INTERIEUR. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. JEUDI, 18 JUIN 1846. CONGRÈS LIBÉRAL. 6' ANNÉE. N° 534. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 21etjcbez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Yprèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Le Pro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Ypres. Le Pkogkès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quiuzp centimes par ligne. VIRES ACQMRIT ECNDO. YPRES, le 17 Juin. Le libéralisme Belge vient de poser un acte sans précédents dans nos annales historiques les délégués de nos cités se sont réunis dans la capitale du royaume, et ont enfin arrêté les bases d'une résistance puissante la réaction théocratique. Désormais nos amis politiques marcheront aux comices électoraux, guidés par la bannière sur laquelle sont inscrites les réformes que tous poursuivent de leurs vœux. Qu'ils unissent leurs volontésqu'ils combattent comme un seul homme, et s'ils ne réussissent pas dans une première lutte, la victoire ne leur sera pas éter nellement ingrate. Nos adversaires politiques avaient nourri jusqu'ici le vain espoir de voir des dissidences s'élever du sein même de la noble et patriotique assemblée dont Bruxelles a été le théâtre, mais loin que des symptômes de scission se soient manifestés, le Congrès a resserré les liens de fraternité qui doivent unir les membres appar tenant aux diverses fractions du libéralisme les deux nuances qui partageaient la cité Liégeoise sout venues y déposer leurs dissentiments sur l'autel de la patrie. Ainsi les rêves séducteurs de ceux qui comp taient exploiter nos divisions, ne doivent leur laisser que le regret de leur inanité même aussi, grand est leur dépit, et s'il fallait en don ner la preuve, nous n'aurions qu'à reproduire quelques-unes des ridicules déclamations que la presse du clergé jette en pâture ses lecteurs, nous n'aurions qu dévoiler les menées téné breuses de ses émissaires, pour jeter la défiance, le doute et la crainte au sein des populations. A entendre ces apôtres fervents de la légalité, la confédération libérale ne vise qu'au renver sement de l'ordre établi-, et, c'est alors que nous avons vu la réaction rétrograde frapper au cœur le pacte de 1830que nos adversaires osent nous tenir un tel langage c'est alors que nous nous associonspour empêcher qu'ils ne pla cent l'autel sur le trône, qu'ils nous jettent la tête les qualifications usées de francs-maçons, d'orangisles, de républicains Celle tactique est digne d'eux et de leur cause; elle va bien avec les messes qu'ils font célébrer ici, pour deman der au cief LA CONTINUATION DE LA PAIX en Belgique, tandis que nul ne songe troubler celle paix, hors ceux peut-être qui, force de persistance, dans leurs odieux desseins, peuvent exciter des mécontentements sérieux. Monsieur l'éditeur, Les prévisions du parti clérical sont déçues. Le Congrès a eu lieu et a fini ses opérations dimanche, quatre heures du soir. Je n'ai pas l'intention de vous donner un compte-rendu des travaux de celte assemblée, on pourra les voir détaillés au long dans les grands journaux et particulièrement dans {'Ob servateur. Ce sout mes remarques personnelles que je désire communiquer vos lecteurs et surtout j'ai l'intention de présenter un aperçu de la physiono mie de cette réunion aussi imposante par la qualité des personnes qui y ont assisté que remarquable par l'esprit d'ordre et d'union qui y a régné. A neuf heures les délégués de la Belgique entière, se dirigeaient vers l'hôtel de ville, et la salle gothique du palais de la commune de Bruxelles était pour ainsi dire trop petite, pour contenir toutes les per sonnes qui s'étaient empressées de prendre part cette manifesta tion con Ire les empiétements du parti- prêtre et les atteintes portées la constitution et ces lois qui offraient une certaine garantie l'opinion libérale. Là, le député de Lipge se mettait en relation avec les délégués des viilestTes Flandres, les libéraux d'Anvers serraient la main aux envoyés du Hainaut; de toute part on se rencontrait, on faisait connais sance, on communiquait ses idées sur la situation du pays et les progrès de l'opinion libérale dans les localités les plus éloignées du pays. La confraternité qui paraissait régner parmi les délégués de tant de communes, qui auparavant ne s'étaient jamais vus, fit dès le début bien augurer des résultats du Con grès libéral. Un même but animait toutes les notabilités qui avaient reçu mission de travailler en commun pour établir la meilleure organisation de l'opinion libé rale et l'esprit de conciliation dominait toutes les nuances du libéralisme. On sentait en effet, qu'en présence de l'ennemi commun, il fallait tâcher de réunir, sous une même bannière, tous les hommes qui croyaient ne pouvoir subir sans résistance, le régime qu'on voulait imposer au pays. Cela n'était possible que pour autant qu'on restât dans les limites de la plus stricte légalité, et que, dans les réformes opérer, on admît la plus sage modération. Le Congrès libéral a été fidèle cette ligne de con duite, et je crois pouvoir avancer hautement sans crainte d'aller trop loin, que le programme adopté par l'assemblée satisfait toutes les exigences. La réforme électorale était la question qui aurait pu soulever des dissidences entre les délégués; elle a été admise l'unanimité des trois cent vingt mem bres présents. Tous sentaient que la loi électorale était inique,d'un côté, en ce qu'elle laissait appro cher du scrutin des personnes n'offrant qu'une pré somption très-contestable de capacité, tandis qu'elle excluait de la liste électorale les capacités qui, ce pendant, sont jugées dignes de siéger au jury. D'un autre côté, malgré le manque d'indépendance qu'on rencontre dans une certaine catégorie d'électeurs, on nedevaitpas, au pointde vue des principes libéraux, leur enlever une position acquise d'autant plus qu'un gouvernement n'est jamais plus fort, que quand le plus grand nombre possible de citoyens a une actiou sur la direction des affaires du pays, par leur admission la qualité d'électeur. 11 est bien en tendu qu'il faut que le droit électoral ne soit conféré qu'aux citoyens qui offrent des garanties d'indépen dance et de lumières. C'est là ce que le parti clérical n'a point voulu, en votant la loi électorale actuelle, car pour lui, il n'admettait,comme l'a dit un mem bre du Congrès, que des serviteurs et non des élec teurs. Mais un résultat inespéré a été obtenu. La fusion de deux sociétés électorales a été opérée par les efforts de M. Roussel, conseiller provincial et profes seur de l'université libre, qui, après une chaleureuse allocution, est parvenu réconcilier les membres des comités des deux associations libérales. Double mé compte pour la presse cléricale elle avait compté sur une scission, c'est par une fusion qu'on lui a ré pondu. C'est un fait qui aura une haute portée poul ies futures élections générales Liège, et qui prouve que les sommités libérales ne sont pas si rebelles toute discipline qu'on veut bien le proclamer. Un vœu a été émis l'unanimité par les délégués de l'opinion libéralec'est celui de voir le clergé inférieur affranchi du despotisme des évêques. C'est un arbitraire insupportable quecelui qui pèse surles subordonnés des hauts prélats belges, et cependant les lois canoniques s'opposent ce que le desservant, ayant charge d'âmes, soit arbitrairement vexé par son évêque. Avant la révolution française il existait des garanties, qui empêchaient que les abus ne devinssent intolérables. L'opinion libérale n'a pas se mêler de la constitution intérieure du clergé, mais d'un autre coté les desservants sont citoyen# et ce titre, ils méritent qu'on les affranchisse de cette tyrannie que le haut clergé fait peser sur eux. Nous ne savons comment le ministère appréciera cette manifestation contre la marche du pouvoir en Belgique, mais nous pouvons nous féliciter haute ment, nous libéraux, de la manière dont les travaux du Congrès libéral se sont terminés. Un plan de con- Fcuiiletoii. Qa 02Si 2 221a HISTOIRE I)U XVIe SIECLE. IV. (Suite.) la fin, l'Italien, que ce mutisme obstiné contrariait, se rap procha insensiblement de son compagnon, et lui frappant familiè rement sur l'épaule Êles-yous ensorcelé ou amoureux caro amico lui dit-il. L'un et l'autre peut-être répondit l'inconnu en souriant car ces deux accidents se ressemblent et arrivent souvent de compagnie. A ce qu il me parait l'amour ne vous aurait pas traité favora blement Cette question indirecte resta sans réponse. J'en suis fâché vraiment, poursuivit l'Italien; mais cela ne m'é" tonne pas. "V oçs me paraissez homme prendre la chose au sérieux; tant pis pour vous, je vous en préviens, cela porte malheur... J'ai quelque expérience en ces matières. En parlant ainsi, 1 Italien caressait sa moustache d'un air de sa tisfaction. Nous autres gens de guerre Vous êtes habitué vaincre. C'est vrai les aventures viennent au-devant de nous et nous avons pour système de ne jamais reculer. Eu ce moment même... Quoi une expédition amoureuse en pays ennemi vous êtes hardi, en effet, seigneur cavalier. Eh eh I la conquête est périlleuse; mais l'honneur sera grand et le butin considérable... Un duohé, segnor, et une place la cour, ou bien une quantité de bons écus d'or rendre jaloux l'argentier du roi, et un grade élevé dans les hommes d'armes de Sa Majesté. De plus, et ceci vaut encore mieux, la protection de Madame la reine Catherine. En cet endroit l'attention du jeune homme parut s'éveiller. Mais vous ne parlez pas de la dame objet de votre poursuite Merveilleusement belle, dit-on; car, pour moi, je ne la connais pas. Mais cela n'importe guère... Vous réussirez, messire, je n'en doute pas vous possédez, je le vois, toutes les qualités que la fortune se plaît couronner. Cela fut dit d'un ton moitié railleur et moitié flatteur, dont l'Ita lien ne comprit que le sens qui lui était favorable. Pour ce qui est du succès, j'en suis tout juste aussi loin que nou3 le sommes maintenant de Tudela. Il n'y a plus entre lui et moi qu'une demi-journée de marche. Que dites-vous s'écria le jeune homme en faisant faire d'un coup d'éperon un saut en avant sa mule. L'Italien, sans paraître s'être aperçu de ce mouvement extraor dinaire, poursuivit avec cette hésitation étudiée qui appelle la curio sité -« M'est avis que l'histoire vous amuse, et que vous en apprendriez davantage avec plaisir... Au fait, vous avez bien l'air parfaitement étranger aux affaires de la oour, et je doute fort que vous soyez ja mais en position de me nuire par une indiscrétion. Cette réflexion peu flatteuse fut accompagnée d'un regard inso lent qui ne fut pas remarqué. Savez-vous que vous avez sauvé la vie un homme de quelque crédit Vous n'êtes pas sans avoir entendu parler de monseigneur de Gondi Le favori de la reine Serait-ce vous-même, messire Mais... peu près puisque c'est mon ami,... un véritable et digne ami qui a du cœur et de la mémoire uu ancien camarade avec lequel j'ai fait plus d'un bon tour une époque où il n'était pas... mais n'importe; il s'en souvient, et il a toujours eu recours moi dans les affaires délicates aussi mou cœur et mon bras ne lui ont jamais fait défaut. J'espère cependant que, poir cette fois-ri» mon esprit aura plus faire que mon épée. Tel que vous me voyez'

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 1