INTERIEUR.
6' ANNÉE. N° 538.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 2 JUILLET 1846.
Feuillcton.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
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YIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le lr Juillet.
La convention conclue entre le collège des
bourgmestre et échevins de Tournai et lordi-
nairedece diocèse, concernant l'athénée de celte
ville, est revenue sur le lapis. Au conseil com
munal, on paraissait d'accord pour laisser vider
celte question par la loi sur l'enseignement
moyen, dont la discussion paraissait prochaine,
quand l'évêque de Tournai, fidèle disciple de
l'église militante, a mis l'autorité communale
en demeure de décider avant le premier
août. Le style épistolaire de Monseigneur Gas
pard est un témoignage irrécusable du démon
de l'orgueil qui possède notre clergé, malgré
l'humilité apparente de ses paroles. Dans les
discussions du conseilM. Dumortierest venu
chanter les louanges de cet ordinaire si bien
veillant, si conciliant dans les négociations en-
lamées celte occasion et dont le résultat a été
une convention, qui enlève l'autorité commu
nale le droit qu'elle lient delà loi, au profit de
l'évêque, qui ne voit, par humilité sans doute,
dans la responsabilité que lui impose cet accord,
qu'un grave devoir de plus remplir.
Constatons le fait que le conseil communal a
voulu la modification de celte convention hon
teuse et qu'une autorité qui se respecte n'aurait
jamais dû accueillir. On tacherade négocier sur
de nouvelles bases avec l'ordinaire du diocèse
parce qu'on craint les menées du clergé contre
l'Athénée de Tournai et les entraves que les sour
des intrigues des jésuites ses concurrents, pour
raient susciter la prospérité de l'institution. A
notre avis, ce sont là des considérations très-
secondaires, ne pouvant excuser la ratification
d'une convention qui indirectement, change un
élablissememt laïque en petit séminaire. L'Athé
née de Tournai est une institution bien connue
et estimée, et l'inimitié du clergé pourra réduire
pendant un certain temps le nombre des élèves,
mais ne rendra jamais son existence impossible
ni difficile.
ocoqB*
Sir Robert Peel vient d'accomplir la réforme
économique la plus grave que l'Angleterre ait
subie depuis longtemps. Désormais le système
commercial de la nation la plus industrieuse du
monde est profondément changé. Le bill des
céréales a été définitivement adopté sans divi-
sion, par la chambre des lords ainsi que le bill
sur le tarif des douanes.
Mais celte mesure si importante n'a pu être
menée bonne fin, qu'au prix de l'existence du
ministère tory et de la retraite du premier
lord de la trésorerie, de sir Robert Peel lui-
même. Car en même temps que le bill des céréa
les était adopté par les lords, le bill de coercition
était rejeté la chambre des communes par
292 voix contre 219.
rranooi
Séance publique fixée au Mercredi, i" Juillet 1846.
ORDRE DU JOUR:
i* Communication de pièces.
20 Approuver le procès-verbal de location des
herbages croissant sur les bords des étangs de Dic-
kebusch et de Zillebeke.
5° Délibérer sur les dispositions prendre pour
célébrer la fête communale et voter la somme des
tinée en couvrir les frais.
Une exposition est ouverte Poperinghe
depuis un mois au profil du bureau de bien
faisance.
La commission est parvenue réunir un grand
nombre de dons, qui, par leur fraîcheur et
leur variété, offrent un coup d'œil charmant,
et présentent beaucoup d'attrait pour les acti
onnaires, qui pourront y "gagner des objets de
valeur et d'utilité réelle.
Nous y avons aussi examiné avec un véri
table plaisir, une belle collection de tableaux
anciens et modernes, parmi lesquels il s'en trouve
de grands maîtres.
Par arrêté royal en date du 26 juin est
nommé major dans l'infanterie Mr P.-J.-B-M.
Vanden Bogaerde, du régiment d'élite.
On nous assure que M. le major Vanden-
Bogaerde est désigné pour prendre le comman
dement du bataillon du 7me, qui vient de quitter
Nieuport.
Par arrêté royal en date du 28 juin, est
nommé chevalier de l'ordre de Léopold, M.
Joseph-Rodolphe Eisenloffeladjudant-major
au 8e régiment de ligne, pour ses anciens ser
vices ses campagnes, le zèle et le dévouement
dont il donne des preuves dans ses fonctions
d'adjudant-major.
Par arrêté royal du 24 Juin, sont replacésdans
la position d'activité, les sous-Iieutcnants du
génie Sloekman et Brialmonl, dont la mise en
non-activité avait, il y a quelques semaines,
fait une grande sensation.
Le conseil communal deTournay s'est occupé
samedi en séance publique, du rapport de la
commission sur la convention conclue entre le
collège échevinal et l'ordinaire diocésain, au
sujet de l'Athénée. Celle discussion, que l'on
croyait ajournée, puisque le conseil s'était, dans
sa dernière séance, rallié l'opinion de M.
Dumon-Dumorlierqu'il valait mieux attendre
la discussion de la loi sur l'enseignement moyen
dans les chambresa été provoquée par une
lettre que M. l évêque de Tournay a adressée
au conseil pour le mettre en demeure de se
prononcer avant le 1er août prochain.
Après la lecture de la missive de l'évêque,
M. le comte Lehon a demandé la parole et a
répondu aux diverses observations du prélat;
il a fait observer que les reproches que contenait
la lettre épiscopaiu ne lui étaient pas imputa
bles, puisque le rapport n'était pas son œuvre
exclusive, mais celle de la commission. Accusé
par l'évêque d'avoir dissimulé une partie de la
vérité, M. Lehon a expliqué que c'était par
réserve, par discrétion, qu il n'avait pas faitcon-
naître au conseil, les circonstances d'une con
férence particulière qu'il avait eue avec M. le
vicaire-général Decamps, et il ajoute que, puis
qu'on faisait allusion celte conférence, il allait
combler la lecture de son rapport; il a raconté
alors ce qui s était passé dans cette conférence,
et il en résulte que, quels que fussent les mo
tifs que 1 évêché donnerait pour s'opposer la
nomination d'un professeur, il faudrait que
l'administration communale s'y conformât.
Après avoir répondu aiosi la lettre de l'évê
que M. Lehon a donné lecture d'un contre-
rapport de la commission en réponse aux
observations du collège échevinal.
La perpétuité est dans le vœu des lois, néan
moins la loi du 24 ventôse, an XI, sous quelques
rapports n'est plus en harmonie avec les progrès
de la population et présente quelques inconvé
nients qn il importe de détruire. C'est pour
atteindre ce but qu'il est depuis longtemps
question de la modifier et que le gouvernement
a enfin usé de son droit d'initiative, en présen-
(Suite.)
Ma sincérité d'historien m'oblige faire un aveu, quelque effort
qu'il 1 n coûte mon amitié. Tout ce que je voyais et tout ce que
j'entendais me paraissait si nouveau, si étrange et pourtant si simple,
que j'avais complètement oublié Jadin Jadin avec lequel j'avais
jusqu'alors partagé eu frère mes plaisirs et mes peines, mes impres
sions douces et pénibles, ma bonne et ma mauvaise fortune Jadin
que j'avais laissé dans l'affreux bouge que vous savez, peu prè3 dans
la position d'Ugolin, plus Milord, moins les cadavres de ses enfants.
Oui, je l'avais oublié!
Mais je dois le dire aussi mon honneur, la seule idée du repas
je me souvins de mon ami, et, me penchant l'oreille du petit Sal-
vator, je lui dis voix basse J'ai mille grâces vous rendre pour
votre bonne hospitalité; je dois cependant vous déclarer que je n'ac
cepterai le dîner que vous m'offrez qu'à la condition que mon cama
rade aussi en profitera. Songez donc qu'il se morfond, un peu par
votre faute, dans cette horrible caverne où vous nous avez envoyés.
Il peut bien se passer d'admirer vos tableaux, puisque tel est votre
plaisir mais je ne puis pas sans crime et sans remords le laisser
mourir de faim là-bas, taudis que je nage ici daus l'abondance.
Soyez tranquille; je ne suis pas aussi méchant diable que j'en
ai l'air. Voire ami aura sa part du festin. Seulement, comme il s'est
un peu trop moqué de mes guenilles, on la lui servira la nobile
locanda del Sole, c'est ainsi qu'on nomme l'auberge de Sainte-
Agathe.
Et sans m'écouter, il tourna lestement sur ses talons.
Enfin, dit le vieillard eu respirant.il nous laisse un peu de
repos enez venez, siguor forestiere mes chefs-d'œuvre vous
attendent.
A vos ordres, signor pittore, lui repondis-je en m'inclinant.
Alors il poussa la porte par laquelle j'étais entré, écarta doucement
une vieille tapisserie qui masquait uue seconde porte intérieure,
celle que nous axions entendu fermer notre arrivée, tira une clé
de sa poche, ouviit cette seconde porte et me fit passer clans une pe
tite pièce d'une architecture sinipie et sévère, qui n'avait, pour tout
ameublement, que deux chaises et une armoire.
Ah ça mon cher bôte lui dis-je en m'asseyant sans façon,
mais c'est une véritable chapelle que vous tue inoutrez là, et je com
mence croire que vos tableaux pourraient bien être des reliques.
Vous me rappelez monsieur, toutes les persécutions que je me
suis attirées par ma persistance garder mes chefs-d'œuvre. On m'a
traite tanlot de fou, tantôt d égoïste, quelquefois de sorcier, quelque
aulre fois de saint. Tout cela je vous le répète parce que j'ai en
touré ces peintures d'une espèce de culte; parce que je n'ai jamais
pu me décider les vendre aux juifs ou les montrer aux sols. J'ai
vu passer les habitants de S ute-Agathe de la curiosité l'envie, et
de l'envie la superstition. Croiriez-vous qu'ils sont allés jusqu'à
prétendre que je devais leur prêter mes tableaux pour guérir les
hydropiques et pour exorciser les possédés. Un soir, il y a longtemps
de cela, la femme d'un de mes voisins était en mal d'enfant et souf
frait d'atroces douleurs. Quant cela, je la plains, la pauvre femme;
mais était-ce ma faute moisi elle ne pouvait pas accoucher
Eh bien ne voilà-t-il pas que ses parents et ses amis s'avisent de
venir nie demander uue de mes images! De mes images monsieur-
Et vous allez voir bientôt que daus mts tiois tableaux il u'/ipu
l'ombie d'un saint. C'est égal, il leur faisait un miracle. Je tius boa
au commencement mais le pays s'érueutait, on menaçait d'enfoncer
les portes et de mettre le feu la maison. Il n'y avait pas de temps