BEKMDMRM.
EXTÉRIEUR. France.
ANNONCES.
NOUVELLES DIVERSES.
Variétés.
peint par A. de Mersseman, de Bruges, peintre
de genre, demeurant Anvers,
Les travaux du chemin de fer de la Flandre-
Occidentale marchent bien. Les ingénieurs
promettent que l'inauguration de la section de
Bruges Thourout pourra être faite avant les
fêtes de septembre.
Le Messager de Gand annonce que M.
Delhougne est atteint d'une indisposition assez
grave, qui l'aurait obligé quitter Bruxelles
pour retourner Gand.
La police vient, dit-on, d'arrêter, Gand,
deux faux monnoyeurs, et a saisi tous les in
struments qui servaient cette fabrication.
La cour d'assises de la Flandre-Orientale
a condamné, dans son audience de samedi, le
nommé Louis Van Gansbeke, coupable d'homi
cide sur la veuve Foret, la peine de mort.
Un horrible malheur a eu lieu Breskens
(Flandre Zélandaise). Le 5 de ce mois, un brave
ouvrier, soulieu de sa vieille mère, de cinq en
fants en bas âge et de sa femme,, se rendit avec
celle-ci son travaillaissant ses enfants la
garde de sa mère. Pendant l'absence de cette
dernière, sortie pour chercher du laitle feu
prit la malheureuse chaumière, et fit des pro
grès si rapides qu'en peu d'instants elle devint
la proie de l'élément destructeur avec tout ce
qu'elle contenait. Quatre enfants périrent dans
les flammes. Le plus jeune fut retiré encore vi
vant du brasier mais malgré tous les secours,
il succomba. Qu'on se figure le désespoir des
parents infortunés, privés en quelques instants
de leurs enfants, de leur asile et de tout ce qu'ils
possédaient.
Le Journal des Débals paraît décidément
croire aujourdhui que la coalition formée
contre sir Robert Peell'occasion du bill de
l'Irlande, va triompher dans la chambre des
communes et que le ministère se retirera défi
nitivement du pouvoir. Cette opinion est du
reste générale en Angleterre. Maison ajoute que
sir Robert Peel, environné de tous côtés par les
difficultés de la situation et désespérant de pou
voir jamais en sortir a précipité lui-même la
question qui lui permettra de quitter honora
blement le pouvoir. D'un autre côté on peut voir
d'après le langage des journaux de lord John
Russell que le chef de l'opposition Whig ne se
sent pas assez fort pour recueillir l'héritage de
sir Robert Peel dans des circonstances aussi
graves et qu il commence redouter le fardeau
qu'il sera bientôt obligé d'accepter.
De quelque manière que les affaires s'arran
gent la suite eki vole sur le bill de coercition,
il paraît certain que le parlement sera dissous.
Par suite de la mort du Papele doyen
d'âge des souverains de l'Europeest Ernest-
Auguste roi du Hanovre, né le 5 juin 1771.
Le roi des Français, né le 5 octobre 1773, en
est le sous-doyen.
On écrit de Corte Corse), 29 mai: Une
haine profonde divisait depuis plusieurs années
les familles Franceschi et Lucianidu village
de Matra, arrondissement de Corte. Des menaces
de mort avaient été faites de part et d'autre,
mais comme chacun se gardait soigneusement
on n'avait pas eu déplorer de rencontre san
glante. Il ne fallait cependant qu'une étincelle
pour déterminer une catastrophe, et celte étin
celle ne larda pas briller. Une jeune fille du
village était courtisée par Ange-Michel Luciani,
Joseph-Marie Franceschi porta ses vues sur la
même personne; celte rivalité exalta au dernier
point la soif de vengeance qui brûlait le cœur
de Luciani, au point qu'il résolut de se débar
rasser de son ennemi au péril même de sa vie.
Vendredi dernier, Luciani ayant été pré
venu par un de ses adhérens que Franceschi
devait partir dans la nuit pour se rendre Corte,
se posta sur la route qu'il devait suivre et se
trouva bientôt face face avec son ennemi, qui,
sa vue, s'était armé d'un pistolet et d'un stylet.
Après avoir adressé Franceschi quelques pa
roles injurieuses il le provoqua un combat
singulier, et presque aussitôt il engagea lutter
par un coup de son stylet, auquel l'autre riposta
par un coup de pistolet qui lui fracassa le bras
gauche. Lecombatdevinlalors terrible: Luciani,
rendu furieux par la douleur et par la vue de
son sang, et doué d'ailleurs d'une force muscu
laire bien supérieure celle de Franceschi,
plongea neuf fois son arme dans la poitrine et
dans le ventre de celui-ci, qui bientôt tomba
mort ses pieds.
Après s'être assuré qu'il n'abandonnait
qu'un cadavre, Luciani, atteint lui-même outre
le coup de feu, de trois coups de stylet dans la
poitrine, parvint se traîner jusque dans la
maison d'un de ses amis, où bientôt la gendar
merie vint le garder vue sur le lit qu'il ne de
vait plus quitter.
Dans l'impossibilité, vu son état désespéré,
de le tranférer Corte, les magistrats se rendi
rent sur les lieux, et recueillirent de la bouche
du mourant les détails du combat qui avait
coûté la vie Franceschi, et auquel il allait suc
comber lui-même. Ses dernières paroles ont
témoigné de la satisfaction qu'il éprouvait de la
mort de son ennemi.
Paris, 13 Juin.
La chambre des députés a entendu hier un
discours remarquable de M. De Tocqueville sur
les affaires de l'Algérie. Cet orateur, ainsi que
la plupart de ceux qui l'ont remplacé la tri
bune, a complètement détruit l'échafaudage
optimiste construit la veille par le ministre de
la guerre. D'abord il a fait sentir combien la
direction générale des affaires de nos possessions
devait souffrir de la dissidence qui n'avait pas
cessé d'exister entre le maréchal Bugeaud et le
ministre de la guerre.
Il faut enfin donner de l'unité au gouverne
ment de l'Algérie, mais c'est là que s'élève la
grande difficulté et que personne jusqu'à pré
sent ne se trouve d'accord sur les moyens, M.
De Tocqueville voudrait que l'on créât un nou
veau ministère spécial pour l'Algérie, et une
partie des membres du cabinet seraient de cet
avis parceque ce serait une voix de plus dans le
conseil, mais une opinion qui paraît être haute
ment appuyées'estfaitjourparl'organedeM. de
Desmousseaux de Givré. Ce député veut que
l'on constitue en Algérie un fort pouvoir direc
teur. Nous croyons que son arrière-pensée se
reportait au plan de vice-royauté dont il a été
question depuis si longtemps et dont l'exécu
tion paraît loin d'être abandonnée; cependant
il est une autre opinion qui paraît avoir main
tenant de nombreux partisans la chambre,
c'est celle de la formation de l'Algérie en dépar
tements qui seraient assimilés au reste de la
France, sauf les exceptions nécessitées par les
particularités locales du sol Algérien.
Les chemins de fer en exploitation, en con
struction ou nouvellement concédés, présentent
un total de 1,909,300,000 fr. dépensés ou
dépenser. Si l'on ajoute cette somme les em
prunts qui pourront être faits par les diverses
compagnies nouvelles 1 exemple des anciennes,
on peut évaluer tvès-approximalivement deux
milliards la dépense totale des 5,700 kilomè
tres concédés. Ce qui représente en moyenne
350,000 fr. par kilomètre.
Le gouvernement aura ainsi obtenu l'exécu
tion de deux milliards de travaux avec une
avance de 400 millions environ dont partie
portant intérêt sera remboursée dans un délai
plus ou moins éloigné.
Dans 30 ans, l'état se rendra successivement
propriétaire des principales lignes (1,500 kilo
mètres sont concédés pour une durée de 2(1
38 ans, et 1,800 le sont pour une durée de 40
44 ans). En sorte qu'avant 50 ans, le domaine
public deviendra propriétaire de plus de la
moitié du réseau concédé, dont la moitié ne
saurait être alors d'une valeur moindre de 2
milliards, et dont le produit suffirait pour amor
tir la dette nationale dans un délai très-court.
Les scellés ont été levés aujourd'hui, dans
l'appartement occupé par Lecomte, rue du
Colysée, 3 bis. Tous les effets du régicide ont
été remis aux mains de sa sœur ainée, un peu
aux dépens de la maîtresse d'hôtel, laquelle,
dans la douleur amère que lui causait le sou
venir de l'attentat et du supplice, n'a pas eu le
courage de faire valoir ses droits. On assure que
le jour même de l'exécution, les héritiers
Lecomte se présentèrent son ancien domicile
et témoignèrent leur élonnement la vue des
scellés qui subsistaient encore.
Nouveau genre de quittance. Petronille
Fransbrooddief, est une femme du peuple, âgée d'en
viron une cinquantaine d'annéesd'une laideur
repoussante et côté de laquelle l'ogresse du Tapis-
franc, dans le* Mystères de Paris, paraîtrait une
Vénus.
Elle comparaissait avant-hier, mardi, devant le
tribunal correctionnel de Courtrai, prévenue d'avoir
dans le courant du mois de mai commis un vol de
deux painsfrançais dans la boutiqued'un boulanger
Menin, en brisant un carreau de vître. Sa tenue
n'était rien moins que respectueuse ou timide. Elle
semblait en promenant ses farouches regards autour
d'elle défier l'auditoire, les témoins, les gendarmes
et les juges.
Le président: Prévenue, asseyez-vous. Votre
nom? La prèoenue: Lequel? Le président:
Comment vous appelez-vous? Ça me regarde.
Le nom de votre père? Je n'en ai pas eu. J.e
nom de votre mère? Je ne le sais pas. Où.
demeurez-vous? En prison.
Le président ne pouvant obtenir d'autres réponses
ses questions empreintes d'une très-grande bien
veillance, car le délit de cette femme lui semblait
digne de pitié, dit l'huissier d'appeler les témoins.
Lorsque vint le tour de la boulangère, Petronille
la fixa de ses regards ardents tout le temps que dura
sa déposition qu'elle fit sans passion et de la ma
nière la plus simple. Elle déclara qu'entendant le
bruit d'un carreau qui se briseelle vit une main
passer travers Je carreau et prendre deux pains
français; qu'elle s'était mise aussitôt la poursuite
de la coupable l'avait arrêté et que des agents de
police survenus en ce moment s'en étaient emparés.
A ces motsla prévenue se leva,s'approche vivement
du témoin et lui porta de toutes ses forces un vi
goureux soufflet, qui certes eût suffi pour lui couper
la parole si sa déposition n'eût pas été finie. Après
cet exploit qui jeta la stupéfaction et la confusion
dans tout l'auditoire et émut jusqu'aux gendarmes,
ne s'entendant guère
trouver des soufflets au fond de cette affaire,
comme dit Petit-Jean dans la comédie des Plaideurs,
Pétronille se rassit tranquillement sur le banc de la
prévention.
Le président: Pourquoi frappez-vous cette femme?
La prévenue C'est pour sa quittance, Monsieur
le président c'est pour sa quittance.
Le président N'est-ce pas la vérité qu'elle dé
pose
La préoenue Certainement que c'est la vérité,
mais, comme m'a dit mon vicaire, on ne doit rien
faire pour rien en ce monde.
Le président: Pourquoi avez-vous commis ce vol?
La préoenue Parce que j'ai voulu le commettre.
Le ministère public dans son réquisitoire déclare
qu'à cause de l'exiguité du vol, il avait l'intention
d'invoquer l'indulgence du tribunal en faveur de la
prévenue, mais qu'en présence du scandale qu'elle
venait de commettre, le jugement ne pou vait être
assez sévère, et il demande le maximum de la peine.
Le tribunal ne lui a infligé que la peine d'un an
de prison et cette mégère a remercié les juges avant
de s'en aller, par un clignotement d'yeux des plus
aimables. Chronique de Courtrai.)
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