6e ANNÉE. - N° 549.
INTÉRIEUR.
DIMANCHE, 9 AOUT 1846
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
VILLE D1 YPRES. conseil communal.
Feuilleton.
On s'abonne Tpres, Marché
au Beurre, 21et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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LePro
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tion doit être adressé, franc»,
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che et le Jeudi de chaque semaine.
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Quiaze centimes par ligne.
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
VPRES, le S Août.
TRAITÉ de commerce avec la hollande.
Enfin il est publié officiellement cet acte di
plomatique si impatiemment attendu par une
partie du pays et dont la conclusion était re
doutée par l'autre. Nous n'avons pu encore faire
un examen approfondi des articles, mais une
première impression, les Flandres ne nous pa
raissent pas aussi maltraitées qu'on aurait pu le
craindre, d'après les antécédents du négociateur
qu'on avaitenvoyé la Haye. La diminution sur
le droit d'entrée actuel du bétail hollandais
n'est que d'un quart pour la catégorie des bêtes
grasses, et de moitié pour les bêles maigres 11
est remarquer, qu'il n'est pas question du
libre transit vers la France celte mesure eut été
ruineuse pour nos contrées. Quant la pèche,
il nous est impossible d'apprécier la portée des
concessions que les négociateurs belges ont con
senties; cependant nous avons lieu de croire
que cette industrie en souffrira, mais n'est pas
entièrement sacrifiée.
On vient d'ébruiter la nomination officielle
de M. le prince de Chimay au poste d'ambassa
deur Rome. On assure que ces fonctious ont
été acceptées par ce prince, tour tour diplo
mate, gouverneur de province et représentant,
et enfin de compte, jamais satisfait de la posi
tion qu'il occupe.
On assure que la qualité de Belge sera vive
ment contestée M. le comte Gustave De Lan-
noy l'élu de Soignies et chambellan du roi
Guillaumell, sans autorisation du roi des Belges.
La commisssion de la chambre, chargée de vé
rifier les pouvoirs de M. De Lannoy, se compose
de MM. VanCulsem, Matou, Huveners, Lesoin-
neLys, Sigart et Dumont. Elle a décidé par
quatre voix contre trois, que M. De Lannoy
comparaitra devant elle et sera tenu de s'ex
pliquer, sous la foi du serment, s'il est vrai que,
depuis 1839, il aurait exercé son office de cham
bellan près de S. M. Guillaume 11, roi de Hol
lande.
Du reste la majorité de la chambre couvrira
celte irrégularité, légère, en son sens, parce que
c'est un homme dévoué l'épiscopat par un
vote politique, et tout sera dit.
Nous avions dit dans notre dernier n°, que
la pluie s'était chargée de faire manquer le bal
champêtre de la société de la Concorde. La
commission ne s'est pas tenue pour satisfaite et
la fête a été remise jeudi. La société réunie
au jardin a manqué d éli e une seconde fois, vic
time de l'instabilité de la température. Quand
l'heure de la danse était arrivée, la pluie com
mença tomber lentement et fit croire une
répétition de la soirée de mardi. Mais on tînt
bon, le ciel s'éclaircit bientôt et une soirée
magnifique permit la société de la Concorde, de
jouir d'une des plus belles fêtes qu'on ait don
nées Ypres.
Mardi dernier, line dame s'est aperçue qu'on
avait essayé de lui couper sa bourse, pendant
qu'elle assistait une représentation de tours de
force dans une des barracjues établies sur la
Grand'Place. Elle fil immédiatement sa déclara
tion la police et peu de temps aprèscelui
quelle désigna pour avoir été sou voisin, fut
conduit la prison municipale.
"S- ff -f~
M. Duthoit, curé Houthem doyenné de
de Meuin, est nommé cure Warnêlon.
Séance publique fixée au mercredi 12 août i846,
7ieuf heuret du malin.
ORDRE nu JOUR.
i* Procéder au règlement des comptesde l'exercice
.845.
2° Aviser au moyen employer pour faire avec
fruit, les opérations du recensement.
3° Délibérer au sujet du règlement pour la percep
tion du droit de quai dont l'autorisation expire
le 1" décembre 1846.
4° Discuter sur la requête des marchands forains,
tendante obtenir réduction de la moitié des
droits payer pour localiondes places et planches.
#-figi n q ri
Le projet de convention qui a rencontré le
23 Juillet une majorité au sein du conseil com
munal de Tournay allait, certes, fort loin dans
ses concessions I autorité épiscopale, il allait
surtout beaucoup plus loin que n'ira la loi qui
réglementera d'une manière définitive l'ensei
gnement moyen donné aux frais de l'état on
devait donc supposer que M. 1 évèque de Tour
nai s'empresserait d'accepter celte convention.
Eh bien on avait encore trop présumé de lui:
le retrait du principal et de l'aumônier ayant
effrayé quelques membres du conseil et le#
ayant déterminés consentir au sacrifice d'une
partie de leurs droits, le chef du diocèse a
pensé que l'intimidation continuerait lui faire
obtenir ce qui lui était refusé par une libre dis
cussion. Il a donc repoussé le projet de con
vention adopté; il étend la somme de ses exi
gences. il veut que le conseil modifie et rejette
implicitement la disposition adoptée sur la pro
position de M. Dumon-Dumortier. tendant
soumettre le renvoi d'un élève l'avis de la
commission de surveillance, après qu'une invi
tation adressée aux parents par le principal aura
été inutile.
Les généraux et les officiers supérieurs qui
commanderont les troupes Beverloo, sont:
M. le général-major Chazal. qui commandera
en chef les troupes campées. Il aura pour chef
d'état-major M. le colonel Trumper, du corps
d'état-major.
MM. les généraux-majors Greindl et Capiau-
mont y commanderont les brigades d'infanterie;
la brigade de la cavalerie sera sous les ordres
de M. le colonel Duroy, du Ier régiment de
lanciers.
On sait que le régiment d élite avait été pri
mitivement désigné pour se rendre au camp de
Beverloo celle année. Le molifassigné au chan
gement d'ordre intervenu depuis, est qu'une
grande partie des grenadiers de ce corps ne
sont pas encore munis de leur colbackce qui
ferait disparate dans les manœuvres d'ensemble.
Le 12° de ligne remplacera ce régiinentau camp.
Des faits graves se passent en ce moment
dans le corps d officiers de la marine royala
belge.
D'après ce qu'on rapportait en bourse, les
officiers qui devaient s'embarquer bord de
l Emmanuel, dont le départ pour les Indes est
fixé au 20 courant, ont adressé au ministre une
requête pour être dispensés de servir sous I»
chef qu'on leur a donné.
D un autre côté, un officier du Macassar
arrivé il y a trois jours, aurait demandé de pas
ser le conseil de guerre, afin de pouvoir faire
connaître la conduite de son commandant
son égard. On nous assure qu'un autre officier
de marine du Macassar est devenu fou par suite
STOUTOKIa
I.
Do 180(5 1814, une certaine terreur justifiée par plusieurs
catastrophes s'était attachée toute la partie moutueu.se du dépar
tement du Var qui s étend de Fréjus Cannes.
Nul ay.s, si ce n'est la Corse, n'offre une paieilie étendue de forets,
où le pin le chêne et le châtaignier s'élèvent du milieu de fourrés
inaccessibles. Pende villages aux environs partout le silence
peine de loin en loin ces solitudes hoisées releulissenUelles sous la
cognée du bucl eron ou du charbonnier. Depuis le village de L'Es-
terel jusqu au arqui sépare aujourd'hui la France du territoire
italien, les monts et les bois se succèdent en changeant de nom et
un œil exercé peut seul reconnaître les sentiers qui sillonnent cette
Apre contrée.
Ce fut là que, sous l'Empire, une*bande de malfaiteurs établit le
siège de ses opérations. Du nom de son chef, on l'appelait la feaude
des Muutons.
Pierre Mouton, au moment où .commence ce récit, venait de s'é-
«happer pour la deuxième fois du bague de Toulon etmalgré le
canon d alarme et la prime d'usage, il avait pu regagner le bois de
L Rsterel, ou 1 attendaient ses complices. Une fois dans soi» domaine
et.au milieu des siens il avait peu de chose craindre des pour
suites de la gendarmerie.
plusieurs reprises on avait essayé de purger cette xànc des
bandits qui l'iufestaient et après de nombreuses pertes, les déta
chements envoyés s'étaient vus forcés de renoncer l'entrepri-e.
Des coups de fusil tirés par des ennemis invisibles faisaient tomber
dans les rangs les officiers et les sous-officiers^ et les soldats, démo-
raliséSjU'oNaient pas s'engager plus avant dans ces forêts meurtrières.
Un seul brigadier, plus entreprenant que les autres, avait poursuivi
le gros de la bande pendant deux jours avec un peloton de vingt
hommes mais au moment où il croyaii les avoir enfermés dans une
traj pe, enire le bois de Marans et le ruisseau de la Vrloube, ils dis
parurent comme par magie dans une muraille de rochers qui olfrait
plus de deux cents mètres d'escarpemeul.
Ou continua la battue pendant Lois jours. Rien n«* parut. Seule
ment vers le soir, l'obstiué brigadier reçut en plein bivouac une
balle dans la région du cœurcomme prix de sou devouuient et de
courage*
Depuis lors* on sembla renoncer forcer les malfaiteurs dans leur
repaire; ou se contenta défaire avec plus de soin la police de la
roule, et de distribuer des piquets de gendarmerie daus tous les
villages enviionnanls. On espérait aiu>i les surprendre en détail au
moment où ils viendraient rançonner les villageois ou renouveler
leurs vivres,
La bande de Mouton n'était pas nombreuse; jamais elle ne compta
plus de dou/.e affidés; mais c'étaient des liotunics résolus, desréfiac-
taires que poursuivait la police impériale des forçats évadés des
déserteurs qui il ne restait que le chois, du genre de mort.
On devine tout ce qu'une pareille position ajoutait d'énergie et
d'audace la résistance de ces bandits. Traqués dans ces forêts, ils
n'avaient plus de l'homme que l'apparence celte vie errante avait
développé en eux tous les instincts de la brute. Ce nYst qu'a l'aide
d'exécutions sanglantes que le chef était parvenu faire rég »er daus
leurs rangs une sorte de discipline encore son autorité était elle
souvent méconnue* surtout dans les heures de désœuviemeiit.
L'ivrognerie et le jeu ne sufli-aient pas pour les distraire de«
passions plus brutales s'éveillaient souvent en eux. I ls quittaient
alors leur retraite et l aide de déguisements ils se rendaient
Toulon d'où ils ramenaient des compagnes de déoauche. L orgie
dînait jusqu'à ce qu'une nouvelle expédition vîul l'interrompre, ou
que, fatigués de ces tristes plaisirs, les bandits i envoyassent d'eux-
mêmes leur harem nomade chargé d'un butin précieux.
Ces femmes avaient ainsi deux emplois, l'amour elle récel.
Pour domiuer de pareils boni mes, Pierre Mouton avait besoin do
l'ascendant que donnent une vo onte iudompUbfoet une force de
corps peu commune Otioiqu il lût le plu> jeune de la bande, le
commandement lui a\a t été déféré sans contestation.
A vingt-cinq ans, il était le héroado bague, l'esprit le plus fertile
en ruses le courage le mieux éprouvé de cette élite de scélérats.
Qui eùl voulu parmi les siens contester «le pareils titres Sa personne
d'ailleurs imposait. On ne savait d'où il venait cependant ses ma
nières sou langage sa tenue foimuieKt un contraste avec ce qui
l'entourait.
Son visage, quoiqu'un peu altéré par une vie vagabonde, gardai!
encore une certaine distinction seul il avait les yeux bleus les
cheveux cendrés, parmi ces physionomies rudes et brune*. Évidem
ment ce n'était poiut un enfant de la xôue méridionale; il appartenait
au nord de la France et oette circonstance n'était pas étrangère
l'autorité qu'il avait acquise sur les tiens,