INTÉRIEUR. 6" ANNÉE. - N° 554. JEUDI, 27 AOUT 1846. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Feuilleton. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 21et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 le Progrès Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco, l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quiuze centimes par ligue. VIRES ACQUIRIT EUNDO. ÏPBE8, le 26 Août. M. DE LÀ COSTE, GOUVERNEUR DE LIEGE. Eofin la province de Liège est délivrée du régime intérimaire qu'elle a subi pendant si longtemps. Un nouveau gouverneur est nommé, le ministère a fait son choix, et quel choix? M. De la Costel'élu de l'université de Louvain l'enfant chéri des catholiques-politiques est appelé occuper l'hôtel du gouvernement Liège. Le ministère clérical pur sang n'a plus de soucis de l'opinion bien dominante dans la pro vince de Liègepuisqu'il y envoie l'homme peut-être le plus antipathique aux libéraux dont on pût faire choix. L'ancien ministre du roi Guillaume, devenu député clérical, était déjà une métamorphose quelque peu risquée. Maintenant on l'accole au système jésuitique, en lui conférant des fonctions politiques qui doi vent l'identifier avec la fraction rétrograde la plus arriérée du parti clérical. M. De la Coste a probablement de l'ambition. Après avoir vu sa candidature pour la place de représentant échouer plusieurs fois Bruxelles, Louvain en a doté la chambre, où jusqu'ici il n'a guère brillé. Les Liégeois seront très-satis faits du gouverneur qu'on leur a fabriqué et nous ne doutons pas que M. De la Coste ne produise là des miracles par suite du système de conciliation, de modération et de mixture, qu'il lâchera de mettre en usage pour la plus grande béatitude de ses nouveaux administrés. Que dire d'un ministère qui serait abandonné par tous les hommes gouvernementaux qui pendant longtemps ont occupé des fonctions politiques. Des neuf gouverneurs de province, un seul celui de la province de Brabanl appar tient par ses opinions au parti libéral. C'est M. Liedts dont la démission a été remise entre les mains du Roi, qui ne l'a pas acceptée. Tou tes les autres provinces l'exception de celle de Liège et du firabant avaient déjà sous le régime de la mixtureété dotées d'un chef dont les sympathies politiques étaient bien cléricales. M. De Brouckere restait encore, l'avènement du ministère De Theux, sa démission était pré vue. Tous les fonctionnaires politiques dont les opinions avaient une teinte de libéralisme, ont dû se réserver ou se résigner travailler contre leurs convictions. Et ce ministère se targue de sa force et de son pouvoir sur l'opinion publique, au même titre que le parti ultra-royaliste en France, quand la fraction doctrinaire s'est vue forcée de se retirer de ce camp dont tous les chefs paraissaient frappés de l'esprit d'aveu glement et d'erreur qui a amené le bannisse ment d'une dynastie glorieuse plus d'un titre. Samedi dernier, MM. Rogier et Veydt sont venus visiter la ville d'Ypresvoir ses anciens monuments et apprécier la situation industrielle et agricole du pays. Ces honorables représentants avaient parcouru une bonne partie des Flandres, et s'étaient arrêtés au centre de la contrée dont l'ancienne industrie linière était autrefois la principale richesse, et aujourd hui une cause de ruine. Ils ont voulu probablement apprécier par eux-mêmes le degré d'indigence auquel est descendu ce pays autrefois si prospère. Après avoir visité Thielt, ils sont allés par Thourout Dixmude, où ils sont restés quelque temps. A Ypres, après avoir» visité les Halles, le musée, la bibliothèque et les églises, ces hono rables membres de la représentation nationale, ont été faire une visite l'hospice de Messines. Revenus dans la soirée de samedi, ils ont passé la nuit l'hôtel de la Tète d'Or, et ont quitté notre ville dimanche malin. Si beaucoup de membres de la législature, pendant les vacances, prenaient l'habitude de s'enquérir des éléments de prospérité ou des causes de gène qui peuvent exister dans les diverses parties du pays, et s'informaient avec une louable sollicitude de la situation commer ciale et industrielle des diverses provinces qu'ils parcourraient, non-seulement cela serait fort utile aux travaux législatifs, mais encore très- nécessaire certains membres qui, dès qu'il ne s'agit plus de leur localité, se permettent quel que fois les allégations les plus ridicules et commettent des erreurs risibles. CONGRES LIBERAL. Le première assemblée du congrès libéral vient d'être perpétuée par une magnifique mé daille, due au burin d'un de nos plus illustres graveurs. Une médaille grand module présen tant d'un côté le programme du congrès, eu six articles, sur un entablement en relief, et de l'autre les noms des trois cent vingt six délégués qui ont assisté cette mémorable manifestation de l'opinion libérale et conservatrice, transmettra aux siècles les plus réculés le souvenir des ef forts qu'il a fallu faire en 1846, pour conserver et garantir les bienfaits de notre constitution et de notre indépendance. L'auteur de cet œuvre d'art et de patriotisme a droit aux encouragements des hommes de goût, et des vrais libéraux. Un exemplaire de celte médaille est déposé notre bureau. Depuis quelques jours, on se plaît répandre le bruit que la maladie affecte de nouveau les pommes de terre nous sommes heureux de pouvoir donner un démenti formel ce bruit un de nos correspondants de Thielt nous expli que dans la lettre suivante les causes de ces rumeurs qui ne peuvent qu'empirer la situation de la classe indigente. Nous recommandons les détails donnés par notre correspondant l'at tention de nos lecteurs: Thielt, 23 août 1846, Je sens le besoin de vous écrire sur l'état de» pommes de terre, afin de vous prémunir contre les mauvaises rumeurs que vous entendrez d'ici quel ques jours. Depuis hier malin l'alarme est dans notre vill® et dans les environs. Les pommes de terre sont attaquées, la maladie les a gagnées Voilà ce qu'ou entend répéter continuellement. Or, je me suis mis vérifier le degré de croyance que méritent cet rumeurs. Hier après-midi, j'ai parcouru plusieurs champs, et je m'en suis retourné avec la conviction queile bruit est tout fuit laux. Aujourd'hui, je me suis rendu encore la campagne et j'ai trouvé deux très-petites parcelles de pommes de terre quila vue, semblaient attaquées du mal de suite, je me mis un examen soigneux et voici ce qui en est résulté D'abord, j'ai trouvé que c'étaient des pom- 1PBHMH MiUTOM. IV. la forêt de bormes. *Le surlendemain dix heures du soir, un homme stationnait de- Tant la poTtedu pavillon occupé par le capitaine Maxime. Quoique l'état du ciel rendit cette faction pénible et qu'une pluie d'orage inondât le chemin, UincoDnu ne semblait pas s'en émouvoir et, en veloppé dans uncaban de matelot, il gardait une immobilité complète. C'était Zéphyrexact au rendez-vous que lui avait donné son chef. Marin et normand Zéphyr ne craignait ni le vent ni l'eau peu lui importait de passer l'heure du quart sur la grande route ou sur le pont du navire. Si les escadres avaient pris souvent le large Zéphyr n'eût pas été jeté dans le genre des croisières qu'il poursuivait alors: la vie de la mer aurait fourni assez d'émotions sa mauvaise têteet il eût passé ses moments de rage sur les Anglais. L'oisiveté des ports le perdit il insulta un de ses supérieurs et gagna les bois pour ne pas être fusillé. Sa patience fut ce soir-là mise une rude épreuve pendant deux heures le pavillon resta muet et dans une obscurité complète. A mi nuit seulement, une faible lumière éclaira les lames des persiennes, et presque aussitôt un signal se fit entendre. Zéphyr y répondit. La clarté se déplaça il y eut dei allées et venues après quoi la porte t'ouvrit, Est-ce toi dit une voix. Oui, capitaine. Elle est soignée la drogue deux heures,coucou en main. Entre, Zéphyr. 11 y a eu assemblée ce soir, punch, glaces, vio lons et tout le tremblement. J'ai payé ma bien-venue en ilics-fiacs. Viens te chauffer, mon garçon. •■h Faites pas attention capitaine. Une supposition que j'eusse doublé le cap de Bonne-Espérance, j'en aurais eu pour quatre heures de quart. C'est deux heures que je mange, clair comme le S.-O. est l'opposé du N.-E. Tout en échangeant oes mots demi-voix Pierre et son compa gnon étaient arrivés dans la pièce éclairée du pavillon. Des hardes se trouvaient éparses et là, et il y régnait ce désordre qui accom- pague les préparatifs de voyage. Pierre prit un habillement complet disposé dans un coin, et, le donnant au matelot Zéphyr lui dit-ilretiens bien ton rôle. Tu vas endosser cela. Tu es mon valet de chambre; c'est arrangé. On t'attend. Nous avons dans la cour une calèche deux chevaux; j'y vais monter, tu la con duis nous partons dans un quart-d'heure. Toute la maison sait que nous allons chercher Gènes la dame d'honneur de la princesse Élisa et que nous la ramenons petites journées. Il commence £aire chaud ici; les autorités de Toulon ont flairé ma piste. Frappons un grand coup, mon garçon. Deux plutôt capitaine. Au fait, cette petite que nous avons dérangée de aon chemin ne peut pas s'escamoter comme une muscade. L'officier bien; un de perdu, un de retrouvé. Il n'y a plus de capitaine Maxime, et il y ta a encore. Un peu proraptement remplacé, j'espère. C'est juste il vous doit du retour faudra lui réclamer. Mais la demoiselle, ce n'est pas toi qui peux la suppléer. Zéphyr. Oh pour ça non, capitaine. Pas capable; le physique s'y oppose. La princesse l'attend reprit Pierre, tout le monde l'attend. Ou écrira Gènes, on écrira Lucques, et alors gare dessous Diable diable 1 Faut vieiller au grain. Ah et pourquoi vous obstiner capitaine. Si nous nous donnions de l'air purement et simplement. Sauf votre avis, ce pays-ci n'est pas très-sain la forêt est plus salubre ça nous connaît. Zéphyr, dit Pierre en saisissant avec force les mains du matelot, deux pas d'ici presque sous le même toitil y a des boisseaux de pierreries. Des boisseaux de pierreries Et vous n'en disiez rien 1 Faut lec dégourdir, capitaine. Comme tu y vas, mon garçon ou ne dévalisé pas les princesses du sang avec cette aisance et cette facilite. Il y a des valets de pied des intendantsdes officiers toute une armée en uniforme et tu cotillon... Pas moyen d'aller jusqu'au magot porte de bois quoi. Et la fenêtre Moyen usé nous trouverons mieux que cela, matelot. Te voilà prêt, suis-moi. Tu es mon valet de chambre, souviens-t'eu. N'ayex pas peur, capitaine je vas m'assortir la pelure.

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Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 1