INTÉRIEUR. 6" ANNÉE. - N° 559. DIMANCHE, 13 SEPTEMBRE 1816. JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. AILLE D'YPRES. conseil communal. Feuilleton. pdçimrii MyTOM. Ou s'abonne Ypres, Marché u Beurre, 21et chez tous les per cepteurs îles postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 Tout ce qui concerne la rédac- tiou doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligue. VIRES ACQUIRIT EUNDO. YPBES, le 12 Septembre. Dans noire dernier N°, nous avons dit, dans l'article en réponse une lettre d'un correspon dant du Journal des Baziles, que le tracé de la moitié de la ligne d'Ypres sur Courtrai est arrêté. Effectivement le tracé de Courtrai jus qu'à Wervicq estachevéet depuis trois semaines les plans sont déposés au ministère des travaux publics, mais ils ne sont pas encore approuvés. Quant la partie de Wervicq sur Ypres, les plans du tracé sont pour ainsi dire achevés, jusqu'au point de section du pavé de Zonnebeke. On attend, nous assure-t-on, avant d'aller plus loin, qu'on ait fait choix d'un terrain pour l'emplacement de la station. Séance publique du Mercredig Septembre 1846. Présents MM. Vanderstichele de Maubus Bourgmestre, président, Alphonse Vanden Pee- reboom et Iweins-Hynderick, échevins; Gérard Vandermeersch, Louis Annoot, Théodore Van den Bogaerde, Boedt avocat, Martin Smaelen Boedt-Lucien Legraverand Ernest Merghe- lynck, Pierre Beke, Iweins-Fonleyneet Auguste DeGhelcke, conseillers. M. le secrétaire donneleclure du procès-verbal de la séance précédente. La rédaction en est adoptée sans observation. M. le président donne lecture d'une missive de M. le ministre d'état gouverneur, qui prie le conseil de donner suite au projet d'orner la fa çade de l'hôtel-de-ville de deux statues, pour les quelles des fonds ont éléalloués par le gouverne ment. lia étédécidéparM. leministre, quelasla- tuedela Palronnede la ville serait exécutée par M. Fiers et qu'elle aurait une grandeur de 2 mètres 30 centimètres. La seconde serait l'em blème de l'industrie et ne doit avoir qu'une grandeur de 2 mètres 10 centimètres. Elle se- raiteonfiée au ciseau de M. Micholte de Bruges. Le collège, avant de conclure un contract défi nitif avec ces artistes, a cru prudent de de mander la commission des beaux-arts un projet de convention dont il est donné lecture et qui servira de base dans l'acte intervenir entre l'autorité communale et les artistes désignés. M. l'échevin Vanden Peereboom fait rapport que l'entrepreneur du forage d'un puits artésien la station du Nord, Bruxelles, s'est adressé au collège pour s'informer si la ville était d'avis de renouveler l'essai qu'elle avait tenté d'obtenir de l'eau de source jaillissante. Sans vouloir répondre des intentions du Conseil, M. l'échevin lui a adressé quelques questions et l'a prié de vouloir lui confier le cahier des charges dressé par le conseil des ponts et chaussées et qui prescrit les conditions de l'exécution du forage d'un puits aux frais du gouvernement dans la nouvelle station hors de la porte de Co logne. Celte pièce est renvoyée l'examen de la commission spéciale qui a été formée pour surveiller le premier essai de forage tenté en 1844. Depuis longtemps descédules de la dette dif férée du chef d'un office, inscrite au nom de Gruson, brasseur en cette ville, avaient été rangées parmi les créances dont les ayants-droit ne pouvaient justifier leur litre de propriété. Une réclamation vient de parvenir du nommé DePauw, demeurant au Meerem Garni. 11 se prétend seul héritier du nommé Gruson et fournira les pièces l'appui. Cette requête est renvoyée la commission administrative de la caisse d'amortissement pour y faire droit, s'il y alieu. Parunedépêcherécente, M. le ministre d'état gouverneur, fait connailre au Conseil que la de mande d'un concours de bétail gras, pendant le mois d'août, a été favorablement accueillie parle conseil provincial. Mais un léger change ment a été trouvé nécessaire l'art. 5 du rè glement. Par urgence le Conseil s'occupe de cette modification, qui tend n'admettre le bé tail d'origine étrangère, au concours, que pour autant qu'il soit né et élevé en Belgique. Celle condition estadroisel'unanimité. M. le président fait rapport que la ville d'Y pres vient de gagner un lot de 950 francs dans la loterie pour l'encouragement des beaux-arts. Mais le Conseil ne peut qu'indiquer le sujet qu'il désire voir Irailer, et il appartient M. le ministre de l'intérieur de désigner l'artiste qui sera chargé de l'exécution. La communication des pièces étant finie le conseil aborde l'art. 2 de son ordre du jour-, l'échevin Vanden Peereboom, informe le Conseil VIII. première veillée. Pierre commença son récit en ces termes! Permettez-moi, mademoiselle, de passer rapidement sur mes premières années. J'appartiens une bonne famille de Bretagne et compte parmi mes ancêtres des amiraux de France mais ce sont là des litres que j'ai soin de tenir secrets afin de mettre un passé glo rieux l'abri de toute souillure. On ne me connaît que sous le nom de Pierre Mouton c'est celui que la justice a frappé c'est le seul auquel désormais je puisse répondre. J'étais bien jeune quand la révolution éclata nous habilious alors Paris. Mou père commandait une compagnie de mousquetaires et jusqu'au dernier jour il défendit la reine contre les vengeances de la multitude. Cette fidélité lui coûta cher: arrêté avec ma mère, ils furent conduits tous les deux lechafaud, et quand je sortis de prison, j étais seul au monde et orphelin. Nos bieus avaient été con fisqués; il me fallut mendier pour vivre j'avais dix ans. Heureuse ment un vieil ami de la famille me recueillit me fit élever et pourvut mes besoins. C était un homme de la vieille roohe chez qui venaient aboutir tous les fils des conspirations royalistes de 1 Ouest. J y vis des émigrés, des chouans des prêtres insermentés, des proscrits du 18 fructidor et par instinct autant que par goût je nie mêlai tout ce monde, toutes ces tentatives. Il ne se tramait rien contre le premier consul que nous n'en fussions prévenus. Saint- Régent et Carbon les auteurs de la machine infernale, tinrent plus d'une conférence chez mou bienfaiteur, et ce fut dans sa maison que depuis longtemps le crédit porté au budget pour l'entretien des bâtiments militaires avait toujours été insuffisant, que souvent au moment même où il avait été voté, la moitié s'était trou vée absorbée pour des dépenses urgentes faites antérieurement. Cependantpour l'exercice 1846, on croyait pouvoir suffire avec le crédit ordi naire, mais l'éboulement d'une partie du bâti ment nommé la Commandance a majoré les dépenses tel point que, malgré le crédit ex traordinaire voté pour la reconstruction de la partie écroulée du bâtiment, un supplément de deux mille francs sera nécessaire pour atteindre l étal normal de cette fraction importante des dé penses communales. Le Conseil, 1 unanimité, vote une somme dedeuxmille francs pour l'en tretien des bâtiments militaireset décide que celte allocation sera régularisée sur le budget de 1847. Un projet d'échange d'une parcelle de terre est proposé par l'administration des Hospices civils. Le conseil, après lecture des pièces et l'examen de l'estimation des experts, considé rant qu'il y a sur celle opération, pour 1 admi nistration charitable, bénéfice en capitale et revenu émet un avis favorable et décide que cette demande sera transmise la députation permanente fin d'approbation. II est donné lecture d'une missive de M. le ministre de l'intérieur qui fait connailre l'ac quiescement de l'Académie royale de Belgique la proposition faite par le Conseil d'ouvrir un concours pour la meilleure histoire de la ville d'Ypres, de l'en iuslrt'uer juge et de la prier de vouloir formuler le programme qui doit servir de guide aux écrivains, qui veulent tenter la lutte. Mais l'Académie a demandé en même temps qu'on veuille lui tracer le cadre du programme. Le Conseil laisse ce soin au collège sauf examen ultérieur de sa part. La question de savoir si la quotité du prix sera immédiate ment volée, est agitée et sur la proposition de M. l'échevin Vandenl'eereboom,une somme de trois mille francs sera allouée l'auteur de la meilleure histoire de la ville d'Ypres. L'ordre du jour public étant épuisé, le Conseil se con stitue en comité secret et la séance continue. que descendit Georges Cadoudal, quand il arriva d'Angleterre avec le dessein d'attenter aux jours de Bouapirte. Cette audace nous fut fatale; tous les conspirateurs furent arrêtés; je perdis mon second père, et restai seul de nouveau 19 ans, sans appui, sans ressources. De cette première période de ma vie, il me resta deux impres sions l'une était une haine profonde contre l'homme qui avait usurpé le pouvoir l'autre, l'habitude d'envisager de sangfroid l'as sassinat et de le justifier par l'intention. Si ma répugnance pour le régime impérial n'avait pas été si vive j'aurais fait mon chemin dans les armes, ou je serais mort glorieusement. Si je ne m'étais pas accoutumé dès l'enfance juger !e meurtre en casuiste peut-être mon bras eût-il reculé devant un premier crime, et n'aurais-je pas mis une éternelle barrière entre le monde et moi. Mais la fatalité me poussait. En moins de dix ans j'avais vu disparaître mon père et celui qui l'avait généreusement remplacé la république m'avait enlevé mon patrimoine: l'empire, le dernier objet de mon affection; je voyais peu peu le vide se faire mes cotés et les malheurs du temps se coujuraient pour m'accabler. Gomment n'aurais-je pas senti naître en moi des mouvemens de révolte des projets de re vanche contre une sooiété qui me prenait ce point pour victime Une haine sourde me domina désormais et le spectacle des gran deurs impériales ne fit que l'accroître. Il fallait pourtant prendre un parti l'oisiveté pesait ma jeu nesse. Né avec des passions fougueuses il fallait leur donner un aliment sous peiue d'eu être dévoré. Vous avouerai-je tout made moiselle J'en arrive des confideuees bien délicates. Parlezmonsieur dit Laure en rougissant cache-t-ou rien un confesseur J habitais alors une mansarde, poursuivit Pierre, dansPune des rues qui aYoisiuent le théâtre Feyîleau. Un petit emploi me rappor- Le Journal de Louvain annonce que l'asso ciation libérale ne prendra pas part l'élection tait strictement ce qui m'était nécessaire pour vivre. A cet âge, il faut si peu un rayon de soleil et quelques mots d'amour. A peine songe-t-on la vie positive on est si heureux par le cœur u J'en étais là j'avais trouvé une diversion mes raucunes et mes colères. Dans la mansarde de la maison voisine, j'avais remarqué une jeune fille dans tout l'épanouissement de sa beanté. Chaque matin, elle s'éveillait l'aube comme l'alouette et gazouillait comme elle en garnissant de linge les cordelettes tendues en travers de sa croisée, ou en arrosant le pot de fleurs qui composait tout son jardin. A cette heure et dans le premier désordre de sa toilette elle était si belle, que je passais des heures entières 1 épier et la suivre du regard. Elle s'en aperçut et parut flattée de cet hommage. Sa pu deur n'était pas de celles qui s'alarment facilement elle coutiuua son manège moima contemplation muette. Je ne puisaujourd'hui encore me souvenir sans émotion de Feffet que produisaient sur moi ces deux yeux qui semblaient rem plir la mansarde de leur clarté ces traits réguliers et fiers ce cou ces formes d'une blancheur parfaite et dont les lignes étaient ar rêtées comme celles de la statuaire. Il y avait dans tout cela moins de grâce que de régularité, mais j'étais ivre, j'étais fou d amour je île voyais rien de comparable celte femme. Avant de me déclarer, j'hésitai longtemps; elle fit plus de la moitié du chemin. Pour m'attirer sa croisée elle chantait haute voix dès qu'elle rentrait ou qu'elle descendait de son lit et c'était toujours une romanceun chaut d'amour qu'elle choisissait les allusions étaient transparentes et elle les accompagnait de regards qui ne permettaient pas de s'y méprendre. Si jeune elle avait l'in stinct de la coquetterie au point qu'on eût pu croire qu'elle en avait l'expérience. A seize ans, jugez donc j'aurais dû me tenir sur mes gardes entrevoir l'abîme où je courais mais il est des éoueils que

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