EXTERIEUR - france. 3 l'inquiétude et le mécontentement. Il n'y a qu'une voix dans toute l'Irlande pour se plaindre de l'insuffisance des moyens auxquels il a eu recours. Si pourtant l'on en juge par le nombre des bâtiments de guerre qui sont employés transporter les denrées alimentaires sur les côtes d'Irlande, les secours ont été organisés sur une grande échelle. Neuf steamers, trois frégates et deux gabarres sont employés ce service. Ces bâtiments doivent veiller en outre, au maintien de la tranquillité sur les divers points des côtes et prêter mainforteaux autorités le cas échéant. Jeudi dernier, un individu qui arrivait de Toulouse par une voilure de correspon dance, et qui n'avait point de bagages, se pré senta l'Hôtel de FranceAuch. Il demanda la plus belle chambre de l'établissement, et lorsqu'il y fut installé, ce qui n'était pas long exécuter, il fit monter le maître de la maison, lui dit qu'il était un chambellan du Roi des Belgesenvoyé Madrid pour assister au ma riage de la Reine, et qu'il lui fallait sur-le- champ une berline et quatre chevaux de poste. En attendant, il demanda souper dans sa chambre, pour lui et l'ambassadeur hollandais, qu'il attendait, plus pour les deux secrétaires de la légation. On s'empressa de dresser la table et de faire les apprêts d'un repas magnifique en l'honneur des deux excellences. Cela fait, on altendit le Hollandais et les deux secrétaires. Une heure, deux heures se passent... Le corps diplomatique n'arrivait pas. Enfin le proprié taire de l'hôtel se hasarde monter dans la chambre du Belge pour lui demander s'il faut le servir seul... 11 frappe discrètement, on ne répond pas... Il frappe plus fort, même si lence... Il ouvre la porte... plus d'ambassadeur belge... Mais il n'était pas parti seul... En sautant par la fenêtre d'une deuxième chambre qui donnait sur une rue détournée, il avait emporté avec lui toute l'argenterie. Son signa lement fut aussitôt donné la gendarmerie, qui se lança sur les routes de Tarbes, de Tou louse et de Montauban. On sait que l'Angleterre veut avoir Madère en nantissement de ce qu'elle prétend avoir réclamer du Portugal. Le temps n'est plus où un général portugais pouvait répondre de semblables réclamations, en montrant un mon ceau de boulets je veux bien payer, voilà ma monnaie. Suivant une correspondance publiée par la Gazette de Colognel'ambassadeur d'Autriche près la cour de Rome, comte de Lutzow, doit quitter prochainement cette capitale pour n'y plus retourner. En effetdepuis l'élection du nouveau pape, son influence a tellement baissé que le séjour de Rome est pour lui une véri table punition morale laquelle il ne peut s'ex poser. Romele 22 septembre Le cardinal Amat, qui sous tous les rapports mérite la con fiance du pape, a été nommé légat de Bologne, en remplacement du cardinal Vannicelli. On attend d'un instant l'autre l'arrivée du grand duc de Toscane, qui restera Rome 8 ou 15 jours. En même temps les cinq évêques du grand duchéqui n'avaient eu dans ces der nières années aucune relation avec le saint-siège, viendront offrir au pape l'hommage de leur respect. Le Times, publie un article anecdotique sur don Ilenrique. 11 paraît que don Henrique a écrit son père et son frère pour leur faire de poignants reproches sur la duplicité dont ils ont fait preuve. Les deux frères étaient liés dit-on, par un engagement réciproquepar lequel don François devait refuser toute avance si son frère n'épousait la reine. Don Henrique, dit la correspondance du Timesest d'autant plus sensible ce manque de parole que lui- même a su résister toutes les exhortations de Louis-Philippe lors de son voyage Paris. Don Henrique a aussi écrit Marie-Christine une lettre dans laquelle il lui rappelle certains passages de sa vie qui doivent l'avoir touchée au cœur, si une pareille femme a quelque chose démêler avec cet organe. Quoiqu'il en soit, les sœurs de don Francisco sont plongées dans la douleur; leur frère aîné, le fiancé de la reine, porte sur sa figure l'em preinte de sentiments qui ne sont rien moins que joyeux; le père, don Franscisco de Paule ne fait que sangloter et l'on prétendchose merveilleuse que la duchesse de Riancarès (Christine) elle-même a versé une larme mais ce doit être une calomnie. Nous ajouterons ce résumé des nouvelles cet extrait du Mercure de Souabe, sous la ru brique de Vienne 26 septembre Le double mariageen Espagneet la fuite du comte de Montemolin, sont considérés comme des événe. ments importants, qui pourraient bien compro mettre la paix ailleurs qu'au-delà des Pyrénées. Si les puissances du Nord ont été blâmées pour n'avoir pas reconnu Isabelle II, ce qui se passe maintenant entre les cabinets de Paris et de Londres pourrait justifier ce retard prudent qui permet maintenant l'Autriche, la Russie et la Prusse d'attendre le développement his torique et national des événements en Espagne, sans tenir compte de la politique de famille en vahissante de Louis-Philippe, ni de la jalousie du cabinet de Saint-James. Le gouvernement vientde donner l'ordre d'envoyer Madère la corvette vapeur le Bull- Dog pour proléger les sujets anglais qui rési dent dans celte île. Lorsque le Bull-Dog quittera celte île pour se rendre au cap d'autres bâti ments de guerre recevront ordre d'y toucher afin que le pavillon anglais y soit en permanence. On écrit de Madrid, le 28 septembre Dans la séance du Sénat d'aujourd'hui s'est ouverte la discussion sur l'autorisation deman dée par le gouvernement pour percevoir les contributions. Le général Serrano dans un long discours qui a été écouté peu favorablement, s'est atta ché prouver que la conduite du ministère avait été toujours signalée par des illégalités flagrantes. Le président du conseil et le minis tre de la guerre se sont chargés de répondre ce discours critique. Quelques allusions que le général Serrano s'était permisesont motivé, de la part du général Narvaez et du marquis de Miraflorès des explications qui ont paru faire une bonne impression sur la Chambre. Au départ du courrier, M. de Luzuriaga se disposait prendre la parole contre le rapport accordant au gouvernement l'autorisation de percevoir les impôts. M. Burgos doit répondre ce discours, et très-probablement l'autorisation sera votée séance tenante. Le Heraldo annonce que le double mariage sera célébré le 4 octobreet que la Reine et sa sœur avec leurs illustres époux partiront pour Aranjuez, où ils rèsteront jusqu'au 10, jour où les fêtes publiques doivent commencer Ma drid. Il est certain qu'une activité extraordi naire préside en ce moment aux travaux et que tout sera prêt plus tôt qu'on ne l'avait dit. On écrit de Paris, 3 octobre L'article pacifique publié ce malin par le Journal des Débats a ramenédu moins mo mentanément, la confiance parmi les spécula teurs et les gens de Bourse. Cependant la ques tion politque soulevée par le double mariage des princesses espagnoles est loin de s'aplanir et, d'après la marche qu'elle prend, il est pro bable qu'il sera difficile de reconstituer l'entente cordiale entre la France et 1 Angleterre, car je viens d'apprendre que M. Bullwer a positive ment déclaré M. Isluritz que le jour où les princes français entreraient Madrid serait celui où il quitterait la capitale pour ne plus y reve nir. Ou dit que les progressistes ont choisi ce moment pour faire une manifestation hostile contre les princes. Ces menées déplorablessi elles ont lieu, n'empêcheront pas l'accomplisse ment du mariage, mais elles affligeront les amis sincères de l'Espagne et de ses libertés publi ques, car elles forceront le gouvernement sévir avec sévérité et retarderont l'amnistie et la réconciliation des partis et le repos d'un peuple qui est fatigué des commotions politi ques de toute nature qui ont bouleversé toutes les existences. Lord Normanby, qui devait se rendre aujour d'hui au ministère des affaires étrangères pour avoir une nouvelle conférence avec M. Guizot, a écrit ce matin pour s'excuser et pour donner l'avis assez peu satisfaisant pour M. Guizot, qu'il retournait pour deux ou trois jours chez M. le comte Molé, Champlatreux (30 kilomètres de Paris sur la route de Chantilly). Les princes, qui, d'après le Moniteuront été reçus hier Irun «l'une manière brillante et cordialeont dû coucher la nuit dernière Vittoria, capitale de la Biscaye. Quelques espa gnols qui appartiennent au parti du mouve ment prétendent qu'ils seront mal reçus Bur gos et que par prudence il a été décidé de ne pas y séjourner mais de presser leur arrivée Madrid. Une nouvelle assez extraordinaire, mais très- vraisemblable courait aujourd'hui dans les cercles politiques on disait que le comte de Montemolin n'aurait jamais été Londres. On lui aurait substitué un autre personnage afin de dérouter la police. Les uns assurent que le prince se trouve en ce moment Catalogne, ce qui n'est pas probable d'après les autres, il serait arrivé Gènesoù il aurait été rejoint par son frère don Juan qui sert dans l'armée piémontaise comme colonel de cavalerieet qui doit, dit-on, épouser la fille du duc de Modène. Il y a eu dans la séance du 28 du sénat Madrid, de très-vives explications entre le gé néral Serrano, M. Isluritz, le marquis Miraflorès et le général Narvaez l'occasion de la publi cation de la lettre de M. Bulwer. Les attroupements et les désordres qui se renouvellent chaque soir dans les faubourgs les plus populeux l'occasion ou sous prétexte du renchérissement du pain commencent inquiéter les habitants de ces quartiers. La cour royale, chambre des appels cor rectionnels, vient de confirmer un jugement qui a condamné trois ans de prison et cinq années de surveillance, pour escroquerie et abus de confiance, un sieur Vincent Bretong, ancien médecin Bordeaux. Vincent Bretong, qui avait pleuré et sangloté pendant les débatsse retirait en proie un violent désespoir* sorti de la salle, il dit un garde municipal: Ah! ciel! pour comble de malheur, j'ai oublié mon chapeau, m Le garde eut assez de confiance en lûi pour le laisser rentrer dans la salle d'audience mais il y a près du banc des prévenus une autre issue par laquelle Bretong s'échappa. Il monta au hasard un escalier qui le conduisit la Cour d'assises; on le vit paraître un instant la petite porte qui conduit au banc des accusés. L'audience des assises était alors suspendue cause de la délibération du jury sur une affaire d'attentat la pudeur. Apercevant un brigadier de gendar merie, il rentra plus vite qu'il n'était entré. Rencontrant ensuite d'autres gendarmes dans le corridor, il dit qu il voulait parler l'un des jurés, qui attendait le commencement de la se conde affaire. On le laissa passer sans défiance, et il réussit se sauver en passant par la cham bre des témoins et par un dédale de corridors. C'est ainsi que Vincent Bretong a échappé toutes les recherches des gendarmes chargés de le conduire la Conciergerie, et qui le croyaient caché dans un autre partie de ce vaste local. M. le comte de Luxembourg, envoyé ex traordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. le roi de Bavièrea remis au roien audience particulière, les lettres de rappel qui mettent fin la mission qu'il remplissait auprès de S. M. On parle d un grand bal qui sera offert par la ville de Paris M. leduc de Montpensier et sa jeune épouse, dans les premiers jours du mois de novembre prochain. h

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Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 3