INTERIEUR.
6° ANNÉE. N° 540.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 9 JUILLET 1846.
M. l'évéque de Tournai vient d'adresser la
lettre suivante, M. Destrebecq. directeur de
l'athénée de celle ville
Feuilleton.
On s'abonne Ypres, Marché
au Beurre, 21et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
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Prix d'un numéro 0-25
LePro
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tion doit être adressé, franco,
l'éditeur du journal, Ypres.
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudidechaquesemaine.
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Quinze centimes par ligne.
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 8 Juillet.
Tournay, le 2 juillet 1846.
Monsieur l'abbé,
1> Parles résolutions adoptées dans les séances du
27 et du 29 juin dernier, Je conseil communal a
évidemment déchiré la convention du 3o mai ib45.
Comme les fondions qui vous ont été confiées
n'avaient d'autre base que l'accord intervenu entre
la régence et moi, cet accord ayant été annulé, votre
mission auprès de l'Athénée est terminée. Il ne vous
reste donc plus, Monsieur, qu'à vous tenir prêta
recevoir une destination nouvelle.
v Toutefois, comme un départ brusque pourrait
avoir de fâcheux inconvénients, entraver la marche
de l'établissement, et nuire celte jeunesse
laquelle vous aviez voué vos affections et votre solli
citude, je vous autoriserai le différer jusqu'à l'ex
piration du cours pourvu que voire position
l'Athénée puisse encore être honorable,c'est-à-dire,
pourvu que le libre exercice des attributions qui
vous avaient été assurées par l'article 4 continue de
vous être garanti.
Dans le cas où celte garantie viendrait vous
manquer, force vous serait d'abandonner immédia
tement Je poste. Inutile d'ajouter que la cessation de
vos fonctions entraîne celle des fonctions de M,
l'aumônier.
Telle est, Monsieur, la ligne de conduite que
les circonstances m'obligent, regret, vous tracer,
et que vous avez suivre. Veuillez en donner avis
qui de droit et réclamer une réponse dans Ja hui
taine.
Recevez, etc.
(Était signé),-j- G.-J. évèque de Tournay.
A Monsieur l'abbé Destrebecq, l'Athénée,
Tournay.
La même conduite a été tenue par l'ordinaire
de l'évêché de Bruges l'égard du collège com
munal de la ville d'Ypres. Nous avions un
aumônier dont tout le monde était satisfait,
paraît-il, l'exception de l'évêché; on l'a dé
placé sans motif valable. Quand la désignation
d'un autre ecclésiastique a été sollicitée par le
conseil communal, on a répondu par un refus
formel basé sur des prétextes dont la mauvaise
foi était évidente. Le conseil n'attendait aucu
nement abdiquer ses prérogatives pour les
déléguer l'évéque de Bruges. L'autorité com
munale a pris la résolution de se passer d'au
mônier pour le collège et de faire donner les
leçons de doctrine chrétienne par un professeur
laïque. La morale et la religion y sont aussi
bien pratiquées que dans d'autres institutions
et nous sommes convaincus, si l'autorité commu
nale de Tournai fait l'essai de se passer de l'in
tervention ecclésiastique pour l'enseignement
religieux (puisqu'elle ne peut l'obtenir des
conditions raisonnables), qu'elle éprouvera au
bout de peu de temps, que son athénée retrou
vera son ancienne splendeur, voilée au premier
moment par les intrigues de celle caste qui fait
dériver de l'évangile son droit au monopole de
{instruction.
Un vol d'une rare audace a étécommisà I hô-
lel de la Chalellenie au préjudice du garçon
de billard de la société de la Concorde et pendant
son absence. Le voleur est monté en plein jour
la chambre où couchent les garçons, a pris
le ciseau d'un menuisier qui travaillait la salle
et avec cet instrument, il a forcé la porte de la
chambre et lecoffre du garçon. Samedi dernier
on n'avait encore que des soupçons, mais de
puis, des indices certains ont fait croire que
l'auteur du méfait était un lancier, ex-ordon
nance d'un capitaine qui est logé l'hôtel. On
a trouvé chez sa maîtresse, le magot enlevé au
garçon de billard, il y manquait seulement une
trentaine de francs. 11 a été écroué immédiate
ment.
Nous avons parlé dans le temps des démêlés
qui ont eu lieu Zantvoorde entre le curé et le
clerc. Nous apprenonsa,ujourd'hui que le sacris
tain qui avait déjà perdu sa place l'église,
vient d'être destitué de ses fonctions d instituteur
de l'école communale. Le bourgmestre, fidèle
exécuteur des basses vengeances du curé, a fait
prendre celle décision sous prétexte que, n'étant
plus clerc, il ne pouvait vivre avec les appoin
tements de maître d'école de la commune.
Encore une victime de la rancune cléricale!
Depuis quelque temps, les verduriers se plai
gnaient d'être victimes d une multitude de petits
vols, qui se commettaient leur préjudice et
sans qu'on en ail pu saisir les auteurs. On croit
avoir arrêté aujourd'hui un de ces malfaiteurs,
le nommé Louis Moniez, ancien fraudeur. L'em
ployé de l'octroiVansleenkiste,découvrit.Moniez,
écorçant des petits pois, il lui demanda comment
il se les était procurés, l'autre lui répondit que
cela ne le regardait pas. Comme il n'a pu indi
quer comment il les avait obtenus, il a été arrêté.
La police a fait des recherches au domicile
de Moniezet a trouvé dans sa cave une quantité
d'objets qui devaient être le produit de sa cou
pable industrie.
Depuis quelques jours le bruit court en ville
que la statue de Simon Slévin ne sera pas
achevée pour l'époque fixée. Nous sommes
même d'affirmer que ce bruit est malheureuse
ment fondé.
Ce soir, le conseil communal se réunira pour
délibérer sur cet objet.
Nous espérons qu'en cette circonstance le con
seil communal agira rigoureusement l'égard
de M. Simonis. Il n'y a pas de doute que la
ville est autorisée résilier son engagement avec
ce dernier, qui, par son insouciance et sa cou
pable négligencecause notre ville un dom
mage très-considérable. Impartial de Bruget.)
Tînooo erm
Nous apprenons que la chambre des mises en
accusation a ordonné un supplément d instruc
tion dans l'affaire du lieutenant Set de
Mrae Bprévenus du crime d'empoison
nement. (Idem.)
SOCIÉTÉ DE CIIOEURS DE BRUGES.
CONCOURS DE CI1ANT D'ENSEMBLE DU 27 JUILLET 1846.
Vu le retard qu'a mis M. le ministre des tra
vaux publics prendre sa décision, concernant
la remise de 50 p. c. sur le transport par le
chemin de fer, en faveur des sociétés concur
rentes; la société de chœurs de Bruges porte
la connaissance de toutes les sociétés du roy
aume, que celles qui ont l'intention de prendre
part au concours, peuvent adresser leur de
mande d'inscription son secrétariat jusqu'au
11 juillet prochain.
Les sociétés inscrites jusqu'à ce jour, s'élèvent
au nombre de onze, savoir:
Six de première classe, une de seconde classe
et quatre de troisième classe.
(Suite et fin.)
Vraiment il s'écoutait lui-même avec tant de bonheur, qu'il eût
été dommage de troubler la joie de ce brave homme, moitié paysan,
moitié artiste de cette excellente nature amphibie si le lecteur
veut bien nous passer le mot. Je le priai donc d'aller toujours j et
c'est une justice lui rendre, il ne se le fit pas répéter deux fois.
Où en étions-nous donc restés, monsieur?
Le jeune homme était parti pour Rome afin d'y retrouver le
cavalier Lanfranco, et maître Rosalvo votre trisaïeul, je crois, avait
accepté l'esquisse que vous venez de me montrer.
Eh bien continua le vieillard pendant douze ans on n'en
tendit plus parler de Salvatoriello. Les paysans de Sainte-Agathe
retournèrent leurs travaux ordinaires, et personne ne songea plus
au jeune voyageur qui s était arrêté par un soir d'orage sous le toit
du bon Rosalvo.
Au bout de la douzième annee un jour, vers midi, par un écla
tant soleil de juillet, le village tout entier fut mis en émoi par l'ar-
rivee d'un étranger de la plus haute distinction. A voir le train qu'il
menait, on eût dit un prince du Saint-Empire ou un grand d'Es
pagne de première classe. Les postillons faisaient claquer leur fouet
comme s'ils eussent conduit le duc d'Arcos en personne. Une nom
breuse escorte d'cstafiers, de valets et de pages suivait ou précédait
la voiture attelée de six chevaux qui fumaient sous leurs harnais et
blanchissaient leurs mors d'une écume bouillante. L'étranger fit
arrêter son équipage devant la porte de Rosalvo, et, sans donner le
temps ses domestiques d'abattre le marchepied, il sauta légèremeut
terre. C'était un noble et brillant cavalier de trente-deux trente-
quatre ans, d'une beauté mâle et fière, d'une rare élégance. Ses traits
vivement accusés, ses yeux très»uoirs, sa peau très-brune, sa mousta
che fine et retroussée, le faisaient ressembler plutôt un Espagnol
qu'à un Napolitain, et plutôt un Arabe qu'à un Espagnol.
Il portait le plus beau costume qu'on puisse voir cape et pour
point richement brodés, toque médaillon d'or et plumes flottantes,
épée fourreau de velours, poignée de diamants. Tout cela était
d'un luxe écrasant, d'une magnificence inouïe. Tandis que le pauvre
Rosalvo, les cheveux tout blancs, le dos voûté par les années s'a
vançait lentement pour demander quel était l'émitient personnage
qui daignait s'arrêter devant sa porte, celui-ci le prévint, et, faisant
quelques pas sa rencontre, lui expliqua en peu de mots l'objet de
sa visite,
Je suis un amateur de tableaux, lui dit-il, un antiquaire for-
eenéj pour l'acquisition d'an chef-d'oeuvre qui manque A ma galerie.
pour l'achat d'un camée qui manque ma collection, je donnerais
la moitié de ma fortune. Souvent je descends de ma voiture, sou
vent je fais une demi-lieue pied pour fouiller les villes et les vil
lages, les châteaux et les chaumières, le palais du riche, et le taudis
du pauvrej car bien des fois j'ai découvert des meubles rares, des
armures de prix, des curiosités d'une grande valeur, là où je m'at
tendais le moins d'en trouver. Seigneur cavalier, répondit le pay-
sanjesuis désolé de la peine que vous avez prise en descendant chez
moi, mais vous ne trouverez rien ici qui soit digne de fixer votre
attention. Peut-être avez-vous quelque objet dont vous ignorez
l'importance Je ne le pense pas monseigneur. Voyons tou
jours, répliqua l'étranger.
Et saos atteudre d'autre réponse, il entra dans la pièce principale,
et se mit regarder attentivement de tous les côtés. Tout-à-ooup
ses yeux brillèrent, et il s écria d'une voix triomphante
Ëh bien que vous ai-je dit, mon brave homme Vous avez là
un petit tableau dont je m'arrangerai merveille. Ce tableau n'est
pas vendre, répondit sèchement le vieillard. Bien, bien, vous ne
savez pas que je suis un homme en douuer cinquante piastres, s'il
le faut. Je vous al ditseigneur cavalier que ce tableau n'était
pas vendre. Alors je doublerai la somme. C'est inutile. J«
la triplerai, Quand vous voudriez m'acheter oette esquisse au poids
de for, je ne la vendrais pas, monseigneur. Ah et qu'y a -1 -il dons