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que distraction votre ennui. Par malheur je
n'ai rien de bien divertissant vous présenter
aujourd'hui car les anecdotes tomb"latives ne
sont pas toutes aussi amusantes que celles de
l'autre jour, qui maître Boileau eut donné
l'immortalité par sa verve satyrique.
Il faudra, s'il vous plailvous contenter de
petites réflexions qui ont été faites entre ama
teurs des convenances en général, et en parti
culier de la dignité que l'homme public doit
soigneusement garder, en certaines occasions.
Êtait-il convenable que l'autorité qui avait pro
voqué notre tombola, se mêlât ostensiblement
des détails de celte entreprise, véritable joujoux
de société, dont chacun a voulu prendre sa part
de divertissement, tout en contribuant un
acte de bienfaisance charitable? Le résultat sé
rieux de la tombola se traduisant en espèces
sonnantes, il est évident que l'autorité ne pou
vait répudier la part de surveillance qui lui
appartient. Mais pour faire convenablement les
choses, il fallait un comité administratif spé
cialet c'est précisément ce que l'on ne voit
pas dans le programme.
Quant au reste, il fallait posséder l'entente
d'un pareil arrangement, ou bien s'en exclure
prudemment, mais non se placer en seconde
ligne. En pareil casla vice-présidence est pu
rement nominale. Or, voilà ce qui ne cadre pas
avec la dignité de l'autorité. On ne doit jamais
oublier ce que l'on nous disait au collège
Dans toute opération qui exige un chef, il
faut savoir l'être ou s'éclipser momentanément.
Aid Cœsarautnihii. C'est ce que nous pra
tiquions la lettre, s'il vous en souvient, dans
nos jeux d'enfance.
Que voyons-nous, en effet, dans cesvillesflot-
lantes qu'on appelle vaisseaux, tout n'y est-il pas
soumis un chef qui vous mène d'un pôle l'au
tre comme nous allons Bruxelles ou Liège?
Transportons-nous en imagination dans un de
ces audacieux navires. J'y remarque tout d'abord
un homme qui marche tête levée, c'est le capi
taine, le seul commandant qui le salut de tous
est confié. II marche gravement sur le lillac;
son regard expérimenté lui fait connaître en un
clin d'œil, si tout est bien ou mal. Il a les bras
derrière le dos, et laisse des subalternes l'exé
cution de ses ordres. Survient tout-à-coup
l'ennemi, une tempête, ou tout simplement une
fête qui exige la présence du commandant. En
pareille occurence, pensez-vous que celui-ci fera
l'échange de son porte-voix de commandement
contre le sifflet du contre maître? Assurément
non, vous le savez comme moi? Il se gardera
bien de rien faire de pareilSur ce, mon
très-cher, guérissez-vous au plutôt; et, pour
notre part, conservons chez nous tant que nous
pourrons le porte-voix du commandant.
Du 24 Juillet.
PS. L'irritation et le dépit se trahissent tou
jours par une impatience précipitée
C'est ainsi qu'on a voulu donner dans le
Propagateur du 22 juillet, un ignoble coup de
boutoir l'article qui a été publié dans le
Progrèssur la tombola de Poperinghe. A pro
prement parler, ce n'était qu'une introduction
mais comme elle a eu pas mal de succès parmi
les lecteurs intelligents, on s'en est senti piqué. De
là, un aveugle mouvement de colère a dicté les
plates injures que termine un éloge amphi
gourique dont nous ne dirons rien.
Notre second article remuera peut-être un
peu plus la bile de certaines gens, mais nous
n'en poursuivrons pas moins la publication de
nos observations arrêtées depuis plusieurs se
maines; et nous aimons croire que le public
de Poperinghe y reconnaîtra notre amour pour
la vérité, et la sincérité des éloges qui ne sont
point prodigués par lebesoin d'une justification
vaniteuse.
On nous écrit de Tournai, que M. le principal
de l'athénée de Tournaiainsi que l'aumônier,
ont quitté Mardi cet établissement, en vertu
d'ordres reçus de levêché. Ainsi il est bien
établi, que dans ce diocèse l'autorité cléricale
s'oppose ce que l'instruction religieuse soit
donnée la jeunesse par un prêtre, parce qu'un
pouvoir anti-constitutionnel n'est pas concédé
par la commune l'autorité épiscopale.
Nous apprenons que les motifs de la décision
de la députalion permanente, qui annulle la
vente faite par le conseil communal de la par
celle de terrain, située au faubourg de Tournai,
sont, qu'il n'y avait pas lieu au conseil de dé
clarer l'urgence de la proposition, et, qu'au
fond, les intérêts de la ville y sont lézés.
Nous applaudissons sincèrement au respect
des principes et du vœu de la loi dont la dépu
talion a fait preuve dans cette circonstance.
Elle a sous la main l'occasion d'en donner une
preuve nouvelleet nous sommes persuadés
quelle ne la laissera pas échapper; cette auto
rité sera conséquente avec elle-même. La déli
bération du conseil communal de la dernière
séance, qui dispose avec une générosité sans
exemple du secours de 12.000 fr. reçu du gou
vernement et en gratifie le bureau de bienfai
sance inlra muros, pour couvrir ses déficits des
années antérieures, pendant lesquelles cette
administration a capitalisé des revenusa été
également prise sans que l'ordre du jour en eût
fait aucune mention et les intérêts de la ville
y sont peut-être encore plus lézés, car, sans
aucun doute, par cette disposition, c'est la ville
qui se trouve directement chargée de la dette
envers le gouvernement. Chronique de Courtrai.)
i*B O tii
On lit dans XIndépendance
Nous apprenons l'instant l'arrivée Brux
elles de M. Van Zuylen Van Nyevelt, attaché
notre légation La Haye. Les dépêches dont,
sans aucun doute, il était porteur, ont dû jeter
quelques lumières sur l'état précis de la ques
tion, et le ministère doit, par conséquent, être
même de prendre un parti définitif quant
la réunion des chambres ou la clôture de la
session. D'un autre côté on nous assure que
M. Mercier, venu Bruxelles vendredi, est re
tourné le lendemain Mons, et qu'il y fait ses
préparatifs pour se rendre de nouveau La
Haye, non pour signer le traité paraphé, mais,
dit-on, pour reprendre les négociations
D'autre part, les journaux hollandais nous
annoncent que le roi Guillaume vient encore de
quitter La Haye pour une huitaine de jours, et
des personnes même d'être assez bien infor
mées assurent que son intention serait de faire
traîner la négociation et la signature définitive
du traité jusqu'à l'approche de la réunion or
dinaire des étals-généraux, c'est-à-dire jusqu'au
mois d'octobre.
Nous ne pouvons rien affirmer cet égard
mais nous n'en persistons pas moins soutenir
que la position dans laquelle les chambres bel
ges ont été placées, nepeutdurer plus longtemps
sans compromettre au plus haut point leur
dignité et celle du pays tout entier.
Nous avons fait remarqueril y a quelques
jours, que le furibond Nouvelliste, au bout de
ses raisonnements, nous jetait la tête l'expres
sion dont se servent les portefaix. Vous êtes
un imbécile. Aujourd'hui le même journal,
avec son exquise urbanité, commence ainsi un
t .3 ses arliculets Vendredi soir, le roquet
morveux de XImpartiala donné de la tête
contre un des poteaux plantés sur le Grand
Marché. Le pauvre hère, tout étourdi, etc.
Nous le demandons tout homme de bon
sens, esl-il possible de réfuter de tels argu
ments
Et cependant le Nouvelliste se prétend l'or
gane du clergé et l'expression de la bonne so
ciété de Bruges 'Journal des Flandres.)
Avant-hier, vers sept heures et demie du soir,
une jeune fille se rendant de la porte S'-Jean
sa demeure au haut du faubourg de Tournai
a été assaillie dans le sentier entre deux haies
derrière le jardin de M. Hassaert, par deux mal
faiteurs, qui l'ont entraînée dans le champ
voisin planté de fèves, en menaçant de la poi
gnarder, si elle jetait le moindrecri. La frayeur
et le saisissement l'ont fait évanouir, et elle
s'est retrouvée seule quand elle a repris ses sens.
Tout porte croire qu'elle n'a pas été victime
d'autres violences les bandits redoutant les
suites de leur attentat en présence du corps
inanimé de la jeune fille, se seront sauvés pré
cipitamment. Rien ne lui a été enlevémais
rentrée péniblement chez elle, elle s'est évanouie
de nouveau et on a dû la mettre au lit.
Chronique de Courtrai
Longtemps après Hector était encore dans le jardin, frissonuant
sous l'haleine d'une fraîche brise, mais toujours distrait. Deux va-
1 els qui le cherchaient, une torche la main, l'ayant rencontré, le
conduisirent dans l'appartement qui lui était destiné, appartement
magnifique, mais tout ce luxe ne put ni le toucher ni le faire dormir.
Blanche avait seul le pouvoir d'occuper son esprit.
Le lendemain la reine devait se rendre Paris accompagnée de
tonte sa cour. Hector, dès le matin, reçut un habillement digne d'un
page d'isabeau de Bavière il abandonna donc son modeste pour
point de troubadour et ne put même se défendre d'un petit mou
vement d'amour-propre en se voyant sous ses nouveaux habits; mais,
disons-le sa louange, il pensait l'effet que sa vue devait produire
sur Blanche.
Cependant le cortège s'était organisé dans la cour d'honneur, La
Teine s'avançait vers son palefroi, dont un écuyer retenait la bride,
et Boisbourdon était là, attendant qu'elle lui tendit la main pour
t'aider monter en selle, ainsi qu'elle avait coutume de faire.
Excusez-moiseigneur, lui dit-elle, en montrant Hector; il
faut initier ce jeune page la galanterie de la cour.
Et, s'appuyant sur le bras d'Hector, elle s'élança, alerte et joyeuse,
sur un superbe cheval blanc; mais cette préférence accordée en pré
sence de tout le monde, et que la liberté du bal n'excusait plus, in
diqua suffisamment aux courtisans que Boisbourdon n'occupait plus
la première place dans l'affection de la reine. Le nouveau favori seul
ne s'en aperçut pas il ne pensait toujours qu'à Blanche.
Ah si je pouvais lui dire combien je l'aime murmura-t-il
comme le cortège entrait dans la capitale.
Ces paroles, qu'il avait laissé échapper sou insu, furent entendues
d'isabeau.
A qui donc voudriez-vous faire un si doux aveu lui demanda-
t-el!e en laissant tomber sur lui un long regard tendre et passionné
tout la fois. Il n'est au monde qu'une seule personne qui je
puisse le faire, madame; et vous la connaissez. Sans doute; mais
je pensais que voire cœur aurait pu s'adresser quelque autre fem
me moins éloignée de vous, répliqua Isabeau en retenant un geste
de dépit.
Puis se tournant vers Boisbourdon qui chevauchait sa gauche
Quel exemple danïbur conlinua-t-elle, imaginez-vous, mes-
sire, que ce jeune page est séparé de sa maîtresse depuis plus de deux
années et que sans savoir s il en est encore aimé, il ne se lasse pas
de la chercher par tout le royaume. Et quel est l'objet d'un atta
chement aussi constant? demanda Boisbourdon. Connaissez-vous
Blanche de Hurtevent Eh, qui ne la connaît, mais;,.
Boisbourdon ne put achever un geste significatif et impérieux
d'isabeau lui imposa silence.
Ces continuelles réticences, chaque fois qu'il s'agissait de Blanche
torturaient 1 âme d'Hector.
Je dois au moins la vérité reprit Boisbourdonde déclarer
qu'un amour aussi parfait est bien inconnu votre cour, ma sou
veraine Vous croyez messire Louis en jugeriez-vous d'après
votre propre cœur Pas précisément, mais... «-Toujours des mais
répliqua la reine, avec humeur en vérité vous êtes peu aimable au
jourd'hui messire Louis,
On touchait l'hôtel Saint-Paul un écuyer se détacha pour an
noncer l'arrivée de la reine. Aussitôt deux hallebardiers ouvrirent
les battants de la porte d'entrée et le cortège se répandit dans la
cour. Mais Isabeau ses dames d'honneur les pages, les officiers
les gens d'armes qui l'accompagnaient, tout disparut bientôt comme
par enchantement et Hector se trouva seul avec Boisbourdon qui,
voyant en lui un rival et craignant quelque mystification de la part
de la reine, avait résolu de s'attacher ses pas.
Soudain, sur le balcon d'une grosse tourelle qui flanquait l'angle
méridional de l'hôtel, une jeune femme s'avance rêveuse et s'accoude
sur les massifs balustres. Une légère robe blanche au corsage mon
tant serre sa taille svelte, dessillant ses gracieux contours el flottant
en plis larges, nombreux, transparents comme les draperies des sta
tues antiques. Uue petite bourse de velours cramoisi, ornée de perles
pendait sa ceinture, et un collier de pierreries étincelantes ornait
son cou satiné ses beaux cheveux soigneusement nalés, serpen
taient le long de ses joues puis, remontant par dessus les oreilles
1I3 allaient se réunir derrière au milieu d'un bouquet de perles et
de fleurs. On ne pouvait rêver une femme plus belle.
A cette délicieuse apparition, Guy demeura immobile comme fou
droyé et bien que son cœur battit avec une violence extrême la
pâleur livide qui couvrait son visage lui donnait l'aspect d'un ca
davre. Son regard seul révélait encore la vie il brillait ardent et
hagard, et possédait une action faseinatrice laquelle la jeune fem
me ne put se soustraire. Après quelques tressaillements spasmodi-