9 que distraction votre ennui. Par malheur je n'ai rien de bien divertissant vous présenter aujourd'hui car les anecdotes tomb"latives ne sont pas toutes aussi amusantes que celles de l'autre jour, qui maître Boileau eut donné l'immortalité par sa verve satyrique. Il faudra, s'il vous plailvous contenter de petites réflexions qui ont été faites entre ama teurs des convenances en général, et en parti culier de la dignité que l'homme public doit soigneusement garder, en certaines occasions. Êtait-il convenable que l'autorité qui avait pro voqué notre tombola, se mêlât ostensiblement des détails de celte entreprise, véritable joujoux de société, dont chacun a voulu prendre sa part de divertissement, tout en contribuant un acte de bienfaisance charitable? Le résultat sé rieux de la tombola se traduisant en espèces sonnantes, il est évident que l'autorité ne pou vait répudier la part de surveillance qui lui appartient. Mais pour faire convenablement les choses, il fallait un comité administratif spé cialet c'est précisément ce que l'on ne voit pas dans le programme. Quant au reste, il fallait posséder l'entente d'un pareil arrangement, ou bien s'en exclure prudemment, mais non se placer en seconde ligne. En pareil casla vice-présidence est pu rement nominale. Or, voilà ce qui ne cadre pas avec la dignité de l'autorité. On ne doit jamais oublier ce que l'on nous disait au collège Dans toute opération qui exige un chef, il faut savoir l'être ou s'éclipser momentanément. Aid Cœsarautnihii. C'est ce que nous pra tiquions la lettre, s'il vous en souvient, dans nos jeux d'enfance. Que voyons-nous, en effet, dans cesvillesflot- lantes qu'on appelle vaisseaux, tout n'y est-il pas soumis un chef qui vous mène d'un pôle l'au tre comme nous allons Bruxelles ou Liège? Transportons-nous en imagination dans un de ces audacieux navires. J'y remarque tout d'abord un homme qui marche tête levée, c'est le capi taine, le seul commandant qui le salut de tous est confié. II marche gravement sur le lillac; son regard expérimenté lui fait connaître en un clin d'œil, si tout est bien ou mal. Il a les bras derrière le dos, et laisse des subalternes l'exé cution de ses ordres. Survient tout-à-coup l'ennemi, une tempête, ou tout simplement une fête qui exige la présence du commandant. En pareille occurence, pensez-vous que celui-ci fera l'échange de son porte-voix de commandement contre le sifflet du contre maître? Assurément non, vous le savez comme moi? Il se gardera bien de rien faire de pareilSur ce, mon très-cher, guérissez-vous au plutôt; et, pour notre part, conservons chez nous tant que nous pourrons le porte-voix du commandant. Du 24 Juillet. PS. L'irritation et le dépit se trahissent tou jours par une impatience précipitée C'est ainsi qu'on a voulu donner dans le Propagateur du 22 juillet, un ignoble coup de boutoir l'article qui a été publié dans le Progrèssur la tombola de Poperinghe. A pro prement parler, ce n'était qu'une introduction mais comme elle a eu pas mal de succès parmi les lecteurs intelligents, on s'en est senti piqué. De là, un aveugle mouvement de colère a dicté les plates injures que termine un éloge amphi gourique dont nous ne dirons rien. Notre second article remuera peut-être un peu plus la bile de certaines gens, mais nous n'en poursuivrons pas moins la publication de nos observations arrêtées depuis plusieurs se maines; et nous aimons croire que le public de Poperinghe y reconnaîtra notre amour pour la vérité, et la sincérité des éloges qui ne sont point prodigués par lebesoin d'une justification vaniteuse. On nous écrit de Tournai, que M. le principal de l'athénée de Tournaiainsi que l'aumônier, ont quitté Mardi cet établissement, en vertu d'ordres reçus de levêché. Ainsi il est bien établi, que dans ce diocèse l'autorité cléricale s'oppose ce que l'instruction religieuse soit donnée la jeunesse par un prêtre, parce qu'un pouvoir anti-constitutionnel n'est pas concédé par la commune l'autorité épiscopale. Nous apprenons que les motifs de la décision de la députalion permanente, qui annulle la vente faite par le conseil communal de la par celle de terrain, située au faubourg de Tournai, sont, qu'il n'y avait pas lieu au conseil de dé clarer l'urgence de la proposition, et, qu'au fond, les intérêts de la ville y sont lézés. Nous applaudissons sincèrement au respect des principes et du vœu de la loi dont la dépu talion a fait preuve dans cette circonstance. Elle a sous la main l'occasion d'en donner une preuve nouvelleet nous sommes persuadés quelle ne la laissera pas échapper; cette auto rité sera conséquente avec elle-même. La déli bération du conseil communal de la dernière séance, qui dispose avec une générosité sans exemple du secours de 12.000 fr. reçu du gou vernement et en gratifie le bureau de bienfai sance inlra muros, pour couvrir ses déficits des années antérieures, pendant lesquelles cette administration a capitalisé des revenusa été également prise sans que l'ordre du jour en eût fait aucune mention et les intérêts de la ville y sont peut-être encore plus lézés, car, sans aucun doute, par cette disposition, c'est la ville qui se trouve directement chargée de la dette envers le gouvernement. Chronique de Courtrai.) i*B O tii On lit dans XIndépendance Nous apprenons l'instant l'arrivée Brux elles de M. Van Zuylen Van Nyevelt, attaché notre légation La Haye. Les dépêches dont, sans aucun doute, il était porteur, ont dû jeter quelques lumières sur l'état précis de la ques tion, et le ministère doit, par conséquent, être même de prendre un parti définitif quant la réunion des chambres ou la clôture de la session. D'un autre côté on nous assure que M. Mercier, venu Bruxelles vendredi, est re tourné le lendemain Mons, et qu'il y fait ses préparatifs pour se rendre de nouveau La Haye, non pour signer le traité paraphé, mais, dit-on, pour reprendre les négociations D'autre part, les journaux hollandais nous annoncent que le roi Guillaume vient encore de quitter La Haye pour une huitaine de jours, et des personnes même d'être assez bien infor mées assurent que son intention serait de faire traîner la négociation et la signature définitive du traité jusqu'à l'approche de la réunion or dinaire des étals-généraux, c'est-à-dire jusqu'au mois d'octobre. Nous ne pouvons rien affirmer cet égard mais nous n'en persistons pas moins soutenir que la position dans laquelle les chambres bel ges ont été placées, nepeutdurer plus longtemps sans compromettre au plus haut point leur dignité et celle du pays tout entier. Nous avons fait remarqueril y a quelques jours, que le furibond Nouvelliste, au bout de ses raisonnements, nous jetait la tête l'expres sion dont se servent les portefaix. Vous êtes un imbécile. Aujourd'hui le même journal, avec son exquise urbanité, commence ainsi un t .3 ses arliculets Vendredi soir, le roquet morveux de XImpartiala donné de la tête contre un des poteaux plantés sur le Grand Marché. Le pauvre hère, tout étourdi, etc. Nous le demandons tout homme de bon sens, esl-il possible de réfuter de tels argu ments Et cependant le Nouvelliste se prétend l'or gane du clergé et l'expression de la bonne so ciété de Bruges 'Journal des Flandres.) Avant-hier, vers sept heures et demie du soir, une jeune fille se rendant de la porte S'-Jean sa demeure au haut du faubourg de Tournai a été assaillie dans le sentier entre deux haies derrière le jardin de M. Hassaert, par deux mal faiteurs, qui l'ont entraînée dans le champ voisin planté de fèves, en menaçant de la poi gnarder, si elle jetait le moindrecri. La frayeur et le saisissement l'ont fait évanouir, et elle s'est retrouvée seule quand elle a repris ses sens. Tout porte croire qu'elle n'a pas été victime d'autres violences les bandits redoutant les suites de leur attentat en présence du corps inanimé de la jeune fille, se seront sauvés pré cipitamment. Rien ne lui a été enlevémais rentrée péniblement chez elle, elle s'est évanouie de nouveau et on a dû la mettre au lit. Chronique de Courtrai Longtemps après Hector était encore dans le jardin, frissonuant sous l'haleine d'une fraîche brise, mais toujours distrait. Deux va- 1 els qui le cherchaient, une torche la main, l'ayant rencontré, le conduisirent dans l'appartement qui lui était destiné, appartement magnifique, mais tout ce luxe ne put ni le toucher ni le faire dormir. Blanche avait seul le pouvoir d'occuper son esprit. Le lendemain la reine devait se rendre Paris accompagnée de tonte sa cour. Hector, dès le matin, reçut un habillement digne d'un page d'isabeau de Bavière il abandonna donc son modeste pour point de troubadour et ne put même se défendre d'un petit mou vement d'amour-propre en se voyant sous ses nouveaux habits; mais, disons-le sa louange, il pensait l'effet que sa vue devait produire sur Blanche. Cependant le cortège s'était organisé dans la cour d'honneur, La Teine s'avançait vers son palefroi, dont un écuyer retenait la bride, et Boisbourdon était là, attendant qu'elle lui tendit la main pour t'aider monter en selle, ainsi qu'elle avait coutume de faire. Excusez-moiseigneur, lui dit-elle, en montrant Hector; il faut initier ce jeune page la galanterie de la cour. Et, s'appuyant sur le bras d'Hector, elle s'élança, alerte et joyeuse, sur un superbe cheval blanc; mais cette préférence accordée en pré sence de tout le monde, et que la liberté du bal n'excusait plus, in diqua suffisamment aux courtisans que Boisbourdon n'occupait plus la première place dans l'affection de la reine. Le nouveau favori seul ne s'en aperçut pas il ne pensait toujours qu'à Blanche. Ah si je pouvais lui dire combien je l'aime murmura-t-il comme le cortège entrait dans la capitale. Ces paroles, qu'il avait laissé échapper sou insu, furent entendues d'isabeau. A qui donc voudriez-vous faire un si doux aveu lui demanda- t-el!e en laissant tomber sur lui un long regard tendre et passionné tout la fois. Il n'est au monde qu'une seule personne qui je puisse le faire, madame; et vous la connaissez. Sans doute; mais je pensais que voire cœur aurait pu s'adresser quelque autre fem me moins éloignée de vous, répliqua Isabeau en retenant un geste de dépit. Puis se tournant vers Boisbourdon qui chevauchait sa gauche Quel exemple danïbur conlinua-t-elle, imaginez-vous, mes- sire, que ce jeune page est séparé de sa maîtresse depuis plus de deux années et que sans savoir s il en est encore aimé, il ne se lasse pas de la chercher par tout le royaume. Et quel est l'objet d'un atta chement aussi constant? demanda Boisbourdon. Connaissez-vous Blanche de Hurtevent Eh, qui ne la connaît, mais;,. Boisbourdon ne put achever un geste significatif et impérieux d'isabeau lui imposa silence. Ces continuelles réticences, chaque fois qu'il s'agissait de Blanche torturaient 1 âme d'Hector. Je dois au moins la vérité reprit Boisbourdonde déclarer qu'un amour aussi parfait est bien inconnu votre cour, ma sou veraine Vous croyez messire Louis en jugeriez-vous d'après votre propre cœur Pas précisément, mais... «-Toujours des mais répliqua la reine, avec humeur en vérité vous êtes peu aimable au jourd'hui messire Louis, On touchait l'hôtel Saint-Paul un écuyer se détacha pour an noncer l'arrivée de la reine. Aussitôt deux hallebardiers ouvrirent les battants de la porte d'entrée et le cortège se répandit dans la cour. Mais Isabeau ses dames d'honneur les pages, les officiers les gens d'armes qui l'accompagnaient, tout disparut bientôt comme par enchantement et Hector se trouva seul avec Boisbourdon qui, voyant en lui un rival et craignant quelque mystification de la part de la reine, avait résolu de s'attacher ses pas. Soudain, sur le balcon d'une grosse tourelle qui flanquait l'angle méridional de l'hôtel, une jeune femme s'avance rêveuse et s'accoude sur les massifs balustres. Une légère robe blanche au corsage mon tant serre sa taille svelte, dessillant ses gracieux contours el flottant en plis larges, nombreux, transparents comme les draperies des sta tues antiques. Uue petite bourse de velours cramoisi, ornée de perles pendait sa ceinture, et un collier de pierreries étincelantes ornait son cou satiné ses beaux cheveux soigneusement nalés, serpen taient le long de ses joues puis, remontant par dessus les oreilles 1I3 allaient se réunir derrière au milieu d'un bouquet de perles et de fleurs. On ne pouvait rêver une femme plus belle. A cette délicieuse apparition, Guy demeura immobile comme fou droyé et bien que son cœur battit avec une violence extrême la pâleur livide qui couvrait son visage lui donnait l'aspect d'un ca davre. Son regard seul révélait encore la vie il brillait ardent et hagard, et possédait une action faseinatrice laquelle la jeune fem me ne put se soustraire. Après quelques tressaillements spasmodi-

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 2