6e ANNÉE. - N° 545.
INTERIEUR.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
DIMANCHE, 26 JUILLET 1846-
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VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 25 Juillet.
Les négociations entamées avec l'évêque du
diocèse de Tournai, par le collège échevinal de
cette villen'ont pas eu une issue heureuse.
Quand la convention épiscopale a été désap
prouvée par le conseil communal, on se rappelle
que le collège avait accepté le mandat de conti
nuer les négociations sur de nouvelles bases
avec l'ordinaire du diocèse. Une nouvelle con
vention avait été conclue, mais comme elle était
peu près conçue dans les mêmes termes que
la première et que les exigences de l'épiscopat
étaient tout aussi exorbitantes le conseil com
munal n'avait pas voulu s'occuper de la nouvelle
rédaction de la convention primitive dans sa
séance de samedi passé. En conséquence. Mon"
sieur Gaspard Labize, évêque deTournai, vieiV"
d'ordonner au principal et l'aumônier de quit
ter l'athénée de celle ville, ce qui a eu lieu
mardi passé, après la messe.
Cesl là un curieux antécédent pour la dis
cussion de la loi sur l'enseignement moyen. Il
fait voir clairement que, non-seulement le clergé,
peu satisfait de diriger exclusivement ses innom
brables collèges et petits séminairesne veut
donner son concours pour l'enseignement de la
religion dans les institutions de l'état, qu'à charge
de réduire le gouvernement laïc au rôle de cais
sier. Ce dernier payera et n'aura rien voir quant
la surveillance de l'enseignement. L'évêque de
Tournai n'a agi dans cette occasion que par
suite de la coalition formée entre les prélats
belges pour forcer le pouvoir civil tous ses
dégrésd'acheter leur concours au prix de sa
propre dignité. Le conseil communal de Tour
nai l a compris ainsi et n'a pas voulu passer
sous les fourches caudines du clergé. Il a bien
fait et maintenantque la lutte, au lieu de sourde,
sera ouverte, que l'autorité communale de cette
ville, puisqu'elle ne l'a pas provoquée, l'accepte
avec fermeté et maintienne ses droits avec éner
gie. C'est le seul moyen de sortir avec honneur
de la guerre déloyale que le clergé a déclaré
au pouvoir civilen refusant son concours
l'athénée de Tournai.
Le 20 de ce mois, le nommé Verhellis, Joseph,
âgé de 74 ansné Rousbruggeest tombé
mort subitement, en coupant du grainsur le
territoire de celte commune.
TOMBOLA DE POPERINGHE.
2e ARTICLE.
Tous les moyens ont-ils été mis en usage
pour parvenir la réalisation de la plus grande
somme possible, par l'organisation d'une tom
bola Tel sera le sujet de nos premières inves
tigations.
La ville entière est unanimement au regret
de n'avoir pas pu offrir la présidence d'honneur
honorable et ancien magistratsous l'ad
ministration intelligente duquel tant d'utiles
améliorations ont eu lieu, au milieu de cir
constances quelquefois très-difficiles. C'était un
- acte de reconnaissance publique, qui n'eut été
■/dé savoué par personne, niais au contraire ap
prouvé de tous. La vice-présidence, véritable
présidence effective, d'après ce système, ne
pouvait être entre meilleures mains, qu'en cel
les où se trouve la direction actuelle de la
commission. Mais on aurait aimé voir dans
celle-ci plusieurs personnes que leur position
et leurs goûts particuliers désignaient comme
pouvant donner d'utiles conseils et d'autres
encore que de petites passions ont écartées sans
raisons légitimes. On a trop oublié ici, comme
en d'autres circonstances, que des ressentiments
puérils ne doivent jamais dominer, quand il
s'agit d'un intérêt commun.
Il y avait de la convenance ce que le clergé
de Poperinghe, qui fait tant pour les pauvres,
fut représenté par au moins deux de ses mem
bres dans une œuvre de cette charité miséri
cordieuse quïls exercent habituellement avec
tant de zèle et de générosité.
Celle erreur de jugement paraît provenir de
l'évidente confusion qui règue dans la distribu
tion des diverses fonctions attribuées aux mem
bres de la commission.
L'administration financière de la tombola est
la partie sérieuse de la chose. H fallait donc un
comité administratif dont le chef ne pouvait
être autre que celui de la commune, attendu
sa surveillance supérieure sur les établissements
des pauvres, dont il est le protecteur naturel.
Dans le comité auraient dû se trouver par le
même motif, d'abord l'un de MM. les ecclésias
tiques de la ville, ensuite, un administrateur
des hospiceset un notairepour remplir l'of
fice de trésorier. L'honorable conseiller com
munal, Mr Berten, père, ex-notaire, se trouvait
là parfaitement sa place.
Quant la partie moins grave, mais plus im
portante la réussite de l'opération celle du
décor et de l'arrangement des dons envoyés
la tombola, elle devait être confiée un comité
spécial dont la présidence convenait parfaite
ment au baron De Posch, mais dont la compo
sition devait comprendre au moins quatre
cinq membres.
Venait ensuite la commission générale qui
devait fournir les commissaires chargés de la
surveillance des salles de la tombola.
Dans cet ordre d'idées, chacun pouvait se
trouver convenablement placé. Mais on peut
voir par le programme, qu'il n'en est pas ainsi.
Il résulte de ce qui précède, qu'il y a défaut
d'ordre primitif dans l'organisation de la tom
bola, et que l'on s'est privé par un sentiment
que je ne qualifierai pasde ressources consi
dérables quidans tous les cas eussent aug
menté la recelte. Que sera-ce, si on ajoute qu'il
y a eu des individus qui n'ont pas même été
invités coopérer ce grand acte de bienfai
sance!... Un pareil oubli est incroyable, et je
n'aurais pas voulu l'admettre, si les preuves n'en
eussent élé données avec l'expression du regret
de s'être vu forcé de renoncer suivre des
exemples que l'on se serait empressé d'imiter.
Après ces observations sur lesquelles on ne
s'est arrêté que le moins possible, nous passe
rons dans un prochain article l'examen de
l'arrangement et#de l'ordre adopté pour l'expo
sition, et ici du moins la part des éloges l'em
portera heureusement sur celle de la critique.
La tuile Dimanche.)
SUITE DE LA CORRESPONDANCE RELAT.VE
A LA TOMBOLA DE POPERINGHE.
Votre réponse ma lettre, cher ami, m a fait
la fois peine et plaisir. J'y vois que vos souf
frances sont assez fortes pour vous retenir dans
voire appartement; ceci m'afflige et je ne me
console que par la pensée d'avoir apporté quel-
Feuilletoil.
B b A 2V S E a
I* (Suite*)
En ce moment un masque passa rapidement en glissant l'oreille
d'Hector ces paroles L'amour des reines est funeste il mène
1 a Grève ou la Seine.
C'est peine si le jeune homme entendit ces mots, tant son esprit
était occupé de ce que venait de lui dire la reine mais peu peu il
se calma certain d'être le jouet d'une plaisanterie fort excusable
dans un bal pareil,
- Mais rien ne vous empêche, dit-ilde me la montrer car elle
doit être au nombre de ces femmes masquées qui se croisent en tout
J'S.l
sens.
Et ne l'aurais-tu pas reconnue sous le masque, si ton amour
était tel que tu le dépeins? Aucun déguisement ne saurait en pareil
cas tromper le cœur. Cesse donc de la chercher ici,
Hector sentant la justesse de ce raisonnement n'avait pas la force
de répondre.
J'ai beaucoup entendu parler de celte personne, continua la
reine en reprenant le fil de ses accusations confidentielles j mais peut-
être l'a-t-on un peu calomniée. Oh si vous ne prenez plaisir
me torturer, dites-moi donc de grâce tout ce que vous en savez.—
Mais je n'eu sais lieu sinon qu'on l'a dit trop sensible et d'une
grande beauté toutes choses que tu dois savoir mieux que personne.
Quant moi je ne crois point sa beauté telle qu'oïl ne puisse trouver
ici des femmes dignes de lui être comparées. Vois combien il en est
de sédufcantes et dis si'Leur amabilité, leur grâce, leur esprit sont
dédaigner. Je t'engage faire un choix, Jamais 1 Et si une de
ces femmes si brillantes était tout coup saisie pour toi de cet amour,
ardent, impétueux qui lue quand il est dédaigné, aurais-tu donc la
cruauté de la laisser mourir? Si quelque princesse... si moi-même,
Isabeau de Bavière, reine de France, je brûlais pour toi de cet amour
serais-tu également iusensible, me repousserais-tu pour une femme
qui te méprise Mais encore une fois qui vous dit madame
qu'elle n'a pour moi que du mépris? Ah! tu es trop curieux
mais, tiens, n'en parlons plus, et suppose, si cela te fait plaisir, que
je n'ai dit tout ceci que pour éprouver ton amour. Tu rt.trouveras
Blanche, je n'en doute pas mais en attendant je te retiens mon
service tu feras partie de ma cour. Oh point de remerciments j
c'est une affaire convenue. Je vais donner des ordres cet égard.
Et maintenant, adieu, mou galant chevalier.
A ces mots Isabeau disparut ensouriaut. Au même instant une
main s'appuya sur l'épaule d'Hector, et ces paroles sinistres frappè
rent de nouveau son oreille L'amour des reines est fuueste il
mène la Grève ou la Seiue
Hector se retourna vivement. Le masque qui venait de lui parler
était déjà bien loin il demanda son nom un groupe de femmes
qui parlaient.
C'est messire Louis de Boisbourdou répondit l'une d'elles il
est sans doute jaloux du long entretien que la reine vient de t'ac-
corder. Prends garde.
Eucore un avertissement, se dit part lui lejeune homme stu
péfait mais que siguifie donc ceci.
Eu proie une poignante inquiétude, il s'éloignait ensuite de ce
bal où sa jeunesse et sa bonne mine lui avaient valu tant d'agaceries
delà part des dames tant de quolibets de la part des hommes. Il
alla chercher un peu de calme et de tranquillité dans le parc du
château. La lune pâle et arrondie jetait travers un léger voile de
nuages diaphanes, ses rayons mystérieux et discrets. Lejeune trou»
badour se promena le reste de la nuit sous une allée de petits arbres
toufTus eu rêvant tout ce qui lui était arrivé depuis qu'il avait
quitté le palais du duc de Bourgogue. 11 vit bien autour de lui quel
ques couples silencieux glisser comme des ombresmais personne
ne s'avisa de troubler ses méditations philosophiques et amoureuses.
La rencontre du marquis et l'absence de Blanche étaient pour lui
une énigme etil faut l'avouer, les réticences perfides d'Jsabeau
n'étaient pas de nature la lui faire deviner. Enfin ce bourdonne
ment iucessant et confus, mélange de voix joyeuses et des sons eni
vrants de la musique s'apaisa par degrés dans le château, et fit
place au silence. Les appartements étaient illuminés, mais on ne
voyait plus que quelques ombres rares S"e dessiner en silhouettes
fantastiqueset passer rapidement devant les fenêtres j la soirée
était terminée.