INTÉRIEUR.
6ft ANNÉE. N° 546.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 30 JUILLET 1846.
Feuilleton.
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YPRES, le 29 Juillet.
INAUGURATION DE LA STATUE DE SIMON STEVIN.
La ville de Bruges s'est réhabilitée. Jusqu'ici
peu de fêtes remarquables avaient été données
dans l'ancienne capitale des Flandres. Mais en
élevant un monument un de ses nombreux
enfants célèbres, et l'inaugurant, elle s'en est
acquittée de manière rappeler les fastueuses
fêtes des anciennes communes l'époque de
leur plus grande splendeur.
Nous sommes heureux d'apprendre que l'ab
sence de la statue en bronze, n'a, en aucune
façon, diminué le concours des étrangers, ni
l'effet des cérémonies qui devaient avoir lieu
pour son inauguration. La statue en plâtre
œuvre de deux jeunes artistes brugeois, est très-
bien et produit le meilleur effet. Si on ne pou
vait s'en convaincre matériellement, il serait
presqu'impossible de croire qu'un pareil projet
ait pu être mis exécution en aussi peu de
temps. L'inauguration a eu lieu dimanche passé
en présence des autorités civiles et militaires et
avec un cérémonial très-digne et très-bien or
donné. La journée a été terminée par un festival,
dans lequel la musique des sapeurs-pompiers
de la ville d'Ypres a ôbtëînfla médaiîte'de la plus
belle tenue. Lçs morceaux qu'elle a exécutés
oui fait le plus grand plaisir, et une médaille
commémorative lui a été décernée.
Le lundi et le mardi étaient fixés pour les
concours du tir l'arc et l'arbalète et celui des
sociétés de chant d'ensemble. La ville d'Ypres
figurait encore là avec avantage. La société
royale de S^Sébastien s'y était rendue avec
pompedéployant au cortège le magnifique
drapeau que S. A. R. le comte de Flandre, en
sa qualité de protecteur, lui a offert. Un contre
temps imprévu a empêché la société de la petite
arbalèle de Guillaume Tell, de prendre part aux
fêtes de Bruges, car les dispositions prises
ont dû être contremandées. La médaille de la
plus belle tenue pour les sociétés des villes a
été remportée par les archers de la ville d'Ypres.
A la salle de réunion s'est ouvert le lundi
soir, le concours pour les sociétés des Chœurs.
La ville d'Ypres y était représentée, et avec suc
cès. Un troisième prix a été décerné la So
ciété yproise, mais ce jugement du jury n'a pas
obtenu la sanction du public. Tous les assistants
étaient d'accord pour adjuger le second prix
la Société des Chœurs, d'Ypres, qui, forte des
sympathies du public, n'a pas voulu accepter
le prix décerné par le jury.
Les fêtes que la ville de Bruges vient de
donner dans une occasion extraordinaire, sont
magnifiques et attirent un nombre fabuleux
d'étrangers. Le mardi soir, la musique des
guides, sous la direction de M. Bender, a exécuté
divers morceaux d'harmonie avec une précision
qui ne saurait être surpassée. La cantate com
posée en l'honneur de Simon Stévin, par M. De
Busschop, a été exécutée pour la seconde fois,
au milieu de la Grande-Place ornée de celte
magnifique galerie qui, illuminée, donne cette
belle place de Bruges un aspect féérique.
La ville de Bruges peut s'en vanter, elle a
célébré l'inauguration de la statue de l'homme
qui l'a illustrée, avec un succès qu'il sera diffi
cile d'atteindre ou d'égaler.
nr-n^oopia—
Un certain nombre de chevaliers d'industrie,
grecs de métier, s'étaient donné rendez-vous
Bruges. Ils ont fait de nombreuses victimes; un
des archers de S'-Sébastien d'Ypres est de ce
nombre. On lui a volé sa montre en or cylin
dre et attachée une boutonnière du gilet par
une chaîne de même métal. Deux individus
qui paraissent avoir fait le coup, ont été arrêtés,
mais un troisième qui les accompagnait, était
parti dans la matinée pour Bruxelles.
MB r>Çj u L—LW
L'élection de Soignies n'a pas eu l'issue la
quelle on s'attendait généralement. Le triomphe
que le parti clérical vient d'y remporter est
cependant assez significatif, si on veut y réflé
chir. Dans cet arrondissement électoralla
grande propriété est très influente et avec le
concours du clergé, du gouvernement et de la
banque, M. Delannoy n'a obtenu que quarante
voix de plus que le candidat libéral M. Rous-
selle qui a obtenu 419 suffrages. De pareilles
luttes ne pourront qu'aguerrir le parti libéral,
mais elles sont désastreuses pour l'opinion clé
ricale.
On nous écrit de Dixmude
Un commencement d'incendie, qui aurait
pu avoir les suites les plus funestess'est dé
claré lundi, 27 de ce moisvers midi, dans la
demeure du nommé Coppens, boutiquier.
Le feu s'est déclaré dans la cheminée et avait
déjà gagné le toitlorsqu'au premier coup de
la cloche d'alarme, la gendarmerie et les pom
piers de la ville se sont trouvés sur le lieu. En un
clin d'œil, on vit le chef de la gendarmerie sur
le toit de la maison où était le feuet grâce
sa bravoure et l'activité des pompiers de la
ville, en moins d'une heure le feu était éteint.
On n'a aucun malheur déplorer. La perle est
évaluée 125 francs.
C'est déjà la deuxième fois, que ce brave chef
de gendarmerie, se distingue dans des sinistres
semblables.
Il obtint, il y a quelques années, par son in
trépidité, dans un incendie Warnêlon, trois
médailles. Espérons que les autorités de la ville
de Dixmude ne resteront pas en arrièreet
qu'ils tâcheront de faire recompenser tous ceux
qui se sont bravement conduits d'autant plus
que cet incendie s'étant déclaré dans le quartier
le plus populeux de la villeaurait pu amener
les plus grands malheurs.
Le conseil communal de Tournay s'est oc
cupé samedi de la discussion de la nouvelle
convention proposée par le collège échevinal
au sujet de l'athénée. Le nouvel art. 2 a été
adopté après un assez long débat mais avec
celle explication qui y sera jointe comme an
nexe, que cette phrase: L'évêque s'assurera
que les candidats présentés offrent toutes les
garanties morales et religieuses ne s'adresse
pas au conseil, qui conservera toujours sa li
berté d'action; que ce n'est qu'une obligation
que l'ordinaire diocésain prend vis-à-vis des
pères de famille.
Une modification a été aussi apportée l'art.
5, qui traite des attributions du principal. La
faculté de remettre provisoirement sa famille
un élève incorrigible ou dangereux, a été rem
placé par la disposition suivante de M. Dumon-
Dumortier
S'il se trouvait dans l'école un élève incor
rigible ou dangereuxle principal en donnera
avis ses parents avec prière de le retirer. S'il
n'est pas déféré cette demande, la commission
de surveillance prononce.
L'ensemble de la convention a été ensuite
adopté par 11 voix contre 6. Indépendance
Le tribunal a prononcé samedi un jugement
préparatoire dans l'affaire intentée par M. Guil-
laumot contre la société belge de colonisation
de Guatemala; les différentes causes pendantes
entre parties ont été déclarées, jointes, sans
celle qui a pour objet les réclamations charge
B1ANCÏÏE,
I.-« (Suite.)
Blanche, depuis qu'elle avait vu Hector souffrait horriblement.
Elle avait senti son amour pour lui se réveiller plus ardent que ja
mais et la certitude d'en être détestée méprisée, la désespérait.
Reconnaissant pour la première fois peut-être quel degré d'avilis
sement elle était tombée, elle versait des larmes de honte larmes
amères et brûlantes, et invoquait la mort comme l'unique remède
ses maux.
Elle était affaissée, triste et pensive, dans un large fauteuil, lors
que la reine entra sans s'être fait annoncer. L'aspect d'isabeau parut
la ranimer lui rendre quelque peu de sa fierté habituelle. Elle se
contenta de la saluer froidementsans lui demander seulement le
but de sa visite, laquelle elle était loin de s'attendre.
Mademoiselle lui dit la reine en venant droit au fait, on vous
dit le bon ange du roi vos soins votre amour passent pour avoir la
vertu de calmer sa folie c est donc vous qu'il appartient de veiller
ce que cet état de démence ne soit pas sigualé par des violences et
des exécutions iniques. Hier un jeune homme, pour pénétrer jus
qu'à vous a eu le malheur de tuer un officier du roi jeté dans un
cachot du Châtelet, il ne saurait tarder être la proie du bourreau.
Vtusne pouyezvous refuser demander sa grâce: vous le connaissez,
vous l'avez vu c'est le compagnon de votre enfance au château de
Hurtevent et actuellement un de mes pages.
Blanche qui ignorait tout cela apprenant quel danger menaçait
Hector, fut saisie d'une crainte mortelle et se sentit près de défaillir.
Mais Isabeau s'était exprimée sur un ton impératif et sardonique en
même temps elle avait parlé pour son page. Blanche était femme
dans toute l'acception du mot elle voyait devant elle une rivale
hautaine la parole dédaigneuse la jalousie la mordait au cœur.
Retrouvant une partie de son énergie, elle eut la force de se couvrir
d'un masque glacial, et de répondre en affectant la plus grande in
sensibilité.
Je plains beaucoup cet imprudent jeune homme; mais l'intérêt
que vous lui portez me rassure complètement sur son sort. Allez
dono trouver le roi vous-même nul n'a plus de chances que vous
d'en obtenir une grâce. Que pourrait-il refuser la reine. Dans tous
les cas je promets de vous appuyer. Vraiment j'aime vous voir
prendre ces airs de souveraine, répliqua Isabeau avec un sourire iro
nique et méprisant mais peut-être ne conviennent-ils pas tout
fait la maîtresse du roi. Demain, il est bon de vous le rappeler,
un caprice pourrait vous rejeter dans la fange d'où un caprice vous
a tirée. Vos sarcasmes madame et votre manière d'interpréter
mon dévoûmeDt pour votre malheureux époux, me touchent peu.
Je me contenterai de vous rappeler mon tour que je n'ai trahi au
cun devoirque je ne suis ni femme adultère ni mère dénaturée...
De mieux en mieux dit la reine eu se contenant peine. Vous
êtes belle d'impertinence et parlez morale ravir. Toutefois ap
prenez enoore que j'avais deux couronnes, et que si j'eu ai sacrifié
une, l'autre me reste tandis que vous pauvre demoisellevous
n'aviez que celle de l'honneur et de la vertu et vous l'avez foulée
aux pieds. Que vous resterait-il si vous étiez chassée d'ici la honte
et le mépris.
La frêle organisation de Blanche la rendait peu propre supporter
des scènes de cette nature. Se sentant épuisée par les efforts qu'elle
faisait pour Galmer son émotion, elle crut en finir en disant
Vous perdez un temps précieux madame. Le roi est dans sa
chambre rien ne vous empêche d'aller lui demander la grâce que
vous désirez d'obtenir. Je vous quitte en vous souhaitant... Non
non pas encore, s'écria Isabeau en jetant sur la faible Blanche un
regard qui la fit trembler. Vous ne m'échapperez pas ainsi. Deux
hommes bien armés gardent par mon ordre la porte de votre appar
tement, vous pouvez vous en assurer.
Et comme Blanche manifestait l'intention d'appeler son aide
C'est inutile ajouta la terrible reine tes cris malheureuse,
ne seraient entendus de personne. Mais, grand Dieu 1 vous m'ef
frayez. Quels sont donc vos desseins Que me voulez-vous Ce
que je veux. Blanche Assieds-toi là.... bien Voit-tu oe petit
flacon il contient un poison qui n'a jamais manqué son effetau
J"A et
madame. Je ne vous désire pas de malmoi je vous aime je vous
honore. Laissez-moi plutôt partir et je te promets de ne plus re
paraître la cour. Comme te voilà humble et soumise présent
Je conçois qu'il soit pénible de mourir ton âge mais je ne t'ac-