Tel est le cercle éternel dans lequel nous tour nons depuis trop longtemps. On essaye sourde ment de se défai re des hommes capables d'ouvrir un bon avis, et de donner aux conseils de la commune une direction tendante faire dispa raître les nombreux abus qui se commettent dans l'administration des deniers publics ou dans tout autre objet d'intérêt général. On es saye d'effrayer les faibles et on veut faire suc comber les forts des menées souterraines. Tout moyen paraît bon pour arriver au but. Communiqué La commission administrative delà société de Y Alliance de Bruxelles vient d'adresser les cartes d'entrée au congrès libéral qui s'ouvrira Brux elles, dimanche prochain ceux des délégués dont les noms lui sont déjà parvenus. Quoique le projet de celle manifestation pa triotique ait été conçu dans son sein, l'Alliance déclare qu'elle n'a jamais songé exercer la moindre prépondérance dans ce congrès. Elle a seulement cru devoir prendre les dispositions suivantes L'assemblée fixera elle-même les objets et l'ordre de ses délibérations; aussi n'est-ce que dans le but de faciliter le règlement de ses tra vaux que nous avons pu dresser le projet sui vant d'ordre du jour qu'elle modifiera son gré: i° Discours d'ouverture. a0 Composition d'un bureau définitif. 3° Discussion d'un plan de confédération des libé raux Belges, proposé par la société de l'Alliance. 4° Délibération sur la question de savoir s'il doit être rédigé un programme pour l'opinion libérale, et, en cas de résolution affirmative, présentation et discussion de ce programme. 5° Discussion de toute proposition qui serait laite par les membres du congrès. L'assemblée libérale de Huy a délégué pour représenter l'arrondissement de Huy au Congrès libéral MM. Daulrebande aîné, industriel, ancien bourgmestre et ancien représentant; Hyacinthe Delloye, industriel et ancien conseiller commu nal Devaux-Thyrionéchevin de la ville de Huy: A. Thyry, nég ancien conseiller com munal; N. Grégoire, propriétaire et ancien bourgmestre d'Amyet Cl. Lambolle docteur en médecine et ancien bourgmestre de Bois-el- Borsu. Nous apprenons avec une vive satisfaction que M. le ministre des travaux publics vient de révoquer le refus qu'il avait fait d'accorder le transport gratuit par le chemin de fer aux so ciétés qui se rendent au grand festival de Cologne. Ce transport est décidément accordé. La société Kunstliefde de notre ville partira samedi pour concourir ce festival qui aura lieu les 14 et lo courant. Impde Bruges.) Aux termes de la loi, les conseils provinciaux se réuniront de plein droit pour leur session de celle année, le mardi 7 juillet. Ces assemblées auront s'occuper, celle fois-ci et en premier lieu, de la vérification des pouvoirs des mem bres élus le 23 mai pour le renouvellement de la moitié des conseils provinciaux. La société MéhuI qui doit se rendre aux fêtes de Cologne, vient de recevoir de son président d'honneur M. Yerhaegen aîné, membre de la chambre des représentantsune magnifique bannière en velours cramoisidoublé en satin blanc, avec franges et glands en or, etc., con fectionnée par le passementier Melolle. A cette occasion la société donnera ce soir, 9 heures, une sérénade M. Yerhaegen. accent national fort prononcé. Quand tu serais juif ou musulman, mon devoir est de te sauver. En disant cela, l'inconnu mit pied terre, se débarrassa de son manteau, coupa les brides de sa monture et, s'avançant résolument sur le bord de la berge, au risque de s'abîmer son tour, il lança l'extrémité delà courroie au pauvre naufragé, dont ce secours ines péré ranima les forces. En un instant il fut près de son libérateur. Fendant ce temps le cheval ainsi allégé avait atteint une langue de terre fleur d'eau où il aborda. Par saint Jérôme mon patron, je vous tiendrai bon compte des services que vous venez de me rendre. Comme il vous plaira, mes- sire reprit l'inconnu d'un ton indifférenttandis que l'Italien secouait ses habits trempés. Après quelques instants de silence pendant lesquels il examina ourieuscment 1 Italien et son costume: Vous êtes étranger lui dit-il, si j'en juge par votre accent, et au service de France, ce que je vois Bien plus encore, au ser vice personnel de Sa Majesté le roi Charles IX. Dicn veuille que cela vous porte bonheur et profit 1 Je l'espère... Par là morbleu 1 je suis comme une outre pleine et je sens courir sur mon dos un vent bien vif pour c« beau pays de* Espaguçs.,. —J'aperçois précisément, là-bas sur notre droite, une lumière qui nous promet pour cette nuit un abris dont vous avez plus besoin que moi. En même temps les deux voyageurs, en compagnie de leurs mon tures, s'acheminèrent pédestremeut travers champs dans la direc tion d'une maison isolée, au bord de la route qui conduit Tudela. C'était une auberge d'assez chétive apparence, dont lhôte les re çut avec un air d'embarras et de défiance que justifiaient suffisam ment l'heure de la nuit et leur tournure un peu suspecte. Pressés par la fatigue et par le sommeil, ils bornèrent leurs prétentions une fort maigre collation arrosée d'un verre de vindu pays et un grabat qu'ils trouvèrent fort dur et payèrent fort cher. Le lendemain, dès i'aubc du jour, les deux voyageurs se remirent en route pour Tudeladont ils n'étaient plus éloignés que d'une journée. Le plus jeune montait une mule du pays achetée la fron tière, afin d'arriver plus vite sa destination. 11 paraissait avoir vingt-cinq ans au plus. Son pourpoint et ses bauts-de-ebausses de couleur foncée étaient d'une étoffe commune. Les ligues fermes et pures de son visage, où régnait une pâleur habituelle, révélaient une certaine puissance de pensée et une grande énergie de volonté. Il s'exprimait en fiançais avec pureté. L'Italien, par la fierté de son maintien et la richesse de son costume, aurait passé plutôt pour son maître que pour son compagnon de route. Il parlait haut et prodi guait les jurements rais la mode par les jeunes débauchés de la cour. Il y avait tout la fois du fat et du matamore dans sa personne; ce qui produisait, avec l'air modeste du jeune inconnu, un contraste non moins frappant que celui qui résultait de la différence de leurs costumes. Comme il arrive souvent en pareil cas, le superbe cheval noir monté par le militaire piaffait et hennissait orgueilleusement, tandis que la mule du pauvre voyageur marchait humblement la tète baissée, en jetant de temps en temps un regard sournois sur le harnais brillant de son voisin. La matinée était belle; aucun nuage ne paraissait au ciel, et l'air, baigné des premières lueurs du jour, avait celte tiédeur voluptueuse et parfumée que l'on ne respire que dans les climats méridionaux. La route se déroulait au loin dans la vallée, fermée au couchant par la chaîne des Pyrénées; droite coulait l'Aragon, dont une ligne de vapeurs blanchâtres dessinait les sinuosités gauche s'étendaient des plaines immenses et desr champs de maïs. Les deux voyageurs suivaient chacun un côté du chemin, échangeant de temps en temps quelques paroles insignifiantes Le plus jeune paraissait fortement préoccupé et très-peu disposé s'engager dans une conversation suivie. (La suite au prochain n

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Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 2