EXTÉRIEUR. FRANCE.
ANNONCES.
Variétés.
A VENDRE
Chapelle rapporte ce sujet un jugement assez
étrange d'une cour d'honneur.
Attendu que le lieutenant Aa refusé
un cartel eu déclarant que le duel est un pré
jugé de caste; qu'en agissantainsi. il a manqué
de respect ce qui doit être la base des armes,
l'honneur militaire; que vu son caractère ferme,
son excellente éducation sa remarquable in
struction sa bonne et morale conduite, il n'a
pas agi ainsi par manque de dignité, mais par
goût pour les idées du jour qu il croit justes.
Attendu ses relations avec les communistes;
attendu que les communistes veulent le renver
sement de l'ordre des choses établi (nous voilà
déjà bien loin du duel);
Attendu que le communisme est contraire
aux idées du roi auquel le lieutenant Aa
juré fidélité
Le condamnons par 27 voix contre 3,
la perte de son grade et de son rang d'officier.
Madrid, 21 août.
L'infantdon François d'Assises est en ce mo
ment l'objet de toutes les attentions. Les diverses
fractions libérales paraissent voir avec faveur
un prétendant dont la conduite est très-judi
cieuse. Le prince ne donne aucune audience
particulièreet il ne montre aucune prédilec
tion politique. Parmi les personnes qui ont été
offrir leurs hommages l'infant, on distingue
M. Sartorius, qui venait aussi le complimenter
au nom du général Narvaez. L'infant a donné
M. Sartorius l'assurance que son cœur était
élrangerà tout ressentiment politique du reste
la douceur et la modération du prince étaient
connues depuis longtemps. Son arrivée
Madrid, dans les circonstances actuelles, ne fait
que les mettre en relief.
11 y a eu concert de famille au palais. C'est
cette réunion qui paraît avoir, depuis quelques
joursdonné lieu tant de conjectures et de
commentaires.
Le Tiempo assure que l'infant don Henri a
été invîtéà rentrer en Espagne. Suivant le même
journal des obstacles se seraient présentés la
conclusion du mariage de la Reine.
On écrit de Lisbonne, le 15 août:
L'escadre anglaise, forte de huit vaisseaux de
ligne, d'une corvette et de 3 steamers, est entrée
aujourd'hui dans le Tage. Elle attend des in
structions de l'amirauté pour savoir si elle doit
rester ici.
Dn projet de contre-révolution en faveur de
Cabrai a été découvertil a été déjoué grâce
l'énergie du gouverneur militaire de Lisbonne.
L'instruction miguéliste se borne pour le mo
ment quelques rassemblements de guérillas.
Le 16 de ce mois, Rossini a épousé Bo
logne Mlle Olympe Pélissier.
Une lettre de Valparaiso du 30 Maipubliée
par le Times J contient des nouvelles de ïaiti
jusqu'au 15 Avrille 22 Mars, les indigènes ont
pénétré jusque dans la ville en plein jour, et
ont mis le feu deux maisons. Le propriétaire
de l'une de ces maisons a été tué par eux. Les
troupes françaises ont repoussé celte attaque
hardiequi a jeté l'épouvante parmi les habi
tants Un grand nombre d'entre eux se sont
réfugiés bord des navires. Une fusillade fort
vive s'est engagée entre les Français et les in
digèneset a duré pendant quatre heures. Il y
a eu des tués et des blessés de part et d'autre.
Il ne se passe presque pas de jour sans qu'il
n'y ait quelque escarmouche entre les Français
et lessauvâgesTaïtiens. La situation des Français,
continue la lettre, est des plus critiques, et la
nôtre (celle des résidents anglais)ne l'est pas
moins. Ce qui la rend plus grave encore, c'est
qu'on nous accuse d'être les instigateurs des
attaques des indigènes, de leur fournir de l'ar
gent et des munitions pour continuer la guerre.
On a reçu avec la malle de l Inde dés nou
velles de Calcutta du 3 Juillet, et de la Chine
du 2o Juin. Celles de l'Inde offrent peu d'intérêt.
En Chine, il ptiraît que les Anglais n'ont pas
encore évacué 1 île de Chusan, et que sur diffé
rents points la population chinoise chasse des
villes les résidents étrangers. Les affaires com
merciales étaient en assez mauvais état.
Paru, 26 août.
La Chambre des Députés a validé aujourd'hui
l'élection de M. Mater; on sait qu'il avait été
question de l'annuler, parceque M. Mater avait,
disait-on, pris l'engagement de ne rester député
que pendant un an, au bout duquel il aurait
fait placé un candidat légitimiste. M. Matera
déclaré aujourd'hui qu'il resterait pendant toute
la durée de la législature.
A en croire le Portefeuille, gazelle diplo
matique française l'affaire des îles Marquises,
ce grand sujet de débals entre la France et l'An
gleterre, se trouverait enfin terminée au moins
diplomatiquement. Il aurait été convenu entre
les deux Gouvernements, dit ce journal, que la
France limiterait son protectorat, en le mainte
nant sur quelques îleset que les îles sur les
quelles la souveraineté de Pomaré était restée
douteuse, demeureraient en dehors du protec
torat la condition toutefois que ces îles res
teraient tout fait indépendantes et que ni
l'Angleterre ni aucune nation ne pourrait y
établir son tour un protectorat sous quelque
forme que ce soit. Le cabinet anglais aurait
accepté cet arrangement et aurait consenti
retirer définitivement son pavillon de guerre
des possessions soumises au protectorat de la
France.
La maladie des pommes de terre vient de
se déclarer tout coup dans la plus grande
partie du département de la Seine-Inférieure.
Des champs qui, il y a huit jours, offraient une
végétation fraîche et luxuriante, sont aujour
d'hui complètement ravagés.
On écrit de Baslia le 10 Août
M. Pietii, maître de la commune de Con-
turi (cap Corse), vient d'être assassiné. Voici
les détails de cette catastrophe
Les élections municipales venaient d'avoir
lieu, et, comme toujours, deux partis s'étaient
trouvés en présence celui de l'opposition et
celui du maire ou du gouvernement. Cedernier
ayant triomphé. M. Pielriqui toujours avait
fait les plus louables efforts pour calmer les pas-
sionsdeses administrés, venaitde recommander
ses amis de se garder de toute manifestation
de nature exciter la susceptibilité de leurs
adversaires, lorsqu la sortie de la salle des dé
libérations des jeunes gens qui attendaient
sur la place l'issue des élections se prirent
pousser des vivats en l'honneur du maire qui
se hâta d'aller vers eux afin de leur imposer
silence. C'est dans ce moment que cet homme
recommandable, père d'une nombreuse famille,
tomba mortellement frappé d'une balle dans la
tête. Une seconde décharge suivit immédiate
ment, qui blessa grièvement les deux conseil
lers municipaux qui le suivaient de plus près,
les sieurs Franceschi et Napoléoni.
Le chef avoué de ce lâche complot est un
sieur Tomasi, homme riche mais méchant,
établi depuis quelque temps dans la commune
de Conluri. Il s'était rendu aux élections ac
compagné de gens armés, afin d obtenir par la
violence la nomination des candidats appartenant
la famille laquelle il s était allié.
tribunal correctionnel de paris.
le pavé de l'enfer.
Il y a quinze jours environ dit la Gazette des
Tribunauxnous avons rendu compte de la compa
rution, en police correctionnelle, du nomme Nicolas
Festeau, prévenu d'outrages des agents de la police
dans l'exercice de leurs fonctions. On se rappelle
que cet ouvrier, sur le compte duquel les meilleurs
renseignémens avaient été produits et qui avait
sauvé au péril de ses jours un enfant qui se noy
ait; fut condamné seulement 25 fr. d'amendebien
que ce fut la huitième fois qu'il comparût devant le
Tribunal, toujours pour le même délit, commis en
état d'ivresse. Festeau avait remercié avec effusion
ses juges de leur indulgence, et M. le président
qui lui disait: Allez, et ne buvez plus il avait
répondu Vous êtes bien trop bon pour que je vous
fasse de la peine... Moi, boire Je mettrais plutôt
le feu toutes les vignes d'Argenleuil!
Eh bien toutes ces belles promesses, ces excel
lentes intentions devaient s'oublier au bout de vingt-
quatre heures. Le lendemain même Festeau avait
invité quelques amis boire peur célébrer son quasi-
acquittement ;suivant son invariable habitude, ils'é-
tait enivré, et, suivant sa monomanie, non moins
invariable une fois dans cet état, il avait insulté le
premier sergent de ville qui lui était tombé sous la
main. Un procès-verbal avait été dressé, et l'ouvrier
comparaissait de nouveau aujourd'hui devant leTri-
bunal.
Le pauvre diable a l'air tout penaud, tout embar
rassé; ou voit qu'il redoute lesjustesreprochesqu'il
s'est attirés; il tient les yeux baissés, se ronge les
ongles, pousse des soupirs étouffés, et jette de temps
en tempssur leTribtinal un regard en dessous, qu'il
détourne bien vite quand il croit que M. le président
ou l'un de Messieurs les juges a pu le remarquer.
Le sergent de ville quia arrêté Festeau se présente
pour déposer
Je passais dans la rue Popincourt, dit le témoin,
quand le prévenu, qui était dans un état complet
d'ivresse, arrive moi en chancelant, et me dit:
Eh! dis donc, sergent Mangin, étais-tu hier au Tri
bunal! Voyant son élat, je l'engage continuer
son chemin et me laisser tranquille; mais il me
suit en continuant me parler C'est que si tu y
avais été, vois-tu, t'aurais vu qu'on ne m'a rien fait
pour avoir mis au pas un vilain oiseau comme toi...
Ah! mais dam, c'est que Festeau est estimé, aimé et
honoré... C'est pas comme toi, vilain museau... On a
des égards pour festeau le Tribunal aime bien son
petit Festeau 25 francs d'amende... Mais on o le
moyen, et ça n'empêche pas de se repasser de La joie
et du piqueton Pour 2.5 fr. je peux te dire tout ce
que je veux, méchant muffle... Je ne comprenais
rien tout cela, et je croyais cet homme fou; aussi
je ne voulais par l'arrêter, et je l'engageais toujours
aller se coucher mais voyant qu'il ne voulait pas
cesser et que la foule commençait se rassembler
j'ai cru devoir mettrecet homme en étatd'arrestalion.
m. le président. Vous avez très-bien fait, et vous
n'avez eu que trop de patience.
le prévenu. Ça, c'est vrai il a eu trop de patien
ce, le brave sergent.
m. le président. Devant nous, vous faites com
me cela le bon apôtre, et vous retombez toujours
dans les mêmes fautes. Le lendemain même du jour
où nous avons été si indulgens pour vous vous avez
recommencé, et plus gravement qu'auparavant.
le prévenu. Je suis un chien, une bête féroce, un
affreux reptile
m. le président. Vous êtes de ces hommes incor
rigibles qu'il faut punir sévèrement pour en obtenir
quelque chose; nous ne l'oublierons pas.
le prévenu. Oui, punissez-moi, vous ferez bien;
je vous dis que je ne suis qu'un animal incommode;
j'ai besoin d'aller un peu en prison pour réfléchir et
boire de l'eau. Le moment est bon, je n'ai pas le sou,
et'la cantine ne fait pas crédit. Flanquez m'en pour
un bon mois, deux, si vous voulez; je ne dirai rien
je suis un porc. (Festeau essuie, de sa main calleuse,
quelques larmes qui lui viennent la paupière.)
m. le président. Nous sommes fâchés d'être obli
gés de sévir contre un ouvrier honnête qui, lorsqu'il
est de sang-froid, est le modèle de ses camarades
d'atelier; mais il faut que les scandales que vous don
nez sans cesse ne se renouvellent plus.
le prévenu. C'est bien dit, ça un ami a voulu
me donner un avocat; tnaisj'ai dit: Non, ça n'i
rait qu'à me faire acquitter, et il ne le faut pas, je ne
suis qu'un gredin j'avais promis ces messieurs de
ne plus me pocharder et je me suis pochardé avec
magnificence; j'ai mérité la prison, je veux y aller.
Le Tribunal condamne Festeau un mois d'em
prisonnement.
Festeau. Oh! présent, soyez tranquilles; vous
ne me reverrez plus: j'aimerais mieux
Pauvre Festeau! nous vous en donnerons sans
doute des nouvelles dans six semaines.
Un CHARIOT DE CONDÉ et un CABRIOLET
FRANÇAIS en bon état. S'adresser au bureau
de cette feuille.