INTÉRIEUR. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Feuilleton. Monseigneur VASf BOMUIEIj, évêque de Liège. 6" ANNÉE. N° 564. On «'abonne Ypres, Marché au Beurre, 21et chez tous les per cepteurs des pistes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimeatre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 VIRES ACQUIRIT EENDO. YPRES, le 30 Septembre. Il est assez drôle, qu'aprè^Ies événements de 1830, qui ont été de l'avis'de tous les hommes sensés, nuisibles aux idées progressives, quel ques candides feuilles libérales se laissentencore prendre aux avances de l'opinion cléricale. Accomplie sous la devise de liberté en tout et pour tous, après cette révolution qui a été leffet immédiat de l'alliance momentanée des partis libéral et catholique, le parti jésuitique a si bien su conduire sa barque que la pré pondérance d'un des partis alliés est devenue patente au sortir de la crise révolutionnaire. Sous prétexte de liberté, on a faussé les idées progressives inscrites dans la Constitution et les dispositions libérales de la nation ont été exploitées, pour faire adopter des lois qui ren fermaient le germe de la domination future de l'opinion cléricale. A peine la révolution triomphante, le parti libéral, dupe de sa bonne foi et joué par l'opinion cléricale, a été au plus vite expulsé de toutes les positions qu il occupait, et son adversaire ne s'est pas lassé un moment d'amoindrir astu cieusement son influence. Pendant que celte lutte sourde et rusée contre l'opinion libérale s'étendait sur tout le pays le parti clérical ne cessait de préconiser les bienfaits de VUnion et jurait que rien ne pourrait la briser. A cette époquedes libéraux ont voulu ouvrir les yeux leurs co-religionnaires politiques, mais on était encore sous le charme des fallacieuses assurances du parti-prêtre quidevenu assez fort, a levé le masque. Alors il a combattu ouvertement ses anciens alliés assez mal recom pensés de l appui qu'ils avaient prêté dans fa lourmenterévolutionnaire, cette fraction pro- lée capable d'arborer toutes les bannières du moment qu'il le faut pour réussir. C'est encore ce parti qui est la tête du gou vernement. Il a pris la direction ostensiblement des affaires du pays. Après avoir voulu créer une nouvelle Union tant vantée par MM. Nolhomb et De Decker, et vu échouer la trame qu'on était en train d'ourdir, on y revient encore pour jeter l'hésitation et la décomposi tion dans le camp libéral. C'est aujourd'hui d'une ligue contre le paupérisme qu'il s'agit de faire un appât pour fourvoyer l'opinion libérale. On ne saurait dire ce qui doit le plus étonner ou l'outrecuidance des feuilles cléricales, ou la candeur des journaux libéraux qui prêtent les mains faire les affaires de leurs adversaires. On veut jeter les bases d'une ligue contre le paupérisme, et libéraux et catholiques s'uniront pour combattre ce fléau. A la bonne heure! nous y voilà, c'est encore l'éternelle chanson de Union, mais sur un autre air. Mais pour quoi une ligue? Est-ce la division des opinions politiques qui a occasionné le mal qu'on veut extirper? 11 faudrait être de bien mauvaise foi pour oser l'insinuer. Les causes de la détresse des Flandres doivent être imputées des ques tions matérielles que nos gouvernants, quel ques exceptions près, depuis quinze ans, n'ont ni compris, ni prises en sérieuse considération. Si le mal ne provient pas de la désunion sous le rapport des opinions politiques, comment une ligue clérico-libérale pourra-t-elle remé dier efficacement la détresse qui décime les Flandres A examiner la polémique de quelques jour naux, on diraitvraiment qu'ils s'éditent dans le royaume d'Utopie. Comment! 'Organe desFlan dres,l'inventeur de la nouvelle Union ne con naît pas daulre calmant pour lés souffrances des Flandres, que d'absorber l'opinion libérale sous prétexte de paupérisme? Mais c'est in croyable et cependant quelques feuilles que nous croyions plus perqrûcaces et plus consé quentes dans leurs idées, ne s'aperçoivent pas que c'est un tour que le parti-catholique veut jouer l'opinion dont elles sont censées défendre les principes. Il nous semble que ce ne sera pas de si tôt qu'on parviendra découvrir un remède effi- caceà lasituation malheureusedenos provinces. Le parti qui a été au pouvoir, quand la crise de l'industrie linière est développée, a été frappé d'un funeste aveuglement et n'a pas su en temps utile, modifier le régime indus triel des Flandres. A lui la responsabilité de ces malheurs, qu'il a essayés de conjurer l'aide d'aumônes. Mais une ligue entre des opinions politiques divergentes de principes et d'intérêts, pour combattre une calamité industrielle, c'est là une idée assez bouffonne pour être convaincu qu'elle n'a pu voirie jour que dans une sacristie quelconque. Une première fois l'opinion libé rale s'est trop mal trouvée de son Union avec le parti-prêtre pour que jamais proposition puisse être accueillie de s'allier cette faction astucieuse dans un but quelconque. Les mutations de garnison dans un grand nombre de villes sont accomplies et la ville d'Ypres, pour sa part, a vu arriver dans ses murs, une batterie d'artillerie, comptant vingt cinq vingt sept chevaux et une cinquantaine d'hom mes. Voilà ce qui nous paraît destiné par la munificence du ministre de la guerre, en rem placement de deux escadrons du 1er Lanciers et du dépôt de ce régiment. Nous devons revenir sur l'injustice commise l'égard de la ville d'Ypres. Jusqu'ici nous n'a vions pas eu nous plaindre de la garnison qu'on nous avait donnée. Mais aujourd hui nous devons le dire, cest méconnailre les sa crifices faits par la ville, c'est porter un coup fatal une cité qui a besoin d'une garnison, pour permettre sa classe ouvrière de subvenir sa subsistance, c'est enfin froisser de gaieté de cœur, une population qui n'a pas besoin d'un sur croît de perles, pour rendre plus dure sa position déjà malheureuse. Une démarche a été faite par l'autorité com munale près du ministre de la guerre. Une députation de membres du conseil a été chargée de lui dépeindre la position malheureuse dans laquelle notre classe ouvrière et le commerce de détail allaient se trouver. Si nous sommes bien informés, le ministre de la guerre n'a fait aucune promesse qui aurait pu faire croire qu'il allait porter remèdeà celte situation désastreuse pour la ville, et cependant quelle est la ville qui plus que celle d'Ypres, pour le bien-être de ses habitants, exige leséjour d'une bonne garnison D un autre côté jamais l'autorité communale ne s'est laissée tirer l'oreille, quand il s'agissait d améliorer les bâtiments militaires ou de les compléter. On doit avouer qu'il est ridicule de donner une garnison de 50 chevaux une ville qui paie tous les ans un loyer de mille francs, pour uue plaine destinée aux exercices des corps de cavalerie ou d'artillerie. Ce qui doit le plus indigner nos concitoyens, c'est que pa reille injustice ait été commise par un ministère qui compte dans son sein un fils de la ville d'Ypres qui, nous en sommes convaincus, au rait pu nous faire rendre justice, s'il avait voulu prendre nos intérêts cœur et les défendre comme s'ils lui étaient personnels. On sait que nos chambres législatives devront se réunir dès le 10 novembre prochain. On assure qu'au commencement de celle session, il sera présenté la chambreun projet de loi (Suite etJîn.) Ce serait une besogne trop longue de passer en revue tout ce qui est sorti delà plume de Mgr Van Bommel; un savant ecclésiastique de Liège, dont le jugement est d'un grand poids parmi ses confrères, dit que tout ce que Mgr Van Bommel fait et écrit sera, en grande partie oublie et mis de côté, sinon condamné par son successeur. Cependant il peut etre utile de relever quelques contradictions de noire prélat pour en ariêler le cours. Dans une pastorale de 1830, il fait l'éloge le plus flatteur du clergé do diocèse de Liège, et en 1832 dans un monitum inséré au direc toire il le traite de crassissiviœ ignorantiœ expression au moins imprudente. Le luxe de son palais, le nombre de ses chevaux et de ses voitures, sa mise épiscopale, ses assoi^és aux châteaux, lorsqu'il est en cours de visite que les peuples regardent comme un mépris de l'humble demeure du pasteur du village, et autres démarches inconsidérées ne sont pas faites pour concilier les esprits sensés au prélat. En 1834, lors de l'érection de l'Université catholique,on taxa les doyens 20 fr., les curés 10, et les vicaires 5 Mgr voulait même 5 janvier 1846 que les ecclésiastiques de son diocèse s'efforçassent de porter les ouvriers, les cultivateurs et les domestiques contri buer aux frais qu'exige l'entretien de cette Université et il tança vigoureusement ceux qui n'avaient rien donné et qualifiant de détestable indifférence pessima indifferentia leur conduite Or Mgr lévêque de Liège exerçant sur son clergé un pouvoir illimité, on conçoit aisément que peu d'ecclésiastiques out été tentés de s'ab stenir de douner ce qu'on leur demandait. De plus la plupart des curés succursalistes craignaul autant que la mort de lui déplaire contrairement aux lois cérewonielles de l'église, interrompent deux fois par an le saint sacrifice de la messe pour faire la collecte en faveur de l'Université catholiqueoutre cela, ils ne négligent pas de frapper toutes les portes pour procurer Mgr l'évêquc autant d'ar gent qu'ils peuvent en obtenir. Le procès occasionné par le testament de M. Boucqueau, doyen de la cathédrale, est une affaire trop connue en Belgique, et ses détails seraient bien faits pour inspirer de la mesure l'administration dio césaine. La permission de faire gras dans notre diocèse est une aflaire d'argent depuis Mgr Van Bommel; son prédécesseur exhortait les fidèles prier f lorsqu'ils profitaient des dispenses du carême mais notre évêque actuel ordonne en faisant toutefois savoir qu'ils peu vent se libérer de cette obligation par une aumône de 2 fr. par tête pour les personnes aisées el de 50 cent, pour les autres depuis 1841 celles-ci sont taxées 25 cent.) Il exhorte encore ceux qui récitent les prières déposer aussi leurs aumônes dans le tronc placé cette fiu dans chaque église. Sans doute lesdiocèses ont des besoins comme les particuliers; mais il conviendrait de ménager les suscep- libiiiiésdu siècle sur les affaires d argent. En 1838, ayant eu un démêlé avec la députation permanente du conseil provincial de Liège pour un refus de signer lui-même les certificats en exemption de la milice Mgr édita un mémoire justi ficatif dans lequel il dit: Le vicaire général, en vertu de la délégation universelle des pouvoirs de juridiction, peutpour l'administration du diocèse, ce que peut l'évêque. Ce qui ne paraît pas bien conforme au VI* décret canonique. Lib. 1,T. Xïll.cap. III. En 1836, Mgr disait que, quand il f.tedejpromolit»ns, il a égard

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 1